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3,88

sur 1859 notes
Je retrouve ce roman dans ma bibliothèque et j'ai eu envie de le toucher, de l'ouvrir tellement j'avais aimé ce livre lu il y a une dizaine d'années. "Syngué sabour" cette "pierre de patience" m'a marqué et je me souviens encore de ce huis clos. C'est une lecture dont je ne suis pas sortie indemne car Atiq Rahimi nous montre la guerre en Afghanistan à travers la voix d'une femme. Et cette musulmane qui veille son mari dans le coma est d'abord une femme.
Alors que son chapelet et le Coran l'accompagnent on se rend compte que ce n'est pas la religion qui l'oppresse mais les hommes qui la pratiquent.
Sous les bombes, elle se dévoue pour soigner son mari qui la maltraite depuis son adolescence. Car les filles n'ont pas le choix. Alors qu'il ne peut pas s'exprimer, elle va prendre la parole pour la première fois et lui dire ce qu'elle ressent mais aussi lui parler de ses rêves et de ses fantasmes.
En faisant cela, elle dépasse les tabous imposés par la société et les traditions.
C'est le premier livre de Atiq Rahimi écrit en français. Il mérite vraiment son prix Goncourt d'autant plus qu'il a été écrit à la mémoire de N.A.- poétesse afghane sauvagement assassinée par son mari - et dédié à M.D.


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Ces deniers temps, je ressens moins le besoin de lire des polars ou des thrillers, pourtant ce que je lis me bouleverse bien plus. Même si je sais que c'est de la fiction, je sais aussi que le décor est bien réel. La littérature dite blanche, est bien plus sombre qu'il n'y parait, c'est même dans ce genre de littérature que j'ai fait mes plus belles lectures. Je lis de moins en moins de polars, j'ai besoin d'être ancrée dans une réalité. C'est assez étrange, certains lisent pour s'évader, moi aussi, mais j'ai besoin de ces romans noirs.

Ce qui m'a attiré en premier dans ce livre, c'est son titre ! Sabour m'a fait penser au mot en arabe qui veut dire patience, et qui, en fin de compte veut dire la même chose. La langue perse a les mêmes sonorités gutturales que l'arabe, ce qui m'a beaucoup intriguée.

Atiq Rahimi s'est glissé dans la peau de cette femme pour nous raconter, les désillusions, les violences, la guerre, mais sans jamais nous dire où elle se passe, pour donner une dimension plus grande au propos et ne pas l'enfermer à un pays. Même si on devine où l'auteur veut nous emmener.

Il donne la parole à celles qui n'en ont pas, à celles qui doivent se taire et il le fait avec une grande noblesse, puisqu'il s'efface en tant qu'homme, pour ne laisser que la femme s'exprimer. C'est un texte fort, rude, mais qui recèle une grande poésie par moment, c'est bien tout le paradoxe que met en lumière l'auteur, d'une littérature persane. C'est d'ailleurs le seul livre qu'il a écrit en français, peut-être une manière de s'extraire de sa langue maternelle pour pouvoir entièrement se laisser posséder par cette femme.

La tension monte peu à peu, de femme soumise, égrenant son chapelet, priant pour que son mari survive pour s'accrocher à la seule vie qu'elle connaisse, elle s'ouvre peu à peu et ses paroles douces, murmurées, se font insistantes, provocantes, elle hurle, sa rage à ce Dieu dont l'enfer est sur terre, sa haine à son mari, et son obscurantisme. Enfin libre, elle devient une femme.

En lui offrant une voix, Atiq Rahimi, donne à toutes les femmes opprimées, une perpétuelle reconnaissance pour qu'elles ne tombent pas dans l'oubli, et deviennent toutes des symboles : « Cette voix qui émerge de ma gorge, c'est la voix enfouie depuis des milliers d'années. »

C'est dur, émouvant, certains passages sont suffoquant, pourtant, on continue de lire, car on aimerait qu'une lueur d'espoir apparaisse. Jusqu'à la toute fin, on espère…

Un livre engagé, contre l'obscurantisme, l'extrémisme religieux, hommage à la poétesse afghane Nadia Anjuman, battue à mort par son mari.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Ce petit livre de 150 pages raconte la situation d'une femme Afghane qui, pendant que la guerre gronde au dehors, doit veiller son mari sous perfusion. Pendant qu'elle le soigne, elle lui parle de choses diverses alors qu'il est inconscient. Peu à peu, elle lui raconte même des secrets inavouables. Une sorte de révolte amère et sourde monte et elle prend goût à cette liberté nouvelle.

Ce livre m'a impressionnée. Il raconte sans fioriture, avec des phrases courtes, combien la parole des femmes a besoin d'être dite face aux hommes. le chemin pour y arriver n'est pas toujours très simple, vu les oppressions qu'elles subissent. Ce huis clos avec plusieurs rebondissements décrit aussi une situation de guerre en Afghanistan tout en montrant les injustices dont les femmes sont victimes.

Dans la façon dont il est écrit, il entretient une sorte de mystère, et j'ai eu l'impression que le point de vue était flottant, ce qui est d'autant plus renversant. J'ai adoré.
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Que dire de ce livre sinon que je l'ai aimé.
Ah ! Si... Je n'ai pu empêcher une petite pensée ironique pour ces jeunes femmes, nées dans un autre pays où l'égalité est un maître mot, qui revendiquent par leur tenue, et manifestent, leur "droit" à cette soumission.
Sans doute parce que, ainsi que le dit George Bernard SHAW, "Liberté implique responsabilité. C'est là pourquoi la plupart des hommes (femmes) la redoutent."
Et, pendant qu'elles défilent et s'insurgent... d'autres femmes, ailleurs, souffrent et, trop souvent meurent, en silence, pour le seul motif qu'elles ne sont pas nées avec une excroissance de chair entre les jambes.
Le monde est vraiment mal fait...
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En Afghanistan (ou dans un autre pays d'Orient) une femme veille et protège son mari, blessé d'une balle dans la nuque par un des hommes de sa propre milice. Il semble être endormi, mais est en réalité dans un coma profond, quasiment mort, depuis des semaines. C'est un héros de guerre, elle le sait et l'admire pour cela. L'imam vient la voir tous les jours et lui a prédit son réveil, mais elle ne sait pas si elle doit le croire, et surtout si elle le souhaite vraiment. En attendant, elle prie sans discontinuer, tout en s'occupant avec minutie de lui.
Au-dehors les combats font rage...la guerre approche. Elle veille sur son mari jour après jour, remplaçant sa perfusion, lui faisant sa toilette, tout en s'occupant de ses deux petites filles qu'elle n'autorise pas à entrer dans la chambre.
Mais il lui faut quitter la maison pour mettre ses filles à l'abri chez sa seule parente, une tante à la réputation sulfureuse, que son mari n'aime pas du tout. Son dévouement lui pèse, mais elle revient jour après jour.
Elle ne sait pas s'il l'entend mais peu à peu, s'enhardissant chaque jour davantage, elle va se confier à lui, au rythme des gouttes qui s'écoulent dans la perfusion...et de l'appel du muezzin. Elle se livre dans un long monologue et raconte son enfance, sa vie de jeune femme, faite de fréquentes humiliations, mariée très jeune à cet homme inconnu, en l'absence du principal intéressé, elle ne fera sa connaissance que trois ans plus tard. Mari violent et maladroit, souvent absent, elle ne fera que le croiser, et il lui fera longtemps peur, avant que peu à peu, elle apprenne à l'aimer. Elle formule à haute voix ses doutes, ses peurs, ses désirs et ses frustrations.
Il devient son "syngué sabour", sa pierre de patience, selon la culture perse et ce que lui apprend sa tante, cette pierre à laquelle il est autorisé de faire des confessions, jusqu'à ce qu'un jour elle éclate et que, la personne qui se confie, soit libérée pour toujours de ses tourments.
Après le temps des prières et de l'espoir, elle se met en colère et se révolte. Puis peu à peu renoue avec ses désirs, tabous dans sa culture, et se réapproprie son corps, humilié et caché trop longtemps. C'est alors en femme libre qu'elle s'exprime, elle devient même provoquante, attendant avec espoir qu'un jour son mari réagisse.

Ce roman a obtenu le Prix Goncourt en 2008. Je ne l'avais jamais lu, mais comme je l'ai trouvé cet été dans une boite à livre, c'était l'occasion que je le fasse. J'en avais beaucoup entendu parler lors de sa sortie, mais aussi lors de la sortie du film éponyme, adapté par l'auteur lui-même en 2013, avec pour co-scénariste, Jean-Claude Carrière.
Il s'agit du premier livre de l'auteur écrit en français, ces trois précédents romans ayant été écrits dans sa langue natale, le persan. Il dit avoir voulu aborder le sujet des tabous, dans un autre langue que la sienne.
Vous l'aurez compris, il s'agit d'un huis-clos qui se déroule dans la chambre où dort le mari. La femme déroule son long monologue sans que jamais celui-ci ne nous lasse. Peu à peu, le lecteur met une image sur son visage, imagine sa vie passée, le pays où elle vit. Elle n'a pas de nom, mais cela ne nous empêche pas de la connaître.
L'histoire de cette femme est poignante et l'auteur sait particulièrement bien décrire ce qu'elle ressent ce qui rend ses propos très touchants. La manière dont peu à peu la jeune femme s'approprie sa propre parole, sa vie, et même son corps est particulièrement émouvante. Elle aime encore son mari et redoute de le voir se réveiller et redevenir comme il était. Elle aimerait une vie plus douce avec lui ou alors préfèrerait la solitude et vivre sans lui...
L'ambiance est particulière car beaucoup de choses sont suggérés et non pas dites. Certains passages sont très réalistes, d'autres nous font penser que la jeune femme rêve, ou est tombée dans une sorte de transe, ou de folie passagère, et qu'elle parle toute seule à son mari absent, ou même déjà mort et le doute à ce sujet s'installe.
L'auteur dit avoir eu envie d'imaginer l'émancipation d'une femme, sa révolte face à la violence vécue par les femmes afghanes dans leurs propres familles.

Ecrivain et cinéaste, Atiq Rahimi est né en Afghanistan en 1962, où il est élevé dans une famille occidentalisée. Il fait ses études au lycée franco-afghan de Kaboul, ce qui explique qu'il maîtrise parfaitement le français. En 1973, son père et son oncle sont emprisonnés, puis ses parents s'exilent en Inde. Lui vit la guerre de 1979 à 1984, avant de se réfugier au Pakistan, puis de demander l'asile politique à la France. Son frère sera assassiné en 1989. C'est ce qui le pousse, dit-il, à continuer à écrire sur son pays.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Atiq Rahimi nous livre un superbe huis-clos avec son Syngué Sabour. Quelle merveille de livre. Même si le livre est dur par moment, ce fut un régal de le lire. Une fois ouvert, impossible de le refermer.

L'auteur nous plonge quelques jours de la vie d'une femme dans un pays en guerre, peut-être en Afghanistan ou ailleurs comme le dit si bien l'auteur. le lieu a d'ailleurs peu d'importance c'est cette femme qui est importante.
Obligé de restée près d'un mari plongé dans une sorte de coma, au milieu des ruines et d'une ville en guerre, elle va jour après jour se libérer et libérer sa parole pour livrer ses secrets un à un à cet homme, jadis dur et violent, qui ne peut plus rien, sauf entendre peut-être...

Cette femme est attachante et touchante et avec la folie qui semble monter en elle chaque jour un peu plus, c'est aussi la vie de toutes ces femmes qu'Atiq Rahimi nous permet d'effleurer.

Il y a une vraie puissance qui émane de ce livre et ce qui ne gâche rien, j'ai adoré le style.




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Huis-clos afghan en temps de guerre
Dans la chambre dépouillée d'une maison entourée du fracas de la guerre, une femme veille son mari : il a reçu une balle dans la nuque et gît sans connaissance, alimenté par un goutte-à-goutte. Elle est terrifiée car sa vie ne tient qu'à celle de son mari et s'il meurt, il signe par là son propre arrêt de mort. Patiemment, elle le soigne et le lave en priant. En priant pour qu'il ne l'abandonne pas et sorte du coma… Peu à peu ses prières prennent la forme d'un long monologue dans lequel elle expose sa vie et le sort misérable des femmes afghanes, intimement lié à celui de l'homme, lui-même emprisonné par des coutumes séculaires aliénantes. C'est toute la misère d'un peuple qui jaillit de ce monologue aux accents de colère, de tristesse ou de dépit.
J'avais moyennement apprécié ce texte sec et dépouillé qui évoquait un huis-clos théâtral ; je suis allée voir le film mis en scène par l'auteur lui-même et j'ai adoré la réalisation extrêmement esthétique, qui m'a beaucoup plus touchée que le livre : l'héroïne y est bouleversante.
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J'ai lu ce livre parce que beaucoup de personnes avaient envie d'en parler autour de moi...
J'avais aussi déjà pas mal lu à son sujet, trop peut-être, alors j'ai mis un peu de temps à l'acheter et il a trainé sur ma PAL un moment...
Que dire de plus que ce qui a déjà été dit ou écrit sur ce livre... La tâche est toujours un peu difficile dans ce cas là...
Je confirme que c'est un livre que l'on ne lâche pas une fois qu'on l'a ouvert...
L'écriture, très sobre, hachée, au rythme de la respiration d'un mourant, nous enferme petit à petit dans un huis clos infernal dont nous savons que l'issue sera tragique.
Mais laquelle ?
Un couple se retrouve réuni dans la douleur et la peur au milieu des décombres de la guerre qui continue son oeuvre à l'extérieur. L'homme est sans doute mourant, et a sombré dans le coma suite à une blessure au combat. La femme est à son chevet et rythme ses journées entre soins du corps au malade et prières.
Petit à petit la prière va se muer en parole de femme. Cette parole tentera dans un dernier élan vital de venir combler le vide sidéral de cette relation avortée qui ne s'est déclinée qu'au diapason de la violence, de l'humiliation, du silence et de l'obéissance aux lois sociales et religieuses.
Le corps inerte de l'époux deviendra pour cette femme sa "Syngué Sabour", pierre à qui l'on confie ses peines, ses pleurs, ses heurs et ses malheurs jusqu'à ce qu'elle explose pour nous en libérer.
La femme se livre et se délivre, s'affirme doucement et prend confiance. Elle prend conscience de la vie qui fut la sienne et de l'atroce gâchis que fut leur vie de couple... Ses paroles la libèrent et elle pense tout autant qu'elles vont le réveiller...
J'ai cru avec elle au pouvoir des mots, à la puissance de la parole de vérité... Jusqu'à la fin, que j'ai trouvée terrible et absolument désespérée.
L'homme qui a su faire entendre ce cri étouffé des femmes niées jusqu'au plus intime de leur être a écrit un grand livre,
tout le monde le dit!
des liens et une vidéo sur le blog
Lien : http://sylvie-lectures.blogs..
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Ce livre est d'une grande force, il m'a bouleversée, cette histoire peut paraître banale au premier abord. L'histoire d'une femme qui assiste son mari gravement blessé, rien que cela peut toucher. Une femme qui essaye de maintenir son mari en vie avec des moyens rudimentaires dans un pays en guerre. Mais ce qui m'a le plus touché, c'est le fait que cette femme ne peux s'exprimer et dire ce qu'elle a sur le coeur que parce que son mari est dans le coma. Je me demande combien de femmes de par le monde sont dans son cas, réduites à des pierres de patiences.
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L'histoire d'une femme et de sa patience, le rythme est donné dans les premières pages et il se compte en respirations. le roman est fort dès le départ et s'intensifie, l'auteur nous apprend la patience en même temps que notre héroïne. 20 respirations pour écrire cette intro.

On la découvre peu à peu au travers de son quotidien peu banale, les bombes qui tombent au loin. 10 respirations de plus. L'homme à qui elle consacre ses journées et ses pensées, elle cale même sa respiration en fonction de celle de son mari, comptant, priant pour avoir plus qu'un souffle. 28 respirations et quelques ratures.

Dès le départ elle est montrée comme une femme forte, j'aime bien la tournure de phrase qu'utilise Latina « La femme musulmane dans toute son intériorité splendide face à l'homme diminué et muet », cela résume parfaitement mon ressenti sur l'oeuvre.
Je préfère ne rien écrire sur la suite du roman, préférant vous laissez découvrir aussi leurs parcours. Je reste sur le début du livre, j'ai été touché par cette femme et pourtant nous n'avons rien en commun, par son mari aussi et s'il avait été écrit dans un autre ordre mon approche de ce couple aurait été totalement différente. le livre doit avoir environ 10 ans mais semble d'actualité, si je n'avais pas su que c'était un roman je l'aurais pris pour une histoire vraie. Atiq Rahimi m'a fait retenir ma respiration plus d'une fois, il m'a marqué au point de devoir faire une pause quelques jours après avoir terminé ce livre.
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