Michel Rachline, auteur d'un roman au titre provocateur "Le Bonheur nazi" (que je n'ai pas lu), a laissé des oeuvres marquées par l'éclectisme. En effet quel point commun entre "
Marlène Dietrich : derniers secrets", "Agent immobilier : un partenaire efficace pour se loger", "
Jacques Prévert", "
L'Art de la salle de bain", ou "
La Féerie du champagne", etc ? Aucun, sauf que l'on dirait un inventaire à la
Prévert, dont
Michel Rachline fut l'ami.
La Féerie du champagne semble être une oeuvre de commande. le livre est "parrainé" par la célèbre maison de champagne "Poulet-Dutilleul". (On me souffle dans l'oreillette que je me trompe de volatile et d'arbre). En fait il s'agit de Canard-Duchêne, qui s'éclate dans le vin à bulles depuis 1868. Il y a pire comme destinée.
Trêve d'ironie.
La Féerie du champagne est une bonne, mais trop brève (93 pages) introduction au monde viticole champenois, surtout dans ses aspects symboliques et culturels au sens large. Cet essai, grâce au soutien d'une riche iconographie, aux couleurs irréprochables sur papier glacé, fait découvrir -ou rappelle- les liens anciens et multiples du champagne, du travail de la terre, et du monde social et artistique.
"Je dirais que le champagne est un lien entre la vie terrestre et les sources de l'univers. Son parfum, sa couleur et sa danse hantent les siècles et, de même que l'homme ne vit pas que de pain, il ne se désaltère pas que d'eau... J'évoque ici une soif spirituelle, qu'apaise déjà la simple pensée d'une flûte ou d'une coupe..."
Ce livre évoque les multiples émotions suscitées par le champagne. Et leurs prolongements dans la musique, l'opéra (que boit-on dans "La Chauve-souris" ? "Sa Majesté Champagne est roi"), le cinéma (voir la citation sur la rencontre cinématographique entre la Divine Garbo et le divin breuvage), la littérature : l'espèce de "duel" au champagne entre Mallarmé et Barrès, etc.
Alors oeuvre de commande, certes, que
La Féerie du champagne, mais à lire et à boire sans modération. Pour aider à mieux supporter des temps bien incertains.