Le 10 juillet 1985, une opération de sabotage est menée par les services secrets français contre le "Rainbow Warrior" qui se trouve au mouillage dans le port d'Auckland, en Nouvelle Zélande. Navire de l'organisation "Greenpeace", celui-ci se prépare à appareiller pour Mururoa, atoll de Polynésie française où la France procède à des essais nucléaires, dont il espère empêcher le bon déroulement. Alors que l'opération a été préparée dans le seul but de mettre le navire hors d'usage, elle va entraîner mort d'homme. Par un enchaînement de circonstances défavorables, deux des agents secrets, les faux époux Turenge, vont alors être arrêtés avant d'avoir le temps de quitter la Nouvelle Zélande. Dès lors, cette opération ratée va dégénérer en crise diplomatique entre la France et la Nouvelle Zélande, et en crise politique en France. Pour les deux agents français arrêtés, c'est le début de trois années de détention à l'autre bout du monde ...
Dominique Prieur, première femme à avoir intégré le Service Action de la DGSE, et héroïne, malgré elle, de cet événement, nous en livre le récit, dix ans après.
Elle analyse l'enchaînement des faits qui ont entraîné l'échec de cette opération et conduit à son arrestation. Elle explique ce qu'est la raison d'État et revient sur son sentiment d'avoir été lâchée par les autorités militaires et politiques françaises. Dans le grand livre de l'Histoire de France, ce témoignage constitue une page passionnante.
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"C'est vrai que tu t'appelles Dominique ? Je viens de l'entendre à la radio."
Je me précipite pour guetter les informations. En France, l'hebdomadaire L'Express vient de révéler mon véritable nom, après que le Ministère de l' Intérieur français l'a communiqué officiellement depuis plusieurs jours à la police néo-zélandaise, ce que confirmera mon avocat. "Sophie Turenge s'appelle en réalité Dominique Prieur". Je suis atterrée, et surtout folle de rage. Jamais je n'avais pensé qu'on livrerait mon nom en pâture au public. La protection de l'identité d'un agent demeure le principe sacré de tout service de renseignements ! Pour la sécurité de l'agent et celle de sa famille. Quoi qu'il arrive, on ne livre jamais son vrai nom. À la DGSE, je changeais régulièrement de pseudonyme : Delphine, Sylvie, etc. La maison ne peut pas avoir laissé violer cette règle intangible, c'est impensable ! La mort dans l'âme, je comprends en cet instant que j'ai perdu à jamais ce métier que j'aime tant : sans secret, plus d'agent ... (page 141).
Libération turenge
Affaire Greenpeace : après un an passé dans les
prisons néo-zélandaises, Alain MAFAR et
Dominique PRIEUR viennent d'être libérés. Les deux agents français de la DGSE ont quitté la Nouvelle Zélande à destination de l'atoll de Hao dans le Pacifique où ils sont assignés à résidence pour une période de trois ans, en application de l'accord conclu le 6 juillet dernier entre Paris et...