AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 447 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Lu dans le cadre du challenge ABC, je pensais ne prendre aucun risque avec Quignard, qui possède un palmarès solide. Pourtant, j'ai été de déception en déception, jusqu'à m'arrêter au bout de cent pages, ce qui ne m'était plus arrivé depuis longtemps.

D'emblée, je n'ai pas compris les personnages, leurs réactions ne collent pas selon moi aux situations qu'ils vivent. Je ne viens sans doute pas d'un milieu très chic, mais discuter d'une rupture pour tromperie autour d'une table de restaurant trois étoiles me laisse dubitatif. L'étape suivante a été de les prendre en grippe. le duo qui se forme, une égocentrique qui se défoule sur son ami, encaissant sans broncher tous les coups et accourant en remuant la queue dès qu'elle le rappelle, m'est franchement insupportable.

Le coup de grâce est venu des dialogues, creux et sans vie. J'ai eu l'impression de me retrouver en cours de français, pendant l'étude de pièces de théâtre, où mes condisciples ânonnaient péniblement sur un même ton monocorde les cris de colère et les déclarations d'amour (et les annotations pour le metteur en scène).

Tout dans ce morceau de roman m'a semblé sec. Les seuls sentiments qu'il m'a procuré sont un agacement et un ennui croissants, ce qui ne devait certainement pas être le but recherché.
Commenter  J’apprécie          223
Pascal Quignard ? Dont j'ai beaucoup aimé les quatre livres que j'ai lus ? Auteur de ce roman ?
Je dois l'avouer, et les questions en préambule l'expriment déjà, ce roman m'a mené de l'étonnement (j'attendais tellement de cette signature), à un certain amusement, puis au désintérêt. Je me suis imposé de ne pas renoncer (un lecteur peut avoir des langueurs, c'est Pascal Quignard, …). Mais décidément, quelle insupportable artificialité (à ce degré, je ne peux plus), quel romanesque qui, se voulant tellement subtil, finit dans une balourdise ampoulée ! Aurait-on publié un premier roman comportant des dialogues comme ceux-ci :
- Je suis superstitieuse. Ne parle pas comme cela !
- Je suis seul, Anne-Eliane, tu ne peux pas savoir. Il y a si longtemps que je n'ai plus d'amants.
- Tant mieux pour toi.
- Méchanceté gratuite.
- Je répète : tant mieux pour toi. Et tant mieux pour moi. Conserve-moi ce secret, Georges, je t'en supplie.
- Je ferai tout ce que tu veux.
- Promets-moi. Tu ne parles de moi ni de notre rencontre à personne.
- Je le jure.
- Tu me le jures vraiment ?
- Je te le jure vraiment.
- Georges ?
- Oui.
- Puis-je te voir rapidement ?
- Je suis à Teilly.
- Je sais. Si je prends un train, comment je fais ?
- Tu vas à la gare de Lyon, il y a le train de dix-sept heures trente. Il est direct sur Sens.
- Non. Pas aujourd'hui. Est-ce possible demain ?
- Demain, le matin, tu prends le train de neuf heures. Ilest plus propre. Il est plus silencieux et agréable. Il est aussi direct mais il faut que tu le prennes à Bercy et tu t'arrêtes là encore à Sens.
… ?
(Gide a écrit dans son journal que « les jeunes auteurs français feraient bien de s'inspirer de Dashiell Hammett pour écrire leurs dialogues. » Quignard aurait profité d'un petit coup de Faucon maltais - ou de Clé de verre, je ne veux pas qu'on me croie violent.)

Ou ce paragraphe (in extenso) : Elle appelle Georges :
- Je suis électrifiée. Comme une boule d'orage.

N'aurait-on pas noté ce détestable : « Il y a une extrême tendresse répugnante, excessive, malodorante, osseuse, chez les vieilles gens. Elles vous prennent dans leurs bras. Leur étreinte à elle-même fait mal- tandis que les os, leur légèreté, leur finesse, poils hirsutes, épingles, barrettes, bracelets vous piquent. » ?
Et ce « yaourt auX ananas » ? Et ce "visage précis et INDICIBLE."? Et ce téléphone portable qu'on « dépèce » en petits morceaux que l'on jette dans les toilettes d'un Thalys ? Et ce « quai sur la Tamise » qu'on « traverse » (malchanceux comme je le suis, j'ai toujours dû quitter le quai et emprunter un pont ou une passerelle pour traverser un cours d'eau)?
Hélas, je pourrais continuer et j'avais prévu de le faire. Mais je ne parviendrai pas à comprendre davantage comment l'auteur de « Tous les matins du monde » ou « Terrasse à Rome » a également écrit celui-ci.
Pour finir par une touche positive (j'ai bon fond), j'ai trouvé le Quignard que je croyais connaître dans ces lignes : « Tant qu'il couve, le sentiment de la colère emplit le torse d'énergie, exalte le cerveau, soutient les projets que l'âme a conçus. Soutien le regard. Étaie les heures. Excite le temps. »
>modifier / >supprimer
Commenter  J’apprécie          1111
N°341– Mai 2009
VILLA AMALIAPascal QUIGNARD – Gallimard.

Au début, le titre sonnait bien, cela évoquait pour moi une maison de vacances, le farniente, le soleil, l'océan...

L'histoire commençait bien, elle aussi. Une femme, Anne Hiden (ou Eliane), la cinquantaine, (on l'imagine belle, cultivée), mariée à Thomas, rencontre par hasard, un ami d'enfance, Georges Roehl qui souffre de solitude. Est-ce cette rencontre ou la découverte fortuite de son mari embrassant une autre femme, elle décide de vendre sa maison, ses meubles, de quitter cet homme volage, son travail, d'oublier son passé et, à la suite d'une courte errance destinée surtout à brouiller les pistes, d'aller à la rencontre de l'avenir, en Italie! Elle y tombe amoureuse d'une maison sur la falaise, sur l'île d'Ischia au large de Naples, que Amalia, la propriétaire, accepte de lui louer. Ce n'est qu'un vieille maison de pêcheur, taillée dans la lave du volcan, inhabitée depuis des années, le contraire d'une maison de villégiature. Dans sa quête d'une vie nouvelle, elle tombe un peu amoureuse du médecin, le Docteur Radnitzky, qui l'a soignée pour une mauvaise chute, mais surtout s'attache à sa fille dont elle devient, un peu, une mère de substitution. Las la petite meurt.

Il y a, bien entendu, le thème du hasard qui pèse sur notre vie bien davantage que nous ne voulons l'admettre, celui du changement auquel chaque être aspire mais qu'il redoute. Il y a celui de l'eau, l'océan de Bretagne, l'Yonne de ce petit village énigmatique de Teilly, ou celui de la méditerranée. Il incarne la non-immuabilité des choses, l'envie qu'on a de les faire changer, de changer avec elles, et l'euphorie qu'on ressent à ce saut dans l'inconnu, de la liberté nouvelle qu'il suscite, ce paradis incarné par cette île de la mer Tyrrhénienne . Ses furies destructrices sont aussi un symbole puissant qui n'est pas étranger à ce roman. Changer sa vie au point de ne pas vouloir se retourner, de ne pas pouvoir soi-même se reconnaître, pour expier absurdement une faute qu'on n'a pas commise, parce que l'existence qu'on a eue jusqu'à présent devient soudain sans intérêt. Fuir, pour se prouver qu'on existe, fuir comme on se débarrasse d'une peau devenue soudain vieille et sèche [d'une mue?], parce qu'on a une envie urgente de construire autre chose, parce que l'être qu'on avait choisi et à qui on avait confié sa vie, son amour, s'est soudain, comme une révélation, montré indigne de tout cela, qu'il faut tourner la page d'une manière urgente, parce que la vie n'attend pas et que le temps passe, parce que quelque chose d'autre [une maison] a soudain pris en soi la place du reste et qu'elle devient le centre du monde.

Le thème de l'enfance retrouvée aussi me parle, celui de la solitude qui persiste malgré les apparences trompeuses. Celui de la mort aussi, et avec elle le chagrin, la douleur et l'absence, le gâchis... Celui de la vieillesse où, plus seul que jamais, on attend la Camarde avec une curiosité mêlée de crainte, se demandant chaque matin si ce jour sera celui du grand saut dans l'inconnu et le néant, avec les regrets, les remords, les souvenirs...

Puis intervient la troisième partie qui m'a intrigué. D'emblée le « je » laisse supposer un narrateur qui tranche (brutalement) sur ce qui précède. En outre, Ann Hidden, qui tout à l'heure était évoquée à travers son histoire personnelle, se trouve en contact direct avec ce dernier. Puis intervient Juliette qui semble être la compagne du narrateur, le quitte pour vivre avec Ann. Ensemble elles ont une vie de couple amoureux avec, comme en contre-jour, la présence épisodique de Léna, puis d'autres, plus fantomatiques comme Amado, Léo, Charles... En plus, il y a le retour de ce père disparu depuis des dizaines d'années et qui choisi de revenir après le décès de la mère d'Ann, des moments fugaces, soulignés par un style épuré, économe en mots, qui évoque les moments-confetti de la vie de cette femme perpétuellement en mouvements, comme s'il ne lui était plus possible, après toutes ces années de certitudes immobiles, de se poser définitivement.

L'histoire m'a intéressé, au moins au début, j'y ai apprécié le thème de la fuite, de la remise en cause des acquis, celui du dépouillement de soi-même qui peut être assimilé à une seconde naissance. En revanche, au fil des pages, malgré quelques descriptions poétiques mais malheureusement trop furtives, malgré aussi l'évocation de la musique, de la naissance de la création artistique, le style haché [qui n'est peut-être pas sans rappeler le thème du dépouillement] s'est révélé, pour moi, ennuyeux, comme une véritable négation du langage , les dialogues bruts, à en être désagréables, parfois trop vagues, parfois trop précis, bizarrement et même inutilement anecdotiques, comme s'il y avait plusieurs moments dans la rédaction, plusieurs mouvements dans le même texte, ont également étouffé l'intérêt du début. Il y a des morceaux de récits, comme jetés au gré des chapitres, que j'ai eu du mal à relier entre eux et qui compliquent la narration sans toutefois l'enrichir.




Commenter  J’apprécie          22
Pas grand-chose à dire face aux bonnes critiques de ce roman qui m'a laissé totalement de glace. Je n'y ai trouvé ni poésie, ni intelligence, ni musique, rien. Ce personnage de femme, Anne, qui, parce qu'elle voit son mari dans les bras d'une autre femme, décide de disparaitre, je n'ai pas adhéré. Elle vend la maison, met toutes les affaires de son mari dehors ou les vend, quitte son travail, détruit son portable, sa carte bleue et disparait, sans lui donner d'explication, en le laissant devant le fait accompli. Certes, elle a eu un père absent mais comment accepter cet excès ? Et si même, je me dis, je la suis, à aucun moment je n'ai ressenti la moindre empathie avec elle, même quand elle trouvera sa villa à Ischia et qu'elle souffrira encore. Non rien. J'ai trouvé le tout plat, froid. le pauvre Georges se fait balader et dès le début. Il l'aide, est chaleureux et elle lui demande de ne pas la tutoyer ! En fait, je crois que j'ai carrément ressenti de l'antipathie envers elle, voire plus et c'est très désagréable parce que ce n'est pas un caractère qui a été fait dans ce sens.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (850) Voir plus



Quiz Voir plus

Tous les matins du monde

En qu'elle année Pascal Quignard a-t-il écrit Tous les matins du monde?

1816
1917
1991
1899

10 questions
285 lecteurs ont répondu
Thème : Tous les matins du monde de Pascal QuignardCréer un quiz sur ce livre

{* *}