Sondage au pif

Helsinki, le marché de Hakaniemi, ses étals tous plus alléchants les uns que les autres, enchainant les poissons fumés de tant de sortes, les fromages du monde entier avec même des fromages français (surprise le camembert est présent !), des cafés croulants sous les pâtisseries les plus attirantes,
Helsinki, les lacs et la promenade à Linnunlaulu, avec ses larges allées propices à la réflexion et ses bancs accueillants, ses terrasses de bistrot qui se remplissent aux heures du déjeuner pour venir boire une bonne soupe avec une tranche de pain ou un bel assortiment de légumes en libre service pour pouvoir se composer une monstrueuse salade, lieu de rassemblement des travailleurs, des bandes de retraités, des mères ou pères assurant la garde d'un enfant en bas âge et se retrouvant pour tranquillement déjeuner tous ensemble avec leur progéniture ... si celle ci dort elle reste dans le landau dehors pour profiter du grand air bien couvert,
Helsinki, sa terrasse Juttutupa, le restaurant de Lénine lors de son exil en Finlande avant sa prise de pouvoir, la table où il déjeunait est toujours là, avec des photos de l'époque, les autres salles du restaurant pouvant être selon l'endroit, un restaurant populaire au buffet très bien garni, un restaurant plus gastronomique aux plats plus recherché et puis sa terrasse où on peut savourer son apéro, son verre de vin ou son demi accompagné de cornichons aigres à tremper dans le miel,
Vous l'aurez compris j'ai retrouvé dans ce livre tous mes souvenirs de mon escapade à Helsinki !

Mais au delà de ce remue ménage dans mes neurones, je n'ai pas été séduite par l'intrigue, car au delà de sa solitude, sentiment phare de ce livre, que la narratrice essaie d'endiguer, son utilité sociale qu'elle essaie de trouver ... le style est sans charme, la narration très lente et j'ai parfois eu le sentiment que les mots ne sont que des bouche trous pour remplir les pages.
Parler de mélancolie, oui peut être mais j'ai vraiment eu le sentiment de perdre mon temps,
Parler de drôlerie, oui peut être mais surtout j'ai eu le sentiment de lire un texte loufoque et pas vraiment drôle,
Parler de tendresse, oui peut être mais surtout j'ai eu le sentiment de me perdre dans une narration, j'oserai dire inintéressante !
Rencontre réussie avec une ville dont mes souvenirs ont été ravivés par cette lecture, mais rencontre ratée avec cet auteur !

Peut-on s'inventer une vie, quitte à passer pour un imposteur, afin de lui donner un sens ? Irma, l'héroïne de Sondage au pif, ne s'est sans doute pas posé la question en ces termes. Au bout des 325 pages du roman de Mikko Rimminen, on a appris beaucoup de choses d'Irma, puisqu'il s'agit d'un monologue prolixe qui ne lésine pas sur la description des faits, gestes et pensées de la susdite, celle-ci restant tout de même mystérieuse, tant aux raisons de ses actes qu'à son état mental, pour le moins confus. Elle serait plutôt pathétique l'existence d'Irma, une solitude criante avec un fils dont elle n'a de contact que par téléphone, si l'auteur n'introduisait pas un humour salutaire, quoique désespéré. A vrai dire, il nous saoule un peu tant son livre est verbeux, saturé de coqs-à-l'âne et de digressions difficiles à digérer. Il y a un moment où l'on a a envie de crier grâce, de demander à Rimminen de se calmer un peu dans les très détaillées mésaventures de son personnage. Comment s'attacher à Irma dont, paradoxalement, plus elle parle et agit, moins on comprend ce qui la fait avancer ?

"Je n'ai pas de raison de me sentir particulièrement bien, mais pas particulièrement mal non plus : j'ai de quoi manger, une routine, des fenêtres en double exemplaire et une porte à où sortir, des promenades du soir, l'odeur de l'automne qui me dilate les narines, le journal, la radio, la télé et même l'ordinateur."
Voilà comment Irma qui vit à Helsinki se définit. La routine et la morosité de sa vie crèvent les yeux. Un fils d'une vingtaine d'années pour qui elle n'est pas une maman poule, pas de travail et des moyens financiers serrés. En se rendant chez quelqu'un suite à une annonce pour des plantes, elle se trompe d'escalier et sonne chez Irja. Une idée saugrenue lui vient à l'esprit, elle dira qu'elle réalise des sondages. Irja l'invite rentrer, la conversation s'amorce simplement autour d'un café et des questions non préparées d'Irma. Un moment de bonheur volé pour Irma qui décide de continuer à se faire passer pour une enquêtrice. En pénétrant chez les gens, elle brise sa solitude, est une oreille à leurs problèmes et s'immisce dans leur leurs vies. Aucune méchanceté de sa part, non, elle recherche juste le contact et à discuter de tout et de rien. Son fils trempe dans une magouille et quelqu'un a porté plainte à la police : une femme cherche à pénétrer chez les gens sous prétexte de réaliser des sondages. Mais Irma ne veut pas renoncer à sa bulle de plaisir, à ses gens rencontrés avec qui elle a trouvé des prétextes pour rester en contact.

Dans ce roman doux-amer sur la solitude, la tendresse et la mélancolie sont présentes. Irma est attachante, surprenante mais surtout désespérément en quête de chaleur humaine. J'ai souri, j'ai eu le coeur pincé par ces vies. Il ne faut pas être pressé dans cette lecture et le rythme ne conviendra pas à tout le monde.

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