AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 286 notes
5
8 avis
4
8 avis
3
6 avis
2
2 avis
1
1 avis
C'est en lisant un ouvrage de Maurice Blanchot que je découvre ce livre de Rilke. Blanchot lui même qualifie ce livre de "mystérieux". En effet, Les Cahiers de Malte Laurids Brigge est un livre étrange. Sous forme de notes (dans un journal intime) il est plutôt un recueil de fragments, parfois de poèmes en prose. On sait tout le travail effectué par l'auteur pour écrire ce livre, et pour nous donner l'impression qu'il s'agit de feuilles trouvées dans un tiroir (un livre sans fin auquel peuvent s'ajouter d'autres feuilles; des feuilles écrites de la main de Malte, comme ces contes interminables des mille et une nuits).

Malte est une voix, une âme, une pensée et une mémoire plus qu'un corps ou un visage. L'une des idées que j'ai beaucoup aimée, celle que l'homme porte sa mort en lui, l'emmène partout et cette idée je l'ai retrouvée lorsque j'ai lu ces vers de Cesare Pavese dans le poème "La mort viendra et elle aura tes yeux" (on trouve cette idée aussi chez Blanchot) :

"Cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu'au soir, sans sommeil,"

La deuxième idée que j'ai retrouvée aussi chez maints grands écrivains est celle que le fait d'aimer ou la condition de celui qui aime est la plus belle, la plus importante, peu importe si "l'objet" aimé (pour employer cette expression classique) partage cet amour ou non.

Pour les scènes que j'ai appréciées, je pourrai citer celle des cheveux du lecteurs qui ressemblent à un homme qui vient de se réveiller, et toute la scène à la bibliothèque, la scène où il observe ce fou, la scène d'enfance où il avait peur des fantômes... etc

A mon avis, c'est un livre majeur qu'il faut lire et relire.
Commenter  J’apprécie          580
Ce n'est pas un ouvrage facile à appréhender que ces « cahiers de Malte Laurids Brigge ». Ouvrage poétique en forme de récit de promenade dans la ville, dans les souvenirs, dans la vie, il en ressort un sentiment de tristesse et d'enferment, on sens l'épaisseur des murs comme ceux des sentiments. Traité à la façon de pensés, le propos est fort décousu.
Comme en musique et en peinture, il y a en littérature des oeuvres plus difficile que d'autre à aimer, mais une fois le but atteint le plaisir en est décuplé. Je pense que je vais m'accrocher et le relire pour m'en imprégner.
Commenter  J’apprécie          310
Malte Laurids Brigge, jeune intellectuel aristocrate danois, presque anonyme, sans fortune, aspire à écrire et arrive à Paris, y cherchant salut et inspiration. Notant au fil des jours ses remarques dans un carnet, Malte met à l'épreuve son devenir d'écrivain, sa recherche poétique et sa quête d'identité, tout en tentant de ne pas se diluer complétement dans le chaos urbain de la modernité, attentif à ses failles comme à ses révélations.
Unique entreprise romanesque de Rainer Maria Rilke, cette oeuvre à part, novatrice, follement séduisante, à la frontière du roman et de la méditation poétique, est un ensemble de cahiers où, dans une mutation infinie du sujet et du monde, se mêlent dissections des sens, transfiguration lyrique, géographie urbaine et immersion dans l'histoire de la poésie.

Rilke n'a de cesse de marquer la conscience du lecteur en semant la confusion : le récit discontinu, suite de fragments, côtoie une dissolution du personnage de Malte, tout en superposant à cette diffraction un monde poétique aux formes éblouissantes, ou rien n'est défini ni définitif.
Cette ambivalence génère une tension donnant au texte toute son énergie, opposant un personnage central impuissant, malgré une introspection soutenue, à accomplir sa mutation littéraire, à un roman dont la forme innovante, elle, a réussi toutes les transformations. Rilke saborde ainsi le procédé traditionnel littéraire pour mieux nous parler de modernité.

Véritable hymne composé à la marge des êtres et à la frontière des choses, ce roman moderniste à la forme intimiste se retire au seuil de la modernité pour mieux en expérimenter le sens et les contours perméables. Rilke y diagnostique les moeurs propres au monde moderne urbain (Paris), où les images et les sens se multiplient frénétiquement en signes traitres et artificiels, et interroge la place de l'homme dans ces nouveaux modes d'existence. L'auteur, par le biais de la sensibilité et du regard de Malte, dessine une expérience négative de l'ère moderne et du progrès, où la quête de savoir et d'identité affronte la ville, l'écriture et la mort. Menaçant l'identité, la cité se révèle périlleuse autant pour la sphère intime que pour la singularité et l'unicité de Malte : elle multiplie tout, diffracte tout, quand Malte a tant besoin de se concentrer en un point singulier et transformer cette introspection en expérience d'écriture, écrire étant le seul moyen de combattre spirituellement et physiquement les signes trompeurs de la modernité. Il s'agit donc de conjurer la confrontation avec le réel, source de remise en cause et de tourment, pour se reconstruire par l'écriture : surmonter le fiasco pour le muer en accomplissement.

C'est aussi une quête esthétique transmutée en quête d'un absolu exempt de concept et de définition, niant toute limite, jouant avec l'espace-temps dans un monde subjectivement ré-agencé. Bouleversement de l'ordre du monde, bouleversement du langage, du corps, des espaces, des temporalités : rien n'est permanent, toute frontière est celle de la peur, tout refuge réside dans l'indiscernable.

C'est enfin une quête morale de l'homme moderne (morale dont la consistance est incarnée par l'écriture, vectrice de vérité) oeuvrant à sauver l'âme des démons urbains, puisque pour Malte, et donc pour Rilke, écrire et vivre ne sont qu'un : l'écriture n'est pas artifice moderne mais possibilité d'existence et de continuité dans un modernisme discontinu.
L'auteur nous enjoint donc par le biais de l'écriture à expérimenter par nous-même l'espace moderne et mouvant du monde grâce à l'espace moderne et mouvant de ce roman.

"J'apprends à voir. Je ne sais pas pourquoi, tout pénètre en moi plus profondément, et ne demeure pas où, jusqu'ici, cela prenait toujours fin. J'ai un intérieur que j'ignorais. Tout y va désormais. Je ne sais pas ce qui s'y passe."
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
Commenter  J’apprécie          235
Livre merveilleux.
Quête de soi, de l'enfance, de la mort, de la peur, de Dieu, de l'amour, de la poésie, à travers des souvenirs recréés, l'histoire, les mythes.
En une langue admirable de sensibilité
Commenter  J’apprécie          210
Il m'est quasiment impossible de qualifier cet ouvrage avec un genre précis puisque ce dernier n'est ni un roman ni un journal intime à proprement parler. Il est en réalité composé de pensées et de réflexions du jeune poète danois, Rainer Maria Rilke, venu s'installer à Paris dans le but d'écrire une monographie sur le célèbre sculpteur Auguste Rodin et ainsi de devenir écrivain.
Ce roman aborde des thème très variés tel que la fragilité de la condition humaine que le poète lui-même connaît bien puisqu'il est fragile de nature, ceux de la solitude, la mélancolie ou encore l'amour et de la mort.
Admirable ouvrage du poète qui nous confie, à travers cette fiction, des sentiments qui lui sont propres et des idées qui lui sont chères. A découvrir !
Commenter  J’apprécie          200
Une invitation à l'imagination mais il en faut beaucoup pour trouver un fil conducteur à ce texte. Des beaux passages très évocateurs, des images fortes mais à chaque fois que l'intérêt s'accroche, on part ailleurs sans comprendre le lien, si tant soit qu'il y en ait un. Seul fil apparent, un personnage solitaire, perturbé au milieu d'une vie qui s'écoule indépendamment de lui et dont il essaie de comprendre le sens. Son attention se pose ça et là, un peu au hasard sur: la maladie, la mort qui échappe même à celui qu'elle concerne, le visage de circonstance qui habille l'intérieur, les souvenirs fantômes de femme qui passent et disparaissent, … et tant d'autre choses. Tout cela semble lui être pesant et menaçant. Parfois il entrevoit une lueur de bien être, des havres de paix dans un monde majoritairement hostile: une bibliothèque, une gargote, une scène de rue, un souvenir de femme ou d'enfance. Ils lui permettent de s'échapper, mais ce sont des abris fragiles et temporaires. Il cultive sa solitude car c'est par elle qu'il existe, par elle qu'il ressent ce qui l'entoure. A chaque fois on sent que ses sensations sont liés à des souvenirs, qui alimentent des problèmes psychiques, mais ces souvenirs sont difficilement identifiables, même s'ils reviennent sporadiquement comme par bouffées. Donner une vue d'ensemble est pratiquement impossible car chaque page vous attire dans un univers différent avec d'autres fils à tirer. J'ai bien conscience que cette première lecture est insuffisante et qu'il me faudra y revenir, une page par ci, une page par là, sans nécessairement m'attacher à l'ensemble, car je soupçonne que la continuité et la cohérence du narrateur ne soit finalement que secondaire. J'espère ne pas vous avoir découragés ni dénaturé le livre. C'est un livre difficile ( du moins pour moi) mais que j'entrevois très riche.
Commenter  J’apprécie          103
~ Rilke & son double ~

Rilke se réinvente, et crée Malte Laurids Brigge, le narrateur, fraîchement installé en France, il écrit dans son journal intime des notes en désordre & fragmentaires, il y raconte Paris, ses souvenirs d'enfance, sa vocation de poète, sa perception du monde, son obsession de la mort.

En somme des pensées vagabondes, saisissantes & fugitives, mais aussi des interrogations.

À la frontière du roman & de la méditation poétique, Rilke décrit un monde flottant dans lequel il est difficile de pénétrer. Composite, hétéroclite, surréaliste par moment, ce texte, n'a de cohérent que le "je" qui se confie, examine, raconte, se souvient, réfléchit, tout le temps dans la discontinuité.

Couches, sous-couches, empilements & strates, il fait partie de ces livres que l'on referme mais qui vous reste longtemps en tête. C'est long, très long à assimiler. Tout cet indicible !

À lire, relire & s'en imprégner !
Commenter  J’apprécie          90
Certes, celui qui s'attend à lire un roman sera déçu. Au début du XXe siècle, un jeune noble se souvient de la gloire passée de sa famille, de son château. Nous suivons ses errances quotidiennes à Paris et ses réflexions sur un présent qui le touche et le dépasse à la fois. La prose est magnifique. Chaque partie pourrait se lire séparément et un rien, même un objet ignoré, oublié, devient un enchantement. Rilke met en scène l'une des plus belles poésie du temps, du désenchantement, de la flétrissure de tout ce qui fut, de son château en ruines à ce voisin qu'il entendait derrière le mur de son appartement et dont il a imaginé la vie sans jamais oser le rencontrer.
Lien : http://unityeiden.fr.nf/
Commenter  J’apprécie          90
A la lecture de ce livre on est comme emporté au-delà du monde, dans une sorte d'amnésie du temps et de toute réalité concrète. Rainer Maria Rilke nous enivre de sensations, d'émotions, d'images et nous évoluons comme envoutés, avec l'impression de se trouver dans un état second.
Comparé à son recueil de nouvelles « Au fil de la vie », qui évoque aussi le thème de la mort mais sur un ton résolument plus drôle, voir léger, Rainer Maria Rilke nous livre ici une oeuvre de poésie plus hermétique mais quasiment magique.
Il faut cependant certainement une forte concentration et plusieurs lectures pour réellement percer les intentions de cet auteur au charme mystérieux.
Commenter  J’apprécie          80
Dans ce roman, on suit Malte Laurids Bridgge, qui se trouve "depuis trois semaines" à Paris ; il est pauvre et solitaire, erre dans Paris où il apprend à "voir"; il rêve de devenir poète.
Il parle de ses peurs, de souvenirs, d'angoisses; des réflexions, des méditations intéressantes sur la mort, sur la vie, sur la poésie.
Une oeuvre poétique.
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (898) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1227 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}