Super-héros !

Chez Parchemins & Traverses, avant le Corps, l'École et l'Afrique, il y avait les Super-Héros. Retour détaillé sur chacune des nouvelle composant cette super-anthologie...

J'ai aimé :

*Cityville est calme ce soir : J'ai beaucoup apprécié cette nouvelle de Don Lorenjy. Elle n'a pourtant rien d'extraordinaire, elle n'a pas une ambition démesurée, mais on sent une vraie plume, un vrai talent.

*Servitude : Ce texte repose sur un concept trop souvent employé en SF : celui d'une bonne idée de départ, que l'ensemble de la nouvelle ne sert qu'à expliquer au lecteur. Sauf qu'en l'occurrence c'est assez bien mené, et l'on oublie presque que les dialogues entre les deux personnages ne sont là que pour nous démontrer quelque chose.

*Trêves de comptoir : du Anthelme Hauchecorne tout craché. Avec cet auteur c'est toujours un peu la même recette : un fond loin d'être transcendant, mais un humour omniprésent sans être tarte à la crème et efficace sans être tapageur. J'apprécie la performance.

*Cap'tain Life : L'auteur est jeune, il y a encore quelques maladresses et erreurs de jeunesse, mais c'est un texte agréable, à défaut d'être particulièrement marquant.

*Lambda man : Bien que l'histoire en elle-même ne m'ait pas scotché au plafond, l'écriture est si bien maîtrisée qu'on ne peut qu'adhérer.

*Atomic Girl et moi : Il ne s'agit clairement pas de grande littérature, mais j'ai trouvé le récit bien mené et me suis attaché aux personnages. L'échange permanent entre réalité et fiction, entre vie quotidienne et vie héroïque, m'a beaucoup plu, si bien que j'ai conservé un large sourire aux lèvres tout au long de ma lecture. C'est sans doute le seul texte dont j'ai regretté qu'il ne soit pas plus long.

*Pierrier-Par-Coeur contre les dévoreurs de montagne : La palme de l'originalité pour cette histoire de super-marmotte, mais pas seulement. Avec un tel sujet, il aurait été facile de tomber dans le grand n'importe quoi. Timothée Rey a su éviter l'écueil, pour un texte mêlant belle plume, trouvailles astucieuses, baston et émotion. Une vraie réussite.

*Histoire de Cendres : On connait le talent de Karim Berrouka, qu'il s'agisse de susciter le rire ou l'émotion. Ici, on est plutôt dans le deuxième cas. Les passages mettant en scène l'enfant et son aïeul, notamment, sont touchants. Ceux narrant le déroulement de l'expédition m'ont d'abord fait craindre de la SF scientifique pur jus. Au bout du compte, l'ensemble est tout à fait prenant, et même les passages "scientifiques" contiennent leur part d'émotion.

Je suis partagé :

*La Mère de tous les vices : L'idée de départ m'a séduit, mais le récit est tellement rapide, les explications délivrées avec une telle parcimonie, que j'ai eu la désagréable impression de ne pas avoir tout saisi.

*Le Komikoï : J'ai bien aimé le principe du super-héros chargé de nettoyer Constantinople après le désastre de 1204. Malheureusement, on retrouve dans ce texte ce qu'il faut éviter quand on écrit de l'historique : étaler sa culture en empilant mots techniques et autres expressions en version originale non-sous-titrée. Une nouvelle ne devrait pas nécessiter un glossaire en annexe pour être intelligible. Dommage, car ce texte a un potentiel très intéressant.

*Hypereyelidtamer : Difficile d'exprimer une opinion sur ce genre de texte court, bien trop court pour mériter selon ma nomenclature personnelle le qualificatif de "nouvelle". Ceci étant, vu le niveau d'écriture entrevu ici, je ne doute pas que ce texte soit de qualité.

Je n'ai pas aimé:

*Avis de tempête : L'histoire en elle-même est quelconque, le style sans relief, et la structure trop charcutée pour que la lecture en soit agréable. Et vu le contenu proposé, le tout aurait pu tenir en quatre pages, on aurait ainsi évité le remplissage inutile.

*Les Monstres : Je n'ai pas réussi à entrer dans la nouvelle de Jacques Fuentealba, tout en sentant qu'elle était objectivement loin d'être mauvaise. Trop ostensiblement scientifique pour moi, peut-être. Au final, bien que m'étant accroché pour lire chaque mot de cette nouvelle, je serais bien incapable de dire de quoi elle parlait.

*Le Guérisseur : Une nouvelle assez maladroite et trop éloignée du thème de l'anthologie : il ne suffit pas d'avoir des pouvoirs extraordinaires pour être un super-héros… Ou alors les références super-héroïques, qui auraient pu justifier la présence de ce texte au sommaire, m'ont échappé.

*Le Pouvoir des mots : Même problème que pour la nouvelle précédente. de plus, sa narration erratique, qui prend sans cesse à partie le lecteur, m'a profondément agacé. Quand on a envie de crier "ta gueule !" à un narrateur, ce n'est jamais bon signe.

*Si ce n'est victoire : Il est des textes qui nécessitent une clef pour y entrer. Ici, j'ai eu l'impression qu'il m'aurait fallu un trousseau complet pour déverrouiller le coffre-fort. Vu de loin, l'ensemble m'a paru assez prétentieux, mais je ne jugerai pas davantage, n'ayant fait que survoler les dernières pages.

Une très bonne anthologie, pour résumer : la moitié des textes dans la catégorie "J'ai aimé", c'est un très bon score, qui ne me fait pas regretter d'avoir acheté... hum... reçu un exemplaire gratuit de cette anthologie "Super-Héros" !