Ce roman, je l'ai capturé blessé sur le bord de la route, comme Vatanen son lièvre. Il ne s'est pas débattu, je lui ai caressé la couverture, les pages hérissées se sont aplanies et m'ont livré leurs charmantes et amusantes frénésies.
Le livre de tous les délires, le lièvre de tous les possibles.
Où comment l'amour d'un animal « révèle sa force la plus intime ».
Vatanen s'enfonce davantage dans sa nature que dans la nature, et pourtant, « la clarté nocturne des forêts neigeuses était d'une beauté farouche ».
Pour moi, un coup de fraicheur, pour lui, un coup de folie, un égarement salutaire.
Le ton badin, burlesque jusqu'au grotesque d'
Arto Paasilinna affiche l'envie d'un homme de quitter avec son lièvre sous le bras sa zone de confort, (ah, ma zone !), la ville et ses tourments, son travail et ses désagréments, sa femme et son désistement.
Les diverses stations de sa nouvelle condition permettent à Vatanen autant de puiser le bonheur aux sources de la nature brute que d'éprouver ses propres ressources, de découvrir et de profiter avec joie des territoires Lapon au fil de ses chaleureuses et parfois étonnantes rencontres.
Il sera tour à tour débardeur, vacher, pécheur, bucheron, maçon ou chasseur d'ours.
Arto Paasilinna se servira avec délices de ces situations pour écorcher l'armée, les femmes, la religion, les institutions et le gouvernement dans une forme à la fois pamphlétaire et parodique jusqu'à la caricature.
Un lièvre comme révélateur, ce drôle de livre comme moteur pour la bonne humeur.