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4,11

sur 4149 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lire Proust, je crois que c𠆞st accepter de s’égarer en forêt : c𠆞st à la fois effrayant et grisant. Après beaucoup d’hésitation je me suis laissée guider par une voix étrangère, un peu snobe et railleuse, puis de plus en plus claire, fascinante d’intelligence, d’humour et de poésie. Je suis revenue sur mes pas, j𠆚i parfois piétiné, pesté contre des subjonctifs trop savants, des détours obscurs, je me suis perdue mais j𠆚i continué en suivant les fleurs - innombrables et parfumées - et l’écho lointain d’un air de piano. J𠆚i souvent aperçu mon reflet dans un miroir tendu par des bras invisibles, parce que Proust sait mieux que personne analyser notre âme, nos travers, notre médiocrité, nos névroses et nos chagrins. J𠆚i beaucoup ri des peintures féroces, des femmes chipies et des hommes arrogants ; j𠆚i été bouleversée par un enfant qui ne s𠆞ndort pas sans le baiser de sa mère, et par un homme dévoré de jalousie. Je continue car le début de cette Recherche est fabuleux, et il me semble qu𠆞lle n𠆞st rien d𠆚utre que la quête de soi :

« ...je cherche encore mon chemin, je tourne une rue... mais... c𠆞st dans mon coeur... »


Si vous n’osez pas, je ne peux que vous encourager à essayer, c𠆞st une expérience unique.


(Il paraît que Proust a écrit toute La Recherche dans son lit, je ne sais pas si c𠆞st vrai mais l’idée est tordante et Marcel est un génie.)
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J'avais peur, à cause de ce que l'on raconte sur l'écriture de Proust, de commencer un de ses romans. Puis j'ai lu "Un Amour de Swann" qui m'a profondément enjoué. J'ai donc décidé de continuer avec "Du Coté de Chez Swann" dans son entièreté et je n'ai pas été déçu non plus. J'avoue ne pas réellement comprendre la peur que suscite cet auteur chez un grand nombre de lecteur, car je pourrais citer de nombreux autres livres que j'ai trouvé bien plus difficile à lire.

Cet ouvrage réuni des souvenirs du narrateur, mais là où il est excellent, c'est pour réanimer en nous - les lecteurs - des souvenirs que ni le narrateur ni Proust n'ont évidemment connus. Proust ne se concentre ni sur les évènements, ni sur les faits mais bien plus sur l'appréciation sensible de ceux-ci, c'est ce qui rend selon moi ce roman si particulier. Roman, qui d'ailleurs prend parfois presque la forme d'un essai dans le déroulement de pensée et de réflexion inspirantes qui nous emmène tantôt à la campagne, tantôt dans le Paris bourgeois et tantôt dans une chambre.

À lire !
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Ce premier livre est un régal et, pour tout littéraire un peu amoureux de style et d'élégance, me semble-t-il un chef-d'oeuvre ! Divisé en trois parties - la sainte Trinité ?- de longueurs pourtant inégales (le crépusculaire "Combray", le cocasse "Un amour de Swann" et le mystique "Nom du pays : le nom"), ce volume est de ceux qui ont déposé dans mon âme, après que j'en ai lu rêveusement, pensé et digéré les pages, cette saveur si particulière aux excellents livres quand ils atteignent aux rivages du génie et imprègnent nos instants de lecture d'impressions et de réflexions délicieusement diverses, presque tactiles (poétiques le plus souvent (en ce qui me concerne) mais drôlatiques aussi parfois...) : ce petit "supplément" qui nous aide à mieux vieillir, et opère en nous comme un charme fou.
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Lu en ma prime jeunesse et déjà apprécié, je profite de ces temps de confinement/déconfinement pour le relire. Je ne l'avais pas dans ma bibliothèque et donc je l'ai acheté chez mon libraire de proximité - la médiathèque étant fermée et maintenant fonctionnant bizarrement.
Je le relis donc à petites doses et ainsi je le savoure. Ayant été récemment à Illiers-Combray, j'ai vu l'immeuble où vécut la fameuse tante Léonie et sa servante, Françoise. J'ai vu la boutique d'où venaient ces célèbres madeleines. Je suis passée dans l'église sans y entrer - quel dommage car j'y aurais admiré les vitraux qu'il décrit superbement, si tant est qu'ils existent toujours. Il y a un musée Marcel Proust qui était fermé lors de ma venue fin décembre. Ce sera pour une autre fois peut-être.
Je vois que dans ce premier tome le narrateur se pose souvent la question : ai-je des dispositions pour écrire. Apparemment oui. Sinon pourquoi ces rééditions un siècle plus tard. Tant d'autres auteurs sont tombés dans l'oubli, pas lui.
Je poursuis donc ma lecture et rajouterai d'autres commentaires plus tard...
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Je me disais qu'un jour, je relirai du côté de chez Swann sur lequel j'avais tant peiné au lycée. C'est désormais chose faite ! Loin de moi l'idée de me lancer dans une brillante analyse littéraire, j'entends simplement donner mes impressions en quelques mots, et la première, c'est qu'on n'a décidément pas la même perception des choses à 17 ans et à 45. La première partie, Combray, est une succession de réminiscences, de souvenirs de moments fugitifs. Cette partie m'a beaucoup plu, car ces impressions parlent, je pense, à la plupart d'entre nous. La deuxième partie, Un amour de Swann, m'a beaucoup impressionnée, car les heurs et malheurs amoureux de Swann, là encore, parlent directement à chacun de nous, pour peu que nous ayons, un jour ou l'autre, éprouvé cet amour qui rend plus fort et qui blesse en même temps. La troisième et dernière partie m'a nettement moins intéressé. Alors oui, il faut accepter parfois, de se noyer dans une phrase qui n'en finit plus, et revenir au début pour retrouver le sujet, ou pas, et se laisser porter par cette écriture exceptionnelle et cette voix à nulle autre pareille dans la littérature française. Est-ce que je continuerai la lecture de la recherche ? Oui, très probablement.
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Motivée par les amies de mon club de lecture, nous avions mis au programme le premier tome de la Recherche du temps perdu.
J'ai pris du plaisir à cette lecture que je n'aurais pas envisagée aussi agréable. Il ne faut pas se laisser impressionner par ce monument de la littérature classique et par la réputation ennuyeuse et injustifiée des longues phrases. Nous avons suivi le conseil de plusieurs écrivains contemporains, parmi nos préférés, ceux qui affirment que Proust est un modèle génial pour eux.
Le style a fait notre admiration. Cette belle façon de faire remonter ses souvenirs trouve des échos en chacune de nous. On ne se lasse pas de relire ses phrases magnifiques.

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Je m'apprête à relire "La Recherche du temps perdu" (snob que je suis, voir "Je vais relire Proust", chapitre très drôle de "Je vais passer pour un vieux con" de Philippe Delerm) et "Du côté de chez Swann" reste mon volume préféré, je le sais déjà avant de tout relire. C'est le livre de la mémoire, de l'enfance, plein, dès ce premier livre, de la drôlerie de Proust. Il faut se laisser porter par les fameuses longues phrases et ne pas se laisser arrêter par l'apparente difficulté de cette oeuvre.
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Qu'a de particulier ce roman pour me faire craquer? Une bonne histoire et un très belle plume. Ce livre affiche un regard critique sur la société de la fin du XIXe siècle et des fameux salons remplis de conformiste qui se croyaient l'élite et qui méprisaient ceux qui ne pensent pas comme eux.

C'est aussi un roman magnifiquement écrit avec un vocabulaire riche et parfois très recherché. La lecture devient du bonbon pour les yeux avec Proust. Cependant, il peut être difficile à lire pour des gens qui ne sont pas habitué au style. Il peut aussi paraître interminable au niveau du rythme pour les gens habitués qu'aux romans contemporain très rythmés.

Pour moi, ce fut une très belle expérience de lecture.
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Proust m'a toujours semblé quelqu'un de proche pour moi. le fait d'avoir vécu une partie de mon enfance près de Cabourg explique ceci. Néanmoins, il m'a fallu longtemps avant de me décider à lire son imposant ouvrage, A la Recherche du Temps Perdu.

2 ans. 2 ans pour lire du côté de Chez Swann. La première partie, Combray, fut lut en moins d'un mois. J'ai adoré cette rétrospection des souvenirs d'enfance du narrateur. Son amour passionné pour sa mère, véritable ancrage, point d'appui qu'il attend désespérément avant de s'endormir… Un amour de Swann m'a refroidi. J'ai senti que je n'étais pas prêt. Il fallait bien que je connaisse une relation d'amour aussi intense que celle de Swann avant de vraiment comprendre ce ressenti… Ce qui a totalement fonctionné 2 ans plus tard…. C'est surtout la jalousie maladive de Swann qui m'a attiré et repoussé, car au fond, je crains aussi d'être devenu comme lui… Proust nous montre véritablement le côté humain de Swann et cette sorte de folie qui est imprimé en nous. Mais surtout, il nous montre notre impossibilité de communiquer correctement. Enfin, la troisième partie fut plaisante à lire. Dévoilant l'amour d'enfance du narrateur, Gilberte Swann. Un amour non réciproque.

Me voilà donc lancé dans cette recherche du temps perdu. J'ai bien hâte de lire la suite. Non sans quelques frissons. Proust est un radiologue. Il nous montre notre intérieur.
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On entre dans la "Recherche" comme dans un espace temps flottant indéfini, entre rêve et réalité, au moment où le narrateur adulte s'éveille et tente de retenir les bribes d'un souvenir d'enfance qui affleurent à sa conscience. On perçoit assez rapidement que cette scène inaugurale et fondatrice se révèle représentative de l'ensemble de la construction kaléidoscopique de l'oeuvre qui fusionne dans un même espace mental les éléments concrets et naturalistes appartenant au passé qui ressurgit et ce que l'imaginaire, nourri d'influences littéraires ou artistiques, reconstruit, transforme, déplace... La description d'une église bien réelle incorpore par exemple les caractéristiques architecturales appartenant à d'autres lieux visités par le narrateur ou découverts à travers ses lectures. de la même façon ce narrateur qui pourrait être Proust lui-même est également un autre qui aurait une pensée distincte. Et cet autre se subdivisant aussi en autant d'états de conscience correspondant aux différents moments ou âges de son existence. le point de vue peut enfin se déplacer et le narrateur peut s'effacer en partie pour que le récit se recentre sur un personnage comme dans Un amour de Swann.

Le récit apparait donc comme une sorte de libre association psychanalytique où le flottement de cette pensée digressive ne serait cependant pas dicté par des lois inconscientes plus ou moins anarchiques mais suivrait un cheminement voulu et construit rigoureusement par l'auteur. Certaines scènes ou personnages n'étant qu'effleurés et ne devant trouver un écho qu'un peu plus tard.

Et pour parvenir à donner une cohésion à l'ensemble de cet édifice tentaculaire et complexe, qui est vraiment une sorte de cathédrale du souvenir, il a dès l'introduction doté le récit d'un noyau central, un coeur émotionnel, en même temps qu'il m'a semblé définir deux axes symboliques principaux:

Ce coeur correspond à ce souvenir douloureux qui surgit avant même que tout ce qui tourne autour ne se révèle plus nettement dans la fabuleuse séquence du thé et de la madeleine. Il est l'évocation d'une souffrance causée par la découverte de l'impermanence des choses et de l'impossible harmonie que permettrait la tendresse fusionnelle d'une mère venue embrasser son enfant au coucher. Baiser tant attendu mais tant redouté car déjà trop tôt achevé à peine a-t-il été donné. le narrateur nous dit:

« Mais depuis peu de temps, je recommence à très bien percevoir si je prête l'oreille, les sanglots que j'eus la force de contenir devant mon père et qui n'éclatèrent que quand je me trouvai seul avec maman. En réalité ils n'ont jamais cessé; et c'est seulement parce que la vie se tait maintenant davantage autour de moi que je les entends de nouveau, comme ces cloches de couvents que couvrent si bien les bruits de la ville pendant le jour qu'on les croirait arrêtées mais qui se remettent à sonner dans le silence du soir. »

Le premier axe important, et vertical, est celui qui relie par un escalier l'agitation et la vie mondaine du rez-de-chaussée de la maison d'enfance à la solitude et la contemplation intérieure des chambres de l'étage, celle du narrateur enfant et celle de Tante Léonie qui renonce peu à peu à tout depuis la mort de son bien aimé mari. de fait le récit alternera satire sociale et réflexions solitaires sur l'art, la musique, la littérature, la philosophie...

Le second axe horizontal est ce couloir de la maison qui conduit d'un côté vers la maison de Swann avec ses haies d'aubépines et de l'autre vers le château des Guermantes et sa rivière la Vivonne. Autant d'ouvertures pour cet enfant vers des espaces d'initiation à l'art, aux premiers émois amoureux, à la beauté de la nature, à l'hypocrisie sociale, à la découverte de l'homosexualité également (séquence saphique entre Mlle Vinteuil et son amie surprises à travers une fenêtre ouverte).

L'ensemble de cette première partie est un enchantement à la fois extrêmement raffiné, souvent très drôle (le portrait de l'ami Bloch, le ridicule de Legrandin qui tente de séduire les "grands" du côté de Guermantes en feignant d'ignorer ses propres connaissances devenues trop vulgaires, les affrontements du personnel de maison dirigée par la formidable et fidèle Françoise parfois odieuse...). On découvre tout un monde d'une grande richesse à la fois descriptive, psychologique, émotionnelle.

Et il y a ce style unique, ces longues phrases superbes qu'il faut parfois lire 2 ou 3 fois pour ne pas perdre le fil. Elles ne sont jamais pesantes mais au contraire aériennes, sinueuses comme la mémoire, obsessionnelles comme motivées par la nécessité de ne rien oublier du moindre détail susceptible d'éclairer une scène, une émotion, une anecdote. Il peut décrire pendant 2 pages des nymphéas sur la Vivonne, une haie d'aubépines qui conduit au premier émoi amoureux, les mécanismes de la pensée et du décalage inconciliable entre la vérité du souvenir et l'image intérieure qui la reconstruit. C'est sublime.
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