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Deadly Class tome 10 sur 12
EAN : 9781534319325
152 pages
Image Comics (26/10/2021)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Depuis leur retour à l'Académie Kings Dominion, rien ne s'est passé comme prévu pour Marcus et Maria. Derrière les sourires, les alliances se sont rapidement mises en place pour éliminer le couple un peu trop désinvolte au goût des uns et des autres. Alors, déjà fragilisé par la dépression et l'abus de drogue, Marcus poursuit sa lente et douloureuse descente aux enfers lorsque Saya réapparaît dans sa vie et que Maria le trahit pour Stefano, l'héritier de la mafia de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Des individus authentiques
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Ce tome fait suite à Deadly Class, tome 9 : Bone Machine (épisodes 40 à 44) qu'il faut avoir lu avant. Il vaut mieux avoir commencé avec le premier tome pour saisir toutes les nuances des relations interpersonnelles. Il regroupe les épisodes 45 à 48, initialement parus en 2021, écrits par Rick Remender, dessinés et encrés par Wes Craig, avec une mise en couleurs de Jordan Boyd. Il s'agit de l'avant-dernier tome de la série. Il contient les couvertures de Craig, ainsi que les couvertures variantes réalisées par Brian Level, Jia, Darko Lafuente, Jeff Dekal, Mirka Andolfo.

À Phoenix, dans l'Arizona, en 1991, la voix intérieure de Marcus Miller déroule le fait qu'il n'a jamais pensé mériter quelque succès que ce soit, mais qu'il a pris la responsabilité de chacun de ses échecs. Il a échoué dans cet endroit à cause de ses erreurs, mais il n'est en vie que grâce à la chance pure. Maintenant, tout est mal assorti et comme déséquilibré, c'est dans l'air. Quelque chose en train de mourir dans la même pièce, alors que quelque chose devrait être en train d'y naître. Les anciens sont furieux que les jeunes ne leur ressemblent pas, mais ils ne peuvent pas s'ignorer car il n'y a nulle part où s'isoler. Ils ne peuvent que se percuter. Son flux de pensées l'entraîne sur les dernières années de Mark Twain et le fait qu'il haïssait le futur, le rythme soutenu imposé par les voitures à moteur. Mais aujourd'hui il est impossible d'imaginer la ville où on habite sans voiture, une famille sans télévision. Peut-être que les générations précédentes n'aiment pas ce que les choses sont devenues parce que c'était vraiment mieux avant.

Pendant ce temps-là, deux nouveaux invités sont arrivés dans la villa où séjourne Marcus, et ils se joignent à la fête perpétuelle en cours. L'un d'eux monte à l'étage, et Marcus lui donne deux tickets d'ecstasy coupée avec de l'héroïne, en prévenant que ça renverse. Marcus en prend un lui-même, tout en regardant Twin Peaks à la télé, avec le nain dans la pièce rouge. Un peu plus tard, il se retrouve assis sur le siège conducteur d'une Coccinelle, son colocataire Roland étant sur le siège passager. Il lui demande pourquoi il invite sans cesse des gens chez eux. Marcus suppose plutôt que c'est pour distribuer sa drogue et ainsi se mettre en valeur. Roland se lance dans une histoire : supposons que Marcus revienne d'un long voyage en avion, totalement harassé. Il y a un homme assis au pied du mur d'un couloir, le regard totalement vide de toute expression. Ses bagages gênent le passage. Marcus finit forcément par s'énerver pour pouvoir passer. Ce qu'il ne sait pas, c'est que cet homme vient d'apprendre que sa famille a trouvé la mort dans une collision sur la route, en venant le chercher à l'aéroport. Il sort de la voiture et tombe nez à nez avec une magnifique jeune femme blonde, issue des beaus quartiers de la ville. Elle vient pour la fête. Il la détaille : un look étudié, pas de problème d'argent, une vie sans ennui particulier. Elle le rejoint dans la salle de bain où il lit, allongé dans la baignoire vide. Il lui indique qu'il lit Life in Hell, de Matt Groening, le créateur des Simpsons. Puis ils commencent à parler musique, avec une forme d'implication très différente.

La série s'achemine vers sa fin que le lecteur espère ne pas être désespérée. Il entame cet avant-dernier tome avec l'épisode 45 qui est double et trouve en pages 4 & 5, une image en double page, un hommage à la pochette de l'album Never Mind de Nirvana, avec le bébé dans la piscine et le billet de un dollar agité devant lui, s'inscrivant dans les chiffres de l'année 1991. Il dispose ainsi d'un marqueur temporel explicite. Il découvre le couple sur la proue du Titanic en ouverture de l'épisode 46, un hommage direct au film de James Cameron de 1997, puis un avion percutant l'une des deux tours du World Trade Center en 2001, et enfin les Allemands debout sur le mur de Berlin lors de sa chute en 1989. Cela l'amène à s'interroger sur a chronologie du récit qui ne semble pas suivre ces évocations d'événements inscrits dans la conscience collective. Étrange. le lien entre ces événements et le contenu de l'épisode correspondant n'apparaît pas comme une évidence. le lecteur se plonge dans chaque épisode et constate qu'il s'agit d'une histoire continue respectant le déroulement chronologique, donc ne suivant pas celui des années apparaissant en ouverture de chaque chapitre après l'introduction, à savoir 1991, puis 1997, 2001, et 1989. du coup, il recherche plutôt une logique thématique entre ces repères temporels et le sujet principal de l'épisode.

L'épisode 45 expose essentiellement la situation de Marcus Miller au temps présent du récit : ayant déserté l'école d'assassins de King's Dominion, ayant coupé les ponts avec ses anciens camarades, vivant d'expédients, juste de quoi pouvoir louer une baraque avec un autre type, et se défoncer tous les jours. le personnage effectue rapidement le constat qu'il n'y a rien de plus déshumanisant que ce mode de vie : ne pas faire de choix, faire la fête toute la nuit, dormir jusqu'à midi, se réveiller aux côtés d'une inconnue, faire des efforts pour essayer de se souvenir de son nom. Ce n'est pas la vie rock'n'roll qu'on peut croire : c'est plutôt déshumanisant, creux et horrible. Ce premier épisode surprend à bien des égards. Il n'est pas orienté action, sauf pour les toutes dernières pages, mais tranche de vie d'un jeune homme à la dérive. Il est bien sûr question de musique, de s'enthousiasmer pour les musiciens authentiques, et mépriser les autres. La demoiselle, coup d'une nuit, met en avant le caractère sectaire et élitiste de cette façon d'appréhender la musique, alors que Marcus pense qu'elle n'a rien d'authentique, ayant vécu une vie trop facile. La mise en scène est toujours aussi incroyable de justesse, comme si le récit avait été réalisé par un unique créateur. L'artiste utilise des cases rectangulaires, tout en variant le découpage des pages, le nombre de cases par page, en utilisant des cases en insert. Il a travaillé avec le coloriste pour des effets saisissants, que ce soient les reflets de l'eau de la piscine sur les personnages avec un faible éclairage artificiel, ou l'utilisation d'aplats de rouge pour exacerber la violence de certaines situations.

Très vite dans la série, le lecteur s'est rendu compte qu'il prend autant plaisir aux scènes de violence lors des combats, qu'aux réflexions de Marcus Miller et de ses amis sur la vie. Ainsi le colocataire de Marcus Miller lui raconte cette histoire d'individu dont les valises sont un obstacle sur son chemin, qui semble ne prêter aucune attention aux autres, et qui est tout entier sous le coup de son chagrin. Il y a là une remarque sur le fait qu'il est impossible de présumer ce que vit n'importe lequel des individus qui sont autant de figurants dans la vie de chacun. Il est impossible d'accéder à une forme de communion avec autrui, et pourtant cela n'empêche en rien d'éprouver de l'empathie pour autrui sur la base de ses propres ressentis émotionnels. Au fil de ces quatre épisodes, Marcus ou un de ses amis va se faire des réflexions sur la rancoeur qu'on peut éprouver vis-à-vis des personnes qui nous aident, la culpabilité comme syndrome de stress post traumatique, la vanité de la postérité qui de ce fait inciterait plutôt à vivre pour le présent, venant ainsi contredire la hiérarchie de la pyramide des besoins (1943) imaginée par Abraham Maslow (besoins physiologiques, besoins de sécurité, besoins d'appartenance et d'amour, besoins d'estime, besoins de réalisation de soi), le bienfondé des traditions, légitimée par l'épreuve du temps, la satisfaction de la gratification immédiate à travers la sensation de bien être apportée par les produits psychotropes, et l'oubli qui l'accompagne.

En fonction de son propre parcours, le lecteur peut reconnaître des impressions et des idées qui lui ont déjà traversé l'esprit, ou une façon de voir l'expérience de la vie à laquelle il n'aurait pas pensé. Il se rend également compte qu'une forme de fatalité et de résignation pèse sur ces réflexions. Il éprouve la sensation que bien souvent il s'agit des pensées mêmes de l'auteur. Il est convaincu que celui-ci s'est déjà fit la réflexion qu'on ne sait jamais quand on vit les meilleurs moments de sa vie, ou qu'on se comporte le plus souvent comme des touristes s'arrêtant le long de la route de la vie pour prendre des photographies, pour se souvenir des bons moments par la suite. Une forme de défaitisme existentiel. Il ressent la libération qu'apportent les rares instants où un personnage passe de cet état de résignation, à une forme d'acceptation.

Ce tome n'est pas qu'une réflexion existentialiste teintée d'un cynisme désabusé, c'est aussi la suite de l'intrigue et le retour à l'établissement de King's Dominion, avec une bonne dose d'action violente à souhait. Comme à son habitude, Wes Craig fait preuve d'un enthousiasme dangereux pour mettre en scène ces affrontements brutaux et sanglants. le lecteur n'est pas près d'oublier Marcus nu dans sa cuisine et couvert de sang avec un cadavre en piteux état à ses pieds, les membres d'un culte essayant de s'enfuir de leur église qui est la proie des flammes dans un brasier ardent, Saya chevauchant une créature mi-cheval mi-dragon, un élève s'abattant sur un autre en faisant tournoyer ses nunchakus, un combat entre un katana et une batte de baseball. C'est sans pitié et d'une rare violence, avec un découpage de case qui se fait plus heurté, plus télescopé pour rendre compte de la force et de la rapidité des coups portés. À la fin du combat qui occupe le dernier épisode, le lecteur se retrouve avec le souffle haletant, se disant que ça ne va pas être simple d'attendre les épisodes du dernier tome.

Au fil des épisodes, les auteurs ont décidé de faire une pause entre la parution de deux chapitres, et le lecteur les en remercie car les épisodes n'en sont que mieux peaufinés. Il retrouve la narration visuelle efficace et pleine de personnalité, sachant faire ressortir aussi bien la violence de jeunes adultes se battant sans retenue, que le ressenti pendant des discussions à coeur ouvert. Il apprécie toujours autant cette sensibilité à fleur de peau qui refuse le tiède ou le compromis, avec un regard sans concession sur la vie, son absurdité, les forces qui la façonnent, de la répétition des cycles par l'endoctrinement de l'éducation, à la volonté toute puissante des jeunes à briser ces cycles pour ne pas reproduire les schémas qui les ont aliénés. Un oeuvre d'auteurs d'une honnêteté imparable.
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critiques presse (1)
ActuaBD
18 avril 2022
L'intrigue prend encore une fois un tour nouveau et Rick Remender s’échine à nous perdre dans des méandres narratifs qui paraissent mimer les circonvolutions chaotiques d’une mémoire cahotante.
Lire la critique sur le site : ActuaBD

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