Le banc d'école bleu ciel

Incontournable Avril 2023

Voici l'histoire d'Aria, une jeune afghane qui a perdu une jambe, et qui réintègre l'école pour la première fois depuis son accident. Avec sa nouvelle prothèse, elle se trouve dans une position fâcheuse, car la classe se fait au sol. Elle a beau faire, aucune position n'est confortable. Ce qu'il lui faudrait, c'est un banc. Ses petites camarades de classe trouve l'idée audacieuse, car bricoler est plutôt un "truc de gars". Aria persiste et signe. Avec l'aide d'un menuisier sympathique qui leur loue son atelier et ses conseils pour un pain brioché, nommé Kaka Najar, Aria, sa mère et son frère élaborent une table dotée de bancs. Kaka Najar leur sonne même une peinture bleu ciel. "La couleur de la sagesse, de la paix et du courage". le nouveau banc réjouit autant sa créatrice que ses petites camarades, qui se disent qu'il en faudrait sans doute plus. Ça tome bien, il reste de la peinture bleu ciel dans le pot d'Aria, qui sait maintenant comment bâtir des choses.


Déjà, j'aime retrouver des histoires se déroulant ailleurs dans le monde et en littérature jeunesse, j'ai encore peu d'albums se déroulant en Afghanistan. le seul autre que je connais est d'ailleurs de la même autrice, il s'agit du "Bibliobus", illustré par Gabrielle Grimard. Il faut dire que nous ne sommes pas dans un décor de talibans oppressifs, plutôt dans un pays dynamique, coloré, avec des mosquées magnifiques.


Je me réjouis aussi de voir un personnage avec une prothèse. Là encore, il y en a peu dans nos représentations littéraires. ET Aria n'a pas perdu sa jambe pour des raisons accidentelles que l'on peut reconnaître facilement. Si je me fis au texte servi par l'autrice à la fin de l'album, des enfants afghans ( et d'autres pays) perdent des membres pour avoir toucher une mine antipersonnelle. Certaines ont même une forme et couleur attrayantes pour les enfants. Cette réalité est inconnu de nos pays occidentaux, mais est connues dans d'autres, dont l'Afghanistan, qui fait donc de la prévention dans les écoles pour apprendre aux enfants à distinguer les jouets des mines.


J'ai beaucoup aimé cette bande de jeunes filles aux jolies bouilles rondes, aux airs bienveillants. Je remarque qui si elles portent un voile, celui-ci ne leur cache pas complètement les cheveux.


Sinon, c'est une belle histoire sur l'importance de la débrouillardise, de l'intérêt d'oser, surtout quand le besoin est nouveau. Ce n'est pas parce qu,Aria est seule a avoir une prothèse que son confort est moins important que celui de la majorité et d'ailleurs, son idée va aussi profiter aux autres demoiselles. C'est aussi touchant de voir ce menuisier apprendre à une jeune fille à bricoler et ainsi transmettre son savoir.


Enfin, j'aime beaucoup la petite histoire autours de la couleur bleu ciel ( Azur). Associée à des concepts et des qualités, elle perd donc son côté "genré", qui est particulièrement agaçant parce que restrictif. le bleu a longtemps été la couleur des femmes , la Vierge Marie la première, mais je préfère son inspiration de paix, de courage et de sagesse. Et c'est une belle couleur pour des bancs dans une classe pas spécialement colorée.


Un bel album coloré à partager avec les lecteurs et lectrices à partir du préscolaire, 4-5 ans+