Le matin il vient me réveiller et je caresse son immense cou sans collier, c’est un moment privilégié d’osmose homme/chien. Souvent aussi je pense à mon premier chien disparu et j’espère avoir été à la hauteur avec lui. J’imagine que non, l’homme n’est jamais, malgré ses efforts, parfait dans son comportement avec ses animaux. Pourtant je pense lui avoir beaucoup donné. Je revois son deuil d’une année entière où je déposais chaque week-end des œillets sur sa tombe après sa disparition. Souvent, alors que je monte dans la propriété, jusqu’à la statue de la Vierge, je lui demande de bien vouloir me l’envoyer pendant mon sommeil pour un nouveau songe. Au lendemain de sa mort, il m’était apparu pour un ultime adieu rempli de symbolisme qui m’avait beaucoup ému. Alors que son âme rejoignait le paradis des chiens qui, comme je le dis souvent, jouxte celui des hommes. Serai-je exhaucé dans ma requête ? Il est difficile de donner une réponse emplie de certitude. Mais j’espère sa visite et je l’attends. Cependant je crois qu’il ne faut pas forcer les passages entre l’au-delà et notre réalité terrestre. Ces deux mondes ne se rejoignent que rarement et nous ne pouvons intervenir sur leur fonctionnement.
Alors ces fragments de vie sont, pour
chacun de nous, les éléments inexpugnables de
notre passé brisé par le rythme souvent incohérent
et trépidant de nos existences. En cherchant
dans le fin fond de nos souvenirs, ces
fragments de vie reviennent parfois à la surface
de notre mémoire. Il est important de les
accueillir, en nous, comme des éléments forts
ou essentiels de nos vies, de ne jamais les rejeter
comme de vieux et lointains souvenirs, ou
même comme des échecs de notre jeunesse.