Comment accéder aujourd'hui aux beautés -- bien cachées -- de "
L'Amour du Monde " (1925) de
C.F. RAMUZ ?
Soit par la commande d'un des petits exemplaires rescapés des éditions "Séquences" (Rezé-les-Nantes, 1990) disponible auprès de l'association "Les Amis de Ramuz", soit par celle d'un exemplaire aux éditions "Plaisir de Lire" (Lausanne), soit par l'achat de l'Intégrale des "Romans de Ramuz" en collection "La Pléiade" (Gallimard, Paris), tome 2 (2005)... soit encore par l'accès à l'une des trois "Intégrales" ramuziennes successives de H.-L. Mermod éditeur (Lausanne), ou des éditions "Rencontre" (Lausanne), ou -- la plus récente et complète -- de l'éditeur "Slatkine" (Genève)...
Un rien plus compliqué que de poser le dernier Nothomb sur le tapis roulant de la caissière de notre "Leclerc"...
La simple accessibilité d'un objet culturel conditionne aujourd'hui le moindre de nos actes quotidiens (comme la lecture)... l'influence d'une oeuvre et son aval : le contenu de nos pensées (ordinaires ou extraordinaires).
Voici sans doute pourquoi "notre monde" devient à la fois si moche et si peu aimé...
RAMUZ nous prouve tranquillement le contraire.
Ramuz aujourd'hui, c'est l'anti-Zemmour (*).
L'anti-vulgarité.
L'anti-tambourinnements médiatiques...
L'anti-exhibitionnisme.
L'anti-platitudes.
Ramuz, c'est la discrétion-même.
L'homme qui fait surgir d'une place déserte et ensoléillée aux heures chaudes de midi un doux toqué qui se prend pour Jésus... et qui s'avance vers nous... Les femmes du lavoir ont un doute : " Et si c'était quand même Lui? ".
Ironie bienveillante, ambivalence poétique : Ramuz aime les gens (... sans doute " quand d'autres aiment l'argent ! " comme disait je ne sais plus qui et on s'en fiche un peu...)
Ramuz aime --- comme nous -- la lumière du soleil autour des fontaines, l'eau de celles-ci faisant "un bruit de tambour", les femmes qui s'éloignent, l'absence de bruits de moteurs (une ville des bords du lac Léman en 1924...)
L'arrivée du cinéma muet dans un entrepot désaffecté... Dans la petite ville paisible, l'intrusion en douceur de "ces histoires qui nous changent"... qui nous changent le quotidien... qui nous changent en profondeur... cette toute-puissance de l'Imaginaire qui nous guette désormais au coin des ruelles (elles, pas forcément obscures).
Il ya aussi cet homme qui, ayant tant voyagé, revient enfin au pays... se met à raconter... se met à agrandir cet agrandissement du Monde, qui nous venait déjà des images projetées : noirs, grises et blanches, toutes chargées d'aventures lointaines et de d'amours fulgurantes...
Toute puissance de l'écriture poétique.
Ramuz en 1925.
Minéralité de ses 22 romans-poèmes...
A découvrir très vite !
(*) ou "l'anti-dépresseur"... ou le "Contre-Dépressogène-Généralisé" (C.D.G.), ou l'Anti-Houellebecq-Définitif (A.H.D.), ou le Spray-anti-Trierweiler" (S.A.T.), ou l'anti-"Bouquins-à-Blaireaux (B.A.B.), ou tout ce que vous voudrez... :-)
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