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3,52

sur 137 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Je m'attendais à une immense fresque, imbriquant le point de vue panoramique et inédit de l'auteur sur l'évolution de la civilisation américaine, pleine de bruits et de fureur, et une exploration intimiste et chirurgicale de la vie quotidienne d'une famille de la middle-class, aux personnages plus attachants les uns que les autres, comme seuls les écrivains américains savent le faire.
Hélas, malgré un pavé de 620 pages pleines de promesses quant à la possibilité de développer un généreux contenu, je me suis vite rendu à l'évidence, nous ne sommes ici ni chez Philip Roth, ni chez Paul Auster, ni même chez John Irving. Ce roman, tout comme son héroïne, manque cruellement de souffle. Lent et répétitif, poussif, il a fallu s'armer de courage pour aller au bout, opération Masse Critique oblige.
La construction classique alterne de façon convenue deux histoires vues par le petit bout et par le gros bout de la lorgnette. D'un côté, l'histoire d'une entreprise américaine fabriquant du savon, du début du XIXe siècle à nos jours, passant en quelques générations de l'entreprise familiale et artisanale à la multinationale hégémonique. de l'autre côté, l'histoire de Laura Bodey, divorcée, deux enfants, atteinte d'un cancer.
Bien sûr, à la fin, les deux chronologies vont converger, sans surprise. Alors, pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas ?
La recette semble pourtant simple. Coupez les deux récits en petits morceaux. Alternez les couches comme dans un plat de lasagnes. Surtout, ne faites aucun chapitre, servez un pavé compact et d'un seul tenant, la recette ici tient plus du pudding que du vol-au-vent. Pourquoi pas, mais le résultat va alors surtout dépendre de la qualité des ingrédients.
La saga des Clare, les marchands de savonnettes, se lit sans déplaisir mais comme un essai d'économie décrivant la complexification des processus de fabrication et l'inéluctable montée du capitalisme états-unien. Froid et technique. Si on échappe aux courbes de productivité et aux camemberts des parts de marché, on a quand même droit aux organigrammes de l'entreprise et aux modélisations de processus. Et, ah oui, les valeurs humanistes d'origine (la propreté et la santé) ont fait place progressivement aux valeurs aliénantes et déshumanisées de l'ultralibéralisme (le pognon et le pouvoir), avec bien entendu son cortège habituel d'effets collatéraux : grèves, répressions dans le sang, délocalisation, chômage, pollution, cancers… Tout cela ressemble à une série documentaire entrecoupée de pauses publicitaires ! On a très souvent l'impression de lire la plaquette commerciale de Procter & Gamble, qui visiblement est le modèle dans la vie réelle de la société Clare.
L'histoire de Laura et de sa famille aurait pu ramener le récit dans un cadre plus romanesque. Il n'en est rien ! Après le documentaire, la téléréalité trash. En définitive, on n'arrive jamais à s'attacher vraiment à ce personnage qui ignore les efforts de son ancien conjoint et de ses enfants pour adoucir son existence et sa lente descente aux enfers, et pour qui le combat semble perdu d'avance.
Evidemment, on peut gloser sans fin sur les quelques idées du roman qui remontent à la surface après avoir remué la vase nauséabonde du monde moderne. Richard Powers se garde bien d'avancer ses propres conclusions en laissant ce plaisir au lecteur. Pas envie. Je passe mon tour.
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Coïncidence, il y a quelques jours j'ai lu dans la presse* que la méga-firme cosmético-pharmaceutico-industrielle Johnson & Johnson avait été condamnée par un tribunal du Missouri à payer 72 millions de dollars de dommages et intérêts à la famille d'une dame décédée d'un cancer des ovaires, ledit cancer ayant été provoqué par le talc commercialisé par Johnson & Co. Sans connaître les détails du procès, je reste assez sceptique quant au fait qu'on puisse un jour établir un lien de causalité certain, direct et exclusif entre ce talc et ce cancer, et je suis persuadée que Johnson fera appel du jugement, pas tellement pour ne pas payer, mais surtout pour éviter de créer un précédent judiciaire ruineux. Quoi qu'il en soit, les experts scientifiques de tous bords n'ont pas à s'inquiéter pour leur avenir, il y a tant à gagner pour eux dans de tels procès qui ne sont que batailles de rapports toxicologiques et contre-enquêtes environnementales.
« Gagner », « gains », le lien avec le roman de Powers est facile. Au départ de ces 620 pages, nous avons les frères Clare qui, au début du 19ème siècle, créent à Boston leur petite entreprise de fabrique de savon et de bougies. A l'arrivée, presque deux siècles plus tard, voilà Clare Inc., multinationale tentaculaire et diversifiée, fabriquant tant les couches pour bébé les plus douces aux fesses que les pesticides les plus agressifs, aussi efficaces contre les insectes nuisibles que nocifs pour le reste de l'environnement. Entre les deux, 170 ans d'esprit d'entreprise à l'américaine, de développement du capitalisme et de l'ultra-libéralisme. Powers nous retrace tout au long de ce pavé la fondation et la croissance exponentielle d'un monstre industriel et commercial qui ressemble comme un frère jumeau à Procter & Gamble. On observe, schémas et slogans publicitaires à l'appui, comment deux entrepreneurs du 19ème, soucieux de gagner leur vie, comprennent le profit à tirer en occupant le créneau de l'hygiène à prix démocratique, et transforment le savon, luxe réservé à l'élite, en produit de consommation de masse, accessible même au moins bien payé des ouvriers. Puis comment, concurrence féroce oblige, l'entreprise n'a d'autre choix que de croître pour ne pas couler, et de réduire en conséquence ses coûts de production, d'achats de matière première, et surtout de main-d'oeuvre. Et on glisse inexorablement de préoccupations hygiénistes « artisanales », voire paternalistes, à des manoeuvres de haute voltige économico-financière, visant à faire toujours plus avec toujours moins, à remplir les poches des actionnaires, et tant pis si c'est au détriment de la masse salariale et de la nappe phréatique.
Ce récit, qui ressemble beaucoup trop à un essai sur l'histoire du libéralisme économique, froid et sans âme, s'interrompt de temps à autre pour laisser la place à l'histoire de Laura, 40 ans, qui, en 1998, à l'apogée de Clare Inc., se débat contre un cancer des ovaires. On devine très vite comment la jonction va s'opérer entre ces deux histoires.
Résulats des Gains ? Un gros déficit de souffle malgré l'envergure du thème, une surproduction d'ennui, un excès de technicité indigeste pour l'histoire de Clare et de pathétique pour celle de Laura, qui ne suscite aucune empathie. L'exercice se clôture par une perte sèche à acter au bilan, n'en déplaise aux actionnaires.

*http://www.lefigaro.fr/societes/2016/02/24/20005-20160224ARTFIG00386-etats-unis-un-geant-pharmaceutique-condamne-a-verser-une-indemnite-record.php
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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L'ascension d'une entreprise de savon d'une part, une mère de famille souffrant d'un cancer d'autre part. Deux histoires en parallèle , un procès au final.
Je suis passée complètement à côté de cette lecture. Tant pis pour moi.
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Gains est un roman écrit par un Américain qui raconte, pendant près de 600 pages, l'histoire d'une société très spéciale appelée Clare (de par le nom de famille des fondateurs, qui sont des frères), qui crée puis vend des savons dans le monde entier. On la suit dès sa création, puis nous la voyons grandir, s'accroître, pour finir par la retrouver en tant que véritable multinationale ! Sans chapitre, seulement séparé par des tirets, l'histoire de Laura, en parallèle à celle de l'entreprise des Clare, jeune femme atteinte d'un cancer des ovaires, va impliquer la société des frères dans sa maladie.

Les deux histoires sont très différentes : l'époque racontée n'est déjà pas la même, les sentiments représentés non plus. La narration du récit de l'entreprise Clare est plutôt de la description, très compliquée à lire, avec beaucoup de termes spécifiques au monde de la consommation. Alors que la vie de Laura est racontée simplement, sans prise de tête, avec beaucoup d'émotions et de finesse. Les petites "parenthèses" de citations ou d'histoires entre chaque transaction de tirets étaient pas mal, très plaisantes, ça permettait de découvrir d'autres choses, de se déconnecter un instant à l'histoire comté, ou tout simplement, pour approfondir la réflexion sur le passage lu précédemment.

Les personnages sont également tous très différents les uns des autres, leurs caractères sont diamétralement opposés, leur vie également. L'héroïne Laura est très attachante, simple et modeste, même avec une maladie aussi horrible que le cancer ! Les Clare, par contre, sont avides d'argent, de réussite, et de renommé. Ils ne pensent qu'à grossir leur entreprise, encore et encore.

Je dois vous l'avouez, mon avis est assez mitigé. Je me suis complètement ennuyé pendant toutes les pages de description de l'entreprise, des techniques de production... (peut-être le vocabulaire utilisé était-il trop compliqué pour moi ?) Les noms de villes, de personnages, de lieux... étaient sans fin, je ne m'y retrouvais plus, j'étais perdue à chaque nouvel endroit cité. Néanmoins, l'histoire de Laura, avec sa famille, m'a touchée. J'ai trouvé cette partie de l'histoire émouvante, humaine... les mots étaient plus faciles et simples à lire, je pense que c'est pour ça.

Malheureusement, je ne suis pas entrée dans l'histoire, je m'ennuyais beaucoup trop, j'était pressée d'en finir... Livre un peu trop compliqué pour ma part, trop de mots et de passages difficiles à comprendre. Merci quand même à Priceminister pour ce livre que j'ai découvert et lu pour le match de la rentrée littéraire 2012.
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Richard Powers, avec « La chambre aux échos » et « L'ombre en fuite », figure en tête de la liste des auteurs que je préfère, pourtant là, « Gains » m'a laissé sur ma faim. Non pas que la poésie de l'écriture de l'auteur soit absente, notamment dans la narration de l'histoire de cette femme agent immobilier, mais que de longueurs dans celle de l'entreprise.
Je ne veux pas donner trop de détails pour vous laisser découvrir les deux histoires parallèles et parce que ce livre m'a peut-être échappé. Mais je me suis ennuyé et les histoires m'ont paru interminables. J'ai eu beaucoup de mal à le finir ; la moitié m'aurait suffi.
Mais comme j'ai aimé les livres précédents de R.Powers, je n'enfoncerai pas plus celui-ci, je vous laisse me contredire…Peut-être le redécouvrirai-je dans plusieurs années ?
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Beaucoup de matière dans ce livre, trop sans doute. La montée du capitalisme et la soif de réussite à l'américaine. Tout les ingrédients sont là pour arriver à la catastrophe qui se matérialise par le cancer vécu par une femme, victime sans nul doute de la folie d'aller plus loin, plus vite à produire des produits et notamment chimiques. La construction brique par brique de cette multinationale est un peu longue et parfois trop technique. La perception et le combat contre la maladie sont plein de sensibilité et de réalisme.
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Critique:
http://blogs.mediapart.fr/edition/bookclub/article/221012/richard-powers-tout-est-clare
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