Le point de départ de ce roman est le réveil d'un homme dans un hôpital en 1918 , un soldat retrouvé dans un trou d'obus à Verdun , et stupeur pour cet homme, il est incapable de donner son nom , il a oublié son passé, ne lui reviennent en mémoire, peu à peu , que des bribes de connaissances livresques et linguistiques puisqu'il parle aussi bien le français que l'allemand.
Commence pour Charles Hirsheim , son véritable nom , un parcours sombre , envoyé en hôpital psychiatrique , comme de nombreux soldats victimes de traumatismes nerveux, surnommés d'"obusite " et toujours suspects de simulation .
On découvre alors dans cette partie du livre, les traitements barbares à base d'électrochocs et de séances de faradisation effectuées en particulier par le Docteur Gustave Roussy, dont le nom est rattaché à des prouesses médicales toutes autres...
Ce jeune homme, bilingue et cultivé , qui ne se souvient que du nom de son camarade de tranchée, Maurice, tué sous ses yeux , intéresse grandement un officier
Joseph Durand qui va l'employer comme espion dans les milieux militaires allemands .
Une part non négligeable du livre est consacrée à des retranscriptions véridiques de réunions d'hommes politiques lors de la préparation du Traité de Versailles : l'américain
Woodrow Wilson, l'anglais, Lloyd George, le français
Georges Clemenceau et l'italien Orlando . cela permet de vraiment bien situer les enjeux de cette fin de guerre, l'esprit de vengeance de certains voulant démanteler l'Allemagne, faire payer les vaincus , ou leur offrir une porte de sortie honorable . Dans l'autre camp, coté allemand, on comprend aisément leur envie de revanche et le déni de la défaite .
Charles, sous l'identité d'un soldat allemand mort, Gustav Lerner part à Berlin et se retrouve à combattre comme officier dans la Division de fer , engagée dans la guerre de la Baltique .
Pour ce jeune homme, torturé par la recherche de son passé , avec des visions fugitives de la silhouette de sa mère dont il n'arrive pas à voir le visage , cette nouvelle peau qu'on lui fait endosser n'est pas qu'une enveloppe vide, ce n'est pas un robot envoyé dans les lignes ennemis mais un homme libre de ses pensées et puis, en Allemagne, une autre mère recherche son fils ... Qui est- t'il ? Charles dont il ne se souvient que par bribes , Albert comme il avait été baptisé lors de son séjour à l'asile ou Gustav comme ce soldat de nouveau sous le feu de la guerre qui fait resurgir comme des flashs d'autres actions guerrières ?
On laisse , dans ce premier tome cet homme déchiré en proie au doute et à la recherche de son identité profonde .
Une fois encore, un roman qui mêle des événements véridiques à la fiction et contrairement à ce que l'on peut penser, j'ai découvert avec effroi le traitement et les expérimentations sur les soldats transférés dans des "asiles " , balbutiement effrayant de la psychiatrie avec ses électrochocs et autres .
J'ai été happée par l'histoire de cet homme amnésique, encore jeune mais avec déjà un lourd passé et qui continue à être manipulé . J'ai un peu moins adhéré à l'histoire d'amour , même si cela rajoute à notre héros un orage émotionnel supplémentaire .
Il me reste à continuer avec le second tome qui entraine le lecteur vers les horreurs de la Révolution bolchevique , je vais laisser passer un peu de temps ...
Lu en Aout 2022