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Ce roman est à classer dans ces « romans-poèmes » si caractéristiques d'une des manières de Ramuz.

L'amour du monde, un bien étrange titre pour ce roman, et un bien étrange récit que celui-là. Il a été pour moi le plus difficile que j'ai lu de l'auteur, bien plus difficile à cerner que Passage du poète ou Présence de la mort.

Dans une petite ville de la Suisse romande, vont s'entremêler les histoires d'un homme à l'apparence et l'accoutrement étranges et qui se prend pour le Christ, d'un autre tout aussi étrange, Louis Joël, perdu dans les souvenirs de ses voyages à travers le monde, et dont les récits fascinent les habitants, y compris les enfants, d'une femme éprise de lui sans qu'il lui prête attention, d'un garde champêtre dont la fille va entraîner son amant à voler dans la caisse , enfin de l'installation d'un cinéma qui ouvre aux habitants des fenêtres de rêve sur le monde. Et toutes ses visions nouvelles et parfois irréelles du monde vont bousculer ces petites gens de ce bourg enfermé par ses montagnes, et tout cela finira en folie et drame.

Le récit est construit par touches successives et les choses sont plutôt suggérés que racontées, ce qui ne rend pas toujours la lecture aisée, il faut prendre son temps, mais si on le prend, qu'on se laisse porter, c'est magnifique. Et, comme souvent chez Ramuz, toute la nature environnante, lac, montagnes, ciel, …participe de l'histoire, et la narration est quasi cinématographique.

C'est, une fois de plus, un récit d'une grande puissance d'évocation visuelle, et aux changements de rythme saisissants, un récit bien sombre dans lequel tous les protagonistes semblent progressivement pris dans un tourbillon de déraison.

Mais j'ai été bien perplexe pour en saisir le sens. L'amour du monde est- ce l'attraction par le mirage du monde qui bouscule la vie d'une communauté paisible et fermée et réveille la violence des humains, ou est-ce une sorte de récit symbolique du conflit entre rêve et réalité? Ou encore autre chose?
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Comment accéder aujourd'hui aux beautés -- bien cachées -- de "L'Amour du Monde " (1925) de C.F. RAMUZ ?

Soit par la commande d'un des petits exemplaires rescapés des éditions "Séquences" (Rezé-les-Nantes, 1990) disponible auprès de l'association "Les Amis de Ramuz", soit par celle d'un exemplaire aux éditions "Plaisir de Lire" (Lausanne), soit par l'achat de l'Intégrale des "Romans de Ramuz" en collection "La Pléiade" (Gallimard, Paris), tome 2 (2005)... soit encore par l'accès à l'une des trois "Intégrales" ramuziennes successives de H.-L. Mermod éditeur (Lausanne), ou des éditions "Rencontre" (Lausanne), ou -- la plus récente et complète -- de l'éditeur "Slatkine" (Genève)...

Un rien plus compliqué que de poser le dernier Nothomb sur le tapis roulant de la caissière de notre "Leclerc"...

La simple accessibilité d'un objet culturel conditionne aujourd'hui le moindre de nos actes quotidiens (comme la lecture)... l'influence d'une oeuvre et son aval : le contenu de nos pensées (ordinaires ou extraordinaires).

Voici sans doute pourquoi "notre monde" devient à la fois si moche et si peu aimé...

RAMUZ nous prouve tranquillement le contraire.
Ramuz aujourd'hui, c'est l'anti-Zemmour (*).
L'anti-vulgarité.
L'anti-tambourinnements médiatiques...
L'anti-exhibitionnisme.
L'anti-platitudes.
Ramuz, c'est la discrétion-même.

L'homme qui fait surgir d'une place déserte et ensoléillée aux heures chaudes de midi un doux toqué qui se prend pour Jésus... et qui s'avance vers nous... Les femmes du lavoir ont un doute : " Et si c'était quand même Lui? ".
Ironie bienveillante, ambivalence poétique : Ramuz aime les gens (... sans doute " quand d'autres aiment l'argent ! " comme disait je ne sais plus qui et on s'en fiche un peu...)

Ramuz aime --- comme nous -- la lumière du soleil autour des fontaines, l'eau de celles-ci faisant "un bruit de tambour", les femmes qui s'éloignent, l'absence de bruits de moteurs (une ville des bords du lac Léman en 1924...)

L'arrivée du cinéma muet dans un entrepot désaffecté... Dans la petite ville paisible, l'intrusion en douceur de "ces histoires qui nous changent"... qui nous changent le quotidien... qui nous changent en profondeur... cette toute-puissance de l'Imaginaire qui nous guette désormais au coin des ruelles (elles, pas forcément obscures).

Il ya aussi cet homme qui, ayant tant voyagé, revient enfin au pays... se met à raconter... se met à agrandir cet agrandissement du Monde, qui nous venait déjà des images projetées : noirs, grises et blanches, toutes chargées d'aventures lointaines et de d'amours fulgurantes...

Toute puissance de l'écriture poétique.
Ramuz en 1925.
Minéralité de ses 22 romans-poèmes...
A découvrir très vite !

(*) ou "l'anti-dépresseur"... ou le "Contre-Dépressogène-Généralisé" (C.D.G.), ou l'Anti-Houellebecq-Définitif (A.H.D.), ou le Spray-anti-Trierweiler" (S.A.T.), ou l'anti-"Bouquins-à-Blaireaux (B.A.B.), ou tout ce que vous voudrez... :-)
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Bien que peu connu, ce roman est l'un des plus aboutis et complets de Ramuz. Ce dernier y raconte l'impact de la modernité et des prémices de la mondialisation sur une petite ville de province. Pendant que la municipalité fait installer un cinéma, Joël, l'enfant du pays, revient d'un long voyage et raconte son expérience. Ces deux éléments vont apporter un léger vent de folie sur la petite bourgade.
Un roman à découvrir avec délectation.
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"On est une petite ville de quatre ou cinq mille habitants, pas plus. On vit entre soi, on sait qui on est. On a un petit monde à nous (...)"

Un dément se prend pour le Christ, un pérégrin désenchanté devient l'aède de l'exotisme et avec l'arrivée du cinématographe, une jeune Bovary s'imagine en héroïne de serial. Dans un bourg valaisan les âmes, les corps et les horloges se détraquent. Les fenêtres s'ouvrent, les esprits s'envolent.

Certes l'argument de ce délicat opuscule a vieilli mais le verbe ramuzien magnétise toujours son lecteur. Avec ses collages façon dada, ses télescopages du merveilleux et du prosaïque et sa phraséologie heurtée, le grand homme, décryptant cieux et flots, nous envoûte et on se laisse submerger par les tonalités, les nuances et les accords d'une langue aussi raffinée que rustique. Il y a quelque chose d'hypnotisant dans ce récit d'une infrangible mélancolie.

Ramuz en éternel pourvoyeur de beauté...
Lien : https://lavieerrante.over-bl..
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Un village, une communauté, normative, forcément, s'épiant, ayant du mal à accepter ce qui sort du rang, sans dénier une sorte de fascination au marginal, à celui qui laisse entrevoir un autre possible, une part du rêve. le rêve qui vient aussi sous la forme du cinéma, quelle que soit la qualité de ce rêve et ce qu'il entraîne comme conséquences.

Mais tout ce qui perturbe l'ordre habituel n'est guerre acceptable, et la normalisation se met en marche, laissant sur le carreau quelques victimes. On ne peut pas dire que ce soit follement optimiste. Une écriture brève, descriptive, comme filmique. Peut être que l'essentiel est dans le façon dont le récit se construit, à partir du rêve, de la réalité rêvée, du besoin d'imaginer autre chose que ce qui est là, au quotidien, et qui enferme.

C'est très particulier comme univers, Ramuz. Pas complètement ce que je préfère, mais c'est troublant.
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Quel magnifique roman sur la difficulté d'accepter les changements. L'inconnu fait peur. Cette petite bourgade qui pourrait être Lutry vit des bouleversements avec l'arrivée d'un cinéma, d'un voyageur au long cours et d'un illuminé. C'est poétique. L'écriture, difficile, est très moderne. J'aime beaucoup ce livre.
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