Mauvais Sang, second long-métrage de Carax, tire son nom du second poème d'Une saison en enfer. Souvent comparé à Rimbaud, pour sa jeunesse, sa poésie et sa figure d'artiste maudit, Carax semble partager avec lui la même soif de vitesse.
L'omniprésence de Cocteau dans l'oeuvre de Carax dépasse les simples citations, puisque un sosie de Cocteau apparait dans Mauvais Sang, de dos. Dans ce même film, l'on retrouve une célèbre citation du poète dans la bouche de Michel Piccoli ("A l'impossible on est tenu", légère variation de l'originale). En outre, le cinéma de Cocteau demeure une source d'inspiration fondamentale chez Carax.
Les premières phrases du livre alimentent le propos inaugurale de Boy Meets Girl, son premier film ("Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste… Bientôt je serai vieux. Et ce sera enfin fini."). Le film contient une autre allusion à une phrase de Céline, très adapté à l'univers caraxien, et prononcée lors d'une conférence : "Au commencement était le verbe. Non ! Au commencement était l'émotion" D'autres références à l'auteur du Voyage se retrouve au fil de ses films. Hasard ou non, le nom de Céline désigne une rue dans Mauvais Sang et le personnage d'Edith Scob dans Holy Motors, quand Destouches est le nom du peintre de Boy meets Girl.
Unique adaptation d'un livre de Carax, ce roman de Melville sera renommé Pola X à l'écran. Histoire d'un romancier tourmenté, le parallèle avec la trajectoire de Carax, jeune cinéaste prodige devenu paria sera relevé. Le cinéaste dira de ce livre qu'il "pose les bonnes questions".
Le roman de Musil rejoint celui de Melville sur le thème de l'amour fraternel. Carax s'est inspiré de l'Homme sans qualité dans l'adaptation de Pierre ou les Ambiguïtés. De plus, il se plait à citer Ulrich, le héros de Musil : "On ne peut en vouloir à son époque sans en être immédiatement puni".
L'auteur suisse est cité à deux reprises dans Mauvais Sang, notamment à travers la très belle phrase : "il y a des moments où rien ne peut être changé sans quoi tout change, des moments où rien ne peut être dénoué de nous sans quoi tout est dénoué".
"Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour" est cité dans Strangulation blues. Le personnage de Paul s'interroge sur l'origine de cette phrase : s'agit-il de Reverdy ou de Cocteau citant Reverdy ?