AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 4141 notes
A la recherche du temps perdu est une oeuvre monumentale qui fait peur, en tout cas à moi. Même découpée en ses différents tomes, La recherche reste une sorte d'Everest sur les pentes duquel je m'aventure, emplie de perplexité et de crainte - d'abandon ou de chute.

Et c'est vrai que les premières pages du côté de chez Swann fait l'effet que dépeint avec humour Daniel Picouly dans La faute d'orthographe est ma langue maternelle : impression d'être asphyxiée "au monoxyde de Proust". Des phrases sans fin à la ponctuation soit erratique soit surnuméraire, des images, des sensations véhiculées par un langage qui ne connaît pas la concision. Et pourtant, à la troisième relecture de ladite première page, ça y est, ça prend! Attention, restons concentrée mais je crois tenir la rythmique, décoder le tempo. A nous deux Marcel!

Son écriture nécessite une attention et une concentration certaine, ne serait-ce que pour pleinement goûter la saveur de sa prose. Je ne le lis donc pas en continu mais environ une heure par jour, m'imprègnant de ses longues descriptions mémorielles. La question du Temps, figure du titre, est au coeur du récit puisque les souvenirs sont souvent reconstruction du passé grâce à l'apport d'autres personnes. Mais ils peuvent également être issus de la mémoire, non pas cérébrale, mais des sens, mais du corps. D'où la célébrissime scène de la madeleine de Proust, où un simple morceau de ce petit gâteau trempé dans le thé fait remonter d'abord une sensation, fugace, de déjà-ressenti. Et l'esprit d'entreprendre un véritable travail d'extraction de l'évocation, façon pêche à la mouche où il faut donner du mou pour mieux remonter le poisson.

De cette madeleine, adorable et délicieux coquillage pâtissier, découle les réminiscences de Combray, des chemins champêtres bordés d'aubépines au suave parfum d'amande, les lilas et les jasmins de la propriété de Swann, les crépuscules terribles où l'enfant doit prendre congé de sa mère pour toute une nuit de solitude, la tante Léonie et ses manies, ...

Et puis, l'histoire de Swann et de ses malheureuses amours pour Odette, où l'on est moins sur des sensations cette fois-ci que sur une reconstruction d'un passé où le narrateur n'était pas né. Il y a des passages drôles et ironiques dans cette partie, avec les mimiques de la coterie des Verdurin, notamment. Et ce pauvre Swann que j'hésite à plaindre ou à gifler pour lui remettre les idées en place.

Une lecture dense, donc, que ce premier tome - premier palier de l'Everest. La crainte s'en est allée, le plaisir est resté. L'oeuvre de Proust exige de prendre son temps et c'est une autre richesse qu'il nous offre. Qu'importe s'il me faut un an pour arriver au bout de la recherche. C'est le cheminement qui, seul, compte. Et les multiples sensations et réminiscences que Proust ravivent en moi.
Commenter  J’apprécie          365
J'ai repris cette lecture arrêtée à la page 34...Opportunité du confinement...je l'ai recommencée avec deux autres livres en parallèle... tranquille, décontracté... par volées d'une dizaine de pages de la version Futuropolis illustrée par Yan Nascimbene.

Certaines phrases furent relues deux fois et parfois même à haute voix.
Avec Proust, il faut rester concentrer sur le texte au risque d'associer à nos pensées celles du romancier et de s'échapper du texte tant les phrases sont longues (823 mots pour l'une d'elle).
Il ne faudra donc pas suivre l'indication du narrateur : "dans ces temps-là, quand je lisais, je rêvassais souvent des pages entières à tout autre chose".

En fait, lire Proust, c'est rejoindre un temps suspendu en faisant le vide, pour mêler nos propres souvenirs, nos propres sentiments à ceux du narrateur car le texte fonctionne de manière projective créant un flou propice à l'imagination.
Quant aux descriptions simples, allez voir cette citation magnifique pour apprécier les asperges quand vous les dégusterez.

D'histoire point, point de scénario dans ce premier tome, juste un récit de la vie avec son lot de futilités.
Ce roman est d'ailleurs un peu foutraque. Il juxtapose plusieurs narrations sans faire de lien entre elles ; ainsi le narrateur a d'abord 12 ans, puis nous transporte quelques années avant sa naissance.

Je m'interroge pour savoir si je dois recommander cette lecture à mes amis, il y a du parfumé mais aussi du suranné dans ces pages, ce qui ne conviendra pas à certains comme dans la fin de saison du lilas : “quelques-uns effusaient encore en hauts lustres mauves les bulles délicates de leurs fleurs, mais dans bien des parties du feuillage où déferlait, il y avait une semaine, leur mousse embaumée, se flétrissait, diminuée et noircie, une écume creuse, sèche et sans parfum”.

Mais, si vous êtes disposés, posés, tranquilles avec un peu de temps devant vous, et que vous acceptez le parti pris de la balade à pas lents, alors prenez votre élan et partez en voyage littéraire.
Commenter  J’apprécie          3514
« Longtemps, je me suis couché de bonne heure »… curieux, moi-aussi, de partir A la Recherche du Temps Perdu, avec la prudente détermination de l'explorateur franchissant la lisière d'une jungle impénétrable, avide de s'en aller retrouver le temps perdu. Mais n'est pas Livingstone qui veut, si bien qu'aucun Stanley ne put jamais porter connaissance à qui que ce soit que je sois arrivé quelque part. On me trouva, à trois reprises, profondément endormi avant d'avoir franchi la première dizaine ou vingtaine de pages de ce si fameux « du côté de chez Swann ». L'explorateur n'avait rien exploré, le lecteur avait bien lu et relu deux ou trois fois, sans vraiment réussir à les comprendre, quelques phrases comme : « Un homme qui dort, tient en cercle autour de lui le fil des heures, l'ordre des années et des mondes. Il les consulte d'instinct en s'éveillant et y lit en une seconde le point de la terre qu'il occupe, le temps qui s'est écoulé jusqu'à son réveil. » Il avait reposé l'ouvrage sur une étagère, le confiant à la poussière et se jurant qu'on ne le reprendrait plus à ainsi perdre son temps. Il proclamait sans vergogne lorsque le sujet venait à son oreille : « J'ai essayé, les bras m'en sont tombés, c'est cérébral, ampoulé et assommant. »
Et c'est ce même cuistre qui vient aujourd'hui vous vanter les charmes de la promenade « du côté de chez Swann » et vous inciter à pénétrer sans crainte dans la jungle proustienne. Pourquoi donc, sous quel prétexte, avec quels arguments ? C'est toujours très cérébral. Les phrases longues et assommantes ont-elles disparues ? Elles sont toujours là, j'en ai retrouvé une de deux-cent-soixante-sept mots consacrée à la promenade en calèche de Mme Swann au Bois. Il faut la lire pour découvrir, ce qui est incroyable, qu'elle est parfaitement légère, pour peu qu'on soit attentif à la ponctuation, et qu'elle constitue en elle-même une véritable et magnifique scène de cinéma. Rien d'assommant, que du plaisir d'assister à un spectacle de choix si minutieusement et élégamment dépeint. On découvre aussi, en particulier dès le premier chapitre (Combray), quelques lignes admirables sur la grand'mère de l'auteur, son amour pour sa mère, sa tante, sur des gens simples comme la cuisinière de sa tante ou des gens du grand monde comme ce monsieur Swann dont le nom m'avait autrefois tant intrigué. Ces personnages nombreux (il y en a beaucoup d'autres) vus par le regard d'un enfant sont souvent attachants, parfois ridicules mais toujours consistants. Ils permettent à l'auteur d'évoquer finement un des thèmes principaux de son oeuvre : le souvenir, dernier refuge de ceux qui furent et ne sont plus, de ce qui fut et qui n'est plus. Il y a aussi ce que peut produire de plus fort l'Impressionnisme en littérature (le peuplier qui adresse à l'orage des supplications et des salutations désespérées, le tonnerre qui roucoule dans les lilas, la promenade au-milieu des aubépines ou une description magnifique de poésie à propos d'asperges se terminant de façon très humoristique). Et puis arrive vite (vers la cinquantième page), prodigieux, plus célèbre que l'oeuvre, plus fameux que l'auteur, le passage consacré à la madeleine, génial exposé liant le goût, l'odeur et le souvenir. Quatre pages délicieuses, fabuleuses, que bien peu ont lues mais que tout le monde croit connaître, quatre pages qui justifieraient à elles seules toutes les tentatives impulsives de partir A La recherche du Temps Perdu.
Dans la seconde partie (Un Amour de Swann), consacrée aux tourments de l'amour et aux affres de la passion faits de soupçons, d'inquiétudes, de mensonges, d'espoirs déçus, voici donc un dandy fréquentant les meilleurs cercles et les plus jolies femmes, « Swann, lui, ne cherchait pas à trouver jolies les femmes avec qui il passait son temps, mais à passer son temps avec les femmes qu'il avait d'abord trouvées jolies. » …qui se laisse séduire par une cocotte qu'il ne trouvait pas à son goût mais qui, après lui avoir « fait son thé », sut l'ensorceler et le tourmenter jusqu'à ce qu'un beau matin, enfin guéri, « il s'écrie en lui-même : Dire que j'ai gâché des années de ma vie, que j'ai voulu mourir, que j'ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre ! » On n'est pas très éloigné de Zola (Nana) mais, ici, point de naturalisme, tout est en suggestion et légèreté, en non dit et en supposition, ce qui paradoxalement ajoute à l'affection comme à l'affliction pour Swann, qui, au fil des ses déboires, gagnent le lecteur. Quant Zola se place du côté (décidemment « le côté ») de la cocotte, Proust se range du côté de l'amoureux transi, du séducteur séduit, du cocu magnifique. Ce n'est plus tout à fait le même point de vue.
La troisième et dernière partie, la plus courte, est consacrée aux rêveries de l'enfant qu'était Proust à partir de noms de ville déclenchant en lui l'imagination de voyages enchanteurs, alors même que sa santé fragile l'empêche de quitter Paris. Alors, même si une dizaine de villes bretonnes ou normandes deviennent sous sa plume et par la grâce de son talent ce que leurs syndicats d'initiatives n'auraient jamais osé rêver, c'est Paris qui profite le plus de ses magnifiques descriptions, d'autant plus belles qu'elles sont magnifiées par un premier amour, celui qu'il ressent un jour, quelque part sur la promenade des Champs-Elysées, pour « une fillette à cheveux roux qui jouait au volant devant la vasque ». Elle s'appelle Gilberte Swann et à cet instant, c'est bien « du côté de chez Swann » que son coeur bascule.
Retournant bien plus tard au Bois ou aux Champs-Elysées, cherchant la trace de son enfance et de ses émois, il ne peut que constater (l'un des thèmes centraux de son oeuvre) que revenir dans les endroits de sa jeunesse ne parvient pas à la ressusciter : « Les lieux que nous avons connus n'appartiennent pas qu'au monde de l'espace où nous les situons pour plus de facilité. Ils n'étaient qu'une mince tranche au milieu d'impressions contiguës qui formaient notre vie d'alors : le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instant ; et les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives, hélas, comme les années. »
Et je me dis qu'il y a sans doute dans cette phrase finale l'explication de mes précédents échecs à trouver quelque intérêt à ce chef d'oeuvre. Je n'avais sûrement pas assez vécu. Je me contentais de vivre sans me soucier des années qui passaient, accumulant sans m'en rendre compte des souvenirs que je prenais alors pour quantité négligeable puisqu'il me semblait vivre des moments éternels. Proust est sans doute pour cela à lire à la maturité, il réclame de l'attention et de l'expérience afin de vraiment apprécier ses thèmes et son style. Accompagné d'un fond musical composé par ses contemporains (Debussy, Rachmaninov, Satie), j'ai fait un somptueux voyage dans les souvenirs et les émotions impressionnistes du « petit Marcel » et aussi un peu, c'est là qu'est la magie, dans les miens. Maintenant que je n'ai plus vraiment de temps à perdre, aussi étonné que ravi, maîtrisant enfin la longueur des phrases et sachant goûter les imparfaits du subjonctif qui fleurissent comme les nymphéas au bord de la Vivonne, je m'apprête à poursuivre La Recherche, en m'interrogeant sur ce qui peut bien pousser, A l'ombre des jeunes Filles en Fleurs …
Commenter  J’apprécie          3515
Je ne vais pas me lancer dans une analyse de l'un des romans majeurs de la littérature française, d'autres l'ont fait bien mieux que moi, et puis je suis carrément rouillée à ce petit jeu abandonné après l'université.

Tout cela pour dire que je vais vous délivrer mon avis très personnel et subjectif et qu'en aucun cas je ne prétends juger de la valeur de cette oeuvre.

Je n'ai pas aimé ce bouquin.
Je me suis ennuyée les trois-quart du temps, surtout dans la deuxième partie.
Je ne suis pas sensible au style de Proust mais je reconnais son talent.
J'ai détesté le personnage de Swann, Odette m'a gonflée sévère et toute la clique des Verdurin m'est sorti par les yeux... Un condensé d'inanité.

Bref, ce ne fut pas complètement inintéressant parce que j'aime aussi lire par curiosité intellectuelle, mais je n'ai pas du tout pris de plaisir à cette lecture.

Je ne ferai pas partie des admirateurs de Proust, mais qui s'en soucie ?
Commenter  J’apprécie          3410
Moi qui adore les classiques, je me réjouissais de lire Proust. Quelle déception ! Je suis restée six mois pour lire les 3/4 du livre que j'ai fini par refermer, à jamais dégoûtée de Proust ...

Des phrases de 30 pages pleines de digressions à l'infini à tel point que la phrase terminée, on ne se souvient plus de quoi elle parlait initialement.
Exemple : pour dire qu'il a rendez-vous avec une jeune fille, Proust nous décrit sa toilette, les fleurs qui ornent le corsage de la demoiselle, fleurs qui viennent de ... et qui sont cultivées je ne sais où , ce qui lui rappelle un copain qui était parti à la guerre et dont la famille s'était perdue de vue .... etc ...

Bref "mais où et donc or ni car" . Insupportable et pour moi franchement illisible. Il m'a excédée et il est rarissime que je ne termine pas un livre !

Je n'ajouterai pas de citation hormis celle-ci (incipit du roman) "longtemps je me suis couché de bonne heure" ben pour moi il n'aurait pas du se lever !

Commenter  J’apprécie          349
Je viens de me réveiller d'une longue sieste, à peine entrecoupée par le vol d'une mouche, l'heure sonnée au clocher de Saint-Hilaire, le tintement de la petite cuillère dans la tasse de thé,

Je viens de vivre quelques heures voluptueuses laissées à la rêverie, aux souvenirs lointains de l'enfance, celle passée à Combray.
Aaaaaah ! Qu'il est difficile ensuite de se tirer de cette torpeur et essayer d'écrire un petit billet sur ce roman.


Et bien voici une jolie peinture de la bourgeoisie provinciale, classe sociale qui, à l'instar de la société indienne, voit le monde à travers des castes avec lesquelles on ne se mélange pas.
Les actes de la vie quotidienne et familiale y sont largement codifiés : baiser du soir aux enfants, heure des repas, promenade du dimanche, lecture du dimanche (reconnue amusement les autres jours).

Des longueurs bien sûr, monsieur Proust a le goût du détail, des détails, de la sensibilité voire de la sensiblerie parfois, mais aussi beaucoup d'humour. J'ai adoré le choix des cadeaux de la grand-mère qui doivent avoir vécu au point quelquefois de tomber en ruines. J'ai apprécié la sournoiserie de monsieur Legrandin et ses circonvolutions langagières afin de ne pas avouer qu'il avait de la famille à Balbec et donc ne pas recevoir ses voisins lors de leur séjour balnéaire

C'est drôle, à la lecture des souvenirs de monsieur Proust, plusieurs films me sont venus à l'esprit. D'abord "un dimanche à la campagne" (de Bertrand Tavernier) pour sa peinture du dimanche quand tout est calme et que l'on reçoit la famille selon un rite bien établi, ensuite "les enfants du marais" (de Jean Becker) dans lequel Amedée alias André Dussolier, surpris par la vie qu'il ne côtoie pas vraiment, répète : quelle aventure ! Celui-ci m'est venu à l'esprit quand le samedi, le repas est avancé d'une heure et que la famille est perturbée par ce changement. Quelle aventure !

C'est charmant, raffiné avec cependant une petite odeur de naphtaline. Enfin, me voilà réconciliée avec monsieur Proust, que j'avais quitté bien fâchée lors de mes années lycée. Une belle parenthèse dans mes lectures...
Commenter  J’apprécie          333
Dans une première partie, le narrateur revit son enfance : l'heure angoissée du coucher, dans la chambre que lui réservaient ses grands-parents dans leur demeure de Combray ; la découverte des sens (les odeurs, les couleurs...) et des premiers émois des amours d'enfance, au cours de balades autour du village ; la vie bourgeoisie provinciale avide de reconnaissance et intolérante...
La seconde partie, bien plus courte, est centrée sur M. Swann, déjà rencontré dans la première partie, mais présenté ici dans sa vie mondaine parisienne, dans une bourgeoisie bien-pensante mais qui jouit de s'encanailler par procuration...

Au risque de paraître iconoclaste, je confesserai que la lecture de ce premier tome m'a ennuyé. Je vais tenter de vous expliquer pourquoi, mais je sais que ce n'est pas gagné...
D'abord, l'écriture est datée. Certes, cela complique la lecture, mais n'est normalement pas rédhibitoire. Sauf que comparée aux textes des presque contemporains que sont Hugo, Balzac ou Zola, l'écriture de Proust me paraît aujourd'hui tellement... ringarde ?
Ensuite, on a le droit d'avoir une écriture contemplative, et même auto-contemplative ; mais pour passer quel message ? J'avoue que je cherche encore...
Enfin, sauter des coqs à l'âne d'une première partie (des angoisses du coucher à la santé de la vieille tante, de la servilité des domestiques aux balades campagnardes, des amitiés de façade aux premiers amours d'enfance, etc.), à la vie mondaine de Swann dans une seconde, où est la cohérence ?
Oui, je sais. Ceux qui aiment vont me dire que pour apprécier il faut aller au bout des 7 tomes. Encore faut-il en avoir l'envie... Et, pour moi, ce premier tome ne la donne pas, ou ne la donne plus... Trop daté, trop décalé ? Mais je vais persévérer, au moins jusqu'au tome 2 !
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
Commenter  J’apprécie          3211
Ouf!!! A le lire et à le finir, c'est comme si on s'exerçait à avaler un océan à partir d'un tout petit verre, quand on y commence la lecture, on se pose, tout de suite, après quelques pages, la question de savoir comment le lire ce livre, de même manière, on s'imagine que l'auteur s'est demandé comment l'écrire ce livre, comment créer des formes, des tableaux, des mini dialogues dans les pensées, comment annoter les descriptions, pénétrer les détails...oufff, il faut forcement un souffle, il faut forcement pénétrer l'âme de l'auteur pour pouvoir parvenir à lire ce livre, enfin, je me le dis, puis je me suis rendu compte que tout n'est que musique dans ce livre, en fait, il faut trouver sa musicalité, c'est ce que j'ai fait, puis j'ai senti une balade qui se créait dans ma tête, comme si je me baladais avec ce livre en main dans les différents endroits de Combray, que je m'arrêtais à un moment devant une certaine architecture ou devant un endroit particulier de la nature, parfois je me surprenais en train de sauter à des endroits un peu accidentés, j'essayais d'apercevoir à travers des fenêtres, des haies des différents personnages que nous dénote ce roman, je me surprenais en train d'épier les caprices de Françoise avec sa Souveraine Mme Octave, les visites simultanées d'Eulalie et de Mr le curé à la tante, les promenades effectuées à travers les deux sorties de la maison du narrateur, tantôt du coté de Meseglise ou du coté simplement de swann ou tantôt du coté des Guermantes...on observe chaque famille avec ses caprices, les Vinteuil, les Swann, les Verdurin, Mr legrandin, les Guermantes... on s'y plonge, on s'y plonge, on s'y plonge...puis c'est la fin de ce premier tome et quand on relève la tête on se dit simplement waouhhh...quelle finesse dans la description d'une enfance, et tout va avec, les caprices, le silence en soi pour une observation plus approfondie de l'entourage et de l'environnement

C'est carrément un voyage..au départ, on n'a du mal à s'y mettre mais une fois trouver le rythme ou la respiration qu'il faut à cette lecture, on s'y plait forcement!!!
Commenter  J’apprécie          323
Merveille des merveilles.

Voici le premier tome d'"A la recherche du temps perdu" chef d'oeuvre de Marcel Proust.

Mon premier contact avec Marcel Proust a été au lycée. Lors d'un cours de philosophie nous avions étudié l'incipit de "Du côté de chez Swann". Je me souviens avoir été impressionnée par ce dernier. Je n'avais jamais rien lu d'aussi beau auparavant. Toutefois, la longueur de ses phrases-paragraphes m'avaient refroidie et démotivée à lire l'oeuvre.

C'est bien des années plus tard, à l'occasion du centenaire de sa mort en 2022, que je me suis donnée pour défi de lire le premier tome de "la recherche". J'ai retrouvé la beauté des mots, ainsi que les phrases-paragraphes, voire pages.

J'ai eu du mal au début à lire Proust. Les phrases "glissaient" et j'avais du mal à saisir le sens de ce que je venais de lire. Je me suis peu à peu rendue compte qu'il ne fallait pas lire une cinquantaine de pages d'une traite, mais qu'il fallait prendre le temps de lire et d'apprécier cette oeuvre. Je me suis donc adaptée au temps propre de Proust. Ma lecture est devenue fleuve et a pris un an. Je picorais de temps en temps quelques pages et les appréciait d'autant plus.

J'ai non seulement ressenti le désespoir du narrateur dans "Combray", mais aussi apprécié l'évocation de ses souvenirs d'enfance, notamment la fameuse madeleine. J'ai suivi avec grand plaisir la passion pour Odette de Swann, puis sa jalousie dans "Un amour de Swann". Enfin, j'ai souri face aux premiers émois du narrateur dans "Noms de pays: le nom".

Bref, il existe quelques oeuvres qui marqueront à vie le lecteur. "Du côté de chez Swann" fait indéniablement partie de ces dernières.
Commenter  J’apprécie          309
Enfin lu ! Ce roman qui faisait peur, si renommé, si controversé !
Plusieurs fois, pour ma propre culture et curiosité, j'avais souhaité commencer la lecture de A la recherche du temps perdu de Proust, mais je me laissais influencée par les personnes (libraires, amis lecteurs...) qui y étaient particulièrement hermétiques.

C'est à l'occasion des 100 ans de la mort de ce grand maître de la littérature française que je me décidai à entamer cette lecture challenge, appréhendant un peu.

Et puis, les premières pages et je me dis : "mais tous ces mauvais commentaires pour cela ? Pour ce genre de phrases ? "
J'étais agréablement surprise car je m'attendais à une écriture très sophistiquée, peu accessible car trop lettrée, trop élaborée. Je m'imaginais, comme le dit la rumeur, de longues phrases à rallonge qui me feraient perdre le fil. Finalement, pas du tout. de belles phrases littéraires oui, un roman original de part son thème qui est justement l'absence de sujet précis, pas d'aventures, pas de récit digne de ce nom, mais de belles phrases sensibles pour apprécier le temps, la philosophie de la vie, la beauté de la nature et de toutes ces petites choses qui nous entourent.

J'ai beaucoup aimé la première partie : Combray. J'ai découvert en Proust un homme particulièrement sensible, sûrement hypersensible et hypersensoriel, attentif à chaque son, chaque couleur, chaque forme. Tous ces sens se mêlent à son imagination et à sa créativité artistiques et viennent ainsi peindre un tableau de sa vie contemplatif. Je m'imagine A la recherche du temps perdu comme ce tableau contemplatif qui se lit comme on méditerait devant un tableau de peinture. Plusieurs phrases m'ont beaucoup touchées de par leur sensibilité et leur poésie.

J'ai trouvé la deuxième partie surprenante car on parle soudainement de Swann et non plus du narrateur (Proust). le personnage de Swann est intéressant, on compatit pour sa douleur, sa détresse et on finit par détester Odette autant que cette société mondaine et bourgeoise ridicule et détestable. Un amas de bêtises humaines qui abaisse l'homme à ses pires bassesses.
Néanmoins, que de longueurs dans cette partie ! J'avoue avoir fini par m'ennuyer.

On retrouve en troisième partie l'histoire du narrateur tel qu'on l'avait laissé à la première partie mais la deuxième partie m'avait de ce fait coupé dans mon élan. J'ai retrouvé bizarre cette coupure entre première et troisième partie, comme si Un amour de Swann avait été un roman indépendant lu entre temps.
On y retrouve l'hypersensibilité devant la musicalité des mots, des noms, et les émotions devant chaque paysage, chaque rayon de soleil et chaque petit détail de la vie quotidienne qui viennent bouleverser et émerveiller la vie de celui-ci.

Pour moi, la meilleure partie du roman reste la première partie Combray.
Je suis ravie d'avoir enfin connu la plume de Proust, bien plus accessible qu'on ne le raconte, et qui, si ce n'est pas un coup de coeur car pas mon genre de littérature, me laissera sans aucun doute un souvenir fort, puissant et durable.
Je lirai petit à petit les prochains tomes, peut-être un par an.

PS : je me suis achetée des madeleines exprès (des madeleines nappées de chocolat...) pour les déguster en les trempant de mon thé, tout en lisant A la recherche du temps perdu, ;) Quoi de mieux pour prendre le temps, profiter de ces petits instants de vie sacrés ?

Heureuse de ma découverte et de ma lecture. Merci !
Commenter  J’apprécie          273





Lecteurs (20246) Voir plus



Quiz Voir plus

Que savez-vous de Proust ? (niveau assez difficile)

De combien de tomes est composé le roman "A la recherche du temps perdu" ?

5
6
7
8

8 questions
533 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel ProustCréer un quiz sur ce livre

{* *}