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Paris, 8 mai 1945. L'on défile ici et là pour fêter la fin de la guerre.
Au même moment, à Sétif, en Algérie. Des gamins jouent au foot dans la rue. Des Français contre des Algériens. le petit Rachid veut bien prêter son ballon s'il les accompagne. Sous les yeux de Mokhtar, le jeune garçon brille de par sa technicité et son jeu de jambes. Malheureusement, le ballon est lancé trop fort, passe par-dessus un mur et se retrouve parmi une foule compacte qui réclame l'indépendance de l'Algérie, des drapeaux algériens brandis ici ou là. Rachid, à la recherche de son ballon, suivi d'Hamid et Amar, se retrouvent au centre. L'atmosphère est tendue, l'armée française fait barrage, n'hésitant pas à tirer sur les manifestants les plus vifs.
13 ans plus tard, c'est l'effervescence au stade Goeffroy-Guichard. Rachid Mekhloufi, pilier des verts, vient de marquer un but, ramenant le score à 2-1. Malheureusement, un mauvais coup de tête avec l'un de ses coéquipiers et le voilà sur une civière. le lendemain, il reçoit la visite d'Abdelhamid Kermali qui l'emmène voir un certain Mokhtar. Celui-ci a de grandes idées pour l'Algérie...

Basé sur une histoire vraie, à savoir la fuite de France de 11 joueurs de football algériens qui, sous l'initiative du FLN, veulent former la première équipe nationale algérienne de football, cet album retrace le périple de ces hommes, depuis leur fuite en 58 jusqu'à la déclaration d'indépendance en 62. À la tête de cet album, deux auteurs passionnés de foot: Kris et Bertrand Galic. Les deux hommes, s'inspirant de faits réels, mettent merveilleusement en avant ces joueurs (s'attardant sur quatre d'entre eux) qui ont, dans un sens, participé à l'indépendance de leur pays. Des portraits singuliers, marquants et attachants. Mêlant habilement sport, histoire et politique, cet album est passionnant de bout en bout, résultat d'un travail fouillé. Graphiquement, Javi Rey, de son trait élégant et tout en finesse, retrace magnifiquement L Histoire.

En bonus, à la fin de l'album: l'histoire du foot en Algérie, le portrait des quatre de Sétif (Mekhloufi, Rouaï, Arribi et Kermali) et une interview de Rachid Mekhloufi.
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Grâce à Dupuis et à Babelio, via sa Masse Critique BD, j'ai pu découvrir « Un maillot pour l'Algérie, roman graphique créé à six mains par Kris, Javi Rey et Bertrand Galic.

Cet album s'applique à créer une fiction sur un fait tout à fait historique : en 1958, la fuite de footballeurs algériens de France pour aller créer une équipe du FLN (Front de Libération Nationale qui avait lancé la guerre pour l'indépendance de l'Algérie). le point de départ est bien choisi et semble toucher de près ou de loin l'enfance de cette génération d'auteurs, que ce soit pour l'aspect footballistique ou pour l'aspect « guerre d'Algérie ». Dans cet événement, nous suivons plus particulièrement la destinée de cette douzaine de footballeurs professionnels (Zittouni, Arribi, Kermali, Boubekeur, etc.) qui a dû partir de France clandestinement, car évidemment les autorités les en ont empêchés, et surtout au pire moment car une partie d'entre eux était attendu quelques semaines plus tard en équipe de France pour disputer la Coupe du Monde 1958 (où la France finit finalement troisième après une campagne déjà monumentale, même sans certains titulaires). Suivre donc ses exilés volontaires est donc passionnant dans la perspective historique, mais aussi dans l'optique de quelques privilégiés qui décident de perdre leurs avantages (au risque de mettre en danger leur famille) au nom d'un amour de la patrie et de la liberté, ce n'est pas rien.
Dans le même angle de vie, créer une histoire comme « Un maillot pour l'Algérie » a une certaine portée dans notre société où l'intégration des migrants, qui furent longtemps bienvenus et même appelés, a clairement été négligée, voire gênée. de plus, ce qui est souvent difficile dans ce genre de projet engagé ou bien très orienté (les biographies sont souvent dans ce cas-là), c'est de montrer aussi les aspects moins évidents, plus anecdotiques peut-être, mais plus tendancieux aussi. Ainsi, la question des doutes, des retards est bien posée, tout comme celle du retour qui concerne au premier degré Rachid Mekhloufi quand il doit se décider sur son avenir à l'A.S. Saint-Étienne. C'est d'ailleurs sûrement lui le vrai héros choisi par les auteurs pour cette histoire.
Enfin, du point de vue graphique, Javi Rey, que je découvre ici, d'autant plus qu'il est uniquement connu pour Webtrip et pour Secrets - ¡Adelante!, livre un dessin très réaliste, un peu rustre certes, mais très dynamique. Et du dynamisme il faut savoir en donner à son dessin quand on met en scène un certain nombre de moments issus de matchs de football. Les décors ne sont pas tous fouillés et les visages parfois un peu figés, mais on se doute que l'alternance des cases entre des gros plans, des plans larges, du mouvement dans l'action et des extraits de journaux, que cette alternance-là n'est pas simple à réaliser.

« Un maillot pour l'Algérie » est donc une bien bonne évocation historique, qui comporte son inévitable part de fiction, mais, à moins d'être personnellement touché par les changements opérés, on n'aura du mal à critiquer les choix opérés. L'aspect graphique est parfois plus difficile à totalement apprécier, mais dessiner des matchs de football est rarement aisé.
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Avril 1958. Après un match à Saint-Etienne, le footballeur professionnel d'origine algérienne Rachid Mekhloufi quitte la France en direction de l'Italie. Onze de ses compatriotes, eux aussi footballeurs, disparaissent en même temps que lui. Tous se retrouvent à Tunis sous l'égide du FLN pour fonder clandestinement la première équipe nationale algérienne alors que la guerre pour l'indépendance fait rage dans leur pays.

Le football comme outil de propagande, le football comme étendard. Une épopée incroyable, une prise de risque immense pour des hommes ayant choisi de tout plaquer, de mettre entre parenthèses une situation professionnelle confortable, voire une vie de famille heureuse, pour défendre une cause étant à leurs yeux au-dessus de toute considération personnelle. Loin du long fleuve tranquille, l'odyssée de ces ambassadeurs de la cause indépendantiste aura connu des épisodes douloureux, des moments de tension à l'intérieur du groupe mais aussi des conditions de transport ou d'hébergement particulièrement rudes, sans compter sur l'accueil parfois belliqueux d'adversaires prêts à tout pour faire chuter une équipe reconnue pour ses exceptionnelles qualités techniques. du Maghreb à l'Europe de l'Est en passant par la Chine ou le Moyen-Orient, portés par une volonté et un courage inébranlables, ces hommes en mission auront représenté fièrement les désirs d'émancipation d'un pays en construction, au point de devenir des icônes pour tout un peuple.

Encore un album engagé pour Kris, qui ne tourne pas pour autant à l'exercice d'admiration dénué de tout regard critique. Solidement documenté sans être d'une parfaite exactitude, le récit couvre quatre années intenses et chaotiques, de 1958 à la signature des accords d'Evian en mars 1962. A travers le prisme du football se cristallisent les tensions géopolitiques de l'après-guerre, de la décolonisation à l'expansion du communisme.

Le dessin de Javi Rey est réaliste et efficace, les scènes de matchs sont fluides, les moments plus intimes donnent dans la sobriété et l'expressivité des visages est extrêmement travaillée. Beaucoup de précision au niveau des décors et un choix de couleurs pertinent retranscrivent à merveille l'atmosphère de l'époque.

Une histoire qui va bien au-delà de la simple aventure humaine. le sport est ici un outil de combat politique au service d'une cause qui dépasse chaque protagoniste. Une histoire qui m'était jusqu'alors inconnue et que j'ai pris un réel plaisir à découvrir.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Cette bande dessinée raconte une page d'histoire de sportifs engagés que j'ignorais totalement.
Alors que l'Algérie est encore française, des joueurs Français/ Algériens s'enfuient pour rejoindre la Suisse (à une époque où l'espace Schengen n'existe pas !) puis l'Italie et les pays arabophones pour constituer une équipe algérienne aux couleurs de ce pays et du FLN.

On peut saluer le scénario qui montre aussi bien l'aspect historique avec les émeutes à Sétif, sportif avec les matchs mais aussi humain avec les différents moments de désespoir, d'euphories , d'allégresses, d'incertitudes ou de tristesses de ces joueurs mus par l'amour du sport et de leur pays.
Heureusement les auteurs ont évité de faire le camp des méchants chez les Français et les victimes chez les Algériens ! J'aurai juste aimé un peu plus d'historique dans les planches, en plus du dossier situé à la fin de l'ouvrage.
Quant aux graphismes, ils ne sont pas particulièrement travaillés et donnent un côté affiches de films des années 1950 qui cadre bien avec le contexte de 1958 ; sans faire particulièrement rêver le lecteur.

Une bande dessinée à découvrir , ne serait-ce que pour voir que tous les joueurs de foot ne sont pas toujours ou n'ont pas toujours été des écervelés en short courant après un ballon et leurs millions, en ayant jeté leur Bescherelle et leur dignité dans la première poubelle venue.

Merci à Babelio et aux éditions Dupuis cet envoi et cette découverte.
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En 1958, à quelques semaines du coup d'envoi de la coupe du monde en Suède, Amar Rouaï, Mustapha Zitouni, Abdelhamid Kermali, Abdelaziz Ben Tifour, Rachid Melkhoufi, en tout une dizaine de joueurs professionnels français, disparaissent brusquement et partent constituer en Tunisie une équipe « nationale » algérienne, l'équipe du FLN, qui donnera une déterminante visibilité à ce qu'on continuait à minimiser en métropole sous le terme d'événements.
(...)
Une bande dessinée passionnante pour raconter cet épisode sans oublié, en tout cas méconnu des plus jeunes, qui prouve comment le sport peut jouer un rôle politique important.
Le cahier documentaire est un bon complément, pas forcément nécessaire tant tout est déjà clairement exposé dans la partie fiction.


Article complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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J'ai pris cette BD à la médiathèque car j'adore le travail de scénariste de Kris. Et j'ai fait une superbe découverte concernant une période trouble de notre histoire.

Sur fond de guerre d'Algérie, les auteurs nous présentent un épisode peu connu : l'engagement des joueurs algériens évoluant dans le championnat français et parfois portant le maillot national frappé du coq. Ces hommes ont choisi de quitter leurs clubs, de sortir clandestinement de France, pour porter le maillot du pays qui les a vu naître. C'est leur manière de résister, mettant leur carrière entre parenthèse. Ils se sentent d'abord Algériens avant de se sentir Français.

Après mars 1962, certains reviendront jouer dans des clubs en France. Je vous laisse découvrir l'accueil que Geoffroy Guichard, stade mythique, fera à Rachid Mekhloufi.

Encore un exemple de BD qui permet d'apprendre et comprendre L'Histoire.
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Voilà un épisode de la Guerre d'Algérie que je ne connaissais pas: la création de l'équipe de foot... du FLN en 1958.

De manière ironique, c'est un match entre une sélection "franco-française" et une sélection de "Français d'Algérie" en 1956 qui va donner l'idée de cette équipe "nationale" algérienne.

De manière clandestine, des joueurs de foot algériens, mais évoluant en France, vont être contactés et exfiltrés vers la Suisse, puis l'Italie, et en fin atterrir en Tunisie. Certains vont se faire prendre... et seront emprisonnés... C'est dingue... quand on regarde cela depuis 2018, de se dire qu'un joueur qui passe la frontière va se faire arrêter. O tempora, o mores. Cette évocation prend une saveur particulière en 2018. le propos des auteurs n'est pas innocent.

Chapeau bas à ces joueurs qui se sont lancés dans une aventure sans maîtriser leur destin, se projetant dans l'inconnu le plus total, renonçant à la coupe du monde (où la France va prendre la 3è place alors qu'elle faisait figure de favorite) et mettant le plus souvent fin à une carrière prometteuse. Sans parler de la vie de famille et des représailles de la France. Ils ont pu faire avancer la cause d'une Algérie indépendante à leur manière.

Kris au scénario (je me rends compte que j'apprécie énormément les BD dont il est scénariste) nous dépeint les déboires de ces 11 joueurs, condamnés à jouer des équipes de seconde zone, relégués aux hôtels miteux, voyageant en car... Les tensions, les déceptions, les espoirs... C'est profondément humain, avec le côté sportif qui l'emporte sur le côté politique (même si celui-ci est fatalement présent).

La BD se clôt sur le retour de Rachid Mekhloufi à Saint-Etienne. Puis un dossier (fort bien fait) vient compléter le tout et apporter davantage d'éclairage.
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Intéressant et instructif. Cette BD est prenante même si elle parle de foot, dont je ne suis pas spécialement friande. Mais c'est surtout qu'elle retrace une période forte de l'histoire. Des footballeurs algériens, en club en France, vont se battre pour former la première équipe nationale algérienne de football et ainsi participeront à l'indépendance de leur pays. Un beau graphisme doté de belles scènes de match pour une belle histoire. Portrait de certains joueurs avec photos en dernières pages.
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Une bien belle découverte que ce roman graphique qui retrace l'histoire vraie de la première équipe de football de l'Algérie.
En 1945 à Sétif, des jeunes jouent au foot. Quoi de plus banal pour occuper son temps libre ? Parmi eux, de futurs champions du ballon rond. A cette époque, l'Algérie n'existe pas puisqu'elle est annexée à la France depuis 1848. Les Algériens ont soif d'indépendance et des émeutes éclatent entre Français et Algériens provoquant entre 6 000 et 10 000 morts. Les 13 et 14 avril 1958, douze footballeurs professionnels d‘origine algérienne évoluant dans des clubs nationaux (Avignon, Lyon, Toulouse, Saint-Etienne, Monaco, Reims) quittent le territoire français. Trois d'entre eux se feront arrêter à la frontière qu'ils tentent de franchir. Et c'est avec leurs pieds et leur tête qu'ils militeront pour l'indépendance de l'Algérie et la création de la première équipe nationale de football. Nous suivrons leur parcours tout au long des 118 pages que compte ce roman graphique.
J'ai beaucoup aimé à la fois les textes et les dessins. Bien que n'étant pas une grande fan de foot (même si je conserve un souvenir ému de la liesse qui avait saisi la région stéphanoise en 1976 ; je reste d'ailleurs fidèle à l'ASSE !), j'ai suivi avec grand intérêt leurs succès, leurs tournées en Europe et dans le monde et le parallèle avec cette tranche de l'histoire récente de la France. J'ai admiré leur courage et leur entêtement à triompher malgré l'hostilité des autorités françaises d'une part et de certains gouvernements d'autres pays d'autre part, peu enclins à déclencher un incident diplomatique avec la France.
En fin de roman, quelques explications historiques ainsi que des photos et articles de journaux d'époque apportent un complément que j'ai beaucoup apprécié.
Voilà qui me donne bien envie de poursuivre ma découverte des romans graphiques et autres BD à thème. Merci à Martine pour les prêts.
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Généralement, j'aime bien les bds qui me parlent de l'Algérie comme pour compenser un sérieux manque d'informations objectives que je n'ai pas eu durant ma scolarité pour comprendre ce conflit qu'on qualifiait d'événement. Cependant, je ne suis pas très foot et les joueurs n'exercent curieusement aucune fascination sur moi. Je préfère par exemple un débat politique à un quart de finale par exemple. Néanmoins, pendant la coupe du monde, je fais toujours une exception pour soutenir l'équipe représentant mon pays. Il est vrai que je n'ai jamais compris pourquoi il y avait autant de drapeaux algériens pendant des matchs de l'équipe de France comme si les joueurs tels que Zidane par exemple les représentaient au lieu de nous.

Avec ce récit, je viens de comprendre cet aspect puisqu'il s'agit de la fuite des plus grands joueurs d'origine algérienne vers leur pays d'origine pendant la guerre d'Algérie afin de représenter le FLN. Il est vrai que le contexte se prêtait à la création d'une équipe nationale afin d'unifier la nation. Pour le reste, je n'ai pas été emballé plus que cela par le récit pourtant tout à fait honnête qui parle d'exil et d'identité nationale. Pour autant, cela m'a littéralement ennuyé ce qui n'est pas l'objectif premier d'une bd, il faut bien l'avouer. Sans doute trop de classicisme dans la conception ainsi qu'un graphisme qui ne m'a pas marqué outre mesure.

C'est une oeuvre assez engagée qui crée une fiction à partir de faits avérés. L'amour du sport et d'un pays sera à l'honneur. Une belle histoire de fraternité entre les peuples également. Comme dit, l'intention est fort louable.
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