Rançon Riggs nous embarque dans un univers nous promettant une ambiance très particulière, Tim burtonnienne en un sens (Oui ! C'est un mot inventé, et alors ?), renforcée par les vieilles photographies noir & blanc qui émaillent le récit. Si le début se passe en Floride, dans une ville tout à fait normale (et ennuyeuse), on est rapidement entraîné par Jacob et sa quête de vérité sur une petite île parfaitement bien décrite (on imagine sans peine la tête des habitants, l'aspect du pub, …) où l'on va finalement pouvoir pénétrer dans le monde des Particuliers. Ces derniers vivent reclus, loin du monde qui n'a pas toujours été tendre avec eux, dans des boucles temporelles figées dans le temps, et dont ils ne peuvent sortir que brièvement sous peine d'être rattrapés par leur âge véritable. Si Jacob ne cherchait à l'origine qu'à connaître la vérité sur la réalité de leur existence, il se voit rapidement lancé dans une course-poursuite à travers différentes places et époques, pour secourir les Particuliers et les Ombrune, gardiennes des boucles, enlevés par des êtres monstrueux aux intentions plus que sombres…
Au final, j'ai été un peu déçu par cette trilogie. Non pas en raison du roman lui-même, de ses personnages ou de l'univers mais parce que la couverture, les vieilles photographies et les têtes de chapitre me vendaient toutes une aventure étrange, bizarre et effrayante dans la veine de « American Horror story ». L'aventure a mis du temps à réellement se mettre en place et l'action était un peu pauvre jusqu'à la deuxième moitié du second volume : j'ai trouvé que l'aspect « Particulier » n'était pas utilisé au maximum de ses possibilités, cantonnant l'histoire dans une simple fuite/chasse à l'homme où les pouvoirs interviennent de manière presque anecdotique pour aider nos héros à s'extirper de situations périlleuses. J'aurai aimé que ce soit plus présent au cours de l'histoire. le dernier volume au contraire à su retenir toute mon attention et j'ai eu du mal à le poser. La tension y est à son comble, le lieu où se déroule principalement l'intrigue était aussi très « particulier » et plein de caractère, et pour une fois, mon imagination a pu s'envoler. On a en outre droit à toute une série de personnages intéressants et plus colorés que ceux rencontrés précédemment.
Pour en venir aux personnages justement, j'ai là aussi de petits regrets : le premier tome nous introduit tout une galerie d'enfants particuliers, plutôt charismatiques pour la plupart mis à part l'un d'entre eux, mais il est justement créé pour être détesté et ça fonctionne plutôt bien. Les plus jeunes en particulier sont très touchants (mention spéciale pour la petite Olive). Miss Peregrine est également parfaite dans son rôle de gardienne « victorienne », et si elle est souvent stricte et sérieuse, on découvre progressivement que sous cette première couche un peu sèche, elle est très concernée par le bien-être de ses protégés et qu'elle fait également preuve d'une certaine forme d'humour; À ce titre je l'assimile beaucoup au professeur Mcgonagall. Malheureusement le développement de ces personnages, dont la personnalité se borne souvent à leurs pouvoirs, est très pauvre, et de surcroît limité aux deux principaux protagonistes, Jacob et Emma, victimes tous deux d'une terrible malédiction : l'insta-love. Vous l'aurez compris, j'ai trouvé cette relation amoureuse plutôt ridicule et peu crédible et un peu glauque étant donné le premier amour d'Emma. Ça aurait pu fonctionner si ça avait été amené progressivement, mais ce n'est malheureusement pas le cas (je t'aime, tu es la plus belle fille que j'ai jamais vu ! sic). J'ai d'ailleurs eu l'impression que l'autour lui-même ne savait pas toujours quoi faire de ses personnages, au point d'en abandonner certains au cours de l'histoire. Quant au grand méchant, que l'on ne découvre vraiment qu'au tome 3, je l'ai ma foi trouvé… ridicule et pas particulièrement effrayant.
Les photographies pour leur part, si elles confèrent à ce livre son caractère si particulier, m'ont parfois donné la sensation quelles étaient de trop, comme si l'auteur avait à tout prix voulu en intégrer certaines, et pour ce faire forcé le récit à s'adapter en fonction. On se retrouve ainsi avec des personnages introduits brièvement et disparus tout aussi rapidement pour justifier une photographie, et au-delà de rendre l'ensemble un peu maladroit, interrompt souvent le cours du récit. Au final, je m'interroge beaucoup sur la méthode de travail de l'auteur : à t-il créé son histoire pour ensuite intégrer des photographies pour l'illustrer, ou a-t-il sélectionné une série d'images et ensuite brodé une histoire autour ? Essaye-t-il de nous vendre une histoire, une aventure, ou sa passion pour les vieilles photographies…?
Miss Peregrine et les enfants particulier n'est pas un mauvais roman tout bien considéré (je lui donnerais 14/20) mais j'ai eu beaucoup trop l'impression de lire une succession de petites histoires/scènettes présentant un univers et des personnages particuliers avant de vraiment être embarqué dans une aventure. Je m'attendais aussi, de par l'emballage (ne jamais se fier à une couverture !!!), à un roman horrifique et étrange, mais si l'idée de départ d'utiliser des photographies insolites et singulières pour installer une ambiance était plutôt bonne, le résultat n'est malheureusement pas toujours au rendez-vous. le roman reste un très bel objet, et qui sait, le film réalisé par
Tim Burton, réussira peut-être, où l'auteur à échoué, à nous délivrer une histoire horrifique et fantastique à souhait !
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