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EAN : 9782390181682
Chloe des Lys (24/05/2021)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Cécile décide de se séparer de Joseph, après qu'il ait embrassé une élève dans son école.
Alors que leur vie commune était harmonieuse, tout bascule brutalement. Ni l'un.e, ni l'autre n'envisageait ce qui leur arrive.
Quand il est parti, elle lui a rappelé qu'il s'était engagé naguère à écrire un poème sur l'orgasme. Il comprend qu'il y a là, peut-être, une voie pour renouer.
Il se retire en Haute Ardenne, dans une petite maison isolée. Là, il o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est avec un vrai bonheur que j'ai suivi l'auteur sur le "sentier vers le ciel"... Et quel bonheur ! J'ai goûté avec plaisir l'atmosphère de ce livre. le style est plaisant, j'ai particulièrement apprécié l'efficacité dans la sobriété. Un style direct. J'ai réellement pris mes bottes ou mes chaussures de marche, mes jumelles et mon appareil photo pour aller traquer les cervidés avec le héros du roman. Avec lui, j'ai découvert avec plaisir la brume, les couleurs bleutées, l'atmosphère humide et rafraichissante du petit matin, j'ai mouillé mes fonds de culotte sur les troncs couverts de mousse, à l'affût sans bouger. Et puis Emilie, plus vraie que nature. J'y étais dans son bistrot. Avec sa passion pour le foot, je m'y suis laissé prendre complètement... ! Il m'a juste manqué le crépitement des flemmes dans le feu ouvert et l'odeur tenace de la fumée qui vous colle aux vêtements. Et puis les réflexions philosophiques, les petites touches de tendresse et d'érotisme discrètement évoquées, l'évocation de l'orgasme féminin, j'ai été vraiment embarqué...! Merci à l'auteur, ce fut une lecture agréable, je suis rentré dans l'histoire avec beaucoup de bonheur !
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Merci de m'avoir permis de plonger dans cet univers! Je suis prête à chausser mes bottes de marche et à partir à la rencontre de la faune et de la flore de nos contrées.
Je l'ai lu rapidement car je voulais savoir quand prendrait fin, la torture de ce pauvre Joseph ! Il est attachant !
Cécile me semblait un peu plus froide, certainement suite à la blessure et à la remise en question de son couple.
La poésie est vraiment un domaine que je ne maîtrise pas mais surtout que je ne connais pas. Bravo à Gabriel !
Merci pour cette découverte.
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Je recommande ce premier roman de Gabriel Rasson. Les personnages principaux y sont à la recherche de sens dans leur vie et dans leur couple. J'ai particulièrement apprécié la place laissée à la Nature par l'auteur dans ce livre. Les personnages secondaires sont aussi attachants et atypiques. J'ai passé un chouette moment de lecture.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Après le petit-déjeuner, Joseph prend l’initiative et demande : « Tu as fait des photos, Jean-Paul ? »
Jean-Paul prend un moment pour répondre : « Des tirages, plutôt. J’ai quelques images du cerf polonais. »
« Tu me les montres ? » fait Joseph intéressé.
Jean-Paul dit, après une hésitation : « Tu veux voir ce que j’ai fait ? »
Joseph hoche la tête, sincère : « Oui, bien sûr, avec plaisir. »
Il y a longtemps qu’il n’a plus pénétré dans le studio de Jean-Paul. Dans son souvenir, la pièce est grande, prolongée par une véranda s’ouvrant sur le jardin. Dans ce lieu, la lumière varie en fonction des endroits où l’on se trouve ; cela a été voulu par le photographe. La disposition de l’espace a aussi été réfléchie pour exposer les tirages.
Jean-Paul est un photographe accompli. Il élabore avec minutie la prise de vue, envisageant le sujet, l’angle de vue, la profondeur de champ et l’exposition. Il a confié à Joseph que c’est le moment du cliché qu’il préfère, la suite étant essentiellement technique. Il traite ensuite les photos sur ordinateur et les imprime sur différents papiers, qu’il sélectionne en fonction du résultat recherché. Il est indispensable pour lui de maîtriser tout le processus. Du temps de l’argentique, il travaillait souvent en laboratoire : révélateur, bain d’arrêt et fixateur n’avaient pas de secrets pour lui et il passait des heures sous le halo orange de l’ampoule inactinique.
A proximité de la véranda, se trouve un énorme panneau, à usage de cimaise : il y expose les photographies qu’il juge les mieux réussies. Parfois, Danièle choisit des images qu’on retrouvera pour un moment dans le salon, ou ailleurs dans la maison. La décoration de la maison d’Orchis est mouvante.
Jean-Paul fait principalement de la photo animalière. Orchis-la-Vieille est parfaitement située pour cela : la forêt bien sûr, mais on trouve aussi quelques étangs à proximité de la maison, ainsi que de nombreuses prairies qui font mosaïque entre les bois, apportant une belle diversité de milieux.
Joseph sait que son ami est aussi un excellent portraitiste. Jean-Paul apprécie de saisir des visages, des petites scènes de vie, avec une prédilection pour les cafés et les magasins. En revanche, les paysages ne le motivent pas : «Tout ce que je fais est plat ! Comment font-ils pour donner ces reliefs, cette dimension spatio-temporelle, cette présence de l’air, je ne comprends pas ... »
La pièce a peu changé. Joseph essaie en vain de se rappeler quand il y est venu la dernière fois, car il est distrait par les images. Jean-Paul le précède et lui montre une photo du cerf polonais, qui est exposée à côté de la cimaise, sur un lutrin ; l’image est géante. « Sur du papier 60 x 40 », précise-t-il. Le cerf est pareil au souvenir de Joseph : un colosse. La photo est en noir et blanc, ce qui accentue son effet. Adroitement, Jean-Paul a forcé sur les contrastes et cela densifie le sujet. On voit le cerf en compagnie de cinq biches, décentrées, qui font vivre le tableau en apportant du champ. Le cadrage n’est pas conventionnel, mais est réussi, car le regard converge sur le cerf.
« J’aime bien ton cadrage, tu es sorti des sentiers battus. »
« Oui, j’aurais pu le cadrer autrement, pour satisfaire les attentes académiques des photographes des réseaux sociaux. Mais ces conventions m’ennuient. Parfois, tu vois, j’ai envie d’essayer autre chose. » Il s’anime. « Ils savent toujours où il faut placer le sujet de la photo, tu sais la règle des tiers, et tu as droit à des commentaires formatés. J’ai longtemps suivi ces préceptes avant de comprendre que finalement, il s’agit d’une application mécanique du nombre d’or à la photographie. En photo, je pense que ce n’est pas suffisant, même si c’est un référent à garder à l’œil. La question de la lumière donne une autre perspective à la chose. Dans le cadrage d’une photo, il faut tenir compte de la cadence de la lumière, de son ondulation sur l’image, tu comprends ? » Il sourit. « Je pense qu’il serait plus juste de parler de « nombre de cristal » en photo, comme ça tu as la dimension de la lumière qui entre en jeu et aussi sa diffraction. »
Joseph ne dit rien, il réfléchit à ce que vient de dire son ami. Joseph trouve qu’en effet, la lumière vibre sur la photo du cerf. On ne peut douter qu’elle a été prise à l’aube ; la gestion des ombres peut-être ... Tout contribue à évoquer l’avènement auroral de la bête.
« C’est superbe. Tu voudras bien me l’imprimer ? Je serais content de l’avoir. »
Il se déplace le long de la cimaise : cerfs, chevreuils, renards et blaireaux, tous photographiés avec recherche. Après avoir admiré les nuances de bleu d’un martin-pêcheur, il s’arrête devant les clichés de truites sauteuses. Joseph était présent lorsque Jean-Paul a fait ces photos. C’était sur une sorte d’écluse, que les truites franchissaient d’un coup de queue, réalisant un fameux bond dans le vide. Ils avaient passé la journée à discuter, admirant les sauts acrobatiques des poissons. Au retour, ils furent dépassés par un groupe de motards. Plusieurs étaient en couple sur leurs engins. S’ensuivit un discours de Jean-Paul, assez déjanté, sur « le cul des motardes, forme esthétique des temps modernes... » Joseph avait acquiescé, songeur.
Dans un autre coin, sont groupées les photos des enfants. Aurélie avec sa lourde crinière de lionne, qui sourit gentiment. Maxime tout content, un cornet de glace à la main. Et la petite Anna, ronde et réfléchie, avec ses grosses lunettes, déchiffrant un livre. A chaque fois, des ombres et des jours servent le récit de la photo. Le traitement des photographies, de la prise jusqu’au tirage, est l’œuvre d’un révélateur de lumière, qui rend mémoire à des fragments de vie.
C’est alors Joseph aperçoit la photo de Danièle. Le cliché est en noir et blanc, adouci d’une touche de sépia. Danièle y est de face, nue. Son beau visage nordique est pensif, comme interrogateur, hésitant ; on dirait qu’elle veut dire quelque chose au photographe et elle esquisse un geste de la main. C’était un bon instant pour déclencher. Les yeux clairs de Danièle semblent irradier. Ses pommettes saillantes et son menton doucement avancé sont soulignés car les cheveux sont attachés. L’image évoque, par certains aspects, « la Baigneuse » de Falconnet, quoique rien n’y soit caché. Le fond est lumineux, formant un contre-jour qui équilibre l’effet produit. Comme on voit tout, il s’en dégage un naturalisme cru, accentuant paradoxalement la fragilité de la femme ; Danièle a l’air réfléchi et on dirait qu’elle sort d’un rêve. Au total, l’image véhicule une vive émotion. Joseph ne peut en détacher les yeux.
« J’aurais dû la retirer, celle-là. » grommelle Jean-Paul, dans son dos.
« Et Dieu créa la femme ... » songe bêtement Joseph, sans quitter la photo des yeux.
« Eh, arrête de la mater ! » insiste Jean-Paul, affichant une moue sévère.
« Il faudrait savoir ce que tu veux. », répond Joseph placide.
« Que veux-tu dire ? ». Il semble intrigué.
« C’est une photographie magnifique, tu le sais bien, on y trouve un érotisme évident quoique détaché -ton regard en fait- et tu t’en es servi consciemment pour relayer le résultat esthétique... » Son explication s’interrompt ; il est essoufflé. Succède alors un silence hésitant, un flottement … Il reprend : « En résumé, c’est réussi et je suis tombé dans le panneau ! »
« Oui, il y a du vrai. » Jean-Paul ébauche un sourire. « C’est une belle femme … Mais je ne suis pas sûr qu’elle soit contente que j’aie fait cette photo. »
« Tu as bien fait, pourtant … », répond Joseph et ils se marrent enfin, se libérant de la tension du moment.
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Cécile observe Joseph à son insu. C’est une assuétude dont elle a conscience, mais elle s’en accommode et n’éprouve pas de gêne à s’y livrer. Elle a réussi à se convaincre qu’il s’agit d’un trait particulier de sa curiosité. Elle n’en est pas fière pour autant, car c’est un plaisir voyou.
Profitant d’un congé, elle se rend à la Callune et laisse sa voiture à distance. Il est encore tôt et le soleil se cache derrière l’horizon. Elle connaît les habitudes de Joseph et tandis qu’elle s’approche, glane dans ses souvenirs cette conversation :
« Ca ne te gêne pas de te balader à poil, dans la maison rideaux ouverts ? Tout le monde peut te voir ! »
« Mais Cécile, il n’y a personne ici, c’est ça qui est bien. »
A la vérité, Cécile aussi aime se promener toute nue, mais elle ferme les rideaux.
A présent, elle est en planque à proximité de la maison, assise au bout de la prairie, derrière la haie effeuillée par l’automne. Le télescope est fixé au trépied, en direction de la fenêtre de la salle-de-bains. Après une demi-heure d’attente, elle commence à avoir froid, car c’est une longue station le derrière dans l’herbe mouillée. Elle trompe son ennui en se remémorant les oiseaux vus à la Callune. Cela ne doit plus tarder, car le jour va se lever et il faudra s’en aller bredouille, pour ne pas se faire repérer.
Cette fois, la chance lui sourit : une lumière s’allume. Joseph entre dans la salle de bains. Il est vêtu d’un pantalon de pyjama et d’un T-shirt « Oregon Forever », qu’ils ont acheté ensemble dans un aéroport américain. Elle l’entrevoit se déshabiller, mais l’angle de vue n’est pas idéal. Quand il sort de la douche, elle le voit enfin distinctement ; comme à l’accoutumée, la vitre est ouverte et la buée n’entrave pas le regard. Elle le regarde dans la lunette, les cheveux mouillés, le visage régulier pensif, encore endormi, le torse étroit, le ventre grossi et le sexe. Elle ne sent plus le froid. Joseph s’approche de la fenêtre et regarde dehors, comme s’il avait perçu quelque chose. Elle distingue les yeux tristes. Elle tressaille et esquisse un geste involontaire, qui dérègle la longue-vue. Joseph reste figé quelques secondes et finit par s’éloigner de la fenêtre. La lumière s’éteint. Cécile se glisse derrière la haie et s’en retourne. En route, elle s’immerge dans ses pensées. Elle contrôle mal ses émotions et manque d’emboutir un hêtre dans une épingle à cheveu. Elle est consciente qu’en prolongeant la séparation d’avec Joseph, elle se sanctionne elle-même.
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Je recommande vivement ce premier roman qui vous plonge, notamment, en pleine nature, dand le coeur de la forêt en période de brâme. Belle découverte, merci!
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Vidéo de Gabriel Rasson
Interview de Gabriel Rasson au sujet de son premier roman "Sentier vers le ciel" - Editions Chloé des Lys. Interview, image et montage : Elisabeth Rasson.
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