Aarto Paasilinna a le chic de me faire sourire quand je me lance dans un de ses romans ! J'adore son humour un peu pince sans rire !
D'une situation à la base plutôt dramatique ( un crash d'avion et les survivants qui se retrouvent sur une ile déserte), il en fait une sorte de fable écolo et empreinte de quelques épisodes bien désopilants !
Aller jusqu'à imaginer qu'une partie des survivants de cette ile se mettraient à distiller de l'alcool de fruits ( histoire de rendre encore plus belle la vie dans ce paradis terrestre ), seul Paasilinna peut le faire et l'écrire avec sa verve habituelle.
Malgré les aléas d'une vie plutôt rudimentaire, on comprend que lorsque les secours arriveront, la question de rester se posera de façon cruciale pour certains ....
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En plaçant une micro société humaine rescapée d'un accident d'avion dans le huis clos d'une île de l'océan indien je m'attendais à l'observation critique des comportements des membres de ce groupe projetés hors de leur zone de confort. le thème est évidemment abordé mais d'une manière tellement superficielle que les caractères sont à peine ébauchés et la psychologie des personnages confrontés à leur survie et leur chance de revenir à la civilisation réduite à la portion congrue.
Je suis donc passé à côté de cet ouvrage. Je n'ai pas été sensible à l'humour grinçant que d'aucuns veulent y voir. J'avoue être trop cartésien et m'attacher à la crédibilité des entreprises pour se tirer d'affaire en pareille circonstance. La perspective de défricher un gigantesque SOS dans la forêt vierge et l'enflammer pour attirer l'oeil des caméras des satellites m'a laissé perplexe. Mais peut-être faudrait-il que je fasse plus ample connaissance avec cet auteur et me souvenir que dans la roman tout est permis.
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Un grondement énorme résonnait dans la jungle tandis que l'arbre écrasait tout ce qui se trouvait au-dessous de lui : les petits arbrisseaux de la taille d'un homme se brisaient comme des pailles dans les doigts d'un ivrogne ; lorsque la couronne s'écrasait dans la jungle, le tronc était projeté dans les airs jusqu'à dix mètres de hauteur. Une fois à terre, il continuait de craquer, comme s'il cherchait sa place ; il faisait penser à une baleine bleue qui, avant de mourir dans l'océan, rassemble ses dernières forces et fait valser le baleinier. La chute était vraiment finie : le géant reposait en silence dans la jungle, dévoilant les revers blancs de ses feuilles sombres, comme un soldat mort au combat, dont le bouclier repose à l'envers sur le corps privé de vie.
Je suis journaliste. Un Finlandais tout ce qu’il y a d’ordinaire : un individu mal éduqué, avec des ambitions limitées, une veste usée et un caractère sans relief. J’ai dépassé la trentaine. Je suis d’une colossale banalité et il arrive que cela me chagrine.
Ce jour-là, Reeves déclara : je me demande combien d'entre nous comprennent que nous vivons ici en régime socialiste. Nous ne possédons rien que nous puissions nous disputer, puisque tout appartient à tous. Nos besoins fondamentaux sont satisfaits : nous nous procurons notre nourriture en commun, et celle-ci est répartie en fonction des besoins et non du travail fourni, nous habitons dans des petites maisons construites par la collectivité, les soins médicaux sont gratuits, nous n'avons pas de banque...
J'attendais, et les singes aussi. Visiblement vexés, ils m'observaient en jetant de temps à autre de petits coups d'oeil aux friandises posées sur la branche.
- Mangez, mangez encore, leur disais-je. A cet instant, l'idée me traversa que je devais ressembler à une femme de pasteur empressée servant le café à un évêque et encourageant son visiteur de marque à engloutir les dernières réserves du presbytère !
Il me semble que cette île serait un endroit idéal pour passer agréablement les années de vie qui nous restent. Il déclara qu'il ne comprenait pas pourquoi nous tenions tant que ça à retourner dans un monde déchiré par les guerres, pour payer des impôts, acheter des produits coûteux et superflus, avoir un cancer du poumon ou quelque autre maladie, écouter les jérémiades continuelles de nos épouses au sujet de leurs jambes enflées et de la laverie toujours bondée (p154)
Les livres cités dans l'émission par Mikaël :
- le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé aux éditions Actes Sud
- En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut aux éditions Finitude
- La Comédie Humaine de Balzac (Pléiade)
- Confiteor de Jaume Cabré aux éditions Actes Sud
- La Cantique de l'Apocalypse Joyeuse d'Arto Paasilinna chez Folio
Les mille MERCIS du libraire de caractère : "À l'équipe de la Grande Librairie au nom tous les libraires indépendants, à Virginie, ma chérie qui m'a suivi dans cette folie et qui déchire tout dans l'ombre depuis plus de 10 ans, à Audrey et Rémy, qui reviennent chaque matin avec leurs lectures, leurs conseils et leurs blagues irremplaçables et à tous les clients qui font partie de cette famille qui s'agrandit et qui nous donnent une force incroyable ! Vive les livres !"
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