Gargantua, c'est un classique.
Un titre adulte mis à la portée des jeunes lecteurs grâce à des intentions d'éditeurs utiles et des adaptations d'auteurs chouettes.
En voici une à découvrir.
La première de couverture illustrée par
Ludovic Debeurme est impressionnante.
Trois petites têtes perçant entre les mâchoires de notre "héros".
Est-il un ogre?
En tous cas, il est énooooorme.
Qui est l'auteur
François Rabelais?
ALLO WIKI?
"
François Rabelais (également connu sous le pseudonyme de Alcofribas Nasier, anagramme de
François Rabelais) est un écrivain français humaniste de la Renaissance...
Ecclésiastique et anticlérical, chrétien et considéré par certains comme libre penseur, médecin et ayant l'image d'un bon vivant, les multiples facettes de sa personnalité semblent parfois contradictoires....,
Rabelais se montre à la fois sensible et critique vis-à-vis des grandes questions de son temps. ... Ses oeuvres majeures, comme
Pantagruel (1532) et
Gargantua (1534) tiennent à la fois de la chronique, du conte avec leurs personnages de géants, de la parodie héroï-comique, de l'épopée et du roman de chevalerie,...".
MERCI WIKI!
Ce qui est amusant c'est que ce sont les aventures gargantuesques de
Pantagruel, le fils, qui ont amené à l'écriture des aventures pantagruéliques du père,
Gargantua, 2 ans plus tard.
De quoi cela parle t-il?
Profitons de cette version, une adaptation de
Ludovic Debeurme.
C'est énorme dans tout le sens du terme.
Pantagruel avait de qui tenir et
Gargantua avant lui.
Gargantua était l'enfant d'énormes grands seigneurs épicuriens, Grandgosier ( ne riez pas) et la belle Gargamelle( chhht! Mais enfin, jeunes lecteurs?!?).
Dès les premières pages, notre prètre auteur nous étonne d'une verve très libre et décomplexée dans l'humour.
Il nous dépeint les parents comme deux monuments gourmands et tout de même un peu proches des blocs bruts de décoffrage, comme l'on dit, ne s'embarrassant guère de grandes manières.
Nous comprenons qu'à l'époque le lectorat est pu un peu rougir des joues avec
Rabelais.
La naissance de
Gargantua ne sera pas ordinaire, les lecteurs en poufferont de rire de moquerie et d'embarras puisqu'il accouchera par l'oreille.
Et tandis que les bébés ordinaires se noirciront le visage d'un premier cri strident, bébé
Gargantua criera: " À boire!" trois fois.
Quelle drôle d'imagination décalée et irrévérencieuse de la part de
Rabelais, qui semblait appeler un chat un chat sans pour autant penser que dire les choses de la façon qui était la sienne n'attire 10 000 tourments.
Ainsi imagina t-il son héros partant pour ses études à Paris et s'octroyant une pause en s'asseyant sur l'église Notre Dame.
Jamais les légendes n'avaient prévu déluge plus étrange,
Gargantua qui fit pipi sur les parisiens rassemblés autour de lui, comme s'en amusent les petits en visant les insectes.
Non,
Gargantua est sans manières et peu éduqué, emportant les cloches de Notre Dame en guise de clochettes au collier de son immense cheval.
La métaphore ne sera pas que folle avec
Rabelais, elle sera aussi intelligente, démontrant que notre
Gargantua n'avait été jusqu'ici que sustenté physiquement sans que l'on pense à nourrir et ordonner l'esprit de l'enfant sans manières.
Peut-être le rustre a t-il finalement un peu d'esprit?
En attendant, sur le passage de
Gargantua, c'est un grand chambardement à effet domino, à croire que les petits hommes ne sont pas mieux lotis que le grand, manquant autant d'esprit lorsqu'il s'agit de batailler les avantages et petits plaisirs terrestres.
Rabelais racontera quand le bon goût d'une galette et celui du bon vin déclencheront une grande guerre.
Est-ce possible?
Rabelais nous inspire que les luttes ne sont pas toujours éclairées et il s'en amuse.
Nous sommes à une autre époque mais cela peut encore faire réfléchir.
Rabelais est un amoureux du langage, on le devine bien en le lisant son aventure farfelue, il nous en donne pour notre vocabulaire, s'amusant, jonglant et multipliant les qualificatifs.
Nous naviguons bien entre un univers grossier et un autre plein de finesse de langage, l'expérience est étonnante, théâtrale et un poil incisive.