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Mosshegh Abrahamian (Traducteur)
EAN : 9782358480055
392 pages
Bleu autour (25/03/2009)
4.33/5   9 notes
Résumé :

Fresque épique, écrite en 1880 et parue à l'origine sous la forme d'un feuilleton, ce roman majeur de Raffi permet de saisir le contexte de la fin du XIXe siècle où se joue le funeste destin des Arméniens.

Il s'ouvre sur les massacres perpétrés par les Turcs et les Kurdes en Anatolie durant la guerre russo-turque de 1877-1878.

Mais l'essentiel tient en un long retour sur la montée de l'oppression subie dans leur vie quotid... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un ouvrage écrit par un arménien en 1880 et récemment traduit en français. Inutile de préciser que cette fois, les ottomans n'ont pas le beau rôle. Il s'agit d'une histoire édifiante du peuple arméniens et plus particulièrement des événements qui vont figer son destin et qui prend racine dans l'énième guerre russo-turque des années 1877-1878.

Les premiers chapitres sont d'ailleurs consacrés au siège de Bayazid au confluant des frontières russe, turque et perse. Mais l'essentiel du livre décrit la vie des bergers arméniens malmenés par les Kurdes sous le regards complice des quelques turcs ottomans présent dans ces confits montagneux, arides et quasi désertiques très éloignés du monde.
Ce n'est pas le cas de l'auteur qui semble à la fois bien connaître le pays dont il parle (normal me direz vous) mais être également au fait des pratiques, usages et coutumes de l'Europe occidentale; Paris est souvent cité et les références précises et explicites à la vie parisienne jalonnent le récit comme s'il s'adressait à un lectorat français alors que cela n'était vraisemblablement pas le cas car la première traduction date de 2007.

Il s'agit donc d'un roman édifiant. Un livre qu'on est surpris de ne pas vouloir quitter tant le récit coule tout seul. On découvre un univers très différent de celui issue de notre culture mais qui permet de bien comprendre comment le Levant fonctionnait encore à cette époque pourtant avancée. On y voit les lignes "d'équilibre" méta-stables entre les différentes composantes d'une société cosmopolite. le regard Arménien et surtout moderne fait ressortir toute l'injustice et l'oppressante condition d'une société qui n'a pas su évoluer et qui, perclus dans ses fonctionnements archaïques, transforme sa tolérance initiale en intolérable soumission.

Pas la peine de le préciser, l'auteur n'y va pas avec le dos de la cuillère. Pas la peine d'y rechercher les nuances d'une idéologie qui sous couvert d'humanisme fait la promotion du nationalisme et fige les esprits dans d'insupportables positions ne pouvant que conduire au conflit et dégénérer au point de ressembler à de véritables guerres civiles avec leur lot de massacres et de vendetta aussi injustes que dramatiques mais aussi pathétiques. Car après tous, un Kurdes est-il autre chose qu'un Arménien convertis à l'Islam ?

Pourtant, malgré la gravité du sujet et son aspect "didactique" à l'intention du peuple (nation ?) Arménien(e), le livre est animé d'un ton léger et fluide. Et même s'il prend le temps de dire les choses comme on le disait au XIXè siècle, il n'est pas plombé par d'insupportables descriptions et les digressions sont minimes pour ne pas dire inexistantes. En gros, il se lit très bien et j'avoue l'avoir dévoré tant les personnages paraissent profonds et crédibles malgré une trame manichéenne bien dans le ton de son époque et une fin poussive.

J'ai naturellement tendance à me méfier de ce qui est vendu sous l'étiquette "Arménie". Je suis assez récalcitrant aux sollicitations de la "diaspora" arménienne et surtout à son discours et à l'acharnement à culpabiliser les turcs modernes sur leur "génocide" de 1915. Rien à voir avec mon éventuelle trucophilie dont il faudra encore faire la preuve. Je suis simplement gêné car si j'applique à la lettre ce qu'on attend de moi en tant que français dans cette affaire, ne devrais-je pas aussi l'exiger des État-Unis vis à vis des innombrables nations indiennes sciemment massacrées ?
En plus je ne comprend pas ni n'aime cette façon d'utiliser L Histoire : J'ai des voisins allemands qui sont encore venu manger à la maison la semaine dernière. Nous nous sommes bien marré et avons passé un bon moment. Aurais-du leur rappeler que mes grands-parents ont vu depuis leur fenêtre la fumée s'élever d'Oradour sur Glane le 10 juin 1944 ?

En plus, lorsqu'on y met le nez, on s'aperçoit que les choses ne sont pas aussi simples que le discours qu'on nous rabâche à longueur de télé. Les "Arméniens" sont généralement satisfait de se laisser ainsi instrumentaliser par des gens qui n'en ont pas grand chose à faire d'eux et de leur "génocide". Tant mieux pour eux mais moi, j'ai une tendance naturelle à me méfier lorsque je commence à voir les ficelles qui tentent de me faire bouger ne serait-ce qu'un sourcil. J'y peut rien, c'est comme ça. du coup, je suis méfiant lorsque j'entends le mot Arménie.

Ici, même si on peut se demander pourquoi le bouquin sort maintenant en français, il est particulièrement intéressant car il fut écrit avant ces événements qui brouillent la mémoire et le discernement. Même avec son parti pris, on arrive à se faire une idée plus seine et claire de la situation. C'est aussi l'occasion de découvrir une société différente et d'en apprendre plus sur son fonctionnement relativement complexe surtout si on sait prendre le recul nécessaire.

Si vous êtes pro-arménien vous y trouverez plein de bonnes raisons de continuer à l'être. Si vous êtes pro-turcs vous y trouverez plein de contre vérités historiques et un parti pris hors pair ainsi qu'une rhétorique extrémiste qui occulte tout ce qui pourrait à l'encontre de sa thèse. Si vous avez beaucoup de recul ou que vous ne partagez pas le moindre atome de passion dans ce conflit, vous serez apprécier un récit enlevé, claire à défaut d'être concis, et une formidable occasion de plonger dans le creusé du/des nationalisme(s) du XIXè siècle et plus généralement vous apporterez une nouvelle pierre à votre culture pour comprendre comment les nations se sont formées et quels leviers et point d'appuis ont été sollicités pour cela.
De toute manière, ça se lit très facilement et vous n'y perdrez que peu de temps. La fin est cependant brouillonne et je me suis surpris à m'ennuyer ferme alors que je n'avais pas eu ce problème avec tout le reste du livre. Il semblerait que les événements historique ne soient pas tous allés dans le sens qu'aurais souhaité l'auteur ce qui le gêne un peu. C'est poussif mais la partie anticipation finale est assez intéressante cependant pour mieux comprendre certains état-d'esprit contemporains.

Un petit regret : peu de description des costumes locaux. C'est rageant pour quelqu'un qui voudrait s'inspirer du contexte pour faire quelques scénarios dans le ton (une troupe de kurdes allant enlever une belle arménienne, des policiers turcs à la poursuite de contrebandiers russophiles ...)
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Raffi , le clone arménien d'Alexandre Dumas ?
Sur un fond historique (la guerre russo-turque de 1877-78 et le massacre d'Arméniens) se déroule sous nos yeux une sorte de roman d'aventure.
Pour dénoncer ce qu'ont subit les arméniens de cette époque, Raffi s'appuie sur la saga d'une famille arménienne dont le chef est maire du village et sur les relations de cette familles avec différents acteurs turques, kurdes,russes.
J'ai dévoré ce roman par ce coté aventure tout en récoltant des informations pour comprendre un peu l'état de cette région avant le génocide arménien qui aura lieu quelques années plus tard.
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Le roman le plus populaire de Raffi, le "Victor Hugo arménien". le livre chevet des partisans arméniens, les "fedais". Un succès mérité certes mais le roman est on ne plus binaire. Les très gentils Arméniens humiliés, massacrés, persécutés d'un côté, et les très méchants Kurdes, plus que les Turcs, des brutes épaisses sans foi ni loi, de l'autre. Au fil des pages, le lecteur est hors de lui, tant l'oppression et l'injustice sont insoutenables. ça finit tout de même sur une note d'espoir.
Raffi fut un auteur prolifique. Un autre de ses romans a été traduit en français, c'est Samuel, considéré comme son chef d'oeuvre. L'intrigue est bien plus riche et subtile. Sa lecture est certes plus exigeante sans être difficile, mais on en sort en ayant saisi ce qui fonde la nation arménienne. Je le conseille donc aussi vivement la lecture de Samuel.
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