L'après est une scène aveuglante, non visible
De 2004, dix ans après à avril 2014. le temps long du deuil, de l'incompréhension, de la détresse, des cauchemars la nuit, du travail de reconstruction de soi à reprendre en permanence, « le rescapé continue à vivre le même sort »…
«… Il y a aussi des oiseaux multicolores aux chants magiques ». Les veuves, « Association des veuves du génocide d'avril (Avega agahozo) », les juridictions gacaca, la proximité physique avec les génocidaires, traumatisme psychique et traumatisme social, des femmes, une maison à Kimironko, « pour être ensemble, se parler », une maison, « Comment se reconstruire quand plus personne n'est là pour vous parler de votre maison – « chez vous » – et de ses habitants ? ». Les regards projetés rencontrant la mort, « chaque poignée de terre, chaque parcelle, chaque colline… », maison et construction de soi…
La France et le Rwanda, « Aujourd'hui en France le déni est plus grand encore qu'hier, plus offensif. Un épais brouillard recouvre la réalité et les faits, destiné à blanchir l'armée française et à masquer son implication », la construction de mots et de terre en suspens, une construction ensemble, « Une maison qui entoure, qui rassemble, donne un sol, s'ouvre sur des paysages, un horizon et des perspectives, qui rétablit des repères dans l'espace »…
Avant-après, « le génocide fait date », un deuil sans réparation, « La mémoire perd toute dimension réparatrice », des scènes revues et revécues encore et toujours, « Yo lo vi : Je l'ai vu », le noir de la journée d'après, les gacaca, les déclarations des génocidaires, le présent pris en otage, passé-présent-futur…
La Maison de quartier, les premières pierres en décembre 2007, les imigongo fresques murales de femmes artistes, le futur portant la mémoire du passé, hier les maison brulées comme les photos anéantissant le passé, aujourd'hui…
Des questions, 18ème commémoration du génocide, Inararibonye, ces cauchemars réitératifs, Kwibuka, « Je me souviens », le voyage de mémoire, le négationnisme et le procès de l'ex-capitaine Simbikangwa, retour sur une programmation minutieuse… Des témoignages, « Ont été assassinés… », un Etat génocidaire, une énorme entreprise à fabriquer la mort…
L'Atelier des Cahiers de mémoire, « Ils souhaitent extérioriser une mémoire enfouie à l'intérieur d'eux, pesante,persécutrice, sidérée, capable de déferlements subits, incontrôlables et douloureux », mémoires singulières, mémoire collective…
« N'oubliez pas que cela fut, non ne l'oubliez pas… » (
Primo Lévi)
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