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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Puissamment étourdissant, explosif et émouvant.


Première guerre mondiale. 19 millions de morts. le destin croisé de trois soldats. Un Irlandais, un Français et un Allemand. Les horreurs de la guerre dans toute ses dimensions à travers les histoires personnelles de James Mac Kendric et Émile Buffet.


On notera l'absence dans le pitch, du nom de l'Allemand. Ludwig Halpern car histoire d'évacuer mon seul reproche, son histoire n'est pas assez développée, comme s'il avait été coupé au montage. Dommage car même si du point de vue du soldat, les guerres brits, françaises ou boches se ressemblent furieusement, j'aurais bien aimé mieux le connaître.


Ce roman est d'une intensité exceptionnelle. Vibrant hommage à tous ceux qui sont mort pour leur pays, leurs camarades, mais aussi pour rien, car tout homme est un frère et on ne tue pas son frère.
Avec des scènes chocs, des phrases chocs, un texte documenté, l'auteur a su habillement nous plonger dans les affres de la guerre, tout en, au début, évitant de nous overdoser en nous parlant de l'Irlande, qui ne se résumera plus à un simple IRA et Bloody sunday dans nos esprits (ou tout du moins le mien).
Les personnages d'Émile et de James sont magnifiquement bien dessinés (et on aurait aimé qu'il en soit de même pour Ludwig) et contribuent à la puissance narrative du roman.


On est dedans, vraiment dedans, du début à la fin et les 600 pages s'avalent presque trop rapidement en nous amenant à une conclusion logique, à la fois triste et pleine d'espoir.
L'ange pleureur d'Amiens (en couverture) peut être fier.
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Il est quelquefois bénéfique de répondre à la sollicitation d'un éditeur pour découvrir une parution récente, surtout lorsque l'on imagine qu'un choix de hasard nous aurait peut-être incité à baisser les bras et les paupières pour abandonner le texte rapidement , faute d'intérêt.

Si l'entrée en matières est austère, sèche, factuelle, martiale et historique, pas une once de glamour ou de fantaisie, pas un récit de gonzesses, et alors que l'on sent le poids des 600 pages à venir, la persistance pour cause « comptes à rendre », est récompensée.

Certes le style reste dans la même veine, mais au delà des faits historiques, de la précision d'orfèvre pour nommer les armes et leurs caractéristiques, de l'analyse subtile de l'art de la guerre, apparait bientôt un récit profondément humain, à travers le destin de trois hommes, victimes de la boucherie du début du vingtième siècle. déboussolés, perdus, se raccrochant à un code d'honneur que n'appliquent pas ses « penseurs à l'abri de la bataille ». Absurde, inique, écoeurant, il n'y a pas d'adjectif assez fort pour qualifier l'irresponsabilité de nos dirigeants qui ont envoyées au casse-pipe la jeunesse de leur pays.

Et l'on souffre avec eux, de faim, de froid, on patauge dans la boue, et on crève de peur, assourdi par le vacarme ambiant . Certes les récits de la vie au front n'ont pas manqué en cette période de commémoration , mais c'est justement le style de l'écriture, à la fois détachée, mais qui donne l'illusion d'un témoignage (Mr Quélard n'a pourtant pas 120 ans, j'ai vérifié) , d'une histoire vécue de l'intérieur qui en fait la force.

Il faudra attendre pour que le destin des personnages présentés au début se croise, mais les quelques pages consacrées à leur parcours commun sont suffisamment intenses pour inonder le récit d' une lumière souveraine . C'est pour ce chemin partagé dans le mépris du devoir imposé et de l'obéissance aveugle que la persévérance est récompensée.

Il est peu probable qu'à distance je me souvienne des mérites respectifs d'un Lebel ou d'un Mauser, et j'aurai sans doute oublié la plupart des noms argotiques qui fleurissaient dans les tranchées, mais il est certain que ce récit de guerre restera dans ma mémoire, à long terme, par la force du propos et par la conviction que certains hommes parfois, conservent une lucidité que le formatage militaire (ou autre ) ne réussit pas à éteindre.

Merci donc aux éditions Les amazones et à Raphiki pour leur confiance .

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Ce livre avait tout pour rester hors champ de mes lectures : Roman historique traitant de la Première Guerre mondiale, j'ai immédiatement imaginé les tranchées boueuses de la Somme, des hommes-baïonnettes, du sang et de la misère humaine. Lorsque de plus, je me suis trouvée avec un pavé de 593 pages dans les mains, pour décrire la vie de trois jeunes hommes, durant cette période terrible, j'ai été à deux doigts de le poser sur ma pile à lire.

Seulement voilà, Patrice Quélard vous le dit d'entrée, il a une tendresse particulière pour James. Pourquoi ? Il faut donc ouvrir le roman, chercher la réponse. A votre tour, vous aurez un préféré et vous attacherez aux deux autres mais pas seulement. Owens, par exemple, est un personnage qui aide à comprendre la bêtise de ces officiers supérieurs qui ont fait la guerre à l'abri, loin du terrain, sans états d'âme.

Parce que bien sûr, ils sont tous très attachants et la barbarie de ce qu'ils vivent est tellement bien décrite : odeur de la peur et du sang, leur quotidien insupportable avec la vermine (rats, poux, gale), que les rencontres qu'ils feront sur leur parcours leur assurera un peu de bienveillance et de compassion, au milieu de l'horreur de cette guerre, grâce à ce paysan et sa nièce qui les hébergeront.

L'auteur réussit à plonger le lecteur dans l'ambiance de terreur des soldats lors des attaques pour gagner un peu de terrain boueux, c'est parfaitement documenté, on s'y croirait. Tous les soldats connaissent la peur, la bravoure et la fraternité.

Ces trois-là, vivront l'iniquité des ordres et la certitude de mourir, s'ils ne réagissent pas, chacun à leur façon. Les décisions qu'ils prendront impacteront les autres. James est un jeune homme idéaliste qui croit à la liberté ; Émile a été appelé sous le drapeau sans autre choix que d'obéir alors qu'il avait trouvé l'amour de Marinette. Ludwig, l'allemand conscrit lui aussi, parle parfaitement le français, déclame de la poésie.

Qu'ils aient été enrôlés ou volontaires, leur idéalisme, leur amour de la patrie et leur funeste enthousiasme, n'aura eu pour résultat que de semer la désolation. Seuls quelques-uns y auront retrouvé un peu d'humanité dans la camaraderie comme James et Owens. Patrice Quélard m'a embarqué, dans son hymne à la liberté, en rendant toute leur humanité et leur libre arbitre à ces trois soldats nés sur des sols différents. Je me suis attachée à Émile plus encore qu'à James, parce qu'il n'a pas oublié l'amour, qu'il s'est trouvé un frère.

En fermant ce livre, naïvement, j'ai pensé comme Les Compagnons : "Ah si tous les gars du monde décidaient d'être copains... Et partageaient un beau matin... Leurs espoirs et leurs chagrins... le bonheur serait pour demain..."

Ces jeunes hommes ont l'esprit ouvert, j'ai aimé les découvrir. James l'idéaliste Catholique rêvant d'une Irlande différente, sans guerre avec les Protestants ; Émile, l'amoureux rêvant d'une vie paisible auprès de Marinette ; j'aurais aimé en apprendre plus sur Ludwig et leurs vies d'avant.
Ce roman est un vrai coup de coeur.
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Titre : Fratricide
Auteur : Patrice quélard
Editeur : Amazones
Année : 2017
Résumé : James est un jeune catholique irlandais. Par bravade mais aussi par insouciance il s'engage dans une unité protestante pour combattre lors de la première guerre mondiale. de son côté Emile n'a pas le choix, il est incorporé dans l'armée française et doit quitter Marinette pour rejoindre le front. Ludwig lui, se porte volontaire pour rejoindre les tranchées afin de fuir un père omnipotent. Ces trois soldats vont bientôt se retrouver au coeur de l'immense boucherie que fut la première guerre mondiale.
Mon humble avis : J'aime beaucoup recevoir les bouquins de jeunes auteurs encore méconnus. Ce fus le cas avec le bouquin de Patrice Quélard. Quelques infos glanées sur internet et je me rendais compte que l'auteur avait eu beaucoup de mal à faire éditer son texte et qu'il avait connu pas mal de galères avant que son oeuvre soit imprimée sur papier. J'avoue que ce ne fut pas des plus encourageant et même si cette période ( première guerre mondiale ) me passionne, la perspective de lire un tel pavé me donna quelques sueurs froides..... Et puis au bout de quelques pages, surprise ! Quélard est, à mon humble avis, un excellent écrivain et son texte d'une précision et d'une érudition rare. Les personnages sont bien campés ( surtout James l'irlandais que j'ai beaucoup aimé ), les descriptions de la vie dans les tranchées sont d'un réalisme totale, ce n'est jamais ennuyeux et le tout rédigé dans un style simple et clair dont beaucoup devraient s'inspirer. Mais quel plaisir de lecture ! Ce bouquin est addictif, passionnant et quand je pense à la difficulté qu'à eu l'auteur à le sortir les bras m'en tombent. Je ne suis évidemment pas éditeur ni critique littéraire professionnel mais je me demande encore comment un tel bouquin n'a pas pu être reconnu à sa juste valeur par les gens du livre. Bref l'important est que ce texte soit aujourd'hui lu par le plus grand nombre car il me semble qu'il le mérite amplement. Pour ma part c'est un immense coup de coeur et hormis les quelques réserves que j'émettrais sur la dernière partie trop mielleuse à mon gôut je garderais de cette lecture un souvenir ému et admiratif. Fratricide est pour conclure un livre attachant, humain et passionnant.
J'achète ? : Ho que oui et j'espère que cette petite chronique contribuera au futur succès de ce bouquin qui le mérite amplement.
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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Ce roman m'a été fortement conseillé par Franck's Books. Je ne connaissais pas cet auteur et encore moins son oeuvre mais je fais confiance à ce blogueur. En effet, il a souvent des goûts dans la même veine que des miens. Même si à priori la première guerre mondiale ne fait pas partie de mes thèmes de prédilection, j'étais tout de même confiant avant de me lancer dans ce pavé.

La guerre, il y a des auteurs qui savent la raconter et il y en a, comme Patrice Quélard, qui se propose de vous la faire vivre. « Fratricide » ne vous raconte pas les évènements qui ont fait l'Histoire, il s'intéresse plutôt à humain. Ainsi, grâce à 3 personnages issus de 3 camps différents, le lecteur va s'immerger dans le conflit à hauteur d'homme. le récit va alors se concentrer dans les tranchées, dans les petits villages, dans les coins retirés, là où les gens ont vécu le drame. Avec cette immersion au centre des péripéties, on va découvrir les affrontements de l'intérieur aux côtés des acteurs eux-mêmes. Sous cet angle, l'auteur peut développer des thèmes parallèles à l'action. Ainsi, au quotidien, les protagonistes découvre les carences affectives, les divergences de religion, les violences intérieures, les injustices du destin, les révoltes contre la hiérarchie… Finalement, la guerre nous apparaît comme une micro société dans laquelle l'homme reste un homme tout simplement, avec ses qualités et surtout avec ses défauts. Au fil des scènes, on passe donc par tous les sentiments. J'ai été tour à tour enthousiasmé, optimiste, ému, triste, en colère. J'ai vraiment pris conscience de la force émotionnelle et sentimentale d'un tel conflit sur l'être humain.

Le récit est très documenté, l'écriture est exigeante mais très agréable, les personnages sont approfondis et attachants, tout est donc réuni pour faire un grand roman.

Jusqu'à présent, je lisais presque uniquement des livres de grands éditeurs parce qu'ils étaient pour moi gages de qualité. Depuis «Que les hirondelles me reviennent » de Yann Dejaury , un roman autoédité, qui m'a beaucoup plu et maintenant grâce à ce grand « Fratricide » , je vais à coup sûr agrandir mon champs d'action. D'ailleurs à la fermeture de cette magnifique fresque débordante d'humanité, on peut se demander comment les professionnels de l'édition ont pu passer à côté d'une telle pépite (Aujourd'hui, il est édité chez Les Amazones). Dans une moindre mesure, j'espère que mon avis contribuera, à l'instar de celui de Franck, à mettre sur le devant de la scène ce chef d'oeuvre méconnu et son auteur Patrice Quélard.
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Ce livre m'avait été chaudement recommandé et quand Babelio l'a proposé en Masse Critique, je n'ai pas hésité un instant, même si mon intérêt pour la Grande Guerre est moins vivace que pour la Seconde.

Je ne regrette absolument pas, ce roman est fantastique pour son aspect historique, sa profonde réflexion sur l'engagement du soldat, volontaire galvanisé par un élan patriotique ou conscrit porté par l'obligation du devoir à accomplir. 

Une documentation historique riche et précise, une description tragiquement réaliste des conditions de (sur)vie et de combat sur zones de combat, une évolution de la psyché du soldat qui devient guerrier, qui perd foi et vie.
Davantage qu'un plaidoyer pour la paix, c'est la dénonciation de l'absurdité de la guerre qui prévaut avec Fratricide.

Ce roman frôle le coup de coeur absolu!
Pas seulement car il situe une bonne partie de son action dans mon "pays", la Picardie, avec la boucherie des combats dans la Somme, mais surtout pour le portrait touchant de James Mac Kendrick qui aura vécu deux guerres en une, le combat des catholiques en Irlande, persécutés par les unionistes protestants, et qui parasite profondément les relations entre les soldats de différentes confessions alors qu'ils se doivent d'être unis face à un adversaire commun, pour le bien de toute une nation. Deux guerres en une sur lesquelles se greffe le combat intérieur intense quand la prise de conscience de l'incompétence des généraux qui ne font plus la guerre en tête de leurs troupes, sabres au clair, mais confortablement installés dans leurs fauteuils, un cigare à la main, créé le refus de n'être "que" de la chair à canon.

L'horreur des combats, les conditions météorologiques apocalyptiques, le désastre d'assauts perdus d'avance, la bêtise des ordres aveugles, les victimes de tirs amis, les erreurs stratégiques et de commandement à l'autoritarisme pervers des petits chefs, la peur, l'attente et la fatalité de l'obéissance sont parfaitement décrits  au travers des personnages de James et Émile. L'angoisse se vit à chaque page. L'empathie est totale. Car nous vivons aussi la solidarité et l'amitié de ceux qui sont embarqués dans la même galère, leur courage et leurs actions héroïques.

Mais certains aspects du roman n'emportent pas mon suffrage.
En fait, je n'ai pas aimé les 200 dernières pages, lorsque nous nous éloignons des lieux où les combats font rage. Et ce, pour diverses raisons.

Autant nous suivons James et Émile dès avant les combats, nous apprenons à les connaître en temps de paix, dans leur contexte familial, politique et social, nous nous attachons à eux, autant le personnage de Ludwig Halpern arrive très (trop) tardivement, est analysé superficiellement et, à mon sens, ne sert que de faire-valoir au message que l'auteur veut transmettre, c'est à dire que nous sommes tous frères et on ne tue pas son frère. Ludwig Halpern est allemand, il est l'ennemi déclaré et, à ce titre, aurait mérité plus de place et de poids dans le déroulement des événements pour approfondir la réflexion sur la cruauté de la guerre et son prix inacceptable. Difficile également de s'attacher à un personnage qu'on n'a pas le temps de cerner réellement. C'est dommage.

En cela, la réunion des trois hommes ne semble pas naturelle, avec Ludwig qui déclame des textes poétiques à tout va, James qui reste discret et effacé à cause de la barrière de la langue et un Émile exubérant qui frôle l'hystérie!  

De plus, mon côté féministe n'a pas du tout apprécié le traitement réservé aux femmes pourtant quasi inexistantes de l'histoire. Poser comme généralité et vérité que la femme à l'arrière, isolée de son cher mari suant davantage de sang que d'eau au front et pour la patrie, ne peut que le faire cocu en se consolant dans les bras du premier chaud lapin venu m'a fait bondir! Option discutable ou pas, de toutes manières, je trouve le sujet malvenu et la note vaudevillesque inutile dans ce roman grave et tragique.
Surtout que l'auteur utilise un ton volontiers caustique tout au long de ce pavé et est largement suffisant pour alléger parfois les situations les plus dramatiques.

Un dernier bémol réside dans le ton parfois trop professoral et lourd employé dans l'évocation de certains faits historiques ou lorsque, par exemple, l'auteur analyse le vocabulaire des tranchées par une succession de termes argotiques. J'aime les romans historiques mais quand les évocations restent subtiles et naturelles.

Fratricide est un pavé de 600 pages qui ne se lâche pas. Mention spéciale pour le personnage de James l'irlandais et pour le personnage d'Owens, que tout soldat aurait aimé avoir pour supérieur, pour sa droiture, son courage et sa loyauté.
C'est un roman incontournable pour tous les passionnés d'Histoire magnifiquement symbolisé sa couverture: l'ange pleureur de Notre Dame d'Amiens (oui, oui, Amiens, dans la Somme, dans ma Picardie!) désespéré de la fragilité de la vie et des temps incertains...
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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Mon avis :
J'avais lu, au début de cette année 2016, La chute des géants, le roman de Ken Follett dont l'action se situe durant la même période historique que celui-ci, c'est-à-dire pendant la guerre de 14-18. Pour ceux qui n'ont pas lu ma chronique de l'époque, j'avais apprécié, mais sans plus, le trouvant trop « fast-food ». Pour rester dans la métaphore culinaire, à côté, Fratricide, c'est de la gastronomie !
Et là, on est exactement dans le cas de figure qui me fait grincer des dents :
D'un côté, vous avez Ken Follett, un auteur sous contrat qui vend des milliers d'exemplaires d'un livre certes plutôt intéressant et de bonne facture, mais fabriqué selon une méthode qui tient plus de l'industriel que de l'artisanat. L'édition traditionnelle est devenue une machine à best-sellers, elle a remplacé la passion du beau texte par la fièvre du marketing, et son poulain est sommé d'écrire dans les clous ! Il faut plaire au plus grand nombre…
De l'autre, vous avez des écrivains indépendants, peu connus (c'est un euphémisme), comme Patrice Quélard, qui osent encore produire de la vraie littérature, celle qu'on écrit avec ses tripes, où l'exigence n'est pas celle du chiffre des ventes, mais celle de la sincérité de l'engagement de l'auteur. Et cette sincérité, elle transpire tout au long de ces quelque cinq-cents pages dont on a du mal à se détacher, même parvenu au bout de cet excellent roman.
Car oui ! Fratricide est pour moi largement au-dessus de la prose bien agencée, mais sans saveur, du livre de Ken Follet. Là où le Gallois survole la Grande Guerre à travers la vie d'un grand nombre d'individus, Patrice Quélard se concentre sur ses personnages principaux et nous fait vivre à leur côté leur quotidien au jour le jour, nous entraînant jusqu'au coeur des batailles. Là où La chute des géants ne montre la guerre que de manière aseptisée, le Français nous la livre à l'état brut, avec les cris de douleur ou de rage, les odeurs de sang et de poudre, les larmes et aussi les rires qui permettent de supporter le pire.
Au fil de cette lecture, James Mac Kendrick, Émile Buffet et Ludwig Halpern deviennent nos amis. de ceux avec qui l'on rit ou l'on pleure, que l'on engueule aussi, parfois, quand ils font des conneries, que l'on encourage quand ils faiblissent. Aucun des personnages de Ken Follett ne m'a donné ce sentiment d'intimité. Je le disais récemment à propos d'un autre ouvrage, quand un auteur a cette capacité à nous mettre en empathie avec ses créatures, c'est sans conteste le signe d'une grande plume.
Alors si Patrice Quélard a aujourd'hui trouvé un éditeur, il le mérite amplement. J'ai défendu Fratricide quand l'auteur s'autoéditait parce que j'avais envie que ce livre soit connu du plus grand nombre. Voici qu'on lui en offre l'occasion, et c'est tant mieux. Des écrivains méconnus et de talent, il y en a d'autres, et j'espère que ma modeste intervention leur apporte quelques lecteurs… N'en déplaise à Monsieur Augustin Trapenard et tous ceux qui fustigent les indépendants, l'édition traditionnelle va de plus en plus vers une uniformité de ton, privilégiant les auteurs consensuels et les produits bien calibrés. Aujourd'hui, des écrivains comme Henry Miller ou Anaïs Nin, Nabocov, Louis-Ferdinand Céline ou Bukowski et bien d'autres seraient refusés par certains de ces éditeurs. À une époque où de plus en plus de gens prennent conscience que la qualité gustative ne se trouve pas dans les supermarchés, les grosses maisons d'édition s'acharnent à appliquer une politique de production de masse et privilégient le profit au détriment de l'authenticité… Gageons que les lecteurs réagiront, et que comme pour leur garde-manger, ils chercheront le goût du vrai chez les petits producteurs que sont les auteurs indépendants.
Lien : http://poljackleblog.blogspo..
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Un grand remerciement à Virginie qui m'a offert ce roman il y a quelques mois, ainsi qu'à Patrice Quélard pour sa dédicace et sa bonne mémoire… J'ai découvert l'auteur avec ses deux livres de nouvelles "Oppressions" 1 et 2 et ce fut de très bonnes lectures.

Au début de ce livre j'ai eu un gros doute! Ha un récit sur la première guerre mondiale… Je ne sais pas pourquoi mais je ne m'attendais pas du tout à ça (je me répète mais je ne lis pas les 4ème de couverture), et pour le coup j'étais moyennement emballée, au début...

Mais voilà, la plume de l'auteur a fait son oeuvre et dès que j'avais un moment "à moi" j'ouvrais le livre pour connaître la suite de l'histoire. Addictif c'est le terme exact pour ce livre. La semaine passée j'ai pu revoir "Un long dimanche de fiançailles", j'avais fini ce récit et j'ai revu ces images d'hommes dans les tranchées, ces hommes partant pour la France, volontaires et obéissants à tout et n'importe quels ordres. Ces hommes qui savaient consciemment ou inconsciemment qu'ils ne reviendraient pas. Un carnage, de la folie… Une souffrance terrible en lisant ce texte.

On va rencontrer trois hommes : James Mac Kendrick, nord irlandais et catholique, il s'engage volontairement avec des protestants, où se trouve l'ennemi? Emile Buffet, français va partir aussi sur un coup de tête et laisser son épouse, et Ludwig Hapern, sous-officier allemand, tous jeunes et "naïfs" quant à ce qui les attend sur le front.

"Personne non plus ne leur avait appris à crever de froid, à crever de faim, à crever de soif, à crever de fatigue, à crever de peur, à supporter la pluie, la boue, le gel, les charognes, les odeurs de putréfaction ou de corps négligés, les mouches, les asticots, les rats, les poux, le cafard, la misère affective et sexuelle, la crasse, la promiscuité, les cons. c'est quelque chose qui ne s'apprend que quand on est dedans…"

En dehors de cette guerre il y a leur histoire à chacun et "La rencontre" qui changera peut-être le cours de leurs misérables vies.

C'est le coeur serré que j'ai quitté cette histoire, l'estomac noué par tant de misère, d'injustice, de liberté bafouée et de vérité cachée, d'honneur piétiné… Mais aussi d'humanité, de fraternité et d'humilité. J'avais crié haut et fort, après avoir lu "Oppressions" que je souhaitais lire un roman complet de cet auteur, voilà, c'est fait et j'en suis complètement retournée. Je ne m'attendais pas à être autant éprise d'un texte malgré le mal qu'il peut faire, car ces faits ont bien existé… Un pavé de plus de 590 pages qui, je le pense fort, atteindra pour chacun qui le lira le coeur et les tripes. Un très beau et mortel coup de coeur.

Lien : https://passionlectureannick..
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Je ne connais monsieur Quélard que virtuellement. C'est déjà pas mal pour se faire une idée du bonhomme et piger qu'on a affaire à un mec bien. Mais des mecs bien, gorgés de sens moral et de principes, il y en a plus qu'on croit, et ça ne fait pas forcément un écrivain. J'aurais même plutôt tendance à croire qu'une raclure fera un meilleur écrivain (regardez LF Céline) qu'un béni-oui-oui (regardez les noms des plus gros vendeurs français).
Eh bien Patrice Quélard n'a pas que le coeur, il a aussi le talent, et ça, c'est palpable dès les premières lignes de Fratricide. Je crois savoir que ce roman historique aussi long que passionnant est précédemment sorti aux Editions Nouvelles Plumes sous un titre bien moins évocateur et puissant et une couverture infiniment moins belle aussi.
Nous suivons donc les destins croisés de trois soldats durant la Première guerre mondiale : un Allemand, un Irlandais et un Français. Nous suivrons surtout lors d'une longue partie les tribulations de Mac Kendrick, jeune engagé irlandais catholique dans un bataillon de protestant ; c'est ici que l'auteur écrira quelques unes des choses les plus intéressantes qu'il avait à dire dans ce bouquin, et c'est ici qu'il appuiera le mieux sur la bêtise humaine dont la religion est une manifestation concrète.
C'est une oeuvre très documentée qui nous est donnée à lire ici, et c'est surtout quand on entre dans la boucherie des tranchées que ce travail de fond impressionne. On y est, avec eux, dans la boue, le froid, les éclatements d'obus, dans un style impeccable. Si Quélard s'était arrêté là, il aurait déjà écrit un des meilleurs romans sur la Grande Guerre, mais il va plus loin, en signant un pamphlet férocement antimilitariste. Mais alors, je peux vous dire que les galonnés en prennent pour leur grade. Peut-être d'ailleurs que certaines réflexions, certains dialogues entre les personnages, sont un peu trop poujadistes. Au chapitre des choses qui fâchent, virez-moi ces participes présents, monsieur Quélard, ils n'ont rien à faire là.
Je vois comme s'y j'y étais le film qui pourrait être adapté de ce superbe roman. Si seulement les producteurs français en avaient dans la culotte et les spectateurs dans le citron.
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Je me lance et n'y tiens plus. C'est le cri de l'amazone férue de littérature et la fierté de l'éditrice qu'il faut ici entendre. Dès la lecture des premières pages, nous n'avons pas hésité une seconde, Fratricide c'était une évidence et une aberration qu'une telle oeuvre soit encore vierge de tout éditeur. Ce roman fait la part belle à ces liens fraternels parfois cruels et infinis en dénonçant avec une plume désinvolte et riche à souhait la sauvagerie et la démagogie des marionnettistes sans scrupule, instigateurs de ce "génocide" organisé que fut la première guerre mondiale. Nos trois héros ont rendez-vous avec le cercle des illusions perdues. Patrice nous invite à partir à la rencontre d'une galerie de personnages savoureux et hauts en couleur, à nous plonger dans une épopée aux confins de la Barbarie et de l'Humanité.
Lien : https://lesplumots.wixsite.c..
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