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Tony Akins (Illustrateur)Ryan Benjamin (Illustrateur)Travel Foreman (Illustrateur)Marco Failla (Illustrateur)
EAN : 9781779511263
128 pages
DC Comics (29/06/2021)
4.5/5   1 notes
Résumé :
LIGHT THE BAT-SIGNAL! Legendary screenwriter John Ridley takes over Gotham in a new way! Writing the world's most popular superhero, Batman, Ridley brings his expertise to the DC pages!

Whether his story is told in black and white or captured in brilliant colors, Batman's adventures keep everyone guessing...even the World's Greatest Detective. Follow the iconic tales of the Dark Knight in Batman by John Ridley The Deluxe Edition.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le retour du fils prodigue
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Ce tome regroupe les 12 chapitres de la minisérie, initialement parus en 2021 sous forme dématérialisée, écrits par John Ridley, dessinés et encrés par Tony Akins & Ryan Benjamin avec un encrage de Mark Morales (chapitre 1), par Akins, Travel Foreman et Marco Failla encrés par Morales (chapitre 2), puis Foreman a dessiné les chapitres 3 à 12. L'encrage a été réalisé par Morales (chapitres 3, 4) avec John Livesay (chapitre 4), par Norm Rapmund (chapitres 7 & 9), par le Beau Underwood (chapitre 10), et par Foreman pour le reste. La mise en couleurs a été réalisée par Rex Lokus. Puis ces chapitres ont été publiés sous format papier en 4 numéros, avec des couvertures de Doug Braithwaite (épisodes 1 à 3), et Jorge Molina (épisode 4). Ce recueil comprend également les couvertures variantes réalisées par Ken Lashley, Francesco Mattina, Ryan Benjamin, Rachita Lin.

Dans la province de Ninh Thuän au Vietnam, Jace Fox est en mission pour surveiller la résidence de Tyler Arkadine, un trafiquant. Dans son esprit, il repense à l'époque où être riche d'un million de dollars permettait de se rapprocher des un pourcent, et que maintenant cette somme place quelqu'un dans la classe moyenne de Manhattan, et parmi les cols bleus de Tokyo. En tout cas, c'est comme ça que les milliardaires souhaitent que pensent les autres. Fox s'assure qu'il est bien en contact avec son soutien à distance, un dénommé Vol, et il rabat sa cagoule sur son visage. Il demande à Vol de créer une diversion, pendant qu'il s'introduit par effraction dans le domaine d'Arkadine. Vol provoque une surcharge dans le générateur du bâtiment technique, ce qui permet à Fox de pénétrer à l'intérieur de la demeure. Il laisse passer un groupe d'hommes armés en tenue paramilitaire.

Vol indique à Fox qu'il doit tourner à droite, puis monter les marches. Il parvient à la pièce désirée : celle qui abrite l'ordinateur. Il insère une clé USB émettrice pour récupérer les données : il n'y a rien, le disque dur a été effacé. Fox comprend la situation : c'est un piège. Il se met à courir et saute par la fenêtre alors qu'une demi-douzaine de gardes armés font irruption dans la pièce. Il ne se reçoit pas très bien, mais parvient tant bien que mal à s'enfuir. Il se retrouve dans sa chambre d'hôtel où l'attendent Grifter (Cole Cash) et une charmante dame. Quelques jours plus tard, il atterrit à Gotham où il est accueilli par sa mère Tanya Fox et ses deux soeurs Tam & Tiff. Dans un supermarché, un individu tire au plafond avec un fusil automatique, sommant les employés de rentrer dans leur pays. Batwing intervient et le neutralise très rapidement. La police arrive et prend en charge le criminel, en manifestant une inimitié ouverte à l'encontre du superhéros. Peu de temps auparavant, à la suite des événements de Joker War, le maire de Gotham Christopher Nakano annonce qu'il va mettre en oeuvre une politique de bannissement des masques : ne plus tolérer les individus masqués à Gotham, les criminels bien sûr, mais aussi tous les autres. C'est ce qu'il explique à Renee Montoya en lui proposant la place de préfet de police. Pendant ce temps-là, Cole Cash fait son rapport à Lucius Fox.

Même si ce récit s'intègre dans la continuité du moment des séries Batman et Detective Comics, il n'y a pas besoin d'en savoir beaucoup pour l'apprécier. Joker s'est déchaîné une fois de plus et Luciux Fox a passé un sale moment entre ses mains. Les atrocités ont conduit le nouveau maire à se montrer ferme quant à l'activité d'individus masqués à Gotham : une politique de tolérance zéro. En fait, pour tout suivre, il faut plutôt disposer de repère concernant Lucius Fox, personnage créé en 1979 par Len Wein & John Calnan, apparu pour la première fois dans Batman numéro 307 en 1979. Il a longtemps été le responsable des industries Wayne et est maintenant le gérant de la fortune de Bruce Wayne dont il a hérité. Son fils Lucas a été créé en 2013 par Justin Gray, Jimmy Palmiotti et Eduardo Pansica, dans l'épisode 19 de la série Batwing. Son autre fils Timothy a changé de prénom pour Jace et avait créé par Len Wein & Irv Norvick, mais réellement développé à partir de 2020 dans l'épisode 101 de la série Batman. Enfin le personnage du maire Christopher Nakano est très récent également, apparu pour la première dois dans le numéro 1027 de Detective Comics, créé par Mariko Tamaki & Dan Mora. Cette histoire porte le nom de Batman dans le titre, mais en fait elle ne comprend qu'un seul superhéros portant l'emblème de la chauve-souris : Batwing, et une courte apparition d'un autre superhéros relié à la famille chauve-souris. D'un autre côté, le titre annonce également le début d'un prochain Batman. Enfin, cette histoire a bénéficié d'une curiosité importante parce que son scénariste est un romancier, et le scénariste du film 12 years a slave (2013) produit et réalisé par Steve McQueen, apportant une forme de caution culturelle au comics.

En attendant, le lecteur plonge dans une histoire de famille, avec des fils rebelles, et des femmes jouant les seconds couteaux au départ. Dans un premier temps, Lucas et Jace semblent se partager le premier plan à part égale, puis à partir de l'épisode 3 l'attention se porte presque exclusivement sur Jace. Tout en se focalisant sur le prochain Batman pour l'instant en civil, le scénariste entremêle plusieurs fils d'intrigue : le retour de Tim au sein de la famille Fox, son opposition à son père pour une histoire ancienne, la promotion de Renee Montoya et sa manière de gérer ses équipes, les superhéros devenus persona non grata à Gotham, l'interception de Tyler Arkadin pour savoir ce qu'il doit remettre dans sa mallette, et bien sûr l'histoire personnelle de Jace, ainsi que l'identité du mystérieux Vol. Il s'agit donc de faire connaissance avec ce personnage afro-américain au travers de ses actions et de ses relations avec les membres de sa famille, dans un récit d'aventures, à faible teneur en superhéros.

Le lecteur peut être un peu surpris du choix de l'éditeur de publier, tout d'abord dans un format dématérialisé, une histoire qui semble appelée à jouer un rôle important dans la mythologie de Batman. Il a le plaisir de constater qu'après un début un peu composite, les responsables éditoriaux sont parvenus à stabiliser l'équipe artistique sur un unique dessinateur. Pour cette histoire, Travel Foreman dessine dans un registre descriptif et réaliste, avec des traits de contours secs et fins, une moyenne de quatre ou cinq cases par page, et une volonté de rester dans un registre humain, plutôt que superhéros qui en met plein la vue. le coloriste utilise des couleurs naturalistes, peut-être un petit peu assombries pour apporter une touche plus sérieuse. En fonction des chapitres, le lecteur peut constater que les traits d'encrage peuvent être plus appuyés quand il y a un changement d'encreur. Il remarque également rapidement que l'espace blanc qui sépare les cases de la partie supérieure de la page, d'avec celui de la partie inférieure est un peu plus large que celui entre les cases du haut ou celle du bas. Il comprend que lors de la publication en numérique, le format adopté était en paysage, à raison d'une demi-page papier. L'artiste réalise des dessins en phase avec la nature du récit, avec des plans de prise de vue assez sage pour les scènes en civil, et avec des plans au cadrage plus penchés pour accompagner les mouvements lors des séquences d'action. Foreman décide de ne pas miser sur le spectaculaire, mais plus sur une narration visuelle simple. Il représente régulièrement les décors, en gérant le niveau de détails en fonction de l'intérêt pour la scène. Il met en oeuvre une direction d'acteurs de type naturaliste également, apportant une grande plausibilité aux différents personnages.

En surface, le lecteur découvre donc l'histoire personnelle de Tim Fox, les circonstances qui l'ont éloigné de la cellule familiale et son difficile retour de fils prodigue, avec une forme d'hostilité de la part de son père et de son grand frère. La confrontation avec monsieur Arkadine n'est pas folichonne ; une partie des mystères ne sont pas levés et seront certainement repris dans une série ultérieure. Bien sûr, le lecteur se dit qu'un scénariste de cette envergure ne va pas se contenter de raconter une gentille histoire d'aventures bien troussée. Cela commence doucement avec cette référence aux 1% et à une inflation galopante, ou plutôt à l'écart indécent qui se creuse entre les plus riches et le reste de la masse grouillante de l'humanité, rien de très provocateur. Les brouilles de famille alimentent la comédie dramatique de manière très classique. le devoir d'obéissance de Renee Montoya reste dans une dynamique elle aussi classique. Il faut donc pendre patience pour que Ridley pousse le bouchon plus loin. Effectivement, très progressivement, il s'éloigne des lieux communs. Les femmes de la famille Fox prennent petit à petit plus d'importance, sans être cantonnées au rôle de faire-valoir, ou de victimes potentielles sans défense. Lorsqu'enfin Tim fait face à son père Lucius Fox pour qu'ils lavent leur linge sale, l'affaire semble entendue en termes de dilemme moral entre un comportement honnête, et un autre consistant à refuser la responsabilité de ses actes. Mais plus loin, la même situation est examinée sous un jour bien différent par Tanya Fox, mettant en lumière que si la victime avait été afro-américaine, la justice aurait été bien différente. À cela s'ajoute des réflexions sur le pouvoir de l'argent moins manichéennes que prévues, et un questionnement sur la responsabilité qui vient avec une position sociale influente.

Une fois passées les caractéristiques les plus artificielles (renommée de l'auteur, importance à venir du personnage), le lecteur apprend à connaître un individu pas lisse du tout se conduisant en véritable adulte, avec une narration visuelle solide, s'attachant à raconter plutôt qu'à en mettre plein la vue. le lecteur y trouve son compte même s'il n'est ni attaché à la continuité du moment de Batman, même s'il ne connaît aucun de ces personnages.
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