Dolores Redondo est une auteure espagnole que j'aime particulièrement. Je l'ai découverte il y a quelques années avec son incroyable trilogie de la vallée de Baztan.
Sous son regard, cette région enclavée des Pyrénées espagnoles devient sombre, inhospitalière, inquiétante, oppressante. Mêlant habilement traditions, légendes et créatures magiques nés du folklore basque, l'auteure installe un climat menaçant, mais aussi captivant.
Ce quatrième tome est un préquel qui se lit indépendamment des trois premiers, mais si vous souhaitez le lire, je vous conseille très fortement de commencer par le premier tome «
le gardien invisible », sinon les trois premiers tomes perdront, je pense, de leur intérêt et ce serait vraiment dommage de passer à côté de cette trilogie originale, addictive et très bien écrite.
Avec « La face nord du coeur », l'auteure enferme le lecteur dans un huis-clos moite et lourd ayant pour cadre, non plus la région basque, mais la Louisiane ravagée par l'ouragan Katrina. Ce changement de décor, le Bayou et la Nouvelle-Orléans, laisse la culture cajun, les superstitions et les croyances vaudou, fifolets, gaueko, et autres, se mélanger à la culture basque d'Amaia.
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Ce changement de décor avec les ravages du cyclone Katrina confère beaucoup de réalisme à l'intrigue, entretenant une tension incroyable et un suspens qui monte au rythme des eaux qui envahissent la Nouvelle-orléans.
Dolores Redondo décrit remarquablement bien la Louisiane ravagée par la montée des eaux, la détresse des habitants livrés à eux-mêmes, l'arrivée tardive des secours, les violences urbaines.
« Les tempêtes ne ramènent rien… Elles emportent tout. »
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Août 2005, Etat de Louisiane
Amaia Salazar suit une formation de profileuse aux Etats-Unis dans le cadre d'un échange entre le FBI et Europol.
Remarquée très vite pour ses excellentes capacités de profilage et ses dons extraordinaires que l'on pourrait appeler intuition, instinct, l'agent Dupree la recrute dans son équipe pour retrouver un tueur en série qui profite des catastrophes naturelles pour cacher ses crimes.
« Une perle rare, un être capable de raisonner avec toute la logique scientifique du monde, et aussi sensible à l'invisible que le Petit Prince. »
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Amaia Salazar est une enquêtrice que j'aime beaucoup. Alors oui, il est vrai qu'elle a un caractère secret, irascible, tourmenté, qui rejoint les clichés du policier au passé trouble, mais Amaia touche le lecteur par son histoire personnelle et son terrible passé qui prennent autant de place dans l'intrigue que l'enquête policière.
« Amaia était une enquêtrice-née. Un de ces êtres doués naturellement de la capacité de discerner la trace du mal. Un privilège douteux, certainement, acquis lors d'un séjour dans son enfer personnel. »
Discrète mais d'une présence rassurante.
Irascible, mais d'une empathie rare.
Abimée mais courageuse, faisant de son passé une force.
L'enquête devient vite prenante, faisant écho au passé douloureux et traumatisant d'Amaia.
« Non, l'ama ne te mangera pas cette nuit.
Dors, petite sorcière. »
Par flashback, le lecteur découvre les traumatismes de son enfance, tout en suivant les progrès de l'enquête. Les scènes de crime sont sobres, un plaisir pour le lecteur qui n'est pas submergé d'images horribles.
« Ce que la chenille appelle fin,
le reste du monde l'appelle papillon. »
Lao Tseu
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Sous la plume très visuelle de
Dolores Redondo, le roman nous entraîne dans une intrigue complexe et passionnante dans laquelle les anciennes croyances Vaudou et la mythologie basque s'entremêlent.
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Avec ce quatrième tome autour de l'enquêtrice Amaia Salazar,
Dolorès Redondo confirme son talent en proposant une intrigue prenante, des personnages bien travaillés, une héroïne attachante, un décor apocalyptique angoissant et une atmosphère surnaturelle liée aux croyances populaires.
Mélange de genres, à la fois roman policier et fantastique, j'ai passé un très bon moment.
N'hésitez pas à découvrir cette auteure.
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