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3,46

sur 52 notes
Voici un roman historique, roman rural réaliste qui se passe huit ans aprés la deuxième guerre mondiale, complexe pour le moins, où tout respire et suinte les ambiguïtés, les fêlures, les blessures, les secrets des uns et des autres..., situé à Erquignies , petit bourg près de Lille ....

Ce qui est frappant c'est l'excellente reconstitution des détails de cette époque: musiques, meubles en Formica jaune, percolateur ....journalistes et personnages qui se croisent : Frederic Pottecher , Genevieve Tabouis , Gaston Monnerville, André -Diligent..
Le climat est suspicieux , les personnages sont brossés avec minutie , soin et précision: Robert qui prend en photo les mamans avec leurs nouveaux - nés en leur promettant des cadeaux qu'elles ne verront jamais, escroc à la petite semaine, arnaqueur, aux activites louches,qui, au cours d'une enquête apparaîtra au final sympathique, .... Il joue un temps l'épicier .....
Hortense, une institutrice venue s'exiler à Erquignies , fìlle mére mais que cache t-elle ? Elle a constamment peur .....
Qui a mis le feu à la grosse ferme proche du village?qui tue deux éléves d'Hortense ......
Qui a fait quoi pendant la guerre ? Collabo? Résistant?

Qui cache le mieux son jeu? Je n'en dirai pas plus ....
Les lieux sont décrits à la perfection, beaucoup de sujets sont abordés , la guerre d'Indochine , le procès d'Oradour qui met en cause des alsaciens : Les "Malgré Nous ". Les habitants du bourg sont désunis , divisés, querelles villageoises, lâcheté , cupidité , convoitise, trahison.....des plaies ouvertes...
L'auteur nous sensibilise à de grandes questions, tensions et interrogations à propos de la responsabilité collective ou individuelle .
Un livre troublant , un hiver étouffant de "mystères " une espèce de danse avec le diable .....
Mais, et ce n'est que mon avis , j'ai moins apprécié ce livre de Michel Quint que ses précédents ouvrages .....
Collection "Terres de France ".
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Après " Apaise le temps", j'ai reçu un deuxième livre de Michel Quint: merci beaucoup à Babelio et aux éditions Presses de la cité !

L'auteur plante le décor dans sa région lilloise, nous redécouvrons les années 50 qu'il restitue à merveille, on s'y croirait ! Percolateur, Renault 4 CV,formica jaune...

Bien sûr, comme souvent chez l'auteur, au-delà de l'histoire racontée, il y a L Histoire: les blessures mal pansées de la seconde guerre mondiale, la guerre d'Indochine, et ce procès d'Oradour mettant en cause des Alsaciens, des" malgré nous".

A travers les personnages qu'il nous présente, c'est une réflexion intéressante et non manichéenne sur les trahisons, les faiblesses de chacun qui s'offre à nous.

Robert, Hortense, Noëlla, Odette, ils ont tous leurs secrets, leurs défaites intimes, leurs douleurs.L'humanité, la tendresse affleurent à chaque page, entre gouaille et poésie .Et j'admire la façon que Michel Quint a de " croquer" ses personnages, c'est saisissant de vérité: en deux trois formules, il les fait vivre pour nous . Au tout début, quand Robert, escroc de pacotille, rencontre Hortense à la maternité, voilà ce qu'il dit d'elle: "Et elle est là, la peau pâle,les cheveux raides aux épaules comme une Garbo brune, des yeux d'eau fraîche, un visage en pointe de flèche, pommettes marquées, une icône slave."

Néanmoins, j'ai moins aimé ce livre que le précédent. J'ai eu l'impression de ne pas entrer vraiment dans l'histoire racontée, de ne pas avoir d'empathie pour les personnages, et cela m'a beaucoup gênée, ce sentiment d'être un peu en retrait, en marge.

Mais ce n'est que mon ressenti et je suis sûre que d'autres trouveront leur bonheur dans ce roman.
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Étymologiquement parlant, le diable signifie « celui qui divise » ou « qui désunit » ou encore « qui détruit ». Je ne sais pas si c'est vraiment le diable qui avait soufflé aux oreilles des habitants d'Erquignies, petit village du nord, et sur toute la France, la lâcheté, la division, la haine, la cupidité, la convoitise, la concupiscence (amusant, tous ces mots commençant par "con" !), en tout cas, ce qui est sur, c'est que les habitants d'Erquignies, tout comme les Français, étaient, 8 ans après la fin de la guerre, divisés et désunis sur tout un tas de sujets liés à cette guerre (le procès d'Ourador ouvrait ses portes) et d'autres (nous sommes en pleine guerre d'Indochine). de là à avoir des velléités de destruction, il n'y a qu'un pas. C'est peut-être pourquoi une ferme et ses habitants (dont deux enfants) a brûlé, a été détruite. Et l'institutrice, qui vient d'accoucher, dort avec un couteau sur son giron. Et tout cela intrigue Robert Duvinage, "ce diable de Robert" comme il se surnomme, un petit escroc sympathique qui entretient un certain dégout de lui-même, qui se retrouve à Erquignie après y avoir raccompagné la belle institutrice, un Garbo brune avec des yeux comme des lacs, mère célibataire tout juste accouchée et qu'il a tenté d'escroquer.

Ce dernier opus de Michel Quint est ma deuxième incursion dans les livres de cet auteur, après Effroyables jardins que j'avais lu d'une traite et vraiment beaucoup apprécié. Mon avis sur cet Hiver avec le diable est plus mitigé.
J'ai trouvé ce livre complexe, et les défauts que je lui reproche sont les qualités que je lui trouve (oui, moi aussi, je suis une fille compliquée). Quint a fait une reconstitution très précise et très documentée de l'époque (d'ailleurs, on s'y croirait), aussi bien en terme d'habits, de meubles, de musiques, et aussi des nouvelles du monde. du coup, l'histoire m'est apparue noyée dans les évènements qui secouent le monde et la France en 53, du match de foot à la guerre d'Indochine ou à la dernière sortie musicale, évènements qui nous rapportés très régulièrement tout au long de l'ouvrage, et sont en lien avec certains des personnages du village (il y a "le jeune" qui revient d'un camp de concentration, et celui qui revient d'Indochine, rêve de napalm et a des doigts en moins). Mais si ce sont bien les nouvelles des évènements qui nous sont rapportés, il y a peu d'explication ou de mise en perspective pour avoir une idée bien précise de leurs enjeux respectifs (mieux vaut bien se rappeler de ses leçons d'histoire, quoi...). Une très grosse partie de l'intrigue se déroule à Erquignies, village du nord imaginé pour l'occasion, presque à la manière d'un huis-clos. Les personnages sont assez nombreux, j'ai eu du mal à les repérer, surtout en début de lecture, car ils sont désignés indifféremment par leur nom, leur prénom, leur surnom, leur profession, etc... Autant j'avais apprécié les envolées textuelles de l'auteur dans Effroyables jardins, autant cette fois-ci elles m'ont moins réjouies, puisque se référant soit à des personnages que je n'avais pas identifié, soit à des évènements peu connus (je n'ai jamais été une lumière en histoire). Pour en rester aux personnages, je n'ai pas réussi à comprendre les deux principaux (Robert et Hortense, l'institutrice). Il n'y a qu'à la fin que le lecteur peut faire le lien entre des comportements vraiment très bizarres a priori et le personnage qui les a. Enfin, dernière chose, tous les personnages d'Erquignies sont plein de secrets indicibles et sont beaucoup plus qu'ils ne paraissent être. C'est peut-être l'époque qui veut ça. Peut-être les années de guerre ont-elles contraints les gens à paraitre ce qu'ils ne sont pas, je ne sais pas. Mais, du coup, tout un chacun étant un autre et trop étant trop, le procédé m'a paru factice.
Voilà, en ouvrant Une nuit en hiver, je m'attendais à un livre qui me procurerait toute une palette d'émotions et explorerait les âmes humaines, et j'ai finalement lu une sorte de huis-clos d'un petit village du nord, symboliques d'un temps et d'une société que je n'ai pas connu. Cela n'enlève rien à la jolie écriture de Michel Quint, à la revisite d'une période de l'histoire, aux questions intelligentes que ce livre soulève, ni à la profondeur apportée à certains personnages plus ou moins secondaires (Odette m'a vraiment touchée).
Je remercie Babelio et Les presses de la cité pour cette lecture.
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le nouveau roman de Michel Quint est un roman ambitieux, qui nous plonge dans les années de l'après guerre, à un moment où les cicatrices laissées par ce conflit sont palpables, les rancœurs tenaces, les trafics encore visibles.

La collaboration active ou passive avec l'Allemagne divise le pays en deux, les résistants et les collabos, division manichéenne des bons et des méchants, portée jusqu'au point de rupture..

Si le procès des criminels d'Oradour-sur-glane, et la douloureuse question de la participation des Alsaciens à ce crime contre l'humanité, s'inscrit en toile de fonds, au cœur de ce récit, dans l'hiver 53, c'est l'ample évocation de cette période, pour les gens du Nord.

Comment faire revive ces mois, où les non dits affleurent sans cesse à la mémoire ?

A t-il été doublé par « Je vous écris dans le noir », de Jean-Luc Seigle, le procès de Pauline Dubuisson se déroule en oblique, et c'est bien le sort réservé aux femmes que Michel Quint éperonne, dans l'inextricable parcours des habitants de Erquignies, un petit village du Nord de la France, non loin de la frontière belge.

Qui est qui ? Où se cachent les méchants, les vrais, ceux qui mettent le feu à une ferme, ou à une école, ceux qui se sont enrichis, ceux qui fuient un passé soufré, la France des années 53 n'a pas fini d'enterrer les morts de l'après guerre.

Un jeune homme, Robert Duvinage, le petit escroc pas bien méchant, protège une jeune mère et son fils, rencontrés à la maternité de Lille, il ne semble pas être le Diable comme il aime se présenter, mais qui est-il réellement, que cherche t-il.

Chacun des personnage à commencer par Hortense Weber, l'institutrice du village, venue récemment d'Alsace, qui vit seule et vient d'accoucher d'un petit Roland, est porteur d'un secret. Lequel ?

Michel Quint a rassemblé une documentation monumentale pour dominer les faits complexes qui se sont entrecroisés, à travers la Voix du Nord ou plutôt du réseau Voix du Nord, du nom du journal issu de la Résistance et de l'épuration. Une nouvelle question émerge qui a trahi qui ?

Le roman est trop court pour expliciter le rôle de chacun. C'est sans doute la limite d'un tel livre qui n'a rien occulté, ni les procès, ni la guerre en Indochine, ni les nouveaux décrets, ce drôle d'amnistie qui a tenté de répandre la concorde entre les français, de répandre l'oubli.

Le seul habitant mis en examen, sera Salembier, en un seul mot, celui qui revenait du camp de Dachau ! La gendarmerie manquait encore un peu d'imagination.

Dans ce petit village du nord encore marqué au fer rouge, la virginité législative passe mal, les intrigants d'hier sont là, les trafiquants d'aujourd'hui sont encore performants.

Qui va craquer le premier alors que la tension monte, de jour en jour, l'intrigue vous plombe, il faudra franchir les dernières pages pour reprendre votre respiration.

Ce climat d'hier éclaire t-il encore les tensions d'aujourd'hui ?.

Malgré la puissance de ce récit captivant, vivant, démesuré, on restera pour certains sur notre faim.

Revenez Michel nous parler d'Odette du Père André de la coiffeuse, du médecin...Par petites doses pour que nous puissions savourez l'avenir de Robert, de Roland et de tant d'autres.

Merci à masse critique de cette belle lecture. Michel Quint un regard incontournable de notre monde littéraire.

Je vais me plonger dans la Leçon d'Allemand plus léger, à bientôt.




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Seulement le deuxième livre que je lis de Quint, (les deux fois grâce à une masse critique privilégiée, merci aux Presses de la Cité et à Babelio pour celui-ci) et je reconnais déjà sa musique, sa phrase. Comme les chanteurs dont j'aime que leur voix soit inimitable, j'ai un goût pour les auteurs qui me laissent s'installer dans leurs mots comme dans un fauteuil familier.

Le talent de Quint est tout d'atmosphère, de contexte. Son style nous plonge dans l'époque qu'il a choisi, dans le lieu, ici imaginaire mais tellement représentatif des villages des Flandres. Erquignies-en-Ferrain, pour ceux qui sont du Nord comme moi, c'est Erquingem-Lys mélangé à Neuville-en-Ferrain, avec le rajout de ce -gnies qui orne de nombreux villages de par chez nous. Oui, difficile à mesurer si ce n'est pas aussi parce qu'il parle de chez moi que Quint me touche.

Particularité ici, il s'agit d'un polar. Polar historique et social au vu du contexte dans lequel il est placé mais polar quand même. Avec un dénouement à la Christie, l'action en plus.

Le petit bémol qui fait plafonner à 3 étoiles, il est dans les mots mis dans la bouche des personnages, bien trop propres, malgré les quelques échappées patoisantes concédées par l'auteur. Il a l'air de s'en rendre compte lui-même puisqu'il justifie leur langage châtié par des passés d'intellectuels parfois involontaires. Sans doute un moyen pour lui de mieux expliquer le contexte de cette époque particulière d'après guerre où la France ne savait pas quoi faire des 5 années où elle n'avait plus été la France, même si les habitants étaient bien les mêmes.
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Hiver 1953, Erquignies, un petit village du Nord de la France, non loin de la frontière belge. C'est là que débarque Robert Duvinage, un petit escroc pas bien méchant, pour protéger une jeune mère et son fils, rencontrés à la maternité de Lille. Mais ce village, comme bien d'autres en France à l'époque, est marqué par cette période d'après-guerre et de guerre d'Indochine, en plein "procès d'Oradour" où doivent être jugés des SS et des Alsaciens accusés d'un massacre perpétré en juin 44. Les clans s'opposent. Faut-il pardonner aux Alsaciens, engagés malgré eux, ou les traiter comme les SS qu'ils accompagnaient? Et que penser des communistes qui ont sauvé la France des Allemands mais qui menacent maintenant les Français en Indochine? Et quid des résistants qui profitent de leurs anciens réseaux pour s'adonner à la fraude, parfois de grande ampleur? C'est de tout cela qye parle Michel Quint dans Un hiver avec le diable. Avec un style particulier, fait de phrases longues, juxtapositions d'idées, un peu comme si on se trouvait dans la tête des protagonistes, à essayer nous aussi de distinguer le bien du mal, le vrai du faux... Un style un peu pesant, qui convient somme toute à l'atmosphère pesante qui règne dans ce village durant cet hiver de 1953.
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Hiver 1953, dans un petit village du Nord de la France, à deux pas de la frontière avec la Belgique. Alors que les troupes françaises se battent en Indochine et les troupes américaines en Corée, la France se déchire autour du procès qui s'ouvre à Bordeaux le 12 janvier 1953 des soldats SS ayant participé au massacre d'Oradour sur Glane, parmi lesquels 14 alsaciens, 13 enrôlés de force et un engagé volontaire. le roman s'attache aux pas de Robert Duvinage, un jeune photographe lillois d'une trentaine d'années, escroc à la petite semaine, dont le destin va croiser celui d'Hortense Weber, l'institutrice du village, venue récemment d'Alsace, qui vit seule et vient d'accoucher d'un petit Roland. Robert raccompagne Hortense à son village après son accouchement et décide s'y installer et se faisant passer pour le père du bébé, avec l'assentiment de la mère qui se sent menacée. Et de fait, les habitants du village seront bientôt la cible de plusieurs incendies inexpliqués et vraisemblablement criminels. Les tensions s'exacerbent et Robert, tout en essayant de se fondre dans le paysage, mène l'enquête.

Michel Quint nous livre ici un roman à mi-chemin entre l'intrigue policière et le roman historique et régionaliste. La reconstitution du décor, des conditions de vie et même de l'ambiance sonore de l'époque (Trénet, Fréhel, Mouloudji ...) est particulièrement soignée. On sent que l'auteur est très imprégné des films de l'époque, ceux de Jean Renoir, Jacques Becker, Julien Duvivier, Marcel Carné ... On imagine très bien Jean Gabin dans le rôle de Robert et Arletty celui d'Odette, la superbe femme du patron du "Cheval volant", le bar-épicerie du bourg. Les faits historiques comme par exemple l'histoire du réseau de résistants La Voix du Nord et la polémique autour de l'actionnariat du journal créé à la Libération, sont subtilement incorporés à l'intrigue du roman. On sent que Michel Quint s'appuie sur une documentation en béton. Et par ailleurs, il sait maintenir son lecteur en haleine jusqu'au bout. La seule réserve que j'ai envie de formuler concerne l'omniprésence dans le récit du "narrateur omniscient", ce qui donne au roman un ton un peu monocorde. Il me semble que Michel Quint aurait gagné à donner davantage d'autonomie, de "voix" à ses personnages et je regrette un peu de sortir du livre sans savoir ce qu'Hortense, Odette, "Léon Morin" le prêtre, Noëlla la coiffeuse ou d'autres encore parmi les divers protagonistes avaient à nous dire. J'espère qu'une adaptation de ce roman au cinéma viendra un jour combler cette attente ...
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Personnellement, Michel Quint me déroute toujours. J'ai adoré effroyables jardin s et je découvre ce roman, recommandé par un groupe sur facebook, dans le cadre de mes vacances d'été. Vacances qui me conduiront, notamment, à Oradour.

Il est difficile de ne pas être touché par cette catastrophe.
Il semblerait qu'un hiver avec le diable soit un des deux seul livres traitant du sujet.

L'auteur l'aborde d'une façon particulière puisque ce ne sont t pas les faits déroulés à Oradour qui rythment ce roman mais bien une histoire parallèle : l'histoire des habitants d'un petit village du nord de la France.
Or, il se trouve que chaque habitant de ce petit village couve son secret et que ces secrets exacerbent la sensibilité de chacun lors du procès des meurtriers d'Oradour.

Cette histoire est haletante et pleine de rebondissement.

Michel Quint brosse magnifiquement chacun des personnages, avec ses qualités et ses défauts.
L'intrigue est rondement mêlée.

Une toute belle lecture.

J'ai note ce livre 4étoiles car, parfois, les descriptions et les figures de style de l'auteur alourdissent l'histoire.
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Hiver 1953, l'un des plus froids. Je retrouve Michel Quint dans sa région du Nord, plus précisément à Erquignies, petit village à la frontière belge.

Robert Duvinage, photographe à la petite semaine (ce n'est pas le nom d'un journal), escroc de peu d'envergure, photographie des nouveau-nés soit-disant pour le prix du plus beau bébé du mois. Il entre, ainsi dans la chambre d'Hortense qui allaite son bébé. Là, le dérailleur casse, quelque chose se passe. Chassée de la maternité parce que fille-mère (il ne fait pas bon de sortir du cadre stricte de la morale), Robert ramène tout ce petit monde à Erquignies alors qu'une tempête de neige rend le retour, à Lille impossible. Pendant la nuit, une grosse ferme est incendiée et les quatre occupants, dont deux enfants, meurent dans le brasier. Qui est coupable ? le découvrir, c'est le but, non, le prétexte de Robert qui se sent happé par Hortense et le petit Rolland, surtout qu'elle l'a présenté comme le père de l'enfant et qu'il confirme.
Hortense est alsacienne et, de ce fait, au coeur de la polémique sur les « malgré nous ». Pourquoi a-t-elle été mutée ici ? Robert n'en sait rien, mais devine beaucoup d'ombres et de la peur ; aussi il s'érige en ange gardien de Rolland.
Au bistrot-bazar-épicerie, pivot de la vie d'Erquignies, les clients parlent du procès d'Oradour-sur-Glane. Faut-il un procès commun à tous ou alors séparer les « Malgré nous » des allemands, faut-il un procès individuel ? Il y est aussi question de la « Voix du Nord » et son personnel issu de la presse collabo. Il ne faut pas oublier les trafics en tabac, alcool et autres denrée avec la Belgique. La guerre en Indochine préoccupe les habitants du village. le fils du maire est revenu, traumatisé, avec trois doigts en moins et d'autres sont y sont toujours.

Michel Quint mélange suspens, histoire et vie quotidienne. Où j'apprends, (si j'en ai besoin !) que tout n'est pas noir ou blanc que les salauds se cachent derrières les braves, que les braves ne sont pas ceux à qui l'on pense.
Ce que j'aime chez Michel Quint, c'est sa peinture du nord, jamais complaisante mais pleine d'amour et si bien documentée. Les personnages secondaires sont mitonnés aux petits oignons. Les phrases sont longues, imagées. L'impression de voir les villageois patauger dans leurs vies comme dans les rues enneigées. Ce n'est pas l'intrigue, la recherche du pyromane, le coeur du livre, mais la vie quotidienne à Erquignies en ces années cinquante.

Michel Quint confirme tout le bien que je pense de ses livres.
Livre lu dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée de Babelio que je remercie.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Michel Quint fait désormais partie du paysage littéraire français. On connait l'intérêt qu'il porte à la guerre, et on sait qu'il ne l'aborde jamais de manière frontale. Aussi, lorsqu'on ouvre son nouveau roman, la question est de découvrir par quel cheminement il va nous conduire à entrer dans un questionnement sur la guerre, ou plutôt les guerres, et leurs conséquences.
Nous sommes en 1953. Huit ans ont passé depuis la Libération. Certes le pays est libéré, mais il semble qu'en chacun des personnages que nous croisons au fil des pages, quelque chose reste enfermé. Des secrets, des souffrances. Qui est Robert Duvinage ? Un simple escroc bas de gamme, même pas belle gueule, qui prend l'argent et l'amour là où ils se trouvent ? Et Hortense ? Qui est donc le père de son enfant ? Pourquoi est-elle venue s'exiler dans ce village d'Erquignies, non loin de Lille ? Nous faisons la connaissance des habitants de cette bourgade, où chacun cherche à renvoyer l'image d'une vie tranquille et sans histoire. Nous les découvrons peu à peu dans leur intimité. Michel Quint sait tout à fait jouer avec nos attentes de lecteurs « voyeurs » : il donne par bribes, égrène les informations, stimule notre curiosité. Par moments il nous lance une grenade qui vient faire exploser les faux-semblants ; se dévoile alors tout un pan de vérité, une vérité qui dérange ou qui fait mal. Cette ferme incendiée qui tue toute une famille : qui ? Ce départ de feu dans l'école où vit Hortense : qui ? La suspicion va faire son oeuvre, et nul n'en sortira vraiment indemne.
A cette histoire avec un petit « h » viennent se mêler les échos de la grande Histoire : on garde en mémoire les stigmates de la guerre, le procès d'Oradour vient de s'ouvrir, certains sont partis se battre en Indochine. On lit beaucoup les journaux, on s'informe, on veut savoir comment l'Histoire trouvera panser ses plaies.
Ce roman, d'une certaine manière, pose les mêmes questions qu'Effroyables Jardins : héroïsme, lâcheté, peur, silence, mensonge, générosité, solidarité, qu'est-ce que l'homme ? Pas de réponse manichéenne surtout !
Une lecture intéressante, dont je remercie Masse Critique.
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