Cosmic, stratosphérique. Ce recueil d'expériences professionnelles est complètement perché, cynique et subversif, drôle à souhait à défaut d'être Comic(s), désopilant. Romain Protat, dialoguiste (de Kad et Olivier) et scénariste d'un bon nombre de comédies françaises, excelle dans le registre de la critique, satire de notre « cosmos » qui ne tourne pas rond, au travers de huit courts récits, huit jobs qui ne s'improvisent pas en traversant la rue : gourou, héros de proximité, président de Parlement, cadre dans une multinationale, publicitaire, écrivain de fantasy à succès (neveu de JRR Tolkien et cousin de Bilbo), laborantin, dieu. Le tout illustré par Emmanuel Gross de dessins coups de poing pour ajouter à la provocation, à l'impudence.
Huit récits qui ne se valent pas, passer un entretien d'embauche pour devenir gourou ou publicitaire, trop pour moi, les compétences requises ont dépassées ma compréhension. Je ne sais pas me servir d'un spectromètre de masse et ne suis pas atteinte de calvitie précoce, stratosphérique parfois le délire de M. Protat…
Cosmic, malheureusement, le prix de ce petit format de 90 pages, certes de très bonne qualité, mais qui envoie cette sucrerie à des années lumières de certaines bourses… Dommage pour ceux qui n'ont pas eu le flair de le sélectionner lors de la dernière masse critique… Merci pour votre partenariat Antidata et Babelio, pour l'envoi de cette curiosité, j'ai passé un bon moment de détente.
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J'ai rarement lu un livre aussi étrange.
Job 1 : Un super-héro part en intervention. Son language très soutenu offre un délicieux contraste avec celui raz-de-terre du voyou. Son sarcasme offre une lecture assez inattendue et plutôt divertissante.
Job 2 : Sans doute l'histoire la plus compréhensible et la plus "réelle" où le désespoir des être humains n'est pas à prendre à la légère.
Après cela, les histoires empirent jusqu'à finir par être incompréhensibles.
J'ai eu beaucoup de mal à terminer le livre malgré le fait qu'il ne soit pas épais : trop délirant à mon goût.
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La production a finalement été déplacée en République Populaire de Chine. L'intégralité des vélos Michelax est dorénavant fabriquée dans des camps de prisonniers politiques situés dans des endroits tenus secrets par le gouvernement chinois.
Un pays qui facture à la famille d'un condamné à mort la balle qu'il lui met dans la tête a tout compris du capitalisme et de la gestion des ressources humaines. L'AK47 a toujours été plus efficace que les stocks options ou les stages de rafting dans le Vercors pour accélérer les rythmes de production. Ces gens-là savent encadrer le personnel.
Désormais, tous les bobos parisiens qui se baladent sur les quais de la Seine le dimanche après-midi sur des vélos Michelax sponsorisent la rééducation politique des contre-révolutionnaires chinois. Mais je suppose qu'ils ne sont pas au courant. Ou s'ils le sont, ils achètent du café bio commerce équitable pour compenser.
Comme tu peux le constater et contrairement à ce que pourraient laisser croire les comics que tu as sans doute feuilletés chez le marchand de journaux pendant que tu faisais semblant d'être un client lambda alors que tu volais des bonbons, je ne porte aucun déguisement ridicule mettant en valeur ma musculature, pas plus que je n'utilise de gadgets compliqués pour sauter de toit en toit. Autre idée préconçue distillée par la presse jeunesse et qu'il est impératif de corriger, il se trouve que nous manquons cruellement de criminels retors d'envergure et de super méchants dignes de ce nom. Je déjoue rarement des complots internationaux visant à dominer le monde et je n'ai jamais repoussé d'invasion extraterrestre. Bref, je suis ce qu'on appelle un super héros de proximité. Pour employer une image que ton cervelet saturé de clips de R'n'B et de grec-frites soit en mesure d'assimiler, je suis un peu à Superman ce que l'épicier du coin de la rue est à Edouard Leclerc. J'ai une licence pour exercer mon activité, je suis déclaré à la préfecture de police, je paie des impôts et mes coordonnées sont disponibles dans l'annuaire.
- […] Pour s'asseoir sur un truc qui dégage plus de becquerel que les huit dernières catastrophes nucléaires réunies et se dire qu'on va le conduire à travers le système solaire comme un caddie de supermarché, il faut être fou ou alcoolique. Malheureusement pour moi, je suis psychologiquement très équilibré, alors je compense.
Les apparences se cachent derrière les apparences pour mieux se dissimuler et l'eau masque la pierre en la montrant.
J'étais tranquillement en train de prendre sur mon temps de loisirs pour ambiancer une dizaine de skinheads à coups de club de golf quand mon téléphone stridula dans la poche.