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4,11

sur 4118 notes
Longtemps je me suis levé de bonne heure pour lire " A la recherche du temps perdu " mais à peine avais-je commencé à lire que mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : je m'endors et alors je revoyais grâce à la métempsychose, Madeleine une jeune fille en fleur qui aimait profaner le portrait de son géniteur puis j'entendais monter doucement une mélodie, celle de la Sonate de Vinteuil et me revenait à la mémoire, ce bal où Morel dansait avec un militaire, poitrine contre poitrine, sous le regard courroucé du baron, un cattleya à la boutonnière et par l'effet de l'anamnèse une odeur d'aubépine revenait du passé et je retrouvai, grâce à Marcel, non pas le temps perdu mais le sommeil.
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Un amour de Swann

Dans la 1 · partie du « De coté de chez Swann, qui se déroule 15 ans avant sa deuxième partie «  un amour de Swann » on apprend que Swann est «  mal marié », dommage qu'il soit si mal marié. La famille du narrateur le prend pour un bourgeois comme eux, en occultant qu'il fréquente la haute aristocratie. Et quand ils découvrent son appartenance à un milieu plus élevé que le leur, il baisse dans leur estime.
Commentaire de Proust : « L'ignorance où nous étions de cette brillante vie mondaine que menait Swann tenait évidemment en partie à la réserve et à la discrétion de son caractère, mais aussi à ce que les bourgeois d'alors se faisaient de la société une idée un peu hindoue , et la considéraient comme composée de castes fermées où chacun, dès sa naissance, se trouvait placé dans le rang qu'occupaient ses parents, et d'où rien , à moins des hasards d'une carrière exceptionnelle ou d'un mariage inespéré, ne pouvait vous tirer pour vous faire pénétrer dans une caste supérieure. « 
De même, Madame Verdurin, sorte de gourou d'une secte assez fermée, dont Proust se délecte à énumérer le ridicule : Un jour, Swann pourtant très discret, a le tort de déclarer qu'il fréquente des gens haut placés. Extrêmement possessive et jalouse, Mme Verdurin voit là une infidélité et même une trahison, et c'est alors le début de la disgrâce. »Colère d'un grand inquisiteur qui ne parvient pas à extirper l'hérésie »
Pour Swann, qui s'encanaille avec des soubrettes et des ouvrières «  l'habitude qu'il avait eue longtemps du monde, du luxe, lui en avait donné en même temps que le dédain, le besoin. Et pourtant, par aveuglement, pour Odette, il accepte de côtoyer des gens beaucoup plus simples.
Ironie de l'histoire : c'est au moment où Swann choisit le clan Verdurin, en fabulant sur sa magnanimité (alors qu''on sait sa malfaisance), qu'il tombe en disgrâce.
2· ironie de l'histoire : non seulement Swann va s'encanailler, descendre de son statut social par son mariage avec Odette, se mettre à aimer des choses très triviales mais Mme Verdurin se mariera par la suite avec le prince de Guermantes.
Il y a beaucoup d'ironie chez Proust dans sa description des classes sociales, hindoues certes, mais cependant malléables.
Swann n'est pas attiré par Odette, elle ne lui plait pas spécialement et ne lui inspire pas de désir. Il finira par reconnaître que toutes ses souffrances, sa jalousie, son désir de mourir, il les a endurées pour une femme qui n'était même pas son genre. L'amour, pour Proust, est une projection de notre moi, une affabulation par laquelle nous définissons l'être aimé, mais qui en réalité est nous mêmes. Et se cristallise quand l'autre nous échappe, parce que comme ça, il prend consistance. Il se transforme d'être rêvé en être réel. Tant que l'autre fuit, il garde une aura de mystère, et la relation se poursuit. » L'amour est un idéal inaccessible. .. L'idéal est inaccessible et le bonheur, médiocre ».
Derrière l'amour  il y a un intense besoin de justification de l'amour et aussi le néant, le désert habité par la jalousie. Et c'est cet effort d'aimer malgré le peu d'amour qui rend l'autre indispensable.
Swann invente donc des raisons d'aimer cette Odette qui le rend jaloux, parce qu'elle lui rappelle la Zephora de Boticelli. Il aime à se rappeler leur union quand ils écoutaient la petite phrase de VInteuil .Peinture et musique tissent son amour pour Odette qui arbore l'air languissant et grave qu'ont les maitres de l'art florentin.
Proust a lu Schopenhauer et Nietzsche. Profond pessimisme, balancé par le bonheur donné par l'absolu quasi mystique, donné par certains moments où la mémoire vous rappelle les paradis primordiaux de votre enfance.
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S'attaquer à Marcel Proust, c'est comme tenter de gravir l'Everest. En tout cas, pour moi. Un sommet inatteignable pendant très longtemps, trop longtemps.
J'ai tenté de lire « du côté de chez Swann » à l'adolescence, lorsqu'au lycée, on se doit à se confronter à ces textes classiques. Mais j'ai trouvé l'histoire trop longue, trop lente, sans intrigue, sans intérêt. Les années ont passé, l'expérience s'est renouvelée, ces cuisants échecs laissant derrière moi un souvenir d'inachevé et d'incompréhension au regard des avis.
Alors cette fois-ci, pour gravir cette montagne, une des plus belles, sinon la plus belle, je ne suis pas partie toute seule. J'ai choisi comme compagnons de voyage deux belles voix, celles d'André Dussolier et de Lambert Wilson. Et là, le charme a opéré, je me suis laissée prendre par le style « proustien ».
Avec ces deux grands acteurs, la lecture des phrases interminables de l'auteur est devenue accessible et l'ascension ne m'a plus paru réservée uniquement aux lecteurs les plus chevronnés.

*
Alors c'est vrai que le style de l'auteur est déconcertant. Quand on commence une phrase, on peut parfois se demander quand elle va finir. Les nombreux tirets et parenthèses, autant de digressions labyrinthiques, tels des tiroirs que l'on ouvre et referme, amènent le lecteur à s'imprégner de l'atmosphère et à être au plus près des émotions et des sentiments du narrateur dont nous suivons la pensée.

L'écriture de ces longues phrases marque un rythme lent, berçant comme la houle, en accord avec la pensée de l'auteur.
Les nombreuses métaphores dans les descriptions amènent une mélodie.

« Avant d'y arriver, nous rencontrions, venue au−devant des étrangers, l'odeur de ses lilas. Eux−mêmes, d'entre les petits coeurs verts et frais de leurs feuilles, levaient curieusement au−dessus de la barrière du parc leurs panaches de plumes mauves ou blanches que lustrait, même à l'ombre, le soleil où elles avaient baigné. »

*
Le roman se compose de trois grandes parties, distinctes, mais en même temps indissociables.
Dans la première, le narrateur commence ainsi :

« Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je m'endors. » »

Il y évoque son enfance dans la demeure familiale de Combray, les nombreuses visites qui rythment sa vie, sa relation fusionnelle avec sa mère, et son amour pour la littérature.

Dans la seconde, le narrateur évoque la vie de Charles Swann, un ami de la famille.

Et dans la dernière, le narrateur relate ses rêves de voyages. Désirs d'admirer les tempêtes, envies de découvrir les paysages et l'architecture des villes de Normandie et d'Italie. Il évoque aussi sa maladie.

*
Les descriptions très précises des personnages apportent une vision culturelle, sociétale, et permettent de dresser notamment un portrait de la bourgeoisie et de l'aristocratie de l'époque.
Et là, que c'est savoureux !

« J'habite à trop de milliers de mètres d'altitude au-dessus des bas-fonds où clapotent et clabaudent de tels sales papotages, pour que je puisse être éclaboussé par les plaisanteries d'une Verdurin… »

Avec quelle perspicacité, Marcel Proust dessine de beaux portraits, s'attachant à les décrire dans toute leur suffisance, leur médiocrité, leur méchanceté née de l'oisiveté, leur promptitude à juger au nom des convenances et du statut social. Calambours, métaphores et autres jeux de mots sont autant de plaisirs et d'éloquence mettant en valeur l'esprit brillant qui l'utilise à bon escient qu'une arme servant à ridiculiser celui qui en est dépourvu.

« le bonheur des méchants comme un torrent s'écoule. »

Avec la précision d'un scalpel, Marcel Proust explore les profondeurs de l'âme humaine, les jalousies, les souffrances et les tourments d'un amour irraisonné et déraisonnable, un amour non réciproque.

« Tu es une eau informe qui coule selon la pente qu'on lui offre, un poisson sans mémoire et sans réflexion qui tant qu'il vivra dans son aquarium se heurtera cent fois par jour contre le vitrage qu'il continuera à prendre pour de l'eau. »

*
Marcel Proust s'attarde sur de nombreux lieux, Combray, Balbec, Guermantes, et c'est avec une grande minutie qu'il nous dépeint l'éclat de la nature, les belles demeures et en particulier l'intimité des chambres. On trouve de nombreuses descriptions révélant la beauté des paysages et des fleurs lors de longues promenades.

« La haie laissait voir à l'intérieur du parc une allée bordée de jasmins, de pensées et de verveines entre lesquelles des giroflées ouvraient leur bourse fraîche, du rose odorant et passé d'un cuir ancien de Cordoue, tandis que sur le gravier un long tuyau d'arrosage peint en vert, déroulant ses circuits, dressait aux points où il était percé au-dessus des fleurs dont il imbibait les parfums l'éventail vertical et prismatique de ses gouttelettes multicolores. »

*
« A la recherche du temps perdu » c'est aussi relire des passages d'anthologie, comme celui de la madeleine qui symbolise la nostalgie provoquée par une saveur, une odeur et le souvenir qui replonge le narrateur dans l'enfance.

« Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents ; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé ; les formes, – et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot – s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. »

*
Une chose très étonnante. Je n'aurais jamais pensé rire en lisant Marcel Proust, mais contre toute attente, j'ai trouvé beaucoup de passages très amusants comme celui-ci.

"Les personnes flatteuses savent se faire bien venir et ramasser les pépettes ; mais patience, le bon Dieu les punit toutes par un beau jour…"

Est-ce voulu par l'auteur ? Je me suis posée la question. Cela tient-il à l'attitude snob, maniérée et hautaine de certains personnages du roman ? Ou au décalage dans le registre de langue, tantôt élégant, raffiné, tantôt familier ? Toujours est-il que le ton employé est très plaisant.

*
Pour conclure, lire Marcel Proust, c'est un plaisir de lecture extraordinaire. C'est vivre également une expérience de lecture, à la fois intimidante, intime et méditative.

J'ai aimé le style de Marcel Proust, un style unique, harmonieux et recherché, d'une extrême précision et d'une richesse poétique incroyable. J'ai été agréablement surprise par les nombreuses situations comiques et l'humour très fin résultant des convenances et des hiérarchies sociales.

Une magnifique réflexion sur la mémoire, les souvenirs, le temps qui passe, la littérature et l ‘amour.

Bien sûr, « du côté de chez Swann » est à lire. Pendant longtemps, je n'ai pas compris les avis dithyrambiques sur cette oeuvre que je trouvais ampoulée et précieuse. Je pense maintenant qu'il y a un moment pour tout, un moment dans notre vie où le texte de Marcel Proust va raisonner en nous.

*
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"L'extase de son identité, placée sous le microscope de la réalité, révèle un système complexe de ces passerelles subtiles que traversent les sens, riants, enlacés, jetant des fleurs en l'air, entre l'âme et la chair lamellée, et qui a toujours été une forme du souvenir même à l'instant de sa perception." (V. Nabokov)


...«Mais toutes ces pensées ne durèrent que l'espace d'une seconde, le temps qu'il portât la main à son coeur, reprît sa respiration et parvînt à sourire pour dissimuler sa torture...»

Ces pensées-là, éveillées une seconde par les sentiments irrépressibles de jalousie qui assaillaient alors Swann, s'étaient toutefois déployées profusément dans l'esprit incurvé de ce dernier, traduites par la plume de l'auteur en longues phrases serpentines occupant l'espace de plusieurs paragraphes d'affilée..!

Depuis la parution discrète de "Du Côté de Chez Swann" -publié en 1913, dans une édition à compte d'auteur farcie de coquilles- cette relativité spatio-temporelle inaugurée alors par Proust, équation esthétique et philosophique à la base de l'édifice monumental qu'il allait bâtir par la suite -et que ce passage de « Un amour de Swann » pourrait à mon sens illustrer à merveille-, aura déclenché une véritable révolution copernicienne dans l'espace littéraire du XXe siècle. Plus d'un siècle après, «À la recherche du temps perdu» continue d'être l'une des oeuvres les plus étudiées et citées dans le monde entier.

Cette dilatation, et parfois rétraction de l'écoulement de la temporalité psychologique, n'auront cessé depuis de nourrir et d'inspirer (et continuent de nos jours), non seulement la littérature, mais aussi, indirectement, la création artistique en général, sans que l'on ait cependant jamais réussi à égaler l'original, ni sur le fond, ni sur la forme.
(Ceci tant et si bien, que, comme pour Freud dont il serait absurde de nier complètement toute influence dans la culture de notre époque, l'on peut parfaitement s'avérer «proustien» sans pour autant avoir jamais ouvert un seul de ses livres!)

L'on constate dans ce premier tome, tout comme dans la suite de la Recherche, une absence voyante de chronologie linéaire. Quasiment aucune date précise n'y est explicitement évoquée. Quel âge a le narrateur lorsqu'il trempe sa madeleine dans la tasse de thé de sa tante Léonie ? Ou bien lorsqu'il s'en souvient pour la première fois ? Ou quand il l'écrit enfin..?

Les âges et les dates n'ont en effet pas grand ‘chose à y faire, dans ce temps proustien dont on ne sait jamais au juste où il commence, ni quand il se termine tout à fait, et qui en dernier ressort aspirerait à durer tout simplement... La «recherche d'un temps perdu» y ressemblerait plutôt à la quête d'un «présent mythologique», circulaire, libéré enfin de son carcan calendaire. Quête d'une faille possible dans l'éternité divine par un travail de réminiscence humaine qui, plus qu'un effort conscient, serait un état à rechercher plutôt en descendant en soi-même qu'en remontant dans un passé qu'on visiterait comme un album d'images, et par lequel il serait momentanément permis d'accéder à la joie d'échapper à l'emprise tyrannique de cette temporalité linéaire dans laquelle le monde physique nous enferme, ce monde tragique où tout ce qui a un début doit forcément connaître un terme. «Le temps est assassin», dit la chanson.

Le narrateur commence à creuser cette brèche dans le mur de Planck par l'un des plus célèbres incipits de toute l'histoire de la littérature occidentale, le magnifique et suspensif : «Longtemps, je me suis couché de bonne heure...». Suspension temporelle qui se poursuit dans la résurrection du Combray de son enfance, grâce à un mouvement de cette «mémoire involontaire » (émergence de l'inconscient?) – vraie «madeleine de Proust», la seule susceptible de nous soustraire au temps en pure perte - ainsi que les images, déterminantes pour l'avenir du jeune narrateur, de ses premières incursions du côté de chez Swann et du coté de Guermantes (Première partie : «Combray»).

Doté par la suite d'un don d'omniscience nouvelle, dans la deuxième partie («Un amour de Swann» - souvent éditée également en volume séparé, ce qui pourrait éventuellement constituer une bonne entrée en matière pour ceux qui hésiteraient à approcher de face l'impressionnant monument !), le narrateur revient sur les débuts de l'histoire de l'amour entre Swann et Odette de Crécy, qui avaient eu lieu quelque temps avant sa naissance (une dizaine d'années ? plus ?). Malgré le point initial où il se situe alors par rapport à la totalité de « La Recherche », le lecteur ne pourra peut-être pas s'empêcher d'imaginer à ce stade qu'il se retrouve face à l'un des plus extraordinaires et sublimes passages que Proust aura consacrés à l'observation minutieuse de la passion amoureuse.

Une troisième et dernière partie, au titre énigmatique de «Nom de pays : le nom», nous plonge enfin au coeur de cette matrice sur laquelle l'hypersensibilité manifeste du narrateur greffera à l'avenir aussi bien ses rêves les plus exquis, que ses déceptions les plus cruelles : cette fracture originaire entre les noms et la réalité qu'ils désignent, entre « l'âme et la chair lamellée par les sens », entre le rêve, par exemple, de visiter Venise et un voyage à Venise (qui heureusement pour lui finalement ne se fera pas à ce moment-là !), entre le Balbec imaginé et le Balbec réel où il se rendra plus tard avec sa grand-mère, ou encore entre la jeune fille qu'il aperçoit de loin du côté de chez Swann et dont il est tombé amoureux, et la Gilberte en chair et en os dont il fait ensuite la connaissance à Paris...

J'avoue que plus je me sens attiré par cet univers littéraire unique, plus celui-ci m'apparaît aux antipodes de toute approche purement rationnelle, positive ; plus je succombe à sa logique interne, elle-même en constante évanescence, à la beauté hypnotique de cette construction dont l'achèvement est constamment suspendu, différé, plus difficile il me semble d'en parler sans avoir quelque peu le sentiment de trahir l'esprit de l'oeuvre, ou tout au moins de risquer de la réduire à l'une de ces multiples composantes, celles-là même que Proust donne le sentiment de vouloir garder dans un équilibre instable, paradoxal, improbable : entre candeur et cynisme, entre mondanité et profondeur philosophique, entre mélancolie et légèreté, entre absence de morale et volonté d'élévation, entre manifestations exaltées d'un désir d'appartenance, ou d'une interdépendance à laquelle nul ne peut échapper totalement –sociale, familiale, amoureuse - et des mises à nu féroces de l'hypocrisie et de la mesquinerie sous-jacentes au commerce entre les hommes, ou enfin, entre cette surhumaine beauté d'une langue qui les véhicule avec profusion de détails et de digressions, tout en les transcendant par l'immense pouvoir d'évocation des images qu'elle crée, et un usage laborieusement sacrilège d'une syntaxe emberlificotée, accumulant parenthèses, subordonnées et sub-subordonnées à tel point que ces dernières nous semblent par moment ne plus se rapporter à aucune principale (ce qui amènerait un certain nombre de ses détracteurs à affirmer qu'à lire Proust en bon grammairien, l'on ne peut que constater qu'il écrit mal !!).

J'en viens en tout cas à penser que lire, et surtout pouvoir apprécier Proust supposerait nécessairement de notre part une certaine symétrie avec le Narrateur et avec la temporalité particulière que l'oeuvre met en place. Un défi donc à nos propres «habitudes» de lecture.
Ainsi, lorsqu'on on lit un de ses longs paragraphes, on est assez souvent amenés à les relire, nécessairement, afin de pouvoir les saisir, à la fois dans leur plénitude et dans leurs détails, comme l'on prend le temps d'observer un vaste paysage depuis un tertre, puis on se surprend à les relire une troisième fois, juste pour la beauté, voire encore...Oui, c'est peut-être long ! Mais d'après quels critères exactement? Qu'importe! Car le temps de lecture se dilate aussi pour nous : la lecture d'un seul roman en vaut une infinité d'autres. «Proust est un prisme», disait -encore lui- Nabokov.

Quoi qu'on en pense en définitive, que l'on aime ou pas, le mystère de cette écriture enveloppante reste entier. Comme un miroir, elle ne nous décrit pas seulement une réalité extérieure à nous-même : elle nous inclut dans son reflet.

Il paraît d'ailleurs que Proust lui-même aurait aimé qu'on le lise ainsi.

Dont acte.



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« Quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir. »

Depuis le temps que la lecture de ce monument de la littérature me trottait dans la tête et que je la repoussais à coups de « bonnes » excuses, il fallait bien que le temps me rattrape un jour. Et c'est par une LC qu'il est venu délicatement me cueillir.

J'ai beaucoup aimé la première partie, qui n'est pourtant pas la plus facile d'accès avec ses longues phrases entrecoupées de parenthèses et de tirets. Il m'a fallu un temps d'adaptation, il m'a surtout fallu prendre le temps, pour qu'elles raisonnent en moi, pour m'imprégner de leur rythme particulier et des sensations, des vibrations, des senteurs, des saveurs, de l'humour aussi.

Le narrateur nous convie dans les déambulations romanesques et sensorielles de son enfance en empruntant des chemins de traverses, un peu comme une conversation qui dériverait d'un sujet à un autre jusqu'à ce que les intervenants se regardent perplexes en se demandant comment ils en sont venus à parler de ce sujet. Nous observons son monde intérieur se modeler dans son environnement, et vice versa. Il nous rappelle que ce qu'on croit être La réalité n'est qu'une réalité fictionnelle parmi d'autres. C'est fascinant de le voir tenter de retenir le temps dans ses mains en coupole et d'essayer de comprendre comment certains souvenirs se fixent et vivent une autre réalité en parallèle.

Mais (car il y a un mais…) il y a aussi, de mon point de vue, des longueurs assommantes. A cet égard, la deuxième partie m'a paru interminable. Cette partie, consacrée à Swann, est très différente de la première, plus axée sur sa passion amoureuse et ses sauts de jalousie. L'analyse des amours de Swann y est tellement décortiquée que cela a fini par m'ennuyer souverainement. J'étais bien plus intéressée par les anecdotes et les détails de ce milieu aisé, détestable, sans l'être vraiment sous le regard du narrateur, meublant l'ennui à sa façon, pétri de convenances guindées et protocolaires. Ça sonne si juste qu'on s'y croirait.

Quant à la troisième partie, bien plus courte, à l'image d'un épilogue, elle réconcilie à sa façon les deux premières.

Un ressenti, un tantinet entre le zist et le zeste, donc. Mais je suis contente d'avoir enfin gouté à cette fameuse madeleine et même assez curieuse de découvrir le second volet. C'est un livre très riche, sensoriel, nostalgique, à l'écriture délectable. Certains passages sont magnifiques. Ma partenaire de lecture (Nadou38) et moi-même n'avons pas nécessairement été sensibles aux mêmes choses dans ce roman. Comme quoi, chacun devrait y trouver son compte finalement.
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L'Homme qui vivait dans sa tête
OU
L'ultime, le magnifique refuge.


Je m'étais dit, il y a quelques mois, qu'il fallait avoir lu quelque chose de Proust, mais j'avais retardé l'échéance, croyant trouver un auteur rébarbatif. Des monologues interminables, écrits dans un style baroque, remplissant un roman où il ne se passe rien. C'est vrai qu'on peut ressentir Proust comme cela. Les phrases de plus d'une page, les subjonctifs, les arbitrages évaluant le moindre petit événement. Mais en rester là, c'est comme admirer un monument en comptant le nombre de pierres dont il est constitué … il faut lire au-delà.

Revenons d'abord sur Proust, qui naît dans un milieu parisien très aisé, juste après la Commune, à la croisée de deux cultures : juive par sa mère, catholique par son père. Petit garçon chétif, qui a failli mourir d'une crise d'asthme sous les yeux de ses parents, et que sa mère appellera toujours “ mon petit serin” ou “mon pauvre loup”. Scolarisé normalement, mais souvent absent des cours. Il commence à lire très tôt prose et poésie …Les photos de l'époque montrent un petit bonhomme à l'air rêveur et aux yeux cernés, contrastant avec l'apparence sérieuse et décidée de Robert Proust, son frère cadet, qui deviendra chirurgien comme le fut leur père.

Sa curiosité, et sans doute l'oisiveté des maladies, lui ouvrent les portes de la littérature, comme la fortune et les connexions familiales lui permettront plus tard d'écarter celles des salons. Plus difficile était l'approche des filles de son âge, qui ne mènera pas à grand'chose. Peut-être Proust était-il bisexuel, et que l'absence de succès d'une part l'aura encouragé à le chercher de l'autre ? Une porte qu'il n'essaiera même pas d'ouvrir, en tous cas, est celle de l'emploi, dont il n'a pas besoin financièrement, et où il s'avère incapable de fixer un choix ou de s'y tenir. C'est sans doute sans grand enthousiasme qu'il passe une licence de lettres.

Sans grand enthousiasme, car il me semble que Proust se réfugie assez tôt dans l'imaginaire . A tel point que le réel, ou si vous préférez, le vécu extérieur, devient très vite une source de matière première destinée à alimenter l'imaginaire, un imaginaire qui finit par se métamorphoser en écriture. Métamorphose pénible, car Proust réécrivait de façon compulsive, et, comme Balzac, enrageait ses imprimeurs.

e vois donc du Côté de chez Swann comme un travail de réécriture du réel, qui d'ailleurs a une structure fractale: le thème de la réécriture se répète à l'intérieur de l'oeuvre. Mme. Verdurin construit autour d'elle une coterie, sorte de monde social miniaturisé, qui la dispense de fréquenter “les ennuyeux” laissés au-dehors. La chère tante Léonie, devenue veuve, choisit de ne plus fréquenter le monde même restreint de Combray, et se retire dans son lit de “malade”, où elle se fera soigner, écouter et consoler par une servante. Swann voit une vierge de Giotto en Odette, une courtisane plus ou moins fatiguée, et à ce titre emporte son image dans son musée mental, tombant follement amoureux d'elle, ignorant que si l'on peut s'emparer d'une image, la personne, elle réside dans ce monde extérieur dont on s'est désintéressé, et conserve son libre arbitre, que l'argent peut louer, mais jamais acheter. L'ami du jeune héros de Combray, enfin, affirmant que “ Je vis si résolument en dehors des contingences physiques que mes sens ne prennent pas la peine de me les notifier", et se couvrant de ridicule.

Ainsi La Recherche est-elle une invitation à parcourir quelques épisodes du vécu Proustien, tels qu'il les a revus, interprétés et sans doute profondément remaniés. C'est la visite d'un univers mental, à la fois création et demeure, où vous pourrez rencontrer un homme, sans doute masqué, qui a préféré faire sa vie … ailleurs.





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UN ETE AVEC MARCEL #1
L'an dernier, je lisais "Clara lit Proust" de Stéphane Carlier. Il parlait tellement bien de cette "Recherche" que je me suis dit que j'allais m'y atteler. Ohhhhh j'avais déjà bien essayé il y a 20 ans, mais j'avais abandonné à Guermantes. Je n'avais pas trop accroché. trop long, trop descriptif, mais c'est qui ces gens....
Et donc, qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là ? On se rachète la Recherche et on la met dans sa PAL. Oui mais, sortir 2400 pages du Galllimard quarto de sa PAL, il faut du courage ! je me suis donc lancé un petit défi. Je passé l'été avec Marcel, et l'hiver avec Emile (oui oui, Zola, j'ai aussi racheté tous les Rougon pour me les taper dans l'ordre --> Courageuse, je suis).
Fin de digression, revenons à Marcel et à Swann !

Marcel, c'est un magicien des mots. Il virevolte allègrement d'une description à l'autre mais emporte avec lui vos cinq sens. D'une phrase musicale perdue que vous croyez reconnaitre, aux éclats de bille de votre enfance, au goût de la madeleine trempée dans le thé, il plante son décor et vous emporte avec lui dans son univers. Tel un Wes Anderson, l'esthétique prime le narratif, même si narratif il y a.
Ce premier volume nous raconte l'enfance dans un milieu grand Bourgeois, partagé entre Combray (en Normandie) et Guermantes (Disneyland !... si si on est beaucoup à être allés à Guermantes !! :D) ou Paris. On y rencontre Tante Léonie avant son décès et Françoise, sa mère et son père et son premier amour. On assiste aussi à la rencontre d'Odette de Crecy et de Swann. Cet Amour de Swann, jaloux maladif.
Dit comme ça on n'y trouve pas son compte ! Oui, je sais.. (mais non, je ne vais pas le résumer!)
Marcel n'a pas son pareil pour dépeindre les travers de cette noblesse et aristocratie. Il lâche subtilement un peu de venin, un brin d'humour, un soupçon de sarcasme et nous voici devant une magnifique fresque où il dépeint son monde, son époque sans concession.
C'est un récit somptueux, d'une élégance rare, d'une beauté absolue.

Je vais me détendre un peu avec un essai sur le conflit israëlo-palestinien, avant de replonger avec délices dans les jeunes filles en fleurs.
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J'ai fait plusieurs tentatives avant d'arriver à lire ce premier volume.
La première, je l'ai faite trop jeune, à un âge où il est difficile de s'intéresser aux jérémiades d'un enfant qui refuse de se coucher parce qu'il veut un dernier bisou de sa maman. Par contre je ne vois pas en quoi ce serait du nombrilisme, c'est plutôt quelque chose d'assez universel.
La deuxième, bien plus tard, à un âge où le temps que je pouvais consacrer à la lecture s'était réduit à peau de chagrin. Lire un pavé, quel qu'il soit, au rythme d'une cinquantaine de pages par semaine, n'est pas une expérience agréable, ce qui m'a conduit à abandonner peu après le début de la première partie (en fait c'est le salon des Verdurin et les nombreux personnages qui m'ont fait craquer : une semaine plus tard j'étais perdue!). J'avais cependant déjà apprécié le style et compris que j'aimerais probablement (et d'ailleurs acheté tous les volumes).
Cette fois, ce fut la bonne, encore que, au départ j'avais l'intention de lire en 2022 tous les tomes de la Recherche du temps perdu. En janvier, pour je ne sais quelles raisons j'ai décidé de les lire, et de ne lire que ça, durant les mois d'été. En septembre je n'avais toujours pas commencé (les canicules?). Mais j'ai lu, comme jamais ! A croire qu'il me fallait toujours une bonne raison pour lire un autre livre (emprunté et à rendre, une lecture commune programmée, un livre reçu dans le cadre d'une Masse Critique, ...). Tant est si bien que j'en suis arrivée à n'ouvrir le premier tome que juste à temps pour être sûre de finir à temps le challenge Pavé. Il faut reconnaître que ce n'est pas très facile de s'attaquer à un livre qu'on a déjà abandonné une fois.
Et pourtant ça vaut le coup ! La construction du premier tome est curieuse avec au milieu, comme détaché, Un amour de Swann. Toute la première partie est consacrée à Combray, à la nostalgie d'un lieu de vacances de l'enfance du narrateur, perçu, évidemment, comme paradisiaque. C'est plein d'émotions sublimées par une écriture poétique. Certains passages donnent envie d'être lus à voix haute.
Un amour de Swann est un peu à part puisqu'il s'agit d'un épisode de la vie de Swann antérieur à la naissance du narrateur. C'est l'histoire de l'amour de Swann pour Odette de Crécy dont il ne veut pas s'avouer qu'elle n'est ni plus ni moins qu'une femme entretenue, une cocotte. Comme elle fréquente le salon des Verdurin il en fait autant, et c'est l'occasion de pages pleines de pointes d'humour.
La dernière partie, Noms de pays, commence par des réflexions sur ce qu'évoquent des noms de lieu, sur ce qui déclenche l'imagination d'un voyage enchanteur. Puis le narrateur évoque ses premiers amours d'enfant, à Paris, pour Gilberte Swann. Des années plus tard il revient dans les mêmes lieux (Champs Elysées, Bois de Boulogne) à la recherche des mêmes sensations pour conclure que les lieux ne sont pas en eux-mêmes suffisants : « le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instant ; et les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives, hélas, comme les années. » 
Certes les phrases de Proust sont longues et il faut parfois revenir en arrière pour retrouver le sens. Mais la syntaxe est correcte et le lecteur est assuré de s'y retrouver après un effort. Ce qui m'énerve ce sont les auteurs qui, avec des phrases longues, mais parfois aussi, courtes, obligent le lecteur à revenir en arrière pour finalement n'être pas plus avancé : impossible de comprendre avec certitude, voire de comprendre tout court. Parfois, et cela oblige le lecteur à se creuser la cervelle, au cas où, l'ambiguïté syntaxique est voulue et fait sens, ce qui fait que si c'est mal écrit on hésite : suis-je bête, ou est-ce que c'est l'auteur (mais aussi avec lui tous ceux qui ont permis à ce livre d'exister en de multiples exemplaires). Avec Proust pas de problème, c'est bien écrit, aucune phrase n'a ni queue ni tête, aussi longue soit-elle. Et certaines sont sublimes, de vraies gourmandises.
Il est aussi reproché à Proust un niveau de langue très (trop) relevé. Mais si sa syntaxe est riche, si son usage parfait des subtilités de la conjugaison est parfois (rarement) surprenant pour un lecteur actuel, j'ai aussi remarqué que dans ce premier volume je n'ai rencontré qu'un seul mot inconnu de moi (dodonéen), et encore, c'était à l'avant-dernière page, ce qui m'a permis de poursuivre ma lecture jusqu'au bout avant d'en chercher la signification.
J'ai apprécié finalement du côté de chez Swann bien au chaud et je crois que c'est comme ça (pas forcément au chaud, mais dans des conditions douillettes de tranquillité et de détente) qu'il faut le lire pour pouvoir l'apprécier, presque le déguster.
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"Du côté de chez Swann" : je l'ai lu en plusieurs étapes et depuis plusieurs années. J'irai sans doute encore le repêcher.
L'élément déclencheur, cette fois est l'expression "C'est sa madeleine de Proust" employée sans arrêt dans les médias en ce moment.
Je connaissais ce passage presque mot à mot.
Difficile de lire Marcel Proust d'une traite au 21ème siècle avec ses longues phrases qui nous bercent l'oreille. Pour cette étape, je l'ai écoutée en version audio pendant que j'étais occupée à des tâches domestiques qui ne demandaient pas de réflexion.
L'auteur est touchant, ses impressions peuvent se partager.
J'ai apprécié énormément de passages que j'ai pu accrocher à mes impressions personnelles.
Un ouvrage que je vais rechercher de temps à autre comme un recueil de poèmes.

Challenge pavés 2016-2017
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Je n'avais jamais imaginé lire Proust un jour, encore moins entreprendre la Recherche; pas mon genre, pas féru de pavés, déjà impatient lorsque Zola s'étire dans ses descriptions, bref il y a tant de bonnes choses à lire et la vie est courte. Mais voilà que lors d'une rencontre d'un club de lecture, une fan finie de Marcel nous lit le passage des madeleines et explique son engouement pour l'oeuvre; convaincue et convaincante. Assez en tous cas pour prendre la température de l'eau, prudemment, presque à reculons, en intercalant, après une dizaine de pages, des chapitres d'un bon roman de gare, là où les choses avancent, les phrases compréhensibles et les effets de toge inexistants. Puis, peu à peu, insidieusement, j'allongeai mes incursions dans Combray, admirant ci et là une tournure de phrase, appréciant une réflexion du narrateur, cherchant à me mettre au diapason de ce rythme tellement lent. Je ne l'ai pas réalisé sur le coup, mais j'étais déjà piégé !

Cette écriture est une drogue: la jouissance qu'elle apporte parfois rend tolérable les ennuis qui l'accompagne. Car sur le fond un amour de Swann ne m'a pas enchanté, ses états d'âme en perpétuels changements, son incapacités à décoder le jeu de sa cocotte, et pire future femme, sa complaisance dans la douleur, m'ont agacé plus qu'autre chose. Par contre les réflexions existentielles du narrateur, ses propos sur l'art et la galerie de personnages qui se déploie sont déjà intrigantes et promettent de belles choses. Preuve que je suis hameçonné, ayant à peine fermé Swann, je reluque déjà les jeunes filles . . . Mais elles attendront quelques semaines, avec Proust il ne faut pas être pressé.
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