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3,4

sur 160 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A l'immeuble Mayerling, il ne fait pas bon y vivre. C'en est même effrayant.

Les poubelles débordent, empestent et attirent les rats.
Les fleurs dedans ou dehors crèvent.
Les cuvettes et baignoire débordent amenant une odeur pestilentielle.
La java chez certains voisins rend fou, du bruit à n'en plus finir.
Des hallucinations pour l'une, des problèmes alimentaires chez d'autres ou une haine farouche chez un jeune couple.
Même les animaux tantôt hurlent à la mort tantôt disparaissent sans crier gare.
Les fruits... l'un entreposé n'importe où, restait ferme et frais pendant deux semaines ; l'autre, conservé au Mayerling, devenait blet après deux jours. Les mites alimentaires proliféraient dans tout l'immeuble, colonisant buffets et garde-manger.

L'immeuble Mayerling semble hanté, maléfique, s'acharnant sur chaque habitant. Une énergie démoniaque déborde de cet immeuble. L'odeur décrite ici y est perceptible, la haine et la folie tout autant à fleur de peau. Un bon grand travail d'orfèvre dans la retranscription de l'atmosphère glauque de l'affaire Mayerling.

Avec un zeste d'humour, l'auteur décortique nos pires voisins et nos pires frayeurs en tant que propriétaire. Tout y passe au peigne fin. Difficile de classer ce roman tantôt surréaliste, d'horreur, absurde, humoristique, mais ce qui est certain c'est qu'on savoure les déboires des uns et des autres qui semblent pris au piège dans les murs du Mayerling.

De la construction de l'immeuble à son anéantissement, en moins de trois cent pages, on est plongé dans cette aventure immobilière désopilante. La troisième et dernière partie m'a un peu moins convaincue sinon j'aurai accordé un carton plein tant je me suis délectée durant ma lecture.

En espérant que vos voisins sont charmants et votre logement sain et confortable, je vous souhaite mes meilleurs voeux pour 2020.

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Il faut reconnaitre qu'elle est jolie , la couverture de ce petit livre , non ? Un beau ciel bleu , un petit immeuble avec un accès direct à la mer , des transats installés sur la plage , et des gens , vraisemblablement les propriétaires , semblant deviser aimablement , au plus près de l'eau....Vision idyllique , vision édénique , sans doute pour ces gens , le rêve d'une vie .....Pourtant , malgré moi , une pensée s'insinue sournoisement dans mon esprit et vient perturber cette trop belle image d'Epinal...Ce bâtiment n'est - il pas trop près de la plage , les tempêtes ne vont - elles pas faire reculer la dune sur laquelle est bâti l'édifice ? " Mais non , voyons , a déclaré le vendeur , aucun risque ,de profonds piliers en béton assurent la stabilité de ce si bel ouvrage ...Votre bien est Indestructible et vous verrez , vos enfants et petits enfants en profiteront longtemps . Quant aux tempêtes....." Oui , c'est vrai , il est convaincant , tout comme ces belles affiches qui ont séduit tous les acquéreurs en un temps record .Pensez - donc , une telle occasion mérite de la réactivité . L'opération de communication , de séduction balaie les dernières hésitations. "Enlevez, c'est pesé comme on dit "

Pourtant , un " truc " ,oh , trois fois rien sans doute , me chiffonne : sur la couverture , elles sont où les générations futures ? Oui , bon , j'ai tort , le commercial m'a bien expliqué , le Mayerling " c'est " le casse du siècle " .Ah oui , alors là , ça c'est vrai ....Ça, pour le ( la?) casse du siècle , vous allez en découvrir des choses!!!
Et Bernard Quiriny de nous parler du chantier , d'une société inconnue , d' un chantier gardé par des vigiles à la mine patibulaire , d ' ouvriers " venus d'ailleurs , d'accidents " cachés "......" Ne vous inquiétez- pas " , " Ne vous inquiétez - pas"......a dit le dynamique commercial au costume - cravate...
Après, les gens emménagent , ravis puis , peu à peu....mais je laisse à l'auteur le soin de vous
guider de sa plume pour pénétrer dans un monde étrange , surprenant , noir , passer du rire aux larmes , de l'incrédulité à la stupéfaction . Finalement , on n'apprend pas grand chose qu'on ne sache , certes , rien dont on n'ait jamais entendu parler mais cela nous semble si bon , de voir les difficultés ...des autres dans un livre , pensez - donc , une fiction.........Et puis , il y en a des personnages , trop peut - être , mais la lecture est très facile , " pilotée " par des petits paragraphes plus ou moins courts mais " nerveux " et plein de bon sens.
Sous une forme particulièrement intelligente , Bernard Quiriny nous livre un conte moderne dont on ne peut pas vraiment dire qu'on sorte rassuré à la fin .Un livre dont le héros est un immeuble qui " malgré ses membres " de béton semble nous interpeller , nous mettre en garde....
Mais Gabin nous l'a bien chanté ce " Je sais , je sais , je sais ...." , ce célèbre leitmotiv universel , alors qu'on " ne sait jamais " et que le pire....Oui , mais le pire ..."Bon Dieu , mais c'est bien sûr !!!!!" Les Générations futures , les voilà ceux qui vont......on dit quoi ?
Un livre " petit " mais " costaud ".
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Si, comme beaucoup de Belges, vous avez une brique dans le ventre, la lecture de ce roman va vous la rendre particulièrement indigeste.

La résidence Mayerling est un immeuble à appartements de haut standing, fraîchement sorti de terre à Rouvières, paisible petite ville de province. Les candidats à l'achat et au bonheur immobilier se précipitent sur cette promesse de luxe et de modernité, de calme et de sécurité entre gens de bonne compagnie.

Un nid douillet, un rêve, qui va pourtant se transformer en taudis et virer au cauchemar.

Des voisins bruyants et irrespectueux, des fenêtres qui ne se ferment/ne s'ouvrent pas, la plomberie qui coule goutte à goutte ou à torrents, les sanitaires qui refoulent les horreurs censées y disparaître, les caves squattées par d'épouvantables malpropres sans-gêne, des garages où l'on peut à peiner parquer une trottinette, des poubelles qui ne sont pas collectées, et tout ce qui peut arriver de pire dans un tel habitat collectif, jusqu'à engendrer changements de comportements, fantômes, dépressions et violences.

Mais que se passe-t-il donc au Mayerling ?

Malfaçons, malversations, malédiction ?

Il semble bien qu'en l'espèce, le coupable soit (rien que ça!) l'immeuble lui-même. La vengeance du béton sur les humains, coupables de vouloir s'entasser dans des cellules empilées et semblables les unes aux autres ?

Quoi qu'il en soit, la créature se rebelle contre ses créateurs, et en l'occurrence le combat est titanesque. Un noyau dur d'habitants du Mayerling constitue une société secrète et entend bien mater le monstre par tous les moyens (oui, tous), quitte à déclencher une guerre destructrice, sans quartiers ni prisonniers.

Un immeuble maléfique, un cauchemar immobilier comme on espère ne jamais en vivre et qui tourne au drame, rien que du glauque et du terrible, et pourtant l'auteur en fait un conte fantastique cocasse et jubilatoire, bourré d'ironie. Il croque à merveille les relations de voisinage, les petites et grandes catastrophes typiques de ce genre d'immeuble, et il mène une charge virulente contre toute la chaîne immobilière, des architectes aux agents en passant par les promoteurs et l'administration de l'urbanisme.

Un roman addictif et jouissif, mais néanmoins angoissant quand on réalise que, dans ce type d'habitat, il suffit finalement de peu de choses pour que son "chez soi", censé être l'ultime abri, l'ultime refuge, devienne soudain inconfortable, insupportable, invivable.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Cocasse et pourtant si juste, farfelu mais révélateur de la société actuelle, voilà un livre jubilatoire!

J'ai adoré la façon dont l'auteur nous présente cette fameuse histoire. Mayerling n'est ici qu'un lieu d'une ville quelconque, en France. Le narrateur-témoin, passionné comme son ami Braque par les argumentaires de vente des agences immobilières, décide de nous raconter le naufrage des acheteurs d'une résidence de standingue, comme dirait Braque: Mayerling.

Aussitôt arrivés, les propriétaires voient leur vie se désagréger, tout se fissure, comme les murs. Et je ne parlerai pas de ce qui coule chez les malheureux Lequennec! Ni de ce qu'il se passe dans les caves...

Ce qui commençait comme" La vie mode d'emploi" de Perec, une radiographie sociale d'un immeuble", prend ensuite des allures de roman fantastique, où la" bête" veut dévorer les habitants, qui fait penser à " La métamorphose" de Kafka.

Dans un dernier round, qui triomphera? Le béton ou l'humain? Découvrez-le en lisant ce livre, qui pointe bien , sous son aspect si drôle et caustique, les méfaits de l'urbanisation à outrance. Je me suis un peu lassée, au fil du texte, mais j'ai passé un très bon moment!
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Bataille rangée entre un immeuble malfaisant et ses habitants: Bernard Quiriny s'amuse et nous amuse dans un thriller satirique où se dénoncent avec un humour décalé la saturation immobilière de nos villes et l'empilage des populations, dans un monde tout béton qui grignote peu à peu l'environnement bucolique.

Les habitants du Mayerling étaient ravis de leur bel immeuble moderne jusqu'à la dégradation pernicieuse de leur cadre de vie et de leur propre équilibre psychologique. Telle une gangrène immaitrisable, la propriété leur pourrit le quotidien, leur impose malfaçons, pannes et délabrements, les rend malades et irascibles, explosent les couples et les relations entre voisins.
La guerre est déclarée, car, pas de doute, l'immeuble veut se débarrasser d'eux.
Il faut abattre l'ennemi, au propre comme au figuré.

S'engage alors un conflit en règle de déconstruction, avec stratégies, défaites et victoires alternées, surveillé de près par les édiles, la presse et les habitants des immeubles voisins, inquiets et intrigués par cet étrange phénomène qui risque de faire tache d'huile…

Un petit roman qui se lit avec addiction par sa composition aérée, son humour grinçant, sa réflexion sur notre société de modernisme frénétique, d'appât du gain et la concentration de populations en immeubles collectifs.

A lire !
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Et en voilà une autre pépite : que de belles trouvailles en ce moment ! Un grand coup de coeur pour ce petit bijou plein d'humour mais dont le propos, au fond, n'a rien de léger (dans tous les sens du terme!)
Voyez-vous à quoi ressemblent les dépliants publicitaires pour de futurs immeubles qui ne sont pas encore sortis de terre ? Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil : les gens semblent heureux, ils prennent le temps de se parler tranquillement (sous un ciel bleu évidemment) tandis que les autres lisent le journal sur des balcons fleuris. de jeunes couples poussent un landau tandis qu'un garçonnet en tee-shirt rouge trottine devant. Tout est promesse : de jours heureux, calmes, harmonieux. On a l'impression qu'il suffirait d'acheter un petit trois pièces dans cette résidence (qui s'appellerait Les Balcons de Cheverny ou bien le Clos de Versailles) pour être enfin HEUREUX !
C'est précisément ce qu'ont pensé tous les futurs acquéreurs en découvrant sur papier la nouvelle résidence de standing : le Mayerling à Rouvières. Tous les appartements ont été vendus, comme des petits pains. L'immeuble s'est bâti en un clin d'oeil : il est là, majestueux, superbe, étincelant. Il brille sous le soleil. « Un nouvel être est né : le Mayerling. 5000 m³ de béton. 300 tonnes d'acier. 150 fenêtres et portes-fenêtres. 300 portes intérieures. 1500 m² de façade isolée. 200 m² de garde-corps aux balcons, 1000 plaques de cloison, 250 plaques de doublage isolant pour plafonds, 700 plaques de doublage isolant pour les murs. 6 kilomètres de câbles électriques. 2000 prises et interrupteurs. 900 mètres de tuyaux de distribution de gaz, 8 kilomètres pour l'eau, 2 pour l'évacuation sanitaire. 2000 m² d'isolant acoustique sous carrelage, 10000 carreaux de carrelage, 7000 carreaux de faïence. 3000 litres de peinture. Et une âme noire, cachée là-dedans, dont on ignore la taille et le poids. »
Belle bête hein ? Tous les nouveaux proprios se sont installés le sourire aux lèvres et… c'est là que les ennuis ont commencé mais des ennuis un peu étranges, enfin quand je dis « un peu », je veux dire très étranges… et croyez moi, vous êtes bien loin d'imaginer tout ce qui va leur arriver… LE PIRE DU PIRE...
Le narrateur et son ami Braque mènent leur enquête sur cette affaire qui a eu des retentissements dans le monde entier et c'est avec beaucoup de sérieux, une documentation précise et des faits vérifiés qu'ils racontent ce qu'ils ont pu apprendre de cette terrible histoire.
L'affaire Mayerling est un roman savoureux vraiment désopilant qui nous régale avec son humour absurde, enfin pas si absurde que ça quand on pense à ce dont sont capables les architectes en termes de créations originales certes, mais parfaitement invivables pour les pauvres gens condamnés à les habiter.
Comme vous l'avez compris, ce livre nous invite à une réflexion sur l'urbanisme moderne, le rêve de l'accession à la propriété comme garantie de bonheur (avoir pour être… ah, ah, ah!!!), le cauchemar de la vie verticale en collectivité (et si notre environnement était la cause de notre mal-être?), l'ère du béton roi (et nos plages qui sont vidées de leur sable…)
Bref, rien de mieux qu'une petite plongée cocasse et satirique dans un monde un brin fantastique (l'est-il vraiment, au fond?), pour réfléchir à tout cela…
Et puis moi qui râle tout le temps parce que je vis loin de Paris… J'apprécie ENFIN à sa juste valeur ma petite maison à la campagne.
Comme quoi la littérature rend heureux !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Quand mon amie m'a proposé de lire ce roman, j'ai d'abord pensé qu'il aborderait la fameuse affaire Mayerling. Que nenni !

Il s'agit d'un roman satirique écrit par l' un de mes compatriotes. Derrière l'humour absurde employé, il y mène une réflexion sur tout ce qui touche aux immeubles contemporains (des promoteurs, agents immobiliers, architectes et de l'urbanisation) ains que sur la vie en copropriété.

Le roman est divisé en trois parties : avant (la construction) , pendant (l'occupation des appartements par les propriétaires) et après que je ne dévoilerai pas

1) Une vieille demeure résiste à l'assaut des promoteurs immobiliers qui ont déjà bétonné tout le quartier Mayerling. Mais un jour, elle est vendue pour le plus grand bonheur des promoteurs cupides. L'immeuble est composé d'appartements de haut standing qui seront vendus sur plan. Les dépliants publicitaires sont alléchants et tout est vendu en peu de temps.
2) Les propriétaires prennent possession des lieux pleins d'enthousiasme à l'idée d'habiter le logement de leurs rêves. Mais petit à petit, des phénomènes étranges se produisent : un jeune couple se déchire, un habitant voudrait assassiner son voisin du dessus qui fait trop de bruit, des odeurs nauséabondes s'échappent d'un appartement, un autre connait des problèmes de plomberie récurrents , une habitante rencontre le fantôme de sa mère, etc. L'immeuble va devenir invivable. La sérénité et le bonheur attendus ne sont pas au rendez-vous
3) Les habitants n'ont plus qu'un seul but : que cela s'arrête !

Si mon amie ne m'avait pas prêté ce livre, je pense que je serais passée à côté et pourtant j'ai passé un bon moment sa compagnie.
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Un roman qui commence par faire rire en racontant les déboires des copropriétaires d'un nouvel immeuble et puis qui finit par faire frissonner lorsque l'imagination qui caractérise Bernard Quiriny lui fait donner vie à l'immeuble pour qu'il se révolte contre ses habitants. Un bon moment de lecture qui délasse tout en suscitant la réflexion si l'on cherche une interprétation à cette allégorie.

On pourrait être tenté de stéréotyper les juristes comme des personnages austères et terre à terre. Mais mon distingué compatriote Bernard Quiriny en est aux antipodes ! Maintenant que j'y pense, je ne suis pas étonné qu'un juriste puisse faire preuve d'un tel humour, issu d'une imagination particulièrement féconde. En effet, je mets cela en relation avec la précision de langage à laquelle les juristes sont astreints: à force de faire la chasse aux possibles ambiguïtés et aux interprétations fallacieuses, j'imagine que les juristes, du moins les plus imaginatifs d'entre eux, puissent développer une tournure d'esprit qui favorise une habileté à détourner le sens des mots pour produire des textes humoristiques ou poétiques. Une sorte de défoulement pour se libérer d'un carcan professionnel.

À ce jeu-là, Bernard Quiriny est un maître ! Je l'ai déjà mis en lumière plusieurs fois en commentant quelques uns de ses recueils de nouvelles.

Ici, il ne s'agit plus de nouvelles mais d'un roman, même si, on ne se refait pas, l'auteur rythme son texte continu en insérant des intertitres à chaque page.

Au début du récit, on fait la connaissance de deux amis qui partagent leur passion pour l'immobilier. L'un d'entre eux possède une collection de prospectus et se plaît à visiter des logements. On se délecte de quelques considérations amusantes sur l'architecture et l'urbanisme.

Ensuite, on s'attache à un immeuble particulier: le Mayerling. On en suit la construction et l'installation des copropriétaires. Là aussi, on s'amuse des péripéties qui surviennent dans ces circonstances. Mais peu à peu, on sent l'étrange se pointer. On commence à rire jaune tout en frissonnant de malaise lorsque l'on comprend que l'immeuble entreprend des actions terroristes contre ses habitants. Entendons-nous bien, il ne s'agit pas d'un immeuble qui serait hanté: ce n'est pas un esprit qui s'oppose aux gens, mais bien l'immeuble lui-même.

L'armée des habitants s'organise et je vous laisse découvrir la bataille et son issue.

Voilà donc une lecture plaisante: beaucoup d'humour, beaucoup d'imagination, un poil de frisson, mais aussi de la substance. Car ce malaise qui s'installe quand on voit un immeuble s'animer et devenir menaçant, on finit par réfléchir. Quel pourrait être le sens de cette allégorie ? Je n'en suis pas encore à craindre que les objets puissent devenir maîtres du monde (même avec les algorithmes de l'intelligence artificielle). Mais admettons. Admettons que les immeubles puissent entrer en guerre contre les gens. Pourquoi donc le feraient-ils ? Un immeuble vide d'habitants perd son essence. Ou alors un immeuble voudrait-il se saborder s'il sent qu'il n'a pas été bâti dans un projet suffisamment éthique ? On serait alors dans un monde où les immeubles prennent les habitants en otages pour infléchir les projets trop inhumains des promoteurs. Faudrait-il aller jusque là pour faire changer les promoteurs ? Et puis d'ailleurs, sont-ils tous à mettre dans le même sac ?

Vous voyez ? D'abord on se divertit, et puis on va plus loin. Ça, c'est de la belle ouvrage de littérature ! C'est bon, c'est belge, lisez !
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Le narrateur de ce roman, et son ami Mr Braque s'intéressent à l'immobilier, c'est leur hobby. Ils collectionnent les fascicules de programmes immobiliers, commentent les publicités, dissertent sur la médiocre qualité des constructions d'aujourd'hui : page 110 « L'avantage des cloisons très fines dans les immeubles modernes, c'est qu'on a deux discothèques pour le prix d'une : la sienne et celle du voisin ... ». Ils rendent hommage à ce thème dans la littérature (La vie mode d'emploi de G. Perec ou I.G.H. de J.G. Ballard). Dans une sorte de mise en abyme, ils prennent à témoin le lecteur : page 74 « Maintenant, regardons-les souffrir ». Ceux qu'ils nous invitent à voir souffrir, ce sont les habitants de ce tout nouvel immeuble dans leur quartier : le Mayerling. de fait, les occupants de ce bâtiment vont en chier un max. (fuites d'eau, bruits étranges, changements d'humeur, dégradations ...), l'action va aller crescendo, le bâtiment deviendra un personnage, on va glisser vers le thriller. le ton réaliste va se heurter au surnaturel des faits : Les propriétaires et les locataires vont prendre conscience que le Mayerling leur veut du mal, la guerre sera déclarée ...
Le sujet et la narration m'ont plu, tous les personnages et l'humour sarcastique aussi. J'ai trouvé néanmoins, quelque-chose comme un manque de souffle à l'ensemble. = 3.5*. Allez salut.
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Un nouvel ouvrage de Bernard Quiriny est (presque) toujours synonyme de jubilation. Cependant, il est vrai que ses recueils de nouvelles enthousiasment davantage que ses romans, comme si l'auteur belge se sentait moins libre et imaginatif sur le format long. L'affaire Mayerling est le troisième roman de Quiriny et comme dans les deux premiers, il s'empare d'un thème, le tord dans tous les sens et en extrait la substantifique moelle. Dans L'affaire Mayerling, il s'agit de l'immobilier urbain qui, a priori, n'est pas le sujet le plus folichon du monde. le narrateur et l'un de ses amis se présentent d'emblée comme passionnés par les annonces immobilières dont ils commentent avec gourmandise le jargon impayable. Mais rapidement, le livre s'intéresse à l'immeuble Mayerling, fraichement construit avec des résidents souvent pour la première fois propriétaires. C'est une enquête après les faits qui nous est narrée en détaillant les avanies successives qui frappent les malheureux habitants de l'immeuble. Celles-ci sont techniques avec des dysfonctionnements mais, plus grave, semblent influer sur les comportements : violence, intolérance, hystérie, nymphomanie ... Comme souvent chez Quiriny (dans ses romans), il y a à un moment un côté répétitif qui menace que l'écrivain combat en poussant encore plus loin son intrigue, dans une sorte de logique absurde mais en définitive pas si irrationnelle. Dans cette satire immobilière, il rend hommage aux écrivains qui se sont penchés sur le "vivre ensemble" dans cet entassement vertical et urbain qui est tout sauf naturel à l'espèce humaine : de Rousseau à Perec, de Ballard à Marcel Aymé. Un livre drôle et cinglant qui donne une toute autre signification à l'expression "béton armé."
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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