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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Et si au lieu d'élire tous les cinq ans un monarque impuissant tout juste bon à distribuer récompenses et prébendes à ses amis et obligés, les Français comme nombre de leurs voisins européens décidaient de remettre sur le trône de France le descendant des Bourbon? Idée farfelue, irréaliste...ils ne le décideront pas, les laïcs y veilleront; mais si l'héritier porté par de puissants personnages, à défaut de régner sur les Français, régnait sur la France éternelle à l'issue d'un couronnement aussi secret que conforme à la tradition du sacre de ses quarante prédécesseurs ?
Jean Raspail imagine cette fiction du couronnement d'un nouveau roi de France, ce qui permet au lecteur de découvrir ce qu'il est advenu des dépouilles royales profanées à la basilique Saint Denis en 1793; d'apprendre que l'épée de Charlemagne "Joyeuse" est visible de nos jours, que le "Saint Chrème" utilisé pour oindre le Roi au moment de son couronnement aurait pu finalement subsister alors qu'on le croyait détruit à la Révolution. Au minimum, ce roman donne envie d'aller visiter la basilique de Saint Denis où, dans un environnement hostile et dégradé, demeurent malgré tout les derniers restes de nos Rois et donc de notre Histoire.
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Avec "Sire", Jean Raspail livre un roman d'anticipation puisque son propos se déroule en 1999 - un 1999 imaginé en 1991, avec un Président de la république sans visage auquel est subordonné un Premier ministre qui va connaître une intéressante évolution. Laquelle? de républicain convaincu, il va être progressivement convaincu de l'évidence de la monarchie en France... et ce, à partir du 21 janvier 1999. Soit très exactement 206 ans après que Louis XVI a été décapité.

Quel est le propos de Jean Raspail dans ce roman? L'auteur imagine un certain Philippe Pharamond, et le peint en héritier du trône. Et le fait parcourir tout un jeu de piste qui le conduira à devenir roi. Roi de France, roi de son jardin, peu importe, l'essentiel étant qu'il soit dûment investi de la mission qui, organiquement, intimement lui revient. Au fond, c'est une affaire entre Dieu et le monarque consacré, ou du moins Jean Raspail la présente-t-il comme telle, certain que seule la monarchie de droit divin est digne de ce nom, tout le reste n'étant que dictature et despotisme.

Jean Raspail recrée ainsi tout un jeu de piste, à telle enseigne que l'on pense parfois au "Da Vinci Code" de Dan Brown. Mais si ce dernier livre un roman efficace reposant sur une énorme documentation, Raspail amène ici un roman certes plus exigeant, mais aussi empreint d'une culture historique immense qui colle à la peau de l'auteur comme une seconde nature, et surtout d'une immense sincérité. le jeu de piste conduira le lecteur à Reims, à Saint-Denis, à Paris, et le fera se souvenir de Pully, en Suisse; il partira à la poursuite de la Sainte Ampoule et de Joyeuse, l'épée de Charlemagne. Enfin, Jean Raspail fait un clin d'oeil à ses bons vieux Pikkendorff.

Certes, la magie des romans qui viendront plus tard (en particulier le formidable "Les Royaumes de Borée") n'intervient pas d'entrée de jeu, ce qui peut induire une certaine déception - je l'ai ressentie. Quelle magie peut-il y avoir, en effet, dans les dialogues entre un Premier ministre, Rotz, et son âme damnée, Racado, derrière les fenêtres de la Place Beauvau? Mais il faut faire confiance à Jean Raspail: il ne vous laissera pas en plan en matière de fantastique.

Qui est Pharamond, en effet? Il s'agit du premier roi de France, bien avant Clovis II, à la différence près que Pharamond est un personnage de légende. Dans le roman, son homonyme, âgé de 18 ans, apparaît comme un "pur". Pur, sans péché? Ce serait beaucoup dire: comme tous les jeunes gens brillants, il se joue des épreuves à l'école sans trop travailler, et fait figure de rebelle. Rien d'un Christ moderne! Il est en revanche certain que ce jeune homme dispose d'un charisme extrême. Sans cela, comment se ferait-il que toutes les portes, même les plus hermétiquement closes, s'ouvrent devant lui? Quelques signes ne trompent pas, à l'instar de cette couronne de fleurs de lys déposée sur la Place de la Concorde, sans qu'on sache qui a fait ce geste. Plus loin dans le récit, Jean Raspail use avec virtuosité de ficelles éprouvées du genre, par exemple en situant des événements dans un brouillard si dense et si localisé qu'on se demande s'ils sont réellement survenus, ou en faisant essentiellement progresser son action au plus profond de la nuit, quand tout le monde dort.

Le fantastique et le surnaturel sont du reste indispensables à un récit mettant en scène la royauté française. Une histoire de roi, en acte ou en devenir, fait en effet nécessairement référence à des contes d'enfance. L'étrange survient également dans la relation des événements historiques qui ont mené à la situation actuelle. Qu'on pense au destin de la Sainte Ampoule, objet indispensable à tout sacre, brisée, récupérée, perdue, retrouvée comme par miracle, ou à la présence mystérieuse de témoins un peu plus concernés que d'autres lorsqu'un a vidé les tombeaux des rois pendant la Révolution française. Cela, naturellement, sans compter le coup de pouce de Dieu lui-même qui, avec la complicité de milliers d'anges gardiens, organise une panne de courant sur toute la région parisienne (Paris inclus) pour signaler l'imminence du couronnement à toutes les personnes concernées. le signe choisi? Seules les maisons qui resteront éclairées sont concernées. Au terme d'un cheminement personnel, même Rotz est acquis à la cause, et se retrouve nuitamment à la basilique Saint-Denis, livrée aux vandales... une basilique gardée par Rose, Antillaise de 120 kilos qui parle tous les jours à Louis XVI, par-delà la tombe. Face à la puissance de ces événements dont on ne saura jamais s'ils sont vrais, l'ultime résistant, Racado, semblera bien dérisoire; il finit par se jeter dans la Seine, de toutes façons...

Comment, enfin, Jean Raspail parvient-il à rendre la monarchie sympathique? Comment arrive-t-il à intéresser son lectorat à un bonhomme appelé à devenir, finalement, le roi de son jardin? La ficelle est fort classique, grosse même, mais elle fonctionne à 200% dans ce récit. L'équipe qui entoure le jeune roi Pharamond est en effet constituée de jeunes gens, à commencer par sa soeur jumelle. Leurs équipées nocturnes à cheval ont quelque chose d'héroïque. L'auteur parvient même à rendre le petit entourage de Pharamond représentatif de la société française, noblesse, clergé, tiers état. Tous ces jeunes gens sont portés par la certitude qu'il leur faut accomplir leur destin. Face à eux, se trouve le Premier ministre, forcément âgé, forcément un fusible - l'image même de la fonction éphémère, surtout dans le système français. Rotz finira du reste par être persuadé du côté dérisoire du système dont il est un rouage. Ces aînés sont des personnages arrivés, qui n'ont plus rien à prouver, ni même de marge de progression. Les hommes de main de Rotz et de Racado sont eux aussi interchangeables: qu'on pense aux inspecteurs A. et B. - alors que tous les personnages de l'entourage de Pharamond sont dûment nommés.

Avec tout ça, on deviendrait presque royaliste... j'exagère; mais Jean Raspail produit ici un ouvrage finalement convaincant, magnifique, empreint de nostalgie certes, mais aussi de tout l'esprit très beau qui empreint la monarchie telle que la France l'a connue.
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Un livre étrange, fantastique. Je n'ai pas accroché à l'histoire, trop exaltée à mon goût, mais l'écriture est fantastique. Je crois que je le relirai juste pour ça!!!!
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Raspail en profite pour nous retracer avec émotion ce qu'il est advenu de la Sainte ampoule qui servait au sacre des monarques, nous replonge dans les affres de naissance de la République, au milieu d'un bain de haine qui valu le saccage des tombeaux des rois de France à la Basilique Saint-Denis ; enfin dans les protocoles et textes présidant aux sacres à Reims. Tout est réduit à l'essentiel, épuré du décorum boursouflé que pouvait procurer l'Ancien Régime. Raspail remonte au principe du sacre, dans le haut Moyen-Âge. J'ai lu ce livre avec passion et émotion. Pas par sentiment royaliste (quoique, après cette lecture ...), mais parce qu'on y voit un jeune homme porté par un idéal qui le dépasse et qui accepte une charge historique. Bien entendu, Raspail ne cache pas ses sentiments mais il ne se place pas dans la complaisance vis à vis des descendants des Bourbons. Il vise le principe éternel des nations et de leur conservation à travers L Histoire.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Bien mais on finit par sentir le système : personnage historique clandestin… Ici le vrai roi de France en 1999.
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