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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il neigeait fait partie de la trilogie consacré à la chute napoléonienne. Après le formidable « La bataille » qui racontait la défaite napoléonienne lors de la bataille d'Essling, justement récompensé par le Goncourt (un Goncourt de cette qualité ce n'est pas tous les ans), Patrick Rambaud s'attache cette fois à la retraite de Russie. Avec le même procédé, la Grande Histoire et ces principaux acteurs vu par le prisme des seconds rôles (tout est relatif, c'est quand même eux en première ligne). Et une nouvelle fois ça marche parce que Rambaud est un formidable narrateur, il décrit avec précision et véracité des instantanés de vie de sans grades qui payent le prix fort la mégalomanie de tyrans avides de pouvoir. Il nous captive par la justesse et la puissance de scènes sans en masquer ni les horreurs ni la cruauté. Et nous passionne avec la même force dramaturgique. Un grand roman historique.
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Une histoire de feu et de glace, le « Général Hiver » qui vainquit les troupes de Napoléon en 1812.

Au début, ce n'est pas le froid qui menace, mais plutôt le feu. Les armées impériales envahissent Moscou, une cité désertée de ses habitants, où des pièges provoquent des incendies qui ravagent la ville. Ce qui devait être une étape glorieuse, qui permettrait aux troupes de se reposer, de se restaurer et de profiter des richesses moscovites, marque plutôt le début du déclin de l'empire. Après le feu, c'est la misère, il n'y a plus rien à manger. Quand la retraite finalement est décidée, les hommes meurent déjà de faim et c'est le froid qui achève de les décimer.

Le roman historique dresse un portrait pas très flatteur de l'empereur dont les décisions douteuses ont parfois précipité le malheur. Un homme dont les soldats meurent par milliers et qui rêve encore de se rendre jusqu'aux Indes.

L'auteur ne s'attarde pas beaucoup aux émotions, sauf celles du jeune secrétaire qui aurait préféré rester bien au chaud à Paris, mais qui accompagne le baron Fain, presque un nom prédestiné pour qui n'a rien à manger…

Un roman qui ne peut que rappeler les horreurs et l'absurdité des guerres. Pourquoi ces centaines de milliers de morts ? À quoi bon vouloir étendre sans cesse un empire si c'est en y sacrifiant la vie de ses compatriotes ?

Un texte qui permet aussi de méditer sur le discernement des peuples qui portent au pouvoir ces idoles qui mènent les pays à leur perte…
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7 septembre 1812, l'armée russe abandonne Moscou, laissant les troupes françaises victorieuses défilaient dans les rues de la cité des tsars. Mais la prise de Moscou s'avère un cadeau empoisonnée : quelques jours après l'installation des français en ville, des incendies se déclarent partout et ravagent la capitale, réduisant les neuf dixièmes des bâtiments en cendres. Il faut quitter la ville, faire retraite vers la France mais des centaines de kilomètres séparent les troupes de la Mère Patrie, une étendue sans fin de boue, de forêts et de glace. « Il neigeait. » L'armée s'étale comme un long serpent sur les terres désertiques, laissant derrière elle une trainée de cadavres et de chevaux gelés. Les hommes avancent, l'estomac dans les talons, la peur au ventre. « Il neigeait, il neigeait toujours ! » le bilan sera glaçant : 200 000 morts, 150 000 prisonniers et cela sans compter les désertions. A la tête de cette armée en déroute, l'Empereur, spectre impassible et distant, regarde son peuple se faire dévorer vivant par l'hiver russe.

Après un premier roman remarquable sur la bataille d'Essling, Patrick Rambaud s'attaque à un gros morceau, digne des plus grands tragédiens : la retraite de Russie. Et avec quelle efficacité ! A travers les parcours entrelacés d'une poignée de personnages (un officier de cavalerie violent et bourru, son domestique plus ou moins dévoué, une troupe de comédiens, un secrétaire arriviste… ) Rambaud fait revivre pour nous l'un des épisodes les plus dramatiques des guerres napoléoniennes. Je n'ose dire « l'épopée » car il n'y a assurément rien d'épique dans cette longue suite de morts cruelles et de lâchetés. La descente aux enfers y est éprouvante, d'autant plus marquante qu'elle est épicée de nombreuses touches d'humour noir. La volonté de l'auteur de désacraliser le personnage de Napoléon Bonaparte y est évidente. Un peu trop même, s'il faut être équitable. de toute évidence, Rambaud nourrit un rapport conflictuel au personnage… Il le juge fascinant mais ne le porte pas dans son coeur, loin s'en faut. Son Empereur est un bouffon vaniteux, complétement coupé du monde qui l'entoure, assez semblable à celui mis en scène par Tolstoï. A lui dénier tout génie et même toute compétence, Rambaud finit par lui ôter toute crédibilité – c'est oublié que Napoléon a toujours été un homme capable de créer sa propre chance et pas seulement de se laisser porter par elle.

Ce petit bémol a légèrement entamé le plaisir que j'ai éprouvé à la lecture de ce passionnant roman, sans le gâcher pour autant. Si tous les romans historiques pouvaient être de cette qualité, quel pied se serait !
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2ème volet de la trilogie Napoléonienne de Patrick Rambaud, ce roman nous raconte la Campagne de Russie et la fameuse bataille de la Bérézina.
On y suit Napoléon et toute sa cour dans leur fuite.
Une fois de plus c'est en expert que Rambaud plante le décor et nous place au coeur des faits.
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"Il neigeait. On était vaincu par sa conquête
Pour la première fois, l'Aigle baissait la tête.
Sombres jours. L'Empereur revenait lentement
Laissant derrière lui brûler Moscou fumant".
J'avais appris en CM2 les dix premiers vers de "l'Expiation" qui commencent ainsi. Au lycée, j'ai découvert assez époustouflée au point de l'apprendre en entier ce poème-fleuve des Châtiments, en sept sections - la Retraite de Russie n'étant que la première, poème épique, tragique, présentant la Chute du Titan en plusieurs étapes, chute qui est une malédiction divine, la punition du crime originel de Bonaparte, son coup d'état du Dix-Huit Brumaire.
Patrick Rambaud connaît manifestement bien ce poème, puisqu'il reprend ce cadre de la Retraite de Russie et de la Bérézina, la neige, la nuit, le gel, les glaçons dérivant. Il commence d'ailleurs par contraste par la flamme, le rouge de l'incendie de Moscou. Ensuite, face à cette chaleur qui amollit les héros, les dégradant en pillards se vautrant dans le vin et le stupre, le roman bascule dans l'ombre, le froid et la mort.
Rambaud reprend certaines des images fortes, poignantes et visuelles de Victor Hugo : les "blessés s'abritant dans le ventre des chevaux morts", "les clairons à leur poste gelés", les canons brûlés pour récupérer le bois... Et surtout, on retrouve l'image d'une "procession d'ombres". Oui, "chacun, se sentant mourir, on était seul". Les régiments se disloquent, les liens professionnels, amicaux, amoureux même, ne peuvent plus exister dans cet enfer. Loin de l'épopée, c'est une vision d'horreur, au plus près des corps - sans nous faire entrer dans le secret des coeurs, il n'y a plus de sentiment quand l'homme perd toute humanité pour se concentrer sur la survie. Ce que Hugo formulait ainsi :
"Ce n'étaient plus des coeurs vivants, des gens de guerre :
C'était un rêve errant dans la brume, un mystère,
Une lente procession d'ombre sur le ciel noir".
Dans la lignée du courant historiographique de l'histoire-bataille, l'auteur nous plonge dans la mêlée, à échelle humaine. Il ne nous épargne rien, ni nez gelé, ni doigts coupés... Mais on ne lit pas le récit d'une bataille, seulement des "fantômes" harcelés par des Cosaques sans visage.
Et par contraste, Napoléon apparaît comme un homme "debout, qui regardait". Il regarde oui, mais ne voit pas. Il ne pense qu'à lui, qu'à son destin personnel qu'il associe à celui de la France et même de l'Europe. "Chefs, soldats, tous mouraient. Chacun avait son tour". Et lui passe dans sa berline, dispose de bois lors des bivouacs, de bains chauds, ne s'occupe pas de ceux qui meurent de faim et de froid à côté de lui et pour lui.
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Afin de bien comprendre l'expression "C'est la Bérézina!", je vous conseille de lire Il neigeait de Patrick Rambaud. La déroute des armées napoléoniennes pendant la campagne en Russie y est décrite d'une façon très réaliste, mettant en scène des militaires, des civils, une troupe de comédiens... tous victimes de cette horreur qui est la guerre. Ce qui rend ce roman historique intéressant, c'est cette combinaison de descriptions méticuleuses des évènements de la campagne russe avec une intrigue portée par des personnages très attachants, parmi lesquels Sébastien Roque, secrétaire de Napoléon, le capitaine d'Herbigny, Henri Beyle (Stendhal) et bien d'autres.
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Terrible récit de la démesure de quelques uns menant au malheur du plus grand nombre. C'est très bien écrit et bien documenté et cela en fait un roman historique puissant et un moment de lecture enrichissant.
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Il neigeait de Patrick Rambaud nous plonge dans l'épopée de la grande armée. Ces 500 000 hommes qui composent l'armée chargée de prendre Moscou. C'est chose faite, cependant, les évènements suivants ne vont pas se dérouler comme l'espérait Napoléon et la victoire se transforme rapidement en désastre, militaire mais avant tout humain. C'est la désormais célèbre retraite de Russie qui prend vie sous la plume de Patrick Rambaud et une chose est sûre : tous les protagonistes ne rentreront pas en France...

Ce livre s'inscrit dans la continuité du roman La bataille que je n'ai pas encore lu, toutefois il n'est pas nécessaire de l'avoir lu pour comprendre ce livre. Il neigeait est relativement court, seulement 270 pages pour retranscrire l'une des aventure militaire les plus incroyable.
La grande force de ce livre réside dans ses descriptions et sa réalité historique. On sent que pour l'écriture de ce roman, l'auteur a effectué de nombreuses recherches, qu'il a eu d'ailleurs la bonne idée de réunir dans une bibliographie en fin d'ouvrage. Au fil des pages on ressent très bien l'atmosphère qui règne dans la grande armée.
Cependant l'ouvrage a de nombreux défauts : les personnages mis en scène par l'auteur manquent de profondeur, on ne s'attache pas à eux peut-être du fait que l'auteur ne se focalise par sur un seul personnage ce qui aurait sans doute était mieux compte tenu de la courte taille du livre. Patrick Rambaud utilise ses différents personnages pour nous plonger à la fois dans la suite de Napoléon et à la fois au coeur des soldats.
Les scènes en présence de Napoléon manquent également du charisme qui l'a sans doute animé : à chaque fois que Napoléon parle c'est pour effectuer une erreur ou se plaindre. Certes le résultat de la campagne le prouve, mais l'on ne retrouve pas le côté leader du personnage. Enfin, la partie sur la retraite et les nombreux morts est à mon sens trop courte. En quelques dizaines de pages les soldats traversent toute l'Europe et les morts par milliers ne font pas ressentir d'émotion au lecteur car ils apparaissent comme des objets auxquels on ne consacre pas d'intérêt (ce qui est réaliste car il devait régner dans cette armée en déroute un sentiment de "sauve qui peut").

Je recommande toutefois ce livre pour les amateurs de romans historiques sur l'histoire napoléonienne, il s'agit la d'une belle approche du désastre de la campagne de Russie et permet d'en connaître les grandes lignes.
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Passionnant et "horrible". L'auteur m'a véritablement plongée dans la réalité de cette guerre de Russie, au-delà des chiffres et des dates qui ne rendent pas vraiment compte de la situation telle qu'elle a été vécue. On suit plusieurs personnages aux statuts et aux sorts très différents: plusieurs membres d'une troupe théâtrale française à Moscou, un secrétaire de l'Empereur, un capitaine de la grande Armée et son fidèle valet, notamment. Je me suis particulièrement attachée au capitaine d'Herbigny très véhément et attaché à l'Empereur, et ai été très peinée par son destin à la fin du livre. Un très bon livre qui relate bien le déroulement de cet évènement historique et nous en révèle la réalité dans toute sa cruauté.
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