Monsieur le Maire de la mini-commune de
Sainte-Croix les vaches, perdue au milieu de l'Aubrac a bien du souci : les habitants ont progressivement déserté le village, les maisons sont vides, l'école fermée, le médecin et le prêtre aux abonnés absents, un désert rural comme il en existe pas mal en France.
Mais Monsieur le Maire, le séduisant Thomas, géant aux larges mains en forme de battoirs, a trouvé de quoi faire vivre son petit domaine à savoir le butin d'un truand mort, récupéré très opportunément et des idées à gogo pour alimenter les caisses de la commune et celles de ses administrateurs : un peu de faux papiers et de de fausse monnaie, un trafic rémunérateur d'engins agricoles volés dans la région et revendus à prix attractifs aux Marocains, des serres où poussent des plantes exotiques recherchées pour leurs pouvoirs tranquillisants (il appelle ça de la beuh ! Vous voyez, vous?) et vendues à prix d'or aux Marseillais via les Lyonnais : bref, Thomas met en pratique le commerce déconcentré et la fonction élective multi-cartes.
Tout cela dans un décor champêtre à souhait, veaux, vaches, poulets mais plus de taureaux et c'est bien un problème : comment récupérer la semence congelée d'Horace, fier animal aubracien qui pourrait engendrer avec ardeur et remettre au goût du jour les braves boeufs qui faisaient l'orgueil du pays avant la mécanisation. Cela fera l'objet d'un autre volume, nous dit
l'auteur.
Heureusement, pour l'aider dans sa mission, Monsieur le Maire dispose d'une équipe de choc : une secrétaire de mairie hors pair surnommée « la chouette », teigneuse à souhait mais comptable soucieuse du denier public, les copains dévoués : André l'imprimeur faussaire, Justin, et Médée, le pote chaman qui va révéler que la députée Sheila (cf plus loin) est une sorcière, entrer en transe pour capter les esprits et sauver Sainte-Croix et sa fine équipe de Pieds-Nickelés.
Tout irait pour le mieux dans le monde de la ruralité si, ô surprise, ne débarquaient deux accortes Parisiennes bien maquillées, appétissantes et ambitieuses, Sheila, fraîchement élue députée et Jeanne, assistante d'icelle pour le mouvement « En avant ! » (si cela vous rappelle quelque chose, ce n'est pas dû au hasard). Elles veulent du vrai, de l'utile, du nouveau, qui va les projeter sur le devant de la scène politique et ne pas les laisser disparaître dans la masse balbutiante et maladroite des nouveaux élus du parti (là encore, toute ressemblance etc.)
Alors, avec elles, arrive une équipe de tournage pour réaliser un documentaire sur Sainte-Croix au Vaches sortie de la zone blanche, enfin tournée vers la modernité et la « permaculture sociale », Internet, les interminables pianotages sur smartphones, la fin des discussions entre amis, le café déserté, les soirées en tête à tête avec sa télévision, le progrès.
Le ton est vif, drôle souvent malgré des passages un peu longuets, l'écriture simple voire simpliste (
l'auteur a dû écrire très vite) mais...bon ! Cela ne va pas marquer la littérature française pour très longtemps à mon avis. Une suite est annoncée que je n'attends pas avec une grande impatience...