Tous mes remerciements au site "Babélio" et aux Editions Belfond qui, dans le cadre d'une opération "Masse Critique", m'ont permis de lire "
La Ferme" à titre gracieux.
De
Tom Rob Smith, j'avais déjà lu "
Enfant 44", un roman qui part sur des chapeaux de roue, qu'on peut même qualifier d'ébouriffant" pour la première moitié du texte et puis qui fait un flop. En tous cas, pour moi. Mais vous me connaissez : contrairement à certains qui disent, sans avoir lu tel ou tel livre : "Ah ! Bêrk ! C'est cet auteur-LA ???? Alors, c'est simple, je ne lirai pas ce livre qui, d'ailleurs, doit être une vraie daube !", j'aime bien redonner leur chance aux auteurs, du plus petit au plus grand. Parfois, l'incompréhension et la tiédeur demeurent. D'autres fois, brusquement, au moment où l'on s'y attendait le moins, c'est l'éclat, la Grande Lumière, le Coup de Foudre ! C'est qu'un auteur est comme tout être humain : s'il n'est pas tout à fait idiot et narcissique, figé dans ses seules vérités stylistiques et thématiques, il évolue.
Dans certains cas, c'est le lecteur qui se trompe sur l'ouvrage. L'un de mes regrets les plus vifs est d'être passée, la première fois, à côté d'un chef-d'oeuvre comme "
Au-delà du Mal", de
Shane Stevens. (Il faudra que l'on en reparle dans la rubrique : "Nous les avons relus ..." ) Et, au passage, un petit salut à CherryBomb qui, sur Babelio, m'a permis de découvrir vraiment ce livre. Si elle me lit, elle comprendra. ;o)
Inversement, on est tout étonné de voir que certains livres, qu'on avait appréciés dans sa jeunesse, vous laissent maintenant un goût de désenchantement ... Mais c'est la vie, après tout. N'est-ce pas ?
Pour en revenir à "
La Ferme", un point à retenir. Si "
Au-delà du Mal" fut desservi par la publicité inadéquate que lui firent à l'époque les Editions La Sonatine (le personnage de Thomas Bishop n'a rien, mais alors rien à voir, ni physiquement, ni mentalement, avec ceux de la tétralogie de
Thomas Harris, consacrée au Dr Lecter, et, dès le départ, établir une comparaison entre eux était une erreur funeste qui a dû décevoir plus d'un lecteur. ), "
La Ferme" n'a de son côté, n'en déplaise aux publicitaires, rien à voir avec une intrigue hitchockienne. le grand - et méconnu -
Francis Iles est hitchcockien,
Ruth Rendell aussi, parfois - quand on lit "
L'Enveloppe Mauve" par exemple, on imagine sans peine ce que le cinéaste anglais en aurait tiré. Mais l'intrigue de "
La Ferme", non.
D'où ma déception, bien sûr. de ma lecture, j'ai conclu que Smith excelle toujours dans les débuts. Ici, c'est un peu plus lent mais j'ai cru comprendre que le thème touchait l'auteur de très près sur le plan familial, ce qui explique par conséquent cette lenteur, cette délicatesse voulue et qu'on ne lui reprochera certes pas. Passée la première déception, j'ai trouvé, je dois l'avouer, une intrigue bien ficelée, menée crescendo de telle manière que le lecteur finit bien par se poser pas mal de questions, en tous cas à certains moments. de là à angoisser et à se ronger les ongles ... En outre, si l'élucidation de son intrigue fait de ce livre un assez bon roman psychologique, il en fait aussi un bien petit "policier" et, pas plus qu'un thriller, certainement pas, je le répète, une intrigue à la
Hitchcock.
Tout repose sur la mère du héros : son départ pour sa Scandinavie natale, avec son époux, lui a-t-elle causé un stress si puissant qu'elle s'est imaginé ce qui n'était pas et a sombré dans la démence ? le père, lui, ment-il ou dit-il la vérité ? Les deux versions, de toutes façons, se valent à première vue. Alors ?
Je ne vous en dirai pas plus parce que ce serait vous empêcher de lire "
La Ferme", que je vous recommande surtout si vous aimez les romans psychologiques tournant autour des relations familiales et de l'éloignement. Sinon, ma foi ... Personnellement, je suis dans "Maigret" Vous pouvez peut-être essayer ? Ou alors, si l'évocation d'
Hitchcock vous rend tout nostalgique, lisez les fabuleux "
Préméditation" et "
Complicité" de
Francis Iles. ;o)