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sur 1684 notes
Une tragédie de Jean Racine qui se déroule à Rome, dans une chambre de palais de Néron.

C'est une pièce émouvante. La langue est très belle et la lecture était un vrai plaisir.

J'ai lu l'édition Univers des lettres Bordas qui contient le texte intégral accompagné d'une notice sur le théâtre au XVIIe siècle et d'une biographie chronologique de Racine. Plus important, le livre contient aussi une analyse méthodique de la pièce avec des notes qui m'ont beaucoup aidé à mieux comprendre l'histoire et son contexte.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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J'aime cette tragédie politique, même si Racine, pour complaire au goût du temps, a dû vieillir le rôle titre de Britannicus afin de lui donner une amante et ajouter, comme pièce rapportée, une intrigue galante à un conflit de pouvoirs pur et dur. Cette présence féminine de Junie n'ajoute pas tant de l'amour à la pièce, qu'elle ne donne l'occasion de révéler une sorte de penchant sadique chez le jeune Néron qui la fait enlever, et rêve à sa chair nue éclairée par les cuirasses et les torches des soldats. Enfin on admire, sans la plaindre, l'épouvantable reine-mère Agrippine, qui demeure seule maîtresse de la scène à la fin de la pièce : dérisoire victoire, quand on sait que l'action, en l'occurrence les meurtres, se déroulent hors scène. Son triomphe est verbal et vain. "Tendre" Racine ? Je dirais plutôt cruel Racine, qui a su capter admirablement les lumières et les ombres baroques de Tacite et de sa Rome des tyrans..
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Je n'ai qu'un mot à dire : brillant !
Moi qui n'étais pas une férue de Racine dont on me vantait sans cesse les mérites... à croire que ceux qui ont lu ce très grand dramaturge n'ont lu que "Phèdre" ! Pièce qui par ailleurs, si elle reste magnifique dans son thème comme dans son écriture, n'est pas la meilleure... la preuve en est !
Contrairement à des pièces comme "Phèdre" ou "Bérénice" qui se focalisent surtout sur la passion et l'expression des sentiments au détriment, parfois, de l'action et du contexte politique pourtant intéressant (bien que la dimension politique soit aussi présente, mais de façon moindre, dans "Bérénice"), "Britannicus" relate surtout l'évolution d'un monstre naissant. Que dire de plus ? L'histoire d'amour est magnifique, bouleversante : on plaint Britannicus, on admire autant qu'on est bouleversée par Junie, aussi fidèle à son amant que digne malgré la peur que lui inspire Néron, on est tour à tour ému ou irrité par Néron... les alexandrins de Racine, toujours aussi maîtrisés, sont magnifiques, d'une poésie à couper le souffle... les personnages sont émouvants, bouleversants... et l'action politique est captivante : très vite, je me suis prise au jeu des complots et des revirements de situation...
Bref, une pièce que je conseille à tous, et surtout à ceux qui n'aiment pas Racine à cause de "Phèdre" car dans "Britannicus", la portée ainsi que l'intrigue ne sont pas les mêmes et il est, à mon sens, plus aisé de se plonger dans "Britannicus" que de s'immerger dans "Phèdre"...
Sans nul doute le chef d'oeuvre de Racine à mes yeux.
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Pour moi dont la passion pour l'histoire romaine s'est révéle que très tard, lorsque j'étais à la fac et que j'ai suivi les cours d'un professeur d'histoire romaine, archéologue de surcroît et totalement passionnant, j'avoue que cela m'a donné envie de relire cette pièce que j'avais certes déjà étudiée lorsque j'étais au collège mais sans en saisir réellement toute sa portée. Lors de cette deuxième lecture, j'ai été littéralement subjuguée par lécriture de Racine qui nous décrit la violence de Néron, cet empereur dont je connaissais maintenant l'histoire, avec une justesse sublime, sans que cleui-ci n'accentue pas le caractère de ce dernier.
Britannicus, lui, bien que la pièce porte son nom, est un personnage secondaire puisqu'il s'agit du frère par alliance de Néron. Britannicus est en fait le fils légitime de l'empereur Claude qui a prédédé Néron sur le trône. Ce dernier n'appara^t que très peu dans la pièce puisqu'il se fera rapidement évincé, c'est-à-dire assassiné, par Néron lui-même qui lui envie sa fiancée Junie.

Les vers de Racine sont ici cruels mais tellement empreints de cérite ! A découvrir !
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Tragédie en 5 actes
Encore une fois, je suis sous le charme de la langue de Racine ... Deux frères (plutôt demi-frères) s'affrontent pour l'amour de Junie ... Mais cet affrontement là n'est pas un duel au combat mais un duel familial, politique et intime guidé par des personnages secondaires (surtout un : Narcisse) qui influencent les décisions de Néron ! Excellent moment de lecture et surtout de Théâtre !
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Encore un souvenir scolaire : pour « Britannicus » que nous apprenions en … (je ne me rappelle plus l'année mais c'était il y a longtemps) le prof avait amené un enregistrement de la Comédie-Française, dans les années 60, (mise en scène de Michel Vitold avec Robert Hirsch (Néron), Annie Ducaux (Agrippine), Michel Bernardy (Britannicus), Danièle Ajoret (Junie), François Chaumette (Narcisse), René Arrieu (Burrhus) et Denise Gence (Albine), le top du top du best du nec plus ultra).
Littérairement parlant, l'interprétation théâtrale pose un problème paradoxal : est-ce qu'en « servant » un texte on ne le « trahit » pas ? Les intentions de l'auteur sont « interprétées » par le traducteur (pour les pièces d'origine étrangères), par le metteur en scène qui a « sa » vision de l'oeuvre, et par les acteurs qui ont une idée particulière de leur personnage, et qui s'y investissent personnellement. Discussion purement théorique : il faut juste penser qu'on ne vient pas voir « Britannicus » de Racine, mais « Britannicus de Racine interprété par la troupe de la Comédie-Française » Pour le « Britannicus » de Racine, lisez-le dans le texte. Et puis allez au théâtre. Vous doublerez le plaisir.
Surtout que le « Britannicus » de Racine n'est pas une pièce anodine. Il est vrai que l'auteur, en appelant sa pièce « Britannicus » ou bien nous fait un clin d'oeil, ou bien se plante lamentablement, car, reconnaissons-le, Bribri et Juju (Britannicus et Junie) sont bien sympathiques, mais ils ne font pas le poids face aux deux poids lourds Néron et Agrippine. Ces deux-là sont les véritables personnages du drame : deux monstres : un bien en place, Agrippine ; un en train de faire une ascension fulgurante, Néron. Et ne nous leurrons pas : le sujet de la pièce n'est pas si Néron va évincer Britannicus, on sait dès le début qu'il va le faire, il lui a déjà piqué sa nana. En plus, politiquement, il a tout à gagner à se débarrasser du jeune homme. le seul obstacle c'est sa mère. Celle-ci n'a rien à faire des deux jeunots, mais elle s'aperçoit que son influence sur son fils diminue d'acte en acte, de scène en scène et de presque de vers en vers. La mère et le fils s'affrontent à coups de perfidies, de mensonges de fausses accusations. Britannicus et Junie seront les victimes collatérales de ce duel mère-fils. And the winner is… Néron. Après avoir menti à tout le monde, il prouve à sa mère qu'elle a enfanté un monstre (mais elle le savait déjà).
L'histoire romaine, pourtant riche en situations tragiques, n'a inspiré Racine qu'à deux reprises : « Britannicus », la cinquième de ses douze pièces, et « Bérénice » la sixième. Il est plus à l'aise dans la tragédie grecque (Andromaque, Iphigénie, Phèdre) où les problèmes de coeur sont plus prégnants, et vont de pair avec une destinée soumise aux dieux, ces dieux qui se posent en régulateurs des humains. Dans l'Antiquité romaine, les affrontements s'exercent entre humains, sans interventions divine.
Racine on le sait est un poète. Mais ici le vers est au service de l'intrigue, ce qui fait de « Britannicus » une tragédie moins « racinienne » que les précédentes. La tournure des vers, se calquant sur le tempo émotionnel des protagonistes se fait plus « cornélien » ce qui ajoute à l'intensité dramatique, surtout dans les situations paroxystiques entre Néron et sa mère.
A défaut de trouver l'enregistrement intégral de la pièce par la Comédie-Française (évoqué plus haut), on peut trouver quelques dialogues sur you tube… ne vous en privez pas.




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Cette pièce de Racine est une très belle découverte, je l'ai beaucoup aimé et ne me suis pas ennuyée un instant.

Racine met ici en scène un drame, le drame de deux fréres ennemis et amoureux d'une même femme (Junnie).

Les cinq actes foisonnent de sentiments passionnés et intenses. Nous y voyons la perfidie, l'avidité de pouvoir, la jalousie, mais aussi l'amour. En si peu de pages, le dramaturge a avec brio brossé un portrait de toutes les bassesses et les noirceurs humaines.

Nous y découvrons Agrippine, mère implacable qui a su placer son fils Néron sur le trône par maintes supercheries, ce fils lui-même, empereur regnant avec sagesse au début mais qui devient très vite cruel, la perifidie de Narcisse, la pureté de l'amour de Junni envers Britannicus, et bien d'autres.
Quelle méchanceté, tout cela pour l'amour d'une femme et le pouvoir !

Je suis vraiment ravie de cette lecture vivante me permettant d'en découvrir plus sur l'Antiquité romaine.
Racine est un grand dramaturge et ses alexandrins sont d'une grande beauté.
Plaisir donc pour les yeux, l'esprit mais aussi pour les oreilles ,q
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On pourrait dire bien des choses sur Britannicus, le caractère odieux du méchant, la bonhommie naïve du héros qui en perdra la vie, la lucidité courageuse de Junie. Un seul vers, pourtant, transcende l'ensemble mieux qu'une longue citation. C'est lorsque Britannicus, cherchant à se rassurer, sonde maladroitement les sentiments de Junie à son endroit :
-"M'aimez-vous?
-Hélas, si je vous aime...."

Tout est dit et le drame se dessine déjà...
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J'ai apprécié de retrouver la plume poétique de l'auteur, ces vers qui font mouche et qui révèlent toutes les passions humaines : amour, haine, orgueil blessé, appât du pouvoir, fidélité, etc…

Afin de bien aborder le contexte, il est intéressant de lire la (les) préface(s) écrite(s) par l'auteur, même si comme toutes préfaces, elles en disent un peu trop sur l'histoire. Elles permettent de bien comprendre les personnages, savoir quelles sont les libertés prises avec la réalité, les polémiques suscitées par la pièce lors des premières représentations et l'accueil du public. On découvre ici un Néron bien différent de l'image que l'on peut avoir de lui et pour cause, nous sommes au début de son règne, lorsque l'empereur est encore aimé de ses sujets et toujours sous l'influence d'une mère envahissante, pleine d'ambition pour son fils et pour elle et dont il cherche à s'émanciper, avec l'aide de ses conseillers, Burrhus et Sénèque. On le voit évoluer progressivement et tendre vers le tyran meurtrier et destructeur, l'incendiaire et le matricide qu'il deviendra par la suite. Cette évolution se fait toute en subtilité. La créature (Néron) finit par échapper à son créateur (Aggrippine), qui n'a plus aucun contrôle sur lui et qui contribue à faire de lui le monstre qu'il va devenir… A côté de la mère et du fils despotiques, Britannicus fait plutôt pâle figure. Finalement, il est très peu présent et s'affiche davantage comme la victime plutôt que comme le héros de cette tragédie qui porte pourtant son nom… C'est aussi et avant tout une fable sur le pouvoir, sur la façon de gouverner avec deux visions opposées : d'un côté celle de Néron et Aggripine, égoïstes, qui cherchent à l'accaparer à leur profit, par tous moyens, y compris la crainte et la violence à l'encontre de ceux qui s'opposent à eux et celle de Burrhus, pour qui l'empereur appartient au peuple et non plus à lui-même ou son entourage, il doit gouverner dans l'intérêt de tous, contenter ses sujets.

Malgré tout, la tragédie n'est pas mon genre de prédilection et la lecture n'a pas toujours été facile. J'ai retrouvé beaucoup de lieux communs à Andromaque, laquelle reste ma préférée et j'aime Racine mais à petite dose, point trop n'en faut au risque de me lasser…
Lien : http://lecturesdalexielle.ov..
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Cette pièce s'intitule Britannicus, mais elle pourrait tout aussi bien s'appeler Agrippine, tant ce personnage est incontournable dans la pièce.

On a en effet l'impression que Racine cherche davantage à capter le caractère d'Agrippine que celui de Britannicus, personnage plutôt effacé.

Agrippine est assurément le personnage le plus intéressant de la pièce, parce qu'elle n'est pas soumise au manichéisme que Racine confère aux autres protagonistes. Elle n'est ni "bonne" ni "mauvaise", elle est "politique", et échappe de fait aux considérations d'ordre morales. Au fil de ses tirades, elle révèle son but ultime : gouverner par son fils, Néron, qu'elle a placé sur le trône au détriment de Britannicus, l'héritier légitime (puisque fils de l'empereur précédent). Aussi, quand Néron se détache d'elle, c'est plutôt la crainte de perdre son pouvoir que l'affection de son fils qui l'anime et la pousse à réconcilier les deux "frères".

Néron est un peu moins manichéen que les autres parce que Racine choisit de le représenter au moment de la bascule. Il n'est pas encore le tyran fou mais un empereur populaire, qui souhaite se libérer des entraves familiales. L'intrigue de la pièce est entièrement vouée à l'élaboration du plan que Néron choisira de mettre en oeuvre pour "s'affranchir du joug" que fait peser sur lui ses proches parents. Plusieurs d'entre eux se succèdent auprès de lui pour faire valoir leurs arguments. Les solutions radicales qu'il finit par choisir achèveront de faire de lui un monstre.

Britannicus sera sa première victime. Potentiel candidat à la dignité impérial, le rival politique se double d'un rival en amour. Les faveurs de la belle Junie sont en jeu. Néron est autant épris de Junie que du pouvoir exclusif. Problème, il est marié à Octavie, la soeur de Britannicus. S'il veut faire de Junie son impératrice, il doit aussi se débarrasser de sa femme. Alors que le bruit d'un esclandre conjugal se répand à la cour, conseillers de tous bords tenteront d'influencer le jeune Néron, dont les idées sont pourtant déjà arrêtées. Et comme le dit le proverbe latin " Qui ne sait dissimuler ne sait régner" (Qui nescit dissimulare nescit regnare), Néron apaise chacun en faisant accroire à une réconciliation avec Britannicus. Mais, comme le résume si bien ce vers : "J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer". On sait d'avance ce qu'il adviendra de Britannicus, mais c'est toujours intéressant de voir comment l'événement est amené.

Le personnage de Néron reste, après celui d'Agrippine, le plus travaillé. Britannicus, Junie et Burrhus représentent le bien, Narcisse étant l'incarnation du mal.

Comme toujours chez Racine, les vers sont splendides. Cette pièce est sans doute l'une de mes préférées de cet auteur !
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