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EAN : 9782925141013
440 pages
La Peuplade (16/09/2021)
4.14/5   93 notes
Résumé :
Vuopio, Laponie orientale. À la suite d’un malheureux concours de circonstances, Elina Ylijaako a trois jours pour pêcher le brochet du Seiväslampi ou une malédiction la foudroiera. Or, un Ondin cruel règne sur l’étang et refuse de la laisser pêcher.
Elina n’a pas d’autres choix que de pactiser avec l’un des fantômes les plus dangereux du coin, un ancien partenaire de cartes de l’Ondin. Sans oublier qu’elle est recherchée par l’inspectrice Janatuinen, qui en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
4,14

sur 93 notes
Il suffit de peu de choses.

Il suffit de peu de choses parfois pour se décider à choisir un livre. Je l'avoue j'ai pris ce livre sans même savoir de quoi il parlait, une fois n'est pas coutume, grâce à sa magnifique couverture, d'un beau mauve velouté avec son brochet rose plein d'élan, à son titre (depuis Peter Heller et La constellation du chien, la pêche en littérature m'attire et me nourrit de par son côté méditatif) et à sa nationalité finlandaise. Arto Paasilinna et son humour décalé, grinçant ne devait pas être très loin me suis-je dit. Sans parler des paysages.

Il suffit de peu de choses parfois pour faire d'un livre une aventure réjouissante et étonnante. Ce livre, qui sort complètement des sentiers battus, m'a plu. La mythologie finlandaise côtoie l'humour, l'étrangeté et le polar. Un ensemble singulier dans lequel j'ai plongé et mordu immédiatement.

Loin de la Laponie de notre imaginaire, pays blanc et immaculé du Père Noel, nous sommes en pleine zone marécageuse, en Laponie orientale, dans le village de Vuopio. Une zone infectée de bestioles en tout genre, notamment d'insectes suceurs de sang, moustiques et taons s'en donnent à coeur joie ! Mais aussi remplie de créatures fantastiques surprenantes : Teignons (mon préféré), Pattes-rayées, Grabuges, Croquemitaines, Affligés de rivière, Floches.

« C'est l'idée même de la Laponie : l'alliance de la vastité et de la vacuité. Un horizon crevé par des épicéas miteux, dont le vide horrifiant tient les gens au silence et les mythes en puissance. Les mythes, ils mangent de la peur. Ils sécrètent des monstres parcourant les tourbières comme des engins enclenchés en un temps révolu, que plus personne ne sait éteindre. Il en nage dans les eaux sombres. Il en est qui sont recroquevillés aux plafonds, leurs yeux ronds ardant comme ceux des hiboux ».

Alors qu'elle travaille désormais dans le Sud du pays, Elina revient dans sa région natale comme chaque été. Comme chaque été la jeune femme a une mission bien précise : elle a trois jours exactement, avant le 18 juin, pour pêcher, au bord d'un étang vaseux, un brochet. Un petit brochet qui a priori n'a rien à faire dans cette grande flaque sans fond, unique représentant de son espèce. Elina n'a pas le choix, elle ne peut faire autrement car sous l'emprise d'un sortilège, d'une malédiction que nous comprendrons peu à peu au fil de la lecture. Sa vie en dépend.
Mais en ce premier jour, voilà qu'un ondin, beau et séducteur dieux des eaux, surgi. En gardien des lieux, il lui impose un marché odieux pour pouvoir accéder au marais. La pêche s'avère décidément délicate cette année, ce d'autant plus qu'Elina est traquée par une policière, Janatuinen qui la suspecte de meurtre. Qu'il est drôle de voir cette policière découvrir ce village de petites gens lapons, de découvrir leurs croyances, leurs sorcellerie, les liens ténus entre la réalité et le surnaturel. Drôle de la voir s'acoquiner avec un Teignon qui ne la lâche pas d'une semelle. La fin du livre, course contre la montre, se transforme en véritable épopée.

Le livre est drôle, je me suis surprise à éclater de rire par moment. Des réflexions écologiques se mêlent par ailleurs au récit, incriminant au réchauffement climatique la baisse du nombre de Teignons et la quasi disparition de Pied-rayés. Les non chasseurs sont vus comme des toqués et l'absence de pesticide dans les plantations comme quelque chose relevant de la sorcellerie :

« C'est vrai qu'elle était capable de faire pousser ses patates sans produits chimiques puisque le diable était son ami. L'Ennemi de l'âme trottait sur ses sabots de bouc dans ses champs pendant la nuit, il caressait les feuilles et chuchotait aux tubercules. Pour sûr qu'ils devenaient gros et sucrés ! Je me souviens, j'ai mangé une fois une patate d'Ylijaako et je me suis dit que le péché devait avoir ce goût-là. Elle était si bonne, cette patate… Mais ce n'est point pitance de chrétien ».

Il suffit de peu de choses pourtant pour transformer un livre a priori réjouissant en un livre qui nous donne une impression de lourdeur au point d'avoir vite envie qu'il se termine. Tous les ingrédients qui font la force de « La pêche au petit brochet », sont aussi ceux qui, employés à dose élevée, peuvent devenir indigestes. Trop de fantastique tue le fantastique, trop d'humour tue l'humour, je finis bien moins réjouie qu'au début ce livre avec une impression désagréable d'appât coincé à travers la bouche.

Un livre qui m'a tour à tour attirée, happée, réjouie puis qui m'a meurtrie tant la fin m'a paru lourde et indigeste…Très étonnant. Comment un tel livre, remarquable, a pu proposer une telle fin, une fin qui se veut cocasse, qui m'a paru interminable ?

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Sorcières et créatures fantastiques dans la nature de la Laponie.

À vrai dire je ne m'attendais pas vraiment à cela. J'avais lu un extrait, le début du roman où Elina pêche le brochet dans un étang entouré de moustiques. Cela semblait un « nature-writing » sympathique.

Mais l'histoire bascule lorsqu'on voit apparaitre un « ondin » dans la mare, qu'un « teignon » hante la cuisine d'un commerçant, que le maire est possédé par un « floche » et qu'un certain « Olli-Mangeclous » fait des siennes. Tout un répertoire de créatures fantastiques! Un peu comme « Des groseilles de novembre » de l'Estonien Andrus Kivirähk, que j'ai lu récemment, sauf que l'histoire de pêche n'est pas une fable du moyen-âge. Élina arrive au village en auto, c'est aussi une universitaire qui fait la cueillette d'échantillons scientifiques.

Au final, un roman surprenant, mélange inédit de nature, de loufoque, de rebondissements inattendus et de contes merveilleux, où des formules magiques peuvent ensorceler et où il faudra la force de la solidarité des amis pour s'en sortir.
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« C'est l'idée même de la Laponie : l'alliance de la vastité [sic] et de la vacuité. Un horizon crevé par des épicéas miteux, dont le vide horrifiant tient les gens au silence et les mythes en puissance. »
Dans une contrée où les habitants communient aux sortilèges lancés par les sorciers et où, certaines nuits de gent redoutable, apparaissent démons des bois, fils de l'hiver sans fin, flocons d'esprits défunts, servantes des sous-bois, farfadets narquois, noircisseurs de lune et ombres d'âmes, trois jours intenses attendent Elina Ylijaako, native de l'endroit, qui doit impérativement mettre fin à une malédiction lancée par son ancien amoureux au bord d'un étang maudit. Seul un brochet hante les lieux et par sa bouche vorace, avale les mauvais sorts, permettant à ceux-ci de voyager entre l'ici et l'au-delà.
Un conte fantastique peuplé d'êtres étranges côtoyant le réel dans un univers où, bizarrement, les scènes macabres sont absentes. On assiste plutôt à des événements surnaturels que l'on finit par intégrer à une certaine normalité, à l'instar des personnages du roman dont l'existence tranquille est à peine effleurée par toute cette magie ambiante.
Une pêche au petit brochet que je n'oublierai pas de sitôt.
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Une aguichante couverture, comme de velours mauve brodé d'un délicat brochet rose se mordant la queue -et oui, ce n'est pas rien, parfois, cette enveloppe du livre, pour appeler le désir d'y entrer – comme une peau que l'on retrousserait doucement pour déguster la chair fabuleuse de ce poisson de mots, chèrement conquis… Très bonne pêche, assurément, ce roman qui nous emmène dans « l'inepte Laponie orientale », un territoire disputé par les moustiques et les taons, voire par d'autres créatures beaucoup plus effrayantes encore, l'une des lectures les plus singulières de cette rentrée littéraire, un récit allègre et inventif, nourri d'autant de drôlerie que d'étrangeté ! Vous rêviez de la Laponie, son côté village du Père Noël, ses folkloriques Sâmes, ses sémillants troupeaux de rennes au bord de lacs immaculés ? Eh bien, vous pourrez réécrire les pages de votre imaginaire lapon, en suivant Elina, la protagoniste de l'histoire, de retour dans sa région natale, un enfer nauséeux où l'on ne pénètre qu'après avoir franchi une barrière plutôt dissuasive, gardée par une sentinelle ronchonne. La jeune femme revient au village, comme chaque été, depuis plusieurs années et son départ afin d'étudier et travailler dans le Sud du pays, pour accomplir une intrigante mission. Elle a, en effet, trois jours, et pas un de plus, pour pêcher, au coeur d'un étang vaseux, un petit brochet, seul et unique représentant de son espèce au milieu du marais. Commence alors une redoutable épreuve, aussi dramatique pour notre héroïne qu'elle est cocasse pour le lecteur… Car le brochet, au propre comme au figuré, lui donne du fil à retordre, et tandis que son pied blessé la tourmente sans cesse, que d'affreux animaux-ventouses sucent et avalent ses bottes au fond du marigot, que moustiques et taons se révèlent les pires des vampires, un ondin, surgi de « l'autre monde » et se prétendant le gardien des lieux, vient lui imposer avec morgue et violence un odieux marché. La première journée de pêche s'achève ainsi sur un échec et la promesse de lendemains difficiles… Mais alors que l'on devine peu à peu quelle malédiction la jeune femme est censée combattre en pêchant sa proie, elle s'accroche à sa quête, quitte à devoir affronter la mémoire et les conséquences d'une histoire d'amour mal terminée avec Jousia, son premier compagnon, quitte à devoir, surtout, résister à l'hostilité de tout un peuple de créatures surnaturelles, grabuges, teignons ou pieds-rayés, surgissant des marais pour défendre leurs prérogatives. L'aventure se complique davantage encore, quand apparaît dans le paysage Janatuinen, une inspectrice de police à sa recherche, depuis qu'elle la soupçonne d'une tentative de meurtre… de quoi nous tenir en haleine, dans cet improbable rififi chez les ploucs lapons, au coeur d'un foutu pays-cloaque, où la mère d'Elina, réputée sorcière, affirmait que le brochet était l'entremetteur entre notre monde et celui du dessous. Oui, on ne sait plus très bien dans ce récit fantastique, cette épopée parfois picaresque, où sont les frontières entre les mondes, l'humain et le surnaturel, le réalisme et la magie, et c'est tant mieux, quand la sévère policière finit par apprivoiser un inquiétant teignon, le transformant en affectueux toutou accroché à ses basques, quand le lecteur hésite entre le rire et les larmes, quand, derrière la tragico-farce, il y a peut-être aussi la meilleure des injonctions à nous inviter à mieux protéger cette nature vulnérable, notre demeure. Arto Paasilina peut reposer tranquille, son esprit, mélange d'intelligente lucidité, d'humour féroce et d'aimable tendresse, a trouvé digne héritier, ce Juhani Karila à la plume joyeuse !
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Elina, jeune chercheuse en biologie, revient chaque année dans sa Laponie natale, au-delà du cercle polaire, pour accomplir un rituel. Une pêche au brochet dans un petit étang marécageux, infesté de moustiques, taons et autres insectes suceurs, et défendu par un ondin ergoteur. La raison de cette inlassable pêche au brochet, il va falloir bien des pages et des péripéties pour la connaître. Parallèlement, Janatuinen, une jeune policière, arrivée du sud elle aussi, est à la poursuite d'Elina, et va se trouver confrontée à des phénomènes pour elle totalement inexplicables et irrationnels. D'autres personnages haut en couleurs vont venir se mêler à leurs deux quêtes, avec plus ou moins de bonheur.

Attention, lecture atypique ! Je connaissais un peu la littérature finlandaise, avec Arto Paasilinna ou Johanna Sinisalo, et j'avais déjà rencontré dans leurs romans, dans un contexte par ailleurs tout ce qu'il y a de plus contemporain, des créatures issues de la mythologie nordique. Je n'ai donc pas été étonnée de voir apparaître un ondin dans les eaux d'un paisible étang, mais un peu plus ensuite lorsque un grabuge a été évoqué, puis lors de l'apparition d'un teignon.
Et ce n'est pas tout ! C'est tout un bestiaire fantastique, suscité peut-être par les longues nuits d'hiver ou par des imaginations très fertiles, qui se plaît à mettre des bâtons dans les roues des deux héroïnes. Je laisse aux futurs lecteurs la surprise de les découvrir…
C'est pour le moins décoiffant, et un peu déstabilisant. Attirée vers ce livre dès sa sortie, puis de nouveau intriguée par l'argumentaire du responsable du stand de la Peuplade du festival Étonnants voyageurs, je me suis laissé tenter, mais ai mis un peu de temps à être convaincue. Légèrement débordée par le nombre de créatures étranges, j'ai trouvé que l'histoire aurait gagné à être un soupçon moins loufoque.
Toutefois j'ai fini par me laisser faire, et en retire au final une impression de lecture plaisante, souvent très drôle, avec des personnages entraînants, et qui s'avère recommandable tant comme lecture d'été que pour découvrir la jeune littérature finnoise.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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critiques presse (1)
LaPresse
25 octobre 2021
Mêlant quête initiatique et roman policier, ce livre inclassable, drolatique et exubérant est vraiment décoiffant !
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Le rostre du moustique est un instrument magnifique, muni de six aiguilles. Il possède deux maxillaires, les perceuses, placées le plus à l’extérieur, suivies des mandibules qui maintiennent le trou ouvert et, entre elles, passe le tuyau de l’hypopharynx avec lequel le moustique injecte la salive qui empêche le sang de coaguler. Et puis il y a la paille. Le moustique suce le sang et le sépare de l’eau qu’il rejette en gouttelettes par son abdomen.

Ces appareils suceurs-reproducteurs assemblés avec raffinement s’acharnaient sur Elina par centaines.
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De la végétation pointait sous le container. Achillée millefeuille, marguerites, plantain. Quand ce village avait été bâti, on avait creusé et compressé le sol. Avant de l’asphalter. Mais les plantes n’en avaient que faire. Elles transperçaient toutes les couches. Elles tiraient parti de la moindre fissure, du moindre trou, et aspiraient tous les nutriments qu’elles trouvaient dans le gravier comme si elles n’avaient jamais entendu parler de défaite.
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Keijo portait en guise de chaussures une paire de fines semelles qu’il s’était peut-être procurées, des décennies plus tôt, sous le nom de tongs. En fait de pantalon, une guenille trouée au fond, sans rien en dessous. Sa chemise était d’un gris qui ne donnait aucune indication quant à sa couleur d’origine. Surmontant cet ensemble se balançait une tignasse pleine de nœuds pouvant abriter n’importe quel type de vie.
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Sur un îlot boisé, de grands épicéas balançaient leurs branches, de-ci de-là au souffle du vent chétif comme si, eux aussi, cherchaient à attirer une proie. De temps à autre des oiseaux venaient s’y poser, qu’on ne revoyait plus.
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La jeune maîtresse d’Ylijaako avait toujours le nez collé dans ses bouquins quand elle était gamine. Voilà aussi qui aurait dû alerter les autres, le vice lui titillait déjà l’âme. Personne de normal ne lit autant. Et elle ne disait pas un mot de ce qu’elle lisait. Elle était comme un coffre qu’on ne cesse de remplir et remplir d’affaires, mais quand on soulève le couvercle il n’y a rien dedans. Le coffre est vide. Où est passé tout ce savoir, alors ? En Enfer !
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Video de Juhani Karila (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Juhani Karila
Retrouvez le coup de coeur de Julia pour "La pêche au petit brochet" de Juhani Karila aux éditions La Peuplade !
La pêche au petit brochet : https://bit.ly/3GbPyP5
Dans ce récit, l'auteur nous transporte dans son univers, nous y plonge et nous happe littéralement grâce à un effet de zoom dans lequel nous atterrissons dans un marais boueux et empli de moustiques. Elina dispose de trois jours pour pêcher un brochet et éviter que ne s'abatte sur elle une terrible sentence. Simple, me direz-vous : détrompez-vous ! Son parcours sera semé d'embûches tels que des créatures surnaturelles ou encore une inspectrice de police déterminée à l'arrêter. Une véritable course contre la montre s'enclenche et c'est avec une certaine fébrilité que nous accompagnons Elina dans sa quête. Acceptez de vous laisser porter par la folie douce de ce récit plein de légendes, de malédictions et de monstres mythologiques. Un premier roman particulièrement original à la fois drôle et touchant dans lequel la nature y tient une place centrale et dans lequel souffle un vent de merveilleux.
+ Lire la suite
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