Fors l'honneur

Fors l'honneur est le premier roman pour jeune adulte de Clervie Quelven. C'est une uchronie qui nous raconte la victoire des chouans sur les troupes républicaines de la Convention. Les royalistes vont se rendre vite compte qu'ils ne peuvent pas à eux-seuls restaurer une monarchie et vont décider unanimement de stabiliser leur conquête en créant trois duchés et un comté : le duché de Bretagne, de Normandie, d'Aquitaine et le comté de Toulouse. A cela va s'ajouter le principat de Vendée « Primus inter pares » dont le Prince sera chargé d'assurer le rétablissement de la royauté dès que le moment se fera sentir. La République demeure impuissante à contrecarrer cette nouvelle situation politique, étant trop occupée à surveiller les forces coalisées étrangères qui menacent dangereusement ses frontières.

Nous débutons notre histoire deux siècles et demi plus tard dans une France actuelle toujours partagée en deux avec un président d'un côté et l'envie d'un futur roi de l'autre. La République du roman est corrompue alors que les cinq territoires royalistes sont eux prospères. le moment est-il enfin arrivé de restaurer une monarchie ? La petite parenthèse républicaine de 250 ans peut-elle encore peser face aux 1500 ans d'existence du Royaume de France, fort d'une tradition ancestrale qui s'appuie de Clovis à Louis-Philippe. La réponse va venir des trois enfants du Prince Henri III de Vendée, Thibault, Blanche et Alexandre. Ces trois héros vont être au centre de plusieurs manipulations politiques où tous les coups bas sont autorisés, les trahisons les plus perfides sont monnaies courantes dans une France en proie aux manifestations et autres scènes d'émeutes.

L'écriture de Clervie Quelven est agréable et nous plonge rapidement dans l'aventure. Cette jeune auteure est capable de nous tenir en haleine au point de nous rendre accros à son histoire. On notera deux ou trois erreurs oubliées lors de la relecture du texte et on regrettera peut-être nous les adultes, un manque d'approfondissement dans le caractère ou la description des personnages… mais nous sommes dans un ouvrage pour jeunes lecteurs et aussi dans un premier roman.

La force de Clervie Quelven est d'avoir su mêler le modernisme de notre époque au traditionalisme de l'ancien régime. Ses connaissances historiques donnent une dimension intéressante à son scénario. Elle sait également faire coexister le monde moderne de Facebook et d'Instagram avec les valeurs de tradition et d'honneur de la noblesse. Elle sait gérer avec brio cet anachronisme qui fait la force de son propos même si on ressent chez elle une certaine complaisance à l'idée d'une restauration monarchique venant au secours d'une république à bout de souffle.

Une lecture pleine de rebondissement et d'actions mais aussi un roman de réflexions sur le devoir et l'importance du sacrifice individuel pour le bonheur d'une société, d'une nation ou d'un peuple. Où l'on aborde de façon simple les rouages politiques en les rendant intéressants et lisibles pour une génération de jeunes lecteurs peu habitués ou réfractaires à la Res publica. Un ouvrage qui devrait arriver à réconcilier la politique et les jeunes…

Merci aux éditions Beta Publisher et à Babelio pour cette révélation originale que j'ai découverte avec plaisir dans le cadre de la masse critique jeunesse et jeune adulte.

L'exercice qui consiste à critiquer un livre est en soi difficile. On voudrait être objectif et subtil mais on est souvent subjectif et brutal. On aimerait développer des arguments percutants et plus encore intelligents mais on se heurte souvent à l'évanescence de nos émotions. On aimerait tremper nos plumes, fussent-elles digitales, à l'encre de l'humour et du bon mot quand on les nourrit souvent du fiel amer de nos ambitions contrariées.

Et combien ces travers sont-ils encore plus vrais quand on critique le livre de sa progéniture !! Alors sachez-le, je serai forcément partial et sans doute aussi timide de fierté contenue.

Je passerai très vite sur les erreurs d'impression ou de correction qui brouillent un peu la lecture. C'est malheureux mais sans doute les prochains tirages seront-ils corrigés pour le plus grand bonheur des lecteurs et la réputation de l'éditeur.

Sur le fond, bien que n'appartenant plus que très modérément à la cible « jeunesse », je me suis laissé embarquer par cette uchronie et la fraîcheur de cette belle histoire. L'auteur est jeune. Cela se sent mais sa plume et son imagination sont pleines de promesses et j'espère que cet ouvrage ne sera que le premier d'une longue bibliographie.

Les personnages sont bien campés et échappent aux caricatures. L'écriture est moderne sans toutefois céder aux sirènes d'un français au rabais mâtiné d'anglicismes. le découpage de l'histoire en courts chapitres et les choix narratifs sont originaux et dynamisent l'ensemble. On passe de très bonnes heures à suivre les péripéties d'une France déchirée et violente.

Mettre en scène, dans un premier roman, la restauration de la royauté en France est un pari sacrément osé et presque jubilatoire. Que l'on soit royaliste, déçu de la république, démocrate floué ou simplement aventurier dans l'âme, c'est de toute évidence une expérience littéraire à tenter de toute urgence !

Premières pages lues... et, avec un peu de surprise je l'avoue, j'entre immédiatement dans l'histoire évoquant, dans une France contemporaine, le retour de la Monarchie.

Mais plantons tout d'abord le décor de cette uchronie : le territoire français est composée de la Republique française (pour simplifier, toute la partie centrale et Est du pays), de trois duchés (Normandie, Bretagne et Aquitaine), d'un comté (Toulouse) et d'une principauté (la Vendée). Et quand la République sombre dans le chaos, germe l'idée en Vendée de la restauration de la Monarchie.

L'histoire va ainsi se dérouler au travers du regard des trois enfants du prince Henri III de Vendée, Thibault, Blanche et Alexandre, chaque chapitre étant consacré par alternance à l'un d'entre eux.

Trahisons, coups bas, actions violentes, les rebondissements ne vont pas manquer, contribuant au rythme soutenu du récit, mêlant modernisme (réseaux sociaux) et tradition.

Voici une histoire bien construite, plaisante, originale, malgré quelques petites imperfections à mon sens (le côté un peu "fleur bleue" de la relation entre Blanche et Bertrand, une certaine complaisance vis-à-vis de la notion même de monarchie,...).

Je remercie en tout cas Babelio et les éditions Beta Publisher pour cette belle découverte dans le cadre d'une récente opération masse critique.

Livre lu dans le cadre du partenariat avec @betapublisher, merci pour l'envoi !

Il sort aujourd'hui !

Avec cette lecture, je me rends compte que je n'ai pas lu beaucoup d'uchronie et je trouve ça dommage parce que c'est génial en fait !

L'histoire se lance bien, on entre vite dans les problèmes et on comprend parfaitement la situation très compliqué dans cette nouvelle France totalement divisée. Pas De panique pour les étrangers, y a rien besoin de savoir, on s'en sort très bien sans connaître l'histoire de la France.

J'ai beaucoup aimé la narration qui se partage entre les trois enfants, cela permet d'appréhender l'histoire de 3 manières totalement différentes. On découvre ainsi que les choses sont parfois perçues autrement et qu'on attend beaucoup d'eux. Ça rend tout plus dynamique ce partage de narration.

Tout au long du roman, on passera par des trahison, de la manipulation, des faux semblants,... mais aussi de l'espoir beaucoup et un envie de tout faire pour le peuple. Ça résume très bien la politique et ce qu'il peut s'y passer mais aussi la nature de l'être humain.

Difficilement d'en dire plus sans trop rentrer dans les détails mais franchement, ça change de tout ce que j'ai lu dernièrement et ça fait du bien. La plume de l'autrice sert parfaitement bien l'histoire et il y a beaucoup d'actions et quand il n'y en a pas, on ne manque pas de discours ou de réflexions.

Franchement, je vous le conseille.

Quel exercice difficile que celui de l'uchronie ! il faut maîtriser l'histoire réelle et officielle sur le bout des doigts pour pouvoir s'en détacher et choisir une voix alternative. Tout en gardant assez de surprises pour séduire le lecteur et ne pas tomber dans un simple "et si... est-ce que tout aurait changé ?"

Ici, la Vendée en 1793 a gagné. Enfin... En 1793, les territoires qui luttaient contre la république sont restés indépendants : Normandie, Bretagne, Aquitaine, Toulouse et la Vendée donc. Et aujourd'hui, un énième scandale d'état mais à mal la France. L'occasion rêvée pour rétablir une monarchie et un royaume aux frontières d'avant 1789. L'histoire nous est contée du côté vendéen. Thibault, Blanche et Alexandre, les enfants du prince Henri III prennent la parole successivement pour évoquer cette ténébreuse affaire, entre enlèvement, machination, complot et évasion.

Si au départ, je suis partie conquise, le postulat de départ étant prometteur (ah, ce bon vieux duché de Normandie, dommage que le duc soit à Rouen, une aberration), j'ai un peu déchantée au fil de ma lecture. S'il y a des rebondissements et une vraie intrigue politique, j'ai trouvé les protagonistes un peu trop héroïques pour moi. Ça manque de nuances, de failles. Blanche est bien trop parfaite par exemple. Comme l'ensemble de sa famille, on en viendrait presque à regretter un putsch de la Vendée. Ça manque aussi de style et d'un vrai souffle romanesque. L'intrigue s'étire sur 400 pages, elle aurait gagné à être plus condensée. Mais je ne boude pas cette lecture qui a parfaitement accompagné un week-end sous le soleil.