A ceux qui cherchent une histoire romancée de l'entre-deux guerre, qui veulent méditer sur ses conséquences stratégiques et diplomatiques, je ne peux que leur recommander cette lecture.
Cette édition est une intégrale qui inclut “
La danse des vivants” et son deuxième tome “
La traversée du Paradis”.
Le premier volet a davantage eu de succès, et pour cause : c'est dans ce tome que nous avons le plus de références historiques. L'aventure du héros est ponctuée d'entrevues entre Wilson, Clemenceau et Foch posant les fondements de la SDN.
A ce propos, le simple fait de découvrir qu'aucun des alliés n'avait la même vision du traité de Versailles est en soit très intéressant ; de façon très cynique, chacun réserve un sort différent à l'Allemagne en fonction de ses intérêts stratégiques ; ils n'envisagent à aucun moment une paix mondiale, ils veulent simplement préserver le rapport de force en Europe.
L'histoire principale (celle du héros), ressemble à s'y méprendre à celle de “au revoir là-haut” ; à cause de la mise en scène de la tragédie de la démobilisation (notamment quand le jeune homme se fait “tuer aux archives” et ne peut retrouver sa famille).
Le deuxième tome,
La traversée du paradis, apporte plus de consistance à l'histoire romancée. Elle se décline comme un grand roman russe : grâce à la multitude de personnages et aux intrigues dramatiques nouées les unes aux autres.
J'ai apprécié ce deuxième volet, parce qu'il met un point final à l'histoire individuelle de chacun.
En conclusion, la première partie est mieux maîtrisée ; je ne me suis pas senti autant d'affinités avec l'histoire en Union soviétique qu'avec l'espionnage des français sur les allemands. J'ai préféré la plongée dans les eaux troubles de l'espionnage et du contre-espionnage.
J'apprécie aussi le traitement à part égale de tous les protagonistes de tous les camps
après la guerre (les russes blancs, les bolchéviques, les socio-démocrates, les nostalgiques du Reich…), et surtout que l'on ne nous assomme pas avec une nouvelle histoire sur le NSDAP.
Je note tout de même que, dans les deux volumes, on rentre parfois dans le cliché grotesque : la mère du défunt allemand dont l'espion français prend l'identité devient rapidement, et sans difficultés, très affectueuse avec le remplaçant de son fils ; ses justifications sur ses sentiments sont bien maigres ; je me serai davantage attendu à plus de noirceur, comme dans les romans de
Erich Maria Remarque ; de même que les personnages sont assez candides (les gentils et les méchants sont faciles à distinguer).
Malgré que “
la danse des vivants” se suffit à soi-même en termes de récit, je vous recommande la lecture des deux tomes ; ainsi, vous n'aurez pas l'impression de manquer quoi que ce soit du tableau.