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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Conduite en 2019, l'enquête détaillée sur la (pas si) mystérieuse « décennie perdue » de 1979-1989, qui pourrait bien nous coûter la Terre telle que nous la connaissions. Terrible et passionnant.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/02/28/note-de-lecture-perdre-la-terre-nathaniel-rich/

Même s'il avait débuté comme essayiste en 2005 avec son « San Francisco Noir » (une étude célébrée de la vision de la grande cité californienne à travers le film noir depuis 1940), c'est surtout en tant que romancier que le journaliste Nathaniel Rich se fait connaître à trois reprises entre 2008 et 2018 (on vous parlera notamment prochainement sur ce blog de son « Paris sur l'avenir » de 2013, subtile variation tragi-comique sur le genre post-apocalyptique). Publié en 2019 et traduit la même année par David Fauquemberg pour les éditions du Sous-Sol (à la vista aiguisée en matière de non-fiction créative et/ou investigative), « Perdre la Terre » est le récit tragique, entre histoire du passé proche et journalisme d'investigation, d'une décennie perdue : celle, entre 1979 et 1989, qui vit le consensus quasiment réalisé, au plan mondial, pour une action rapide et ferme contre l'effet de serre et ses conséquences en termes de réchauffement climatique, se diluer, s'effilocher, ralentir puis quasiment exploser. Que s'est-il donc passé, dans les replis de la relation entre science, économie et politique, celle-là même qui est au centre, côté fiction, du travail d'auteurs tels que Kim Stanley Robinson, en permanence, ou Norman Spinrad, plus occasionnellement ? C'est à cette découverte et à cette compréhension de ce qui nous aura donc peut-être fait « perdre la Terre » que nous convie Nathaniel Rich.

Il est passionnant de cheminer ainsi, en compagnie de Nathaniel Rich, aux côtés des héros faillibles et des anti-héros rachetables de cette décennie perdue, délétère, aux conséquences si terribles sur nos existences et celles des générations à venir. Véritable leçon d'Histoire presque « en train de se faire », « Perdre la Terre » mêle avec brio et objectivité la plus élevée possible les failles personnelles et les attendus systémiques, les hasards et les nécessités, les dérives rudement idéologiques du parti républicain américain (en tout cas de certains de ses « faucons » les plus endiablés) et les naïvetés communicationnelles de certains scientifiques ou activistes (l'épisode du « mauvais parallèle » entre le trou dans la couche d'ozone et la concentration croissante de l'atmosphère en dioxyde de carbone est particulièrement touchant – et désespérant), les pressions puissantes et sans scrupules exercées par une administration ultra-politisée (en vertu du spoil system états-unien) et totalement pervertie dans son cynisme aveugle, ou encore les palinodies de certaines grandes entreprises promptes à saisir et amplifier toute « divine surprise » d'un revirement gouvernemental allant dans le sens de la préservation des profits.

Au-delà encore de cette leçon historique, « Perdre la Terre », au même titre probablement – et dans un tout autre registre – que le « Comment saboter un pipeline » d'Andreas Malm (et en n'étant pas plus que lui un manuel d'éco-sabotage), est une lecture indispensable pour tout(e) scientifique, tout(e) activiste, tout citoyen ou citoyenne désireuse de tenter d'échapper à la malédiction de la réitération sans fin des erreurs passées. Pour essayer toujours mieux, sans nécessairement toujours échouer, de sortir enfin notre planète et ses habitants du pacte suicidaire conclu jadis (mais réactualisé chaque année depuis lors) avec le capital fossile et ses héritiers.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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En effet LE livre qui fait froid dans le dos même si le réchauffement en est le thème principal. On aura donc tout essayé. Rien n'y a jamais fait. Et rien n'y fera jamais ? Je n'en sais rien. Mais j'ai de plus en plus du mal à y croire. Quelle Terre vais-je en effet laisser à mes enfants ?
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Ce livre retrace à la fois l'histoire du réchauffement climatique sur la planète, mais aussi de la prise de conscience collective et des actions qu'elle a entrainées, ou plutôt l'inaction qui en a découlé et ses causes. Il est saisissant de voir que des études sérieuses sortaient déjà dans les années 1950 et que nous n'avons presque rien appris scientifiquement de nouveau depuis les années 1970 en la matière. Autrement dit, les seules choses qui auront manqué sont la décision politique, contraignante, à l'égard des émetteurs de CO2 (états, entreprises, etc.), ainsi que la prise de conscience de l'humanité qui refuse de se projeter dans un futur angoissant. L'auteur, journaliste pour le New York Times, montre comment le leader de la planète (les États-Unis sous la férule de scientifiques et de politiques) a été proche de basculer vers une attitude plus responsable et morale. Mais il montre aussi comment ils ont soudain régressé sans arrêt depuis le mandat de G. Bush père, alors même que les magnats de l'industrie fossile se préparaient à agir. Enfin, il rappelle inlassablement, rapports à l'appui, les anciens comme les récents, l'urgence de prendre ce problème à bras le corps si l'on veut sauver l'humanité, dans tous les sens du terme. Très intéressant !
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