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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Max et Jerry, deux frères dont l'un, Jerry, a quitté la maison pour rejoindre l'Afghanistan depuis une vingtaine d'années...
Jerry est de retour et sur le quai de la gare où son frère est venu l'accueillir Jerry demande à Max s'il est toujours prêt à enlever la fille de son patron...
La fille, Samantha sera bien enlevée, alors que Max s'interroge. Pourquoi Jerry ne cache-t-il pas son visage à Samantha ? Pourquoi celle-ci connait-elle son prénom, alors qu'il n'a jamais été prononcé ? Pourquoi n'est-elle pas pressée de rentrer chez son père ?
Comme toujours chez Yves Ravey, un style vif qui mélange la narration et les dialogues, sans fioritures ; un style direct incisif, mordant, portant une intrigue complexe sur fond de réseau islamiste dormant en cours de réveil...
Mon quatrième Ravey et je suis sûr que ce ne sera pas le dernier.
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Cela m'arrive trop rarement pour ne pas le souligner : un livre entamé en soirée et achevé tôt le lendemain matin (il a bien fallu, entre-temps, dormir...): faut-il donc qu'il m'aie tenu... Cent vingt cinq pages : un thriller pas très moral, rebondissant adroitement sous la plume expérimentée d'un auteur habitué des éditions de Minuit.

Max, comptable dans une entreprise d'emboutissage, retrouve sur un quai son frère Jeremy qui débarque d'Afghanistan où il fait partie d'une mouvance terroriste. Dès le premier paragraphe : "tout de suite, sans que j'oublie rien de ce qui nous liait, notre enfance, mon père et ma mère, nos rapports se sont tendus." Un ombre qui pèsera jusqu'au dénouement. Après vingt ans de séparation, persiste un mélange d'amour et de ressentiment entre les deux hommes. Aucune explication sur les raisons, quelques phrases jetées de-ci de-là évoquent un malaise familial. Ces retrouvailles ont un but vénal: l'enlèvement de la fille du patron de Max, un coup préparé très professionnellement en vue d'une rançon. C'est sans compter sur la trahison mutuelle des deux mauvais garçons. de surprise en surprise, on finit par se demander, dans une escalade qui confine au burlesque, lequel réussira à duper l'autre. Max, agissant posément, avec une détermination tranquille, paraît évoluer à la manière d'un héros de western spaghetti.

L'efficacité tient aux phrases brèves, aucun dialogue intérieur, tout dans l'action, les gestes, minutieux, et quelques paroles sommaires. Les détails les plus minces alimentent la tension : depuis la dentelle grillée de l'oeuf qu'on décolle du téflon de la poêle jusqu'au contact du Desert Eagle Magnum(1) sous le chandail du partenaire. On imagine ce récit transposé au cinéma grâce au très bon canevas. Je ne suis pas sûr que l'on saurait rendre ce qui, selon moi, fait la force de ce polar : le ton et le climat. Il n'y pas de caméra pour rendre cela qu'on ne peut goûter qu'à la lecture. Et le climat d'un livre n'est-il pas indissociable des pages qu'on tourne allègrement en se projetant l'intrigue dans son décor intérieur ?

Yves Ravey avait publié en 1989 La table des singes chez Gallimard qui n'a pas souhaité poursuivre la collaboration. Jérôme Lindon a repris le flambeau: depuis Bureau des illettrés en 1992, treize romans chez Minuit, une belle constance. Il est aussi reconnu comme auteur dramaturge. le style de Ravey fait inévitablement penser à celui de Patrick Manchette: la psychologie des personnages se devine uniquement derrière leurs faits et gestes, énoncés avec économie de moyens. La trame centrale cache l'objet réel du roman, à savoir les rapports sociaux ambigus entre les êtres, au sein de la famille notamment.

Rapide, tendu, violent et imprévisible, voilà les traits du livre de Ravey, un roman dépouillé jusqu'à l'os pour reprendre l'expression de Jean-Baptiste Harang (Le magazine Littéraire, 2010). Pierre Assouline dit de lui qu'il est de la filiation Simenon: le maître ne sésavouerait pas le souci de détail, la pesanteur des choses et l'empathie pour les personnages, traits simenoniens qui caractérisent, pour nous aujourd'hui, ce qu'on n'on nommera sans hésiter "du Ravey".

(1) Pistolet automatique conçu par Magnum Research.
Lien : http://www.christianwery.be/..
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Enlèvement avec rançon
Dans l'art de peindre, la nature morte se contente de représenter des objets, des fruits, des légumes, des viandes et des poissons. Les objets sont presque intacts, les fruits et les denrées de la première fraicheur (ou presque si l'artiste ironise) . L'objet ou le fruit est soit très réaliste soit « stylisé ». Quoi qu'il en soit, l'objet est reconnaissable. Les objets d'une nature morte sont disposés dans le cadre avec un arrangement convenu au seul gré de l'artiste qui n'a pas à en expliquer, ni le choix, ni le nombre ni la combinaison. Ce qui fait que l'oeil du spectateur, au sens où l'entend Merleau Ponty, ne va pas au-delà du cadre. Il se limite au regard. L'esprit est à peine connecté, tout juste stimulé par le perspective et la source lumineuse.

« Enlèvement avec rançon » est une nature morte littéraire. Yves Ravey se limite strictement au factuel et nous dépeint un enlèvement avec rançon. « Il n'y a aucune morale, aucun jugement » ( constate Isabelle Rüf dans « le temps ») Il n'y a pas à s'interroger au-delà de ce que font les personnages, de leurs postures. Les dialogues sont masqués dans le texte. Les citrons ne communiquent avec les écrevisses que dans la mesure où ils figurent dans le tableau ; c'est une communication induite et muette dans laquelle chacun conserve sa nature et son idiosyncrasie. Jerry n'est le frère de Max que parce qu'il participe à la même histoire d'enlèvement avec rançon.
Ce court roman n'est pas une nouvelle. Eût-ce été le cas que d'autres nouvelles l'auraient forcement côtoyée : « Enlèvement avec rançon et autres nouvelles » pour pointer le i.
Personnellement je reste interloqué, comme je le fus d'un Picasso figurant entre autre une bougie et une casserole.
Du grand art



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Max, comptable dans une entreprise, a peu l'occasion de voir son frère, depuis qu'il s'en est allé en Afghanistan. Jerry va pourtant retrouver son frère en un voyage éclair et secret, minutieusement préparé avec, à la clé, beaucoup d'argent à ravir. Pour ce faire, les deux frères vont prendre en otage la fille du patron de Max et demander à ce dernier une rançon conséquente. Tout a été prévu dans les moindres détails, en ce compris le succès : car la fin justifie les moyens...

« Enlèvement avec rançon » est un roman magistral d'Yves Ravey. En un peu moins de 150 pages, l'auteur ficèle une intrigue tout aussi machiavélique que resserrée, gravitant autour d'une fratrie dont on pressent les rouages malsains - en creux des amorces de dialogues et des non-dits - qui scellent les frères dans un pacte sordide. Les chapitres sont courts, les dialogues percutants et incisifs, le style sobre et épuré. Progressivement, s'échafaude le plan d'ensemble sans qu'on sache toujours bien quel frère est à la barre. Car l'auteur sait aussi manipuler habilement le lecteur… jusqu'au bout.

Les personnages sont à l'image de leur projet interlope : noirs, malsains et sans scrupules. Pourtant, au fur et à mesure du récit marqué par une tension croissante, on se prend à souhaiter la réussite de leur entreprise…

Yves Ravey a écrit ici une intrigue bien pensée, calibrée au millimètre, y compris dans les rebondissements… ultimes.
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