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sur 1395 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Souhaitant lire un peu plus de "classiques", un ami m'a orienté vers Bérénice de Racine. Je n'avais jamais lu d'oeuvre de cet auteur. C'est chose faite.
Pièce de théâtre en 5 actes, c'est l'histoire de Titus qui, arrivant au pouvoir à Rome, ne peut plus, selon les lois de Rome, épouser celle qu'il aime. Bérénice est reine de Palestine et elle a suivi Titus à Rome pendant 5 ans attendant leur hymen (mariage). Nous sommes donc dans une tragédie. Un troisième personnage Antiochus roi de Commagène est lui aussi amoureux de Bérénice.
Nous avons donc trois personnages torturés, malheureux mais qui restent dignes dans leur douleur.
L'auteur en dehors des dialogues entre les personnages principaux, utilise des personnages secondaires : les confidents pour nous faire découvrir les états d'âme des premiers au travers leurs dialogues.
La belle surprise vient de la beauté des textes, un langage beau et poétique.
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Bérénice est une pure tragédie racinienne, comme on les aime.
Antiochus aime Berenice, qui aime Titus, qui aime Berenice. Mais encore faut-il l'assumer. Entre le coeur et la raison, les 3 héros vacillent, jusqu'à la fin, un peu brutale à mon gout. (Fin baclée pour devancer Corneille qui a monté sa Bérénice dans le même temps, selon certaines théories).
La pièce n'en reste pas moins efficace et magnifique de lyrisme.
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Bossuet rend ses hommages à Madame, partie le 30 juin.

Spinoza fait son traité, Pascal publie ses pensées alors que Chambord vit sa première comédie musicale.

La Champmeslé subjugue l'auteur d'Andromaque, l'hôtel des Invalides voit ses fondations apparaîtrent alors que la lois des gaz s'écrit.

A l'accueil unanime réservé en son temps, les émotions ont su traverser le temps.

Petite délicatesse de sentiments à découvrir ou redécouvrir.
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Bérénice... quel belle mais triste histoire.
Berenice est la reine de Palestine folle amoureuse de Titus, empereur de Rome. Malheureusement, les raisons d'Etat seront plus fort que leur amour...
Ce qui m'a surpris en lisant cette tragédie, c'est qu'aucuns des personnages meurent (plutôt inhabituel pour une tragédie, quand on voit Andromaque où Pyrrhus et Hermione meurent, dans Phèdre, celle-ci se tue et Hippolyte aussi...) mais cela donne un coté amer, les personnages à la fin devant bannir leurs sentiments amoureux à jamais et vivre seul, sans l'être aimé...
Si vous êtes allergique aux beaux vers et aux romances très déchirants, ne le lisez pas. Mais il est splendide.
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Bouge pas, je t'ouvre la fenêtre.
Ah, le chantage au suicide ! Bérénice, jusque là plutôt intelligente, nous fait le coup de "Tu me quittes, je me tue" sans essayer de comprendre ce qu'il se passe. Pourtant elle est Reine et devrait connaître deux trois trucs des contraintes qui sont liées à ce rang.
Oh, Titus ne vaut guère mieux: il pleurniche et n'ose pas dire les choses clairement.
Quant à Antiochus, il choisit l'exact moment du possible mariage de Bérénice pour se déclarer, histoire de se plaindre un peu lui aussi.
Pourtant la pièce est originale dans son début: Bérénice et Titus sont amoureux, Antiochus se fait bouler, il comprend que non veut dire non et s'apprête à partir. Mais comme c'est une tragédie, un élément extérieur, Rome, vient mettre un terme à cette entente. Et là, on a deux personnages qui font n'importe quoi sous le prétexte de l'amour. Il aurait été plus cohérent de les voir certes batailler contre le destin mais aussi d'accepter. D'ailleurs, c'est ce qui se passe au final: tous reviennent à la raison. le dernier mot est "Hélas", ce qui résume parfaitement ces 5 actes.
Côté écriture, il y a moins de punchlines mais les tirades sont magnifiques. Cette pièce est donc moins citable qu'Andromaque mais est tout aussi excellemment écrite.
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Racine Jean – "Bérénice" – Folio classique, 2012 (ISBN 978-2070445790)

Cette pièce date de 1670, elle est représentée après « Britannicus » et en diffère profondément. En effet, comme Racine le précise lui-même dans sa préface : «Il y avait longtemps que je voulais essayer si je pourrais faire une tragédie avec cette simplicité d'action qui a été si fort du goût des anciens». Contrairement à ses oeuvres précédentes, il n'y a donc quasiment aucune action ici : pas de morts, pas de combats sanglants, pas d'épées flamboyantes. Titus et Bérénice s'aiment d'un amour profond et partagé, mais l'accession au trône impérial contraint Titus à devoir choisir entre sa passion (privée) et sa charge (publique).

Phénice (vers 292-296)
« Titus n'a point encore expliqué sa pensée.
Rome vous voit, Madame, avec des yeux jaloux,
La rigueur de ses lois m'épouvante pour vous.
L'hymen chez les Romains n'admet qu'une Romaine.
Rome hait tous les rois, et Bérénice est reine. »
Rome demande « un choix digne d'elle et de vous » (vers 418)

Titus réfléchit longuement et choisit la charge publique : (vers 451-454)
« Bérénice a longtemps balancé la victoire.
Et si je penche enfin du côté de ma gloire,
Crois qu'il m'en a coûté, pour vaincre tant d'amour,
Des combats dont mon coeur saignera plus d'un jour. »

Et son conseiller Paulin lui répond (vers 497-498)
« Et qu'un héros vainqueur de tant de nations
Saurait bien, tôt ou tard, vaincre ses passions. »

Titus ne capitule pas facilement (vers 719-722)
« […] Plaignez ma grandeur importune.
Maître de l'univers je règle sa fortune.
Je puis faire les rois, je puis les déposer.
Cependant de mon coeur je ne puis disposer. »

Réponse de Bérénice à Titus (vers 1071-1072)
« Ne l'avez-vous reçu, cruel, que pour le rendre
Quand de vos seules mains ce coeur voudrait dépendre ? »

Bérénice finira elle aussi par accepter ce sacrifice, puisqu'elle aussi est souveraine et connaît les obligations d'une reine que Titus lui rappelle (vers 1045-1060) :
« N'accablez point, Madame, un prince malheureux ;
Il ne faut point ici nous attendrir tous deux.
Un trouble assez cruel m'agite et me dévore,
Sans que des pleurs si chers me déchirent encore.
Rappelez bien plutôt ce coeur, qui tant de fois
M'a fait de mon devoir reconnaître la voix.
Il en est temps. Forcez votre amour à se taire,
Et d'un oeil que la gloire et la raison éclaire,
Contemplez mon devoir dans toute sa rigueur.
Vous-même contre vous fortifiez mon coeur.
Aidez-moi, s'il se peut, à vaincre sa faiblesse,
À retenir des pleurs qui m'échappent sans cesse.
Ou si nous ne pouvons commander à nos pleurs,
Que la gloire du moins soutienne nos douleurs,
Et que tout l'univers reconnaisse sans peine
Les pleurs d'un empereur, et les pleurs d'une reine. »

Puis, vers 1102 : « Mais il ne s'agit plus de vivre, il faut régner. »
Enfin, Titus (vers 1172-1174)
« Mais, Madame, après tout, me croyez-vous indigne
De laisser un exemple à la postérité,
Qui sans de grands efforts ne puisse être imité ? »
Titus également (vers 1403-1406)
« Vous-même rougiriez de ma lâche conduite.
Vous verriez à regret marcher à votre suite
Un indigne empereur sans empire, sans cour,
Vil spectacle aux humains des faiblesses d'amour. »

Racine transpose sur l'époque romaine les attitudes de sa propre époque, celle de la noblesse aristocratique : l'individu appartient à sa caste, il en porte la renommée, la grandeur (à l'époque, on appelle cela "la gloire", le sens du mot ayant depuis beaucoup varié), il en subit les conséquences ; plus encore, il se doit de respecter les us et coutumes qu'il est censé incarner.
Pas ou très peu d'action donc, mais pour autant une descente rigoureuse dans les abîmes du sentiment, de la passion amoureuse, à la lumière du Jansénisme qui imprégna la jeunesse de l'auteur. C'est le Racine de la langue du regret, de la tristesse, voire du désespoir. Les personnages principaux s'expriment le plus souvent en longues tirades déploratrices, ce qui nous vaut des vers parmi les plus marquants et les plus beaux du Racine peut-être désabusé (voir citations)…

Evidemment, cette pièce est devenue quasiment incompréhensible à notre époque proclamant la supériorité de l'individu hédoniste et la négation la plus radicale du moindre respect de la morale publique ou des usages dorénavant ringardisés. Avec l'avènement d'un Président d'une abyssale médiocrité, le populo stupéfait a même vu la fonction déchoir jusqu'à la pantalonnade de boulevard, s'abîmant dans un «merci pour ce moment», abaissant la plus haute fonction de la République au niveau des égouts dans lesquels pataugent nos "élites" réduites au rang de "peoples" depuis vilaine lurette.
Peut-on encore lire et comprendre Racine ?

Il y a dans cette pièce des instants magiques, des mots qui toujours trouveront un écho chez toute personne ayant aimé, comme par exemple Titus (vers 541-546)
« Enfin tout ce qu'Amour a de noeuds plus puissants,
Doux reproches, transports sans cesse renaissants,
Soin de plaire sans art, crainte toujours nouvelle,
Beauté, gloire, vertu, je trouve tout en elle.
Depuis cinq ans entiers chaque jour je la vois,
Et crois toujours la voir pour la première fois. »

Ou encore, Bérénice (vers 1113-1116)
« Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse,
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice, »
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Vers très agréables à lire
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Avec cette tragédie Racine confronte l'amour au devoir.
Bérénice, Reine de Palestine, est belle, elle est amoureuse de Titus. Titus l'aime en retour et leurs noces devraient être célébrées bientôt à moins que... En effet, Titus a un autre engagement, celui de devenir Empereur de Rome et Rome est exigeante et ne veut pas d'une étrangère sur le trône.
Titus va donc devoir faire un choix, un choix tragique et déchirant.
Antiochus, ami fidèle de Titus est lui aussi amoureux de Bérénice mais il sait cet amour non réciproque. Il décide d'avouer son amour à Bérénice avant de quitter Rome mais c'est sans compter sur le destin qui joue des tours.
Titus va se confier à Antiochus sur son dilemme et lui demander de faire le messager auprès de sa belle.
Quelle ironie pour Antiochus qui déjà non aimé de Bérénice va s'attirer ses foudres et sa haine.
Antiochus montre une sorte de courage et d'abnégation. On ne peut qu'imaginer la torture que lui impose sa position.
Titus est un lâche et n'assume pas ses choix, il est incapable d'affronter le regard et le gâchis qu'il va causer.
Bérénice, elle montre une grande force malgré tout et un grand sens du sacrifice.
J'ai aimé cette pièce, écrite de manière habile mais j'y ai préféré Phèdre qui pour moi reste la meilleure pièce écrite par Racine.
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Une superbe tragedie de Racine on ne lasse pas du genie de l'auteur le meilleur tragedien francais pour moi quel talent ! Rien ou presque ne vieillit ici le plaisir est à chaque lecture present et nous offre un superbe moment de lecture !
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Une des plus belles pièces de Racine grâce à la pureté de la langue, à la sobriété du récit et à la grandeur des personnages. L'intrigue est uniquement morale, dans le coeur des héros.
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