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3,69

sur 447 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ann, grande musicienne, torturée par la vie entre un père qui l'a très tôt abandonnée et une mère anxiogène qui ne cesse d'attendre son mari en vain, décide de tout quitter. Son boulot, son homme, sa maison, jusqu'à oublier qui elle était jusqu'à lors. Elle donne peu de raisons à ce besoin obsessionnel de tout quitter, elle ne peut, elle ne veut, elle se tait. Elle change de look, teint ses cheveux, s'habille différemment, et s'en va rejoindre la petite île d'Ischia en Italie du sud. Là-bas, Ann renaît. Sa métamorphose s'opère dans les courbes de la nature aride, dans la berceuse de la mer. Elle tombe amoureuse de la villa de la vieille Amalia. Au début revêche, la vieille dame s'attache à Ann quand celle-ci en pleures lui demande de cesser de lui crier dessus comme sa mère en avait l'habitude. Amalia accepte de lui vendre la villa.
C'est une villa qui surplombe la mer, délabrée certes comme la vie d'Ann, le sentier pour y parvenir est semé d'embûches comme la vie d'Ann. Mais Ann est en amour. Elle s'y sent si bien. Elle plante des citronniers, elle va se baigner tous les jours dans la mer.

Après une première partie vaseuse auprès d'une héroïne mal dans sa peau et dans sa vie, c'est une très belle renaissance dans sa seconde partie. le soleil est omniprésent, le bonheur et la liberté sont palpables, les pages sourient de bon coeur. Il y a aussi de belles rencontres qui attendent Ann. Un docteur et sa fille Magdalena. La petite de deux ans est en totale admiration devant la pianiste. Ann va lui apprendre à entendre les sons, tous les sons, celui du vent, des vagues, des oiseaux, du silence qui ensemble forment un temps au temps.

Un très beau roman méditerranéen dans lequel je me suis sentie bien là-bas à Ischia qui est toute même une des plus belles régions de l'Italie avec sa côte almafitaine. Un roman doux sur la renaissance d'une femme éprise de liberté.
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L'histoire commence de la façon la plus romanesque qui soit: une femme observe au milieu d'un laurier l'homme qu'elle aime en embrasser une autre pendant qu'un passant la reconnaît pour son amie d'enfance. Puis Quignard se prend -Qui l'eût cru?- pour Alexandre Dumas et son héroïne se venge de l'infidèle avec plus de cruauté encore que Monte-Christo n'a fait rendre gorge à ceux qui l'ont trahi.
Avec plus de cruauté car cette vengeance est trop excessive pour n'être pas suspecte. La répudiation du compagnon volage vise à effacer toute leur vie commune; Ann fait disparaître le lieu où ils ont vécu et gomme par là-même sa propre vie: telle Médée qui, pour faire souffrir l'amant infidèle, s'arrache à elle-même ce qu'elle avait de plus précieux.
(Bon, bien sûr, le compagnon, on s'en doutait quelque peu, paie aussi pour papa qui des années auparavant a abandonné et l'épouse et la petite fille).
Ann disparaît, parcourt l'Europe et, un jour, atteint le paradis où elle s'installe.
Ann a cru à sa propre renaissance, elle a pensé pouvoir tout gagner puisqu'elle s'était dépouillée de tout. Mais cette fuite intransigeante est permise grâce à l'amitié et à un confortable compte en banque. En fait, tu n'es qu'une enfant gâtée, semble dire Quignard à son héroïne. Contrairement à ce que tu crois, tu n'as encore rien perdu. Mais cela va venir.
Et cela vient effectivement. le malheur et la solitude. le renoncement. Et au bout du bout la réconciliation avec le père. Et la musique, la création qui est possible, non pas parce que la souffrance nourrirait l'art et qu'il faudrait l'appeler de ses voeux en bon romantique masochiste, mais parce que le deuil rend humble et humain et que l'art vient plus naturellement aux humbles qu'aux orgueilleux.
Bref, c'est Quignard tel qu'on l'aime, qui nous fait la leçon en bon janséniste contemporain.
Mais je préfère tout de même ses essais à ses romans.
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Un roman où la nostalgie, les erreurs du passé, la tentative de fuir tout cet ensemble pesant pour une femme à l'approche de la cinquantaine sont exprimés par Pascal Quignard avec poésie, par touches et, si l'héroïne est musicienne, j'ai eu davantage la perception d'admirer des toiles impressionnistes plutôt que d'écouter des sonates. Musique et peinture m'ont semblé être les piliers de cette histoire et elles auraient toutes deux manqué si l'auteur s'en était tenu à une simple narration de faits de vies.

Car, lorsqu'on arrive vers le terme du roman, on a bien la sensation d'avoir exploré avec plus ou moins de profondeur plusieurs vies : celle d'Eliane alias Ann ou Anna, celle de sa mère, celle de Thomas, de Georges, de Leo, de Giulia, de Magdelena et celle d'Amalia, la vraie détentrice de la sagesse et de l'acceptation des aléas du temps, comme de ceux de la mer qu'il s'agisse de la Bretagne ou de la mer Tyrhénienne.

Par moments, essentiellement dans les première et deuxième parties, ce livre m'en a rappelé un autre écrit par Jean-Paul Kauffmann, après sa libération, "La maison du retour". Ici, Ann quitte méthodiquement une maison parisienne pour s'attacher à une autre, perchée dans les collines de la belle île d'Ischia au large de la baie de Naples. Elle voulait la solitude et ce désir s'est finalement peu à peu transformé en l'acceptation d'autres rencontres avec leur cortège d'instants de bonheur et de malheur.

Les dialogues, quelquefois frisant l'absurde, m'ont paru très percutants, traduisant parfaitement les déroutes intérieures de quasiment tous les protagonistes, de la mère enfermée dans la solitude voulue de sa propre mort, à la fille qui sera finalement torturée à vie avec la musique pour unique échappatoire.

Sur la fin, la présence du père et la réapparition du mari quitté m'ont paru superflues, n'apportant finalement guère plus que d'autre détresses à toutes celles des différents protagonistes.

Le choix du titre est parfait car il est le nom de la maison et celui de sa propriétaire, la seule qui a finalement assumé sa vie avec ses joies et ses peines.
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Un bon roman que je voulais découvrir depuis longtemps. Je ne suis pas déçue. J'apprécie la belle plume de Pascal Quignard. Un livre sérieux qui raconte la vie qui s'écoule avec ses trahisons, ses blessures, les maladies, les deuils, les rencontres, les ruptures, les belles rencontres... La vie avec tout ce qu'elle peut apporter de beau et de tragique... Un beau livre, un texte de qualité.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Villa Amalia comme le goût d'une fin d'été.
« Sous ce ciel où la vie, où le bonheur abonde,
Sur ces rives que l'oeil se plaît à parcourir,
Nous avons respiré cet air d'un autre monde,
Elyse!,.. et cependant on dit qu'il faut mourir ! » (Lamartine)
Ischia, là demeure Amalia, c'est là qu'Ann viendra se donner.
« Sonata da camera ».Quatre mouvements.
C'est une fugue, « la résolution d'un problème de structure et de cohérence non résolu par les formes préexistantes », puisque telle est sa définition musicale.
« Quand on est encore enfant , chaque partie du corps qu'on aime émet une lumière. Rien ne procède encore tout à fait du monde solaire .La lumière vient du coeur de l'enfant ».
Une musicienne qui se recompose, qui se ré-écrit, qui retrouve sa partition et se découvre. Et qui s'accorde,... enfin.
« La vie est belle à mesure qu'elle est féroce » déclarait Marin Marais dans Tous les matins du monde. « Le coeur humain ne s'élargit qu'avec un tranchant qui le déchire » écrivait Flaubert.
Alors le coeur d'Ann s'ouvre grand, comme une fenêtre sur la mer, comme son regard qui s'accroche à cette maison plantée sur le rocher.
Villa Amélia, ce lieu qui l'attendait.
«On dit que la toile selon son étendue, sa forme, sa solidité, ses leurres, sa beauté, au tout dernier moment tisse l'araignée qui lui est nécessaire. Les oeuvres inventent l'auteur qu'il leur faut et construisent la biographie qui convient ».
Maître Quignard ,quelle belle étoffe vous nous offrez !

Astrid Shriqui Garain
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Peut-on fuir son passé ? Et tout ceux qu'on a connu ? Aimé ? Qui n'en a jamais rêvé ?! Disparaître sans laisser de trace ?! Largeur les amarres & tout recommencer ailleurs, telle une renaissance !

Dans le roman de Quignard, il s'agit d'Ann, musicienne compositrice !
Après avoir aperçu son homme entrain d'éteindre une autre, le point de non retour est déjà atteint ! C'était aussi ce point qui l'obligera à avancer, à oser ! Parce que pour elle, le retour était déjà vain, et l'avancée indispensable !
A 47 ans, Ann est décidée. Elle commence par vider & vendre la maison, vider son compte bancaire, puis quitter son travail !
Ann s'envole ailleurs, idée par Georges son ami d'enfance.
Elle fuit, son amoureux, son boulot, sa mère, ses pianos, elle fuit tout ce qu'elle a connue jusque là !
Après quelques détours, Ann se retrouve à Ischia & tombe amoureuse de la Villa Amalia, elle y fait des travaux, s y installe & voilà qu'elle a de nouveaux amis ! Depuis cette villa perchée, les douleurs, les vertiges, les chagrins s'effacaient avec les soleil couchants, plus que le silence d'une vie, plus que le calme, une ivresse.
Mais cela ne l'apaise pas pour autant,
De nouveau, frappée par une tragédie, Ann quitte la Villa & va ailleurs ! Encore !
Le désir de fuguer toujours, tout le temps ! Difficile à saisir sa psychologie, peut être me dis-je, parce qu'elle a été abandonnée par son père, encore enfant ?!
Comme si elle avait aucun point d'ancrage, aucun port d'attache .. Froide, taciturne, repoussante, j'ai trouvé Ann pénible !
C'est un beau roman, qui me rappelle l'univers de Duras. Très flou, on ne sait plus qui narre, à quel moment, pas évident de saisir la trame narrative ni l'ordre chronologique des événements.
Il s'agit de bribes, de fragments de vie racontés ici & là.
Un récit silencieux, sur la solitude, le deuil, tragiquement beau, vertigineux, un trou noir dans le quel on s'engouffre ...
Un récit d'une elegance subtile !
A prendre comme on le lit, sans pour autant chercher une morale à tout cela !
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Voilà, ça c'est bien écrit. J'ai un peu de mal à suivre la psychologie d'Ann Hidden, tout a l'air décidé sur le moment, dans l'unique but de nous surprendre, mais au moins c'est sobre, concis, et c'est évocateur. Bon, je suppose qu'avoir vu le film avant, avec Huppert dans le rôle, ça aide à la naissance des images. J'ai d'ailleurs voulu trouver l'affiche du film à peine le livre fini, tellement j'aime cette photo d'elle de dos, devant la mer, en enfantine robe à fleurs, sandales et coupe au carré encore mouillée. En fait, je crois que j'ai aimé retrouver le film dans le livre. Je le relirai plus tard, quand le film aura cessé de faire l'intéressant.
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Voulant découvrir l'oeuvre de Pascal Quignard, une libraire m'a conseillé cet ouvrage. Je n'ai pas été déçue, l'atmosphère qui se dégage avec ces personnages tourmentés aux histoires chaotiques est bien rendue.
L'héroïne tour à tour Ann ,Eliane, Anna montre les différents moments de son existence mais aussi ses émotions, ses sentiments.
La villa Amalia tout en haut de la colline, au paradis, paradis d'un moment, paradis perdu...
Ce livre par son contenu et son écriture ne laisse pas indifférent et je vais poursuivre en découvrant et en lisant d'autres livres de cet écrivain.
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« Villa Amalia » est l'un des nombreux romans de Pascal Quignard, très connu pour ‘Tous les matins du monde'. On entre ici dans le domaine de la grande littérature, sans fioriture ni effet de manches et on ressent tout au long du livre le lien profond qui semble unir l'auteur à son personnage, Ann Hidden, nimbée de son regard chaleureux et protecteur.
Lorsque Ann Hidden découvre que son compagnon, Thomas, a une liaison, elle décide de tout plaquer: il lui suffit de quelques semaines, et de la complicité de Georges, un ami d'enfance retrouvé par hasard, pour se débarrasser tout ce qu'elle possède et…disparaître. Elle atterrit finalement à Naples, et trouve la maison de ses rêves sur la petite île d'Ischia, où elle va tenter de se reconstruire.
Ann Hidden est un personnage énigmatique et fascinant. Libre, indépendante, artiste, elle entend accorder sa vie à ses aspirations profondes. Tour à tour Eliane, Ann, Anna, elle est infiniment touchante dans ses métamorphoses successives; sereine en solitaire, adepte de la natation, elle exerce un pouvoir magnétique sur son entourage. Même en vivant intensément dans le présent, il ne suffit pas de tout quitter pour s'affranchir du poids du passé; après avoir atteint un point culminant de bonheur, elle devra tout de même affronter les fantômes et la mort. Mais tout cela nourrit son processus créatif : compositrice, pianiste, elle est passée maître dans l'art de la ‘réduction', supprimant tout le superflu pour ne garder que l'essentiel, et interrompant, brusquement, ses oeuvres, sur une note en suspens. Et ce minimalisme se retrouve dans le style de Pascal Quignard : les phrases courtes établissent une fausse impression de simplicité, là où chaque mot semble avoir été pesé, puis élu, comme dans un haiku. L'auteur inscrit le récit dans des lieux presque incarnés, tant ils s'accordent à l'état d'esprit d'Ann quand elle s'y retrouve : la maison de sa mère en Bretagne, celle de Georges en région parisienne, la villa Amalia en Italie. Et finalement, ce texte puissant et poétique suscite une réflexion sur la vie, la création, la liberté, la douleur. Pour la suite, cliquez sur le lien !
Lien : https://bit.ly/2YhTebI
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Une musicalité se dégage du roman, une atmosphère particulière qui fait son charme j'ai beaucoup aimé la première partie, comment l'héroïne organise sa fuite et se coupe d'avec son passé, puis l'installation dans la villa d'Italie, sur l'île d'Ischia, l'éphémère havre de paix, j'ai retrouvé des images, des lumières de mon beau voyage dans la baie de Naples.
Et puis j'ai un peu décroché, entre les changements de voix narratives, les nombreux personnages, les nombreux drames, avant d'être rattrapée par quelques sourires (le contenu des repas dans les parenthèses...) et des thèmes qui parlent, la solitude, la fuite...
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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