Ma pièce préférée de Racine au lycée. Après une petite relecture, j'aime toujours ce petit bijou mais je n'ai plus la même candeur. La différence majeure vient du fait que je ne savais pas trop pourquoi j'aimais
Bérénice. Ce personnage a plus de prestance que
Phèdre (voilà une vraie reine !), mais elle est aussi humaine et victime de ses propres feux. Son rôle très complexe dans la pièce a attisé mon admiration pour elle. Elle est l'origine de son propre malheur sans le savoir. C'est elle qui a voulu que Titus devienne un empereur et c'est en empereur qu'il la rejette et non en amant. Commençons par les points positifs de cette lecture avant de passer très rapidement aux zones d'ombre.
Concernant le texte... qu'il est beau, élégant, subtil ! Bien sûr, il est plus épuré que dans d'autres pièces que Racine a pu écrire mais on remarque plus facilement les jeux lexicaux, les jeux de scène, etc. Les personnages sont vivants, aimants, détestables mais toujours droits. Mais attention à ne pas oublier un élément capital et sous-jacent : le monothéïsme face au polythéïsme. J'ai eu l'impression que ce texte annonçait la chute de Rome. le pouvoir n'est pas un droit divin pour Titus, Rome déteste les rois et c'est pourtant
Bérénice qui fait de Titus ce qu'il est : un empereur. Amour, trahison, vengeance, un cocktail facile pour la tragédie mais aussi un message à l'intention du souverain français.
Bérénice n'est qu'une femme à fort caractère : elle est reine de Palestine, tout un symbole pour les catholiques que sont les français du XVIIe siècle.
Quelques points noirs tout de même : Antiochus est un personnage bouffon qui ne sert strictement à rien, le jeu de cache-cache peut paraître comique à notre époque et enlève tout le tragique de la situation. Enfin on ne comprend pas tout de suite que
Bérénice est la fautive dans l'histoire. Ce n'est qu'avec les notes de mon édition et les quelques vers cités en chapeau que j'ai pu comprendre cela.
En conclusion, cette pièce est simple, riche mais présente quelques défauts. J'ai sûrement oublié beaucoup de choses (dont l'attention qu'il faut porter à la versification et qui m'a à nouveau séduite), mais retenez avant tout que
Bérénice est une pièce qui n'a pas mal vieilli, bien au contraire. Pas de note maximale parce que malgré tout, je préfère de loin
Andromaque qui réunit tout ce que j'ai aimé dans
Bérénice et les ingrédients manquants qui font Racine.
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