AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,61

sur 1684 notes
Une bonne oeuvre du théâtre tragique! Britannnicus nous plonge dans les mains de fer et le cœur impitoyable de Néron, l'empereur tyrannique de la Rome antique. Il s'agit encore là d'un Néron tout jeune mais dont les ailes de la tyrannie ont déjà pris racines au dedans de lui qu'il réussit à déjouer tous les plans pacifiques de son conseiller Burrus et de sa mère Aggrippa.... il n'a qu'une seule vue, attenter à la vie de Britannicus, son demi-frère qu'il craint comme adversaire prêt à tenir tête à son pouvoir et lui disputer le trône, et s'emparer de Junie sa fiancée...
J'avoue que pendant mes années du lycée, je ne crois pas avoir mieux cerné la parfaite et mélodieuse musicalité des vers de Racine, surtout avec Britanniicus, vingt après, je la trouve plus que percutante!
Commenter  J’apprécie          210
De Racine, je n'ai lu que très peu de pièce de théâtre : j'ai beau avoir beaucoup aimé ses histoires que j'ai eu l'occasion de lire, je reste fidèle à Corneille. du coup, c'est dans le cadre du Baby-challenge Théâtre que je me suis lancée dans cette lecture que j'ai bien aimée.

Dans Britannicus, j'ai beaucoup aimé la part de vérité et d'histoire que l'on retrouve dans cette histoire : ça m'a rappelé les cours de latin où l'on découvrait Néron en tyran sanglant et Aggripine en vieille bique bien accrochée à la vie. Britannicus, par contre, c'est bien la première fois que j'en entendais parler.
Ce que j'ai aimé dans cette pièce, c'est redécouvrir Néron : dans les premières scènes, il n'a rien du tyran sanglant de mes cours de collège, mais plus on avance dans les actes, plus il se laisse bouffer par la jalousie et plus il devient le "monstre" qu'on apprend à l'école... J'ai vraiment trouvé cette évolution très intéressante et très bien faite. Ça m'a vraiment scotchée.
Aggripine, quant à elle, est vraiment fidèle à l'image que je gardais d'elle dans mes souvenirs : elle est vraiment assoiffée par le pouvoir !
J'ai été assez surprise de découvrir Britannicus dans un rôle secondaire : il n'apparait vraiment que dans très peu de scènes. C'est assez troublant d'autant plus que, du coup, ça accentue son rôle de victime...

C'est vraiment avec plaisir que j'ai retrouvé l'écriture de Jean Racine que j'avais eu l'occasion de découvrir à travers Phèdre et Andromaque. J'ai beaucoup aimé la force de ses phrases et des émotions qu'elles transcrivent bien qu'elles soient en alexandrin. Et, plus que tout, j'ai beaucoup apprécié la façon dont, avec un mot seulement au détour d'une phrase, il arrive à nous montrer l'évolution de Néron...
Britannicus est vraiment une très belle découverte.
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          190
Une pièce courte où toute la perversité, la noirceur, la complexité des personnages sont menées à leur paroxysme. J'ai été étonnée par tant de violence dans les vers de Racine, je n'avais jamais lu ça auparavant dans une pièce de théâtre. On a un exemple ici de la puissance des mots, de leur poids ; des armes lorsqu'ils sont utilisés à bon escient. J'ai beaucoup aimé que Racine remonte à la naissance du démon Néron, et dépeigne les méandres de l'âme du futur tyran qu'il deviendra... Il saisit le moment précis où tout bascule. Fascinant.
Commenter  J’apprécie          180
A travers cette tragédie, Racine dresse le portrait terrifiant d'un despote, homme sanguinaire et machiavélique : Néron, arrivé au pouvoir grâce à sa mère Agrippine. Il fait enlever Junie l'amie de son frère Britannicus et lui impose un ignoble marché, la vie de Britannicus contre son amour. Pièce d'une grande noirceur, ou tout espoir est vain. Un texte qui traverse les siècles, pièce qui se joue régulièrement, un classique qui se lit avec grand plaisir. Certainement présenté trop trop dans les manuels scolaires pour en apprécier toutes les subtilités. A relire donc.
Commenter  J’apprécie          170
Cette pièce de Racine aurait pu s'appeler "Néron" puisqu'elle concerne la métamorphose d'un homme de pouvoir en tyran. Les propos de Néron, empereur de Rome, résume bien le sujet : "L'impatient Néron cesse de se contraindre, las de se faire aimer, il veut se faire craindre."
Néron cherche le pouvoir absolu et refuse d'être sous la coupe de sa mère Agrippine. C'est pourtant grâce à elle qu'il est empereur, au détriment de Britannicus son demi-frère qui va devenir son ennemi. Pourtant ce dernier n'a pas de haine et ne réclame pas le trône. Il est amoureux de Junie qui sera enlevée par Néron et prétexte à l'assassinat de Britannicus.
On peut dire que le texte en vers de Racine qui date de 1669 reste d'actualité. Les ambitions politiques affichées par les protagonistes sont étroitement mêlées à la sphère intime par les liens filiaux, par les haines ou les amours qu'ils se vouent. D'ailleurs la Comédie Française ne s'est pas trompée en proposant une version contemporaine de "Britannicus" mise en scène par Stéphane Braunschweig qui revisite le passé à l'aune du présent. J'ai eu l'occasion d'aller la voir mais j'ai malheureusement trouvé le texte assez inaudible. Cela n'enlève rien à sa qualité que j'ai appréciée à sa lecture.


Commenter  J’apprécie          161
Je poursuis ma redécouverte des pièces de Racine et je n'en reviens toujours pas de les aimer autant, moi qui des années durant me suis convaincue d'une féroce allergie au classicisme… Certes, le père d'Andromaque ne supplantera jamais dans mon coeur le Barde ou Musset, Rostand ou Dumas, mais il sait s'y ménager une place!
Il y a longtemps que je voulais relire Britannicus. Ma découverte récente de "La Véritable Vie des Douze Césars" de Virginie Girod n'a fait qu'en précipiter le moment. Me voilà donc à l'assaut de "Britannicus".

Quatrième grande tragédie de Racine, "Britannicus" marque un tournant dans l'oeuvre du dramaturge qui délaisse pour la première fois la mythologie grecque au profit de l'histoire romaine. Était-ce, comme l'ont prétendu certains, pour prouver au grand Corneille qui se gaussait des passions légendaires défendues par son jeune rival qu'il était capable lui aussi de se saisir d'un sujet historique et d'en faire une tragédie politique toute entière tournée vers le pouvoir? A moins que le frère répandant le sang du frère avant de verser celui de la mère ait constitué un argument suffisamment convaincant, voire fascinant, pour un dramaturge en recherche d'inspiration?...
Quoiqu'il en soit, Racine a bien fait de se plonger dans les affres des passions julio-claudiennes: "Britannicus" est un chef d'oeuvre tant par son intrigue et sa construction que grâce à ses personnages ou à sa langue d'une pureté et d'une force étincelantes.

La pièce s'ouvre sur les premières années du règne de Néron. En ce temps-là, l'empereur dont L Histoire conserve le souvenir halluciné d'un tyran hallucinant n'était qu'un empereur qui faisait de son mieux, un homme que ses passions et ses vices n'avaient pas encore emporté et ravi à la raison. Néron n'était pas destiné à régner et c'est à l'obstination de sa mère Agrippine qu'il doit d'avoir ceint les lauriers de Césars. Seconde épouse de l'empereur Claude, cette dernière a en effet poussé ce dernier a adopter son fils né d'un premier lit, au détriment de Britannicus, rejeton de l'empereur et de Messaline. Ainsi, à la mort de Claude et grâce aux machinations d'Agrippine, Néron est monté sur le trône tandis que Britannicus s'est retrouvé esseulé dans une cour cruelle... Pour Racine c'est ici que tout commence vraiment et il va mettre en scène dans la tragédie le moment, l'instant précis où la nature de Néron va basculer et se révéler en même temps qu'il relate la disgrâce d'Agrippine et le meurtre de Britannicus, ces deux évènements constituant le point de non-retour opéré par Néron.

Alors qu'Agrippine déplore de perdre son influence sur son fils qui lui doit tout pourtant, elle apprend avec stupeur que ce dernier, non content de lui refuser l'accès à ses appartements, a fait enlever Junie, l'amante de Britannicus, alors même que c'est elle qui avait appelé cette union de ses voeux. Parfois, l'amour fait bon ménage avec la politique, fait suffisamment rare pour être souligné. Ce qu'Agrippine ignore, c'est que Néron est tombé fou amoureux de la douce Junie, que cette passion aussi violente qu'inquiétante se teinte de sadisme et que pour la vivre, il est prêt à tout, y compris à faire assassiner son propre frère. Comme souvent chez Racine, la lutte pour le pouvoir se double d'une rivalité amoureuse et son Néron semble davantage poussé dans ses retranchements par son désir que par sa crainte de perdre un trône que la loi lui a donné mais que le sang pourrait lui faire perdre tout aussi légitimement.
Dès lors, tous les éléments de la tragédie sont en place: Agrippine tentera de prévenir Britannicus de ce qui l'attend tandis que Junie fera son possible pour sauver celui qu'elle aime (tout son possible, c'est-à-dire pas grand chose, la belle a les poings liés...) mais c'est déjà trop tard: Néron naît, là sur scène, devant nos yeux et devant nos yeux, il affirme sa volonté de se libérer du joug de sa mère et de se repaître du malheur de Britannicus qui ne fait pas le poids, trahi qu'il est par Narcisse, sorte de Iago, traître infâme au double visage. Eminence noire de l'empereur qui le rendra sourd aux appels de la raison personnifié par un Burrhus un brin pusillanime. Lui non plus ne fait pas le poids. le rideau est ouvert, la tragédie s'invite et va tout broyer sur son passage.

Racine est un virtuose et encore plus dans cette pièce qui mêle l'invention à L Histoire, la passion à la politique, le tout servi par une langue dont on ne peut rien dire, rien écrire parce qu'elle se suffit à elle-même, parce qu'elle est exactement ce qu'elle doit être et sublime avec ça. "Britannicus" n'est pétrie que de passages que l'on voudrait apprendre par coeur, souligner pour leur forme, pour ce qu'ils disent aussi. Pour n'en citer que deux (et pour ne pas citer toute la pièce), il y a l'affrontement intense de la mère et du fils et sa portée prophétique (V, 6), le duel qui oppose les deux frères ou la perfection de la stichomythie (III, 8).
Et ces personnages! Bien sûr Britannicus est un peu pâle, candide et trop tendre mais cela le rend d'autant plus attachant. Bien sûr Junie est quelque peu prévisible, mais sa résolution finale lui confère sa noblesse. Qu'importe au fond les tons pastels de ce charmant couple de jeunes premiers. Les héros ici, les personnages pour lesquels on reste saisi, ébranlé, fasciné, ce ne sont pas Britannicus et sa Junie. Oh que non! Ce sont Agrippine, Narcisse et Néron. Pas de pastel pour eux mais des couleurs franches, puissantes. Des rouges ardents, des noirs infernaux, de l'or éblouissant et du blanc aveuglant. Agrippine qui sent venir sa fin, sa peur et son impuissance face au monstre qu'elle a enfanté. Néron que la folie et le sadisme guette. Et Narcisse, le traître. Grandiose et terrifiante trinité que rien ne peut racheter, pas même l'amour puisque l'amour, ils le dévoient et le salissent: celui de la mère pour son fils et du fils pour sa mère, celui de l'amant pour l'amante, celui du peuple et de la patrie...

Quelle force, quelle intensité dans "Britannicus". Quel souffle aussi, quelle sensation d'étouffement. Et dire qu'ils ne l'ont pas aimé en 1670...
Commenter  J’apprécie          140
Racine Jean – "Britannicus" – Folio classique, 2015 (ISBN 978-2070466627)

Cette tragédie est axée sur un personnage historique, l'empereur romain Néron qui régna de 54 à 68 ap. J.C., resté dans la mémoire collective comme l'un des pires tyrans de l'histoire du monde occidental. Racine choisit de le montrer non pas à la fin de sa triste vie, mais au moment où, après un début de règne fort prometteur (période pendant laquelle il est encore sous l'influence de son précepteur Sénèque, son mentor Burrus et sa mère Agrippine), il s'empare réellement du pouvoir pour commencer à sombrer dans une folie sanguinaire. En effet, l'auteur n'a aucunement besoin de s'étendre sur les exactions les plus marquantes jalonnant cette fin de règne (comme par exemple les persécutions contre les chrétiens ou l'incendie de Rome), puisqu'à son époque, tout aristocrate (son public prioritaire) un tant soit peu éduqué connaît son histoire romaine sur le bout des ongles.

Le trait de génie de Racine consiste donc à illustrer le moment où le pouvoir bascule, en mettant en scène un affrontement entre deux monstres : Agrippine, la mère qui a probablement assassiné son mari, l'empereur Claude, pour écarter l'héritier légitime Britannicus et imposer ce Néron, qui va justement éliminer toutes celles et tous ceux qui l'ont porté au pouvoir, comme tout dictateur qui se respecte. Pour faire bonne mesure, il ajoute le fourbe Narcisse…

Je me limite ici au suivi de l'affrontement entre Agrippine et Néron, mais il convient aussi d'apprécier la subtilité des intrigues parallèles (la fourberie de Narcisse, le retournement de Burrhus, l'idylle entre Britannicus et Junie etc).

Agrippine ouvre le récit, ses lamentations et sa rage alimentent tout l'acte premier : elle connaît bien son fils (vers 35-38) :
« Il se déguise en vain. Je lis sur son visage
Des fiers Domitius l'humeur triste, et sauvage.
Il mêle avec l'orgueil, qu'il a pris dans leur sang,
La fierté des Nérons, qu'il puisa dans mon flanc. »
La césure des vers 37 et 38, juste à l'hémistiche, donne une force dramatique typiquement racinienne.
Le portrait d'Agrippine se précise aux vers 90-96 (voir citation). Elle décèle sa prochaine chute dans une anecdote narrée en douze lignes magistrales (vers 99-110) et démasque la manoeuvre de Néron (vers 249-250 puis 275-276)
« À ma confusion Néron veut faire voir / Qu'Agrippine promet par delà son pouvoir. »
« Et qui s'honorerait de l'appui d'Agrippine / Lorsque Néron lui-même annonce ma ruine ? »

Burrus esquisse la problématique de l'opposition entre la personne privée et la personne publique de l'empereur (vers177-182) puis de Junie (vers 239-244).

Néron, clé de voûte de la pièce, n'apparaît pas avant l'acte deux, scène deux. Et par quel biais ! Racine nous le présente sous le pire éclairage, celui du sadique tombant amoureux de sa victime, qu'il sait éprise d'un autre, qu'il persécute, qu'il aperçoit dans un moment où elle s'abandonne aux larmes et au désespoir qu'il a lui-même provoqués (vers 386-406 voir citation), le tout culminant dans le vers 402 :
« J'aimais jusqu'à ses pleurs que je faisais couler. »
et le désordre de la passion se reflétant dans le désordre rythmique des vers 405-406 :
« Voilà comme occupé de mon nouvel amour
Mes yeux sans se fermer ont attendu le jour. »
Encouragé par le fourbe Narcisse, Néron poursuit en évoquant la nécessité de répudier son épouse légitime Octavie (vers 462-482), mais avoue qu'il tremble encore lâchement devant sa mère Agrippine (vers 483-510 voir citation). Il se promet au moins de se venger sur Britannicus (vers 522) : « que je lui vendrai cher le plaisir de la voir ».

Pour couronner cette présentation du personnage en son intimité, Racine lui fait prononcer une déclaration d'amour, qui est d'une goujaterie abyssale (acte II, scène 3, vers 527-572), témoigne de son mépris de la parole donnée à Octavie (vers 595-598 puis 619) et ne peut qu'horrifier la vertueuse Junie (603-610) : à l'époque de Racine, la parole donnée ne se reprenait pas, et le divorce était totalement incompatible avec une noblesse fondée sur la lignée ; le mot revêt alors une force insoupçonnable aujourd'hui.

Au passage, l'auteur glisse une de ces remarques aussi cruelles que réalistes destinées à ses contemporains (vers 641-642) :
« Absente de la cour je n'ai pas dû penser,
Seigneur, qu'en l'art de feindre il fallût m'exercer. »
Ce deuxième acte se termine par une scène d'une cruauté psychologique confinant au sadisme, Néron intimant à Junie l'ordre d'éconduire Britannicus, sous peine de le tuer si elle n'obéit pas, d'ailleurs il écoutera leur entrevue en se dissimulant (vers 661-746). Après quoi il explose de rage et de fiel (vers 747-756 voir citation). Noter combien la similitude de rythme des vers 755-756 (sextolet, triolet, triolet) renforce leur puissance évocatrice.

C'est Agrippine qui ouvre l'acte trois, encore plus rageuse que dans l'acte premier à l'idée que Néron puisse élever Junie au rang d'impératrice en lieu et place de cette Octavie qu'elle avait choisi – avoue-t-elle – précisément pour la voir s'effacer devant elle (vers 879-892).
Suit une confrontation entre le couple Britannicus-Junie et Néron, qui exaspère encore le ressentiment de ce dernier envers sa mère. Fort habilement, les intrigues mêlées dans ce troisième acte (il faudrait les disséquer une à une) vont amener la confrontation directe entre Néron et Agrippine, qui ouvre le quatrième acte.

Dès la scène deuxième, la confrontation éclate : Agrippine confesse sans vergogne ni repentir les crimes qu'elle a commis pour asseoir son fils Néron sur le trône impérial (vers 1115-1222), le plus dur résidant probablement dans la concession énoncée au vers 1129 :
« je fléchis mon orgueil »,
et le constat à la construction grammaticale sinueuse pendant trois vers aux sonorités sourdes, aboutit au quatrième vers d'une formulation nette et claire se terminant par un son «è» à la sonorité claironnante (vers 1197-1200)
« du fruit de tant de soins à peine jouissant
En avez-vous six mois paru reconnaissant,
Que lassé d'un respect, qui vous gênait peut-être,
Vous avez affecté de ne me plus connaître. »

Néron répond par une tirade moins longue (vers 1223-1257), mais d'emblée cinglante (vers 1227-1230) :
« Aussi bien ces soupçons, ces plaintes assidues
Ont fait croire à tous ceux qui les ont entendues,
Que jadis (j'ose ici vous le dire entre nous)
Vous n'aviez sous mon nom travaillé que pour vous. »
Avant de mettre habilement sa mère Agrippine dans la position d'accusée (vers 1254-1257) pour terminer en s'attribuant une posture magnanime (1295-1304) qu'Agrippine prend pour argent comptant.

Le spectateur est immédiatement informé de la fourberie de Néron, qui se confie à Burrhus : il veut éliminer son rival Britannicus, sans pitié aucune. Burrhus tente une dernière fois de le ramener à la raison, dans une tirade (vers 1337-1385) qui devait trouver une forte résonnance auprès du jeune Louis XIV encore fortement impressionné par la Fronde dont son père eut tant de peine à s'extirper. Hélas, Néron succombe aux flatteries du fourbe Narcisse.

L'acte cinquième s'ouvre sur la rencontre de Junie et Britannicus : ce dernier, naïvement, croit en une réconciliation avec Néron, tandis que Junie tente de le détromper en dressant un tableau féroce des courtisans, dans lequel bien des contemporains de Racine devaient se reconnaître (vers 1521-1526 voir citation).
Agrippine croit un instant avoir retrouvé sa place (vers 1583)
«Il suffit, j'ai parlé, tout a changé de face.»,
mais elle est immédiatement démentie : Néron a bel et bien fait empoisonner son rival.

La pièce pourrait se terminer par la tirade d'Agrippine (vers 1673-1692), dont les deux derniers créent un lien avec le spectateur sensé justement connaître le sinistre renom de Néron :
«Et ton nom paraîtra dans la race future
Aux plus cruels tyrans une cruelle injure.»

La pièce se termine, sans se terminer, le spectateur sait la suite (tout au moins à l'époque de Racine)…
Je n'ai ici retracé que l'intrigue principale, à grands traits, mais il convient – pour faire pleinement ressortir le côté magistral de cette pièce – d'apprécier également le tissu des intrigues secondaires qui viennent judicieusement, subtilement, alimenter et renforcer cet axe.
Cette pièce se lit et se relit inlassablement, tant elle fait écho – aujourd'hui encore – aux moeurs des puissants de ce monde… Depuis Néron, combien de Staline, combien d'Hitler ???

Commenter  J’apprécie          140
Britannicus, pièce de théâtre en 5 actes, qui se place sous le signe de l'Antiquité, dans la Rome de Néron, empereur tyrannique que Racine va dépeindre parfaitement.
On retrouve les mêmes enchainements que dans ses autres pièces, présentation des personnages, les amoureux qui arrivent, un traitre, un tyran, et les problèmes commencent où l'amour et les destins du royaume sont mêlés.

Je préfère ses pièces où les femmes tiennent la première place, Bérénice, Phèdre, Andromaque mais on y retrouve toujours ce qu'on aime chez Racine, les trahisons, les amours brisés, les deuils.
Et bien sur ses alexandrins et ces répliques qui font mouches !
Commenter  J’apprécie          130
Pièce que j'ai vue à la Comédie Française à l'époque où nous y étions souvent avec une amie parce que le poulailler ce n'était pas cher et que l'on aimait bien les classiques !

Alors bien évidemment j'ai eu du mal avec la lecture, la forme théâtrale de l'écriture me rebute et si ce n'était pour le Challenge Solidaire je ne l'aurais pas lu !

Dans cette pièce dont elle porte le nom, Britannicus est bien falot face à Néron et Agrippine, plus attachés au pouvoir l'un que l'autre ! Il ne peut se défendre de la cruauté de son frère par alliance et à ce “petit jeu” il perd !

Difficile de juger ces écrits donc pas de notation mais pour le souvenir de la représentation j'aurais mis 4*

CHALLENGE RIQUIQUI 2020
CHALLENGE SOLIDAIRE 2020
Commenter  J’apprécie          130
Quelle langue ! Comment ne pas s'extasier devant la beauté de la langue de Racine ? J'ai pris un véritable plaisir à savourer chaque vers, chaque tournure. Ce qui était d'autant plus agréable que la pièce est intéressante et accessible. Peu de personnages, des enjeux clairs et énoncés, de l'amour et de la rivalité, des liens de parenté difficiles, bref, tout pour captiver !

On a ici une pièce classique par excellence, qui ne mérite pas de grandes explications pour être comprise, et qui donne même envie d'aller se renseigner sur les personnages historiques. Sans compter la simple beauté du parler, c'est une pièce que je relirai avec plaisir.
Commenter  J’apprécie          120




Lecteurs (7991) Voir plus



Quiz Voir plus

Racine - Britannicus

En quelle année la pièce a-t-elle été représentée pour la première fois ?

1666
1667
1668
1669

10 questions
310 lecteurs ont répondu
Thème : Britannicus de Jean RacineCréer un quiz sur ce livre

{* *}