AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,61

sur 74 notes
5
4 avis
4
5 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis
Gilead, Iowa, 1956

John Ames est un Pasteur écouté et aimé.
Devinant que le temps lui est compté, il tient à rédiger une conversation - ou plutôt est-ce un monologue ?- une réflexion à l'intention de son fils alors âgé de sept ans. Sa pathologie cardiaque, récemment diagnostiquée fait de lui un homme très fragile, habitant l'éphémère, qui avance d'un pas ou d'un jour comme si la vie allait s'achever l'instant d'après.

C'est un homme avant d'être un pasteur, un homme qui doute et se questionne. C'est cet aspect de sa personnalité qui le rend attachant, la religion est présente dans les mots, les phrases mais à seules fins d'expliquer sa vie, ses souvenirs, les événements, pas pour contraindre, convaincre, sermonner... Et, même si sermon il y avait, il serait d'abord dirigé à sa propre intention tant l'humilité l'habite.
C'est un être pétri d'humanité qui sait regarder les petites choses dont la vie lui fait don comme s'il s'agissait de trésors de la nature, des petits gestes, il en tire une certitude de la part lumineuse de chacun, de chaque parcelle du monde.
Il ne cesse de se questionner mais reste persuadé que la rédemption est, que ce n'est pas une vague considération, et c'est ce qui importe dans le monde des hommes.

Son récit épistolaire prend la forme de petits épisodes de son existence destinés à raconter à son petit garçon la solitude qu'il a côtoyée avant de rencontrer sa seconde épouse, la mère de celui-ci ou quelques faits marquants qu'il interprète comme des signes, comme des révélations. C'est le regard sur le temps qui s'écoule, la vieillesse qui éreinté les corps et laisse les esprits vifs.
C'est l'histoire raciale de cette Amérique rurale, l'histoire de l'Abolition de l'esclavage, celle de la Grande Dépression, et en ombre qui finit par se matérialiser celle des Droits Civiques et du racisme qui continue de brûler comme les flammes de l'enfer.
"Qu'as-tu fait de ton talent ?"

Il s'inquiète de laisser une jeune femme et un fils encore dans l'enfance seuls quand il ne sera plus. D'autant qu'il observe, d'un oeil moins clément qu'il ne le voudrait, le retour - dont il ne comprend pas les raisons - du fils de son plus vieil ami, un fils qui est l'incarnation du "fils prodigue", et qui rode souvent chez lui pour tenir compagnie à son propre fils, tenir conversation avec sa jeune épouse, quand ce n'est pas pour le questionner, lui le pasteur, le guide des âmes, sur sa doctrine et en particulier sur le poids et l'irréversibilité de l'engagement mauvais d'une vie. Mais les apparences peuvent être trompeuses et l'écoute et la patience de John Ames ne seront pas vaines...
"Tu ne jugeras point" l'autre de crainte de n'avoir à juger chez lui les défauts que tu sais être tiens, également.


C'est un récit lumineux que ce texte, un questionnement incessant, une prise de conscience de l'essence d'une existence et, pour John Ames,d'un engagement. C'est contempler ce qui fait le legs d'une vie, entre générations, entre regards parfois différents sur les prises de position entre un grand-père, un père et son fils. Certains choisissent l'action pour dire leurs certitudes quand d'autres préfèrent l'éloignement et le recueillement face à l'agitation du monde qui ne peut pas ne pas être.
Habilement, dans un style brillant et cependant facile à lire, l'écrivaine ouvre la porte vers les deux livres suivants rendant le lecteur avide de retrouver ces êtres tourmentés, toujours en quête de pardon ou de compréhension, ces êtres qui ne cessent de remettre en cause choix et paroles, attitude et silences.
Le thème de la religion ne sert ni à persuader, ni à moraliser, il est traité en utilisant toujours la balance entre ce qui est et ce qui semble être, n'obligeant jamais le lecteur à se rallier à un courant de pensées.
Ce qui en fait une lecture pour tous.
Je n'ai que très peu raconté, vous laissant le bonheur de cheminer auprès de John Ames et de sa bienveillance.
Commenter  J’apprécie          5512
Très beau rythme, profond dans son questionnement, complexe dans ses réponses, un chemin spirituel d'une grande intensité, texte écrit sous forme d'une lettre à son fils dans ce qui est le plus âpre à partager son inébranlable foi, son amour, son hymne à la vie. A peine terminé, j'ai repris ma lecture, j'y ai trouvé une structure très forte, une approche philosophique et métaphysique, il faut se donner le temps, se noter des passages, se livre est une belle référence, l'idée qu'il suggère est bien belle quelque soit son point de vue sur le Livre. A conserver dans sa bibliothèque.
Lire la critique de MIOP, intéressante.
Commenter  J’apprécie          150
un prêtre vieillissant raconte sa vie à son fils de sept ans.
Après quelques chapitres, l'ennui point
Commenter  J’apprécie          121
Entreprendre cette lecture requiert un état d'esprit propice car le thème de l'ouvrage n'est pas d'un accès facile, ni spécialement distrayant. Voici une lecture introspective, immersive, bref une expérience bien plus qu'une lecture récréative. Une agréable découverte qui est donc pleinement inscrite dans la perspective du Challenge ABC Critiques 2014-2015.

Marilynne Robinson se cache derrière un pasteur, John Ames, qui, sur la fin de sa vie rédige une très longue lettre à son très jeune fils. le thème peut paraître pour le moins morbide, il est pourtant investi d'une vitalité rare tant le propos est diversifié. Il ne s'agit pas d'une autobiographie mais d'une collection de souvenirs et de réflexions. Leur désordre apparent et une fâcheuse tendance à la digression écornent toutefois l'effet attendu.

Les anecdotes permettent d'évoquer de nombreux épisodes historiques vécus au sein d'une petite communauté : celle de Gilead. le témoignage est sensé avoir été rédigé au milieu des années 1950 et l'intéressé évoque son passé. La figure du père y est relativement peu importante contrairement à ce qui annoncé sur la quatrième de couverture. Une quête entreprise dans l'enfance permet de mettre en avant une figure qui va hanter tout l'ouvrage : celui du grand-père paternel, un pasteur ayant atteint un rare degré d'illumination après avoir été une sorte de prêtre-soldat pendant la Guerre de Sécession. D'autres épisodes sont également évoqués mais ils tiennent moins de place : la Grande Guerre, la grippe espagnole, la Grande dépression.

En elle-même la destinée de John Ames ne peut que susciter l'attention. Il est impossible de quitter ce personnage. le caractère religieux de l'ensemble n'est à aucun moment une gêne, malgré son omniprésence. Encore faut-il reconnaître la grande diversité qui est utilisée ici (citations bibliques, arguments d'autorité, événements quotidiens, réflexions personnelles, citations d'ouvrages divers et variés et notamment antireligieux…). Il s'agit là d'un propos de tolérance, d'une volonté d'écrire sans chercher à convaincre.

Les efforts ne peuvent qu'atteindre à un heureux résultat : une remise en question fructueuse. le destin de John Ames Boughton, l'un des personnages, est également une motivation supplémentaire pour aller au terme de cette lecture.

Le style de l'auteure nous tient également en haleine. Il rend plus facile la méditation qui suit nécessairement la lecture de ce livre. Il est d'ailleurs bien difficile de le rattacher à un genre quelconque tant celui-ci est particulier. Assurément il s'agit d'une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          112
Jolie berceuse douce et mélancolique.
Belle sérénité qui est celle d'un vieil homme qui se prépare à mourir en écrivant une longue lettre à son très jeune fils.
Tableau de personnages attachants et ode à la vie simple.
Quelques considérations sur la grâce et la rédemption (le vieil homme est un pasteur).
Je me suis procuré les 2 autres livres de cette trilogie : "Chez nous" et "Lila"
Commenter  J’apprécie          82
Au milieu d'une terre difficile, mais belle dans toutes ces nuances, un vieux pasteur livre ses derniers mots à son fils qu'il ne verra pas grandir. À la manière d'une longue confession ou, si vous préférez, d'une longue confidence, nous sentons le poids de tous ces mots, l'importance de toutes ces histoires racontées…une dernière fois. Nous entrons dans une sorte d'intimité où le moindre souvenir devient lumineux. C'est un livre à la fois apaisant et réconfortant dans le maelstrom universel que nous vivons présentement.
Commenter  J’apprécie          70
Marylinne Robinson n'écrit pas de page turner, pas de crimes, pas de violence, et tout se déroule à Gilead, petite ville de l'Iowa, dans les années 50 pour le présent. le révérend John Ames sent que sa santé et son énergie déclinent, et il écrit une longue lettre à son fils âgé de sept ans, qu'il lira après sa mort, lorsqu'il le désirera. Il lui parle de son histoire d'amour avec son épouse, mère du petit, de ses propres parents et grands parents. Un père et un grand père révérends eux-aussi, ainsi que Broughton son ami d'enfance, toujours à Gilead, dont le fils Jack lui a causé bien des soucis.

On l'aura compris, vu le nombre de révérends là-dedans (j'ignore d'ailleurs de quelle dénomination, on baptise les nouveaux-nés, ça j'en suis sûre), le spirituel occupe une grande place. Mais John Ames médite plus qu'il ne prêche le lecteur, remise en cause et introspection sont toujours présents. le personnage le plus intéressant est Jack, et sa relation avec John, celle d'un fils et d'un père finalement. Les maîtres mots sont grâce et pardon, ce qui ne peut faire de mal dans une lecture.

Hé oui, ça peut rebuter les lecteurs, un léger trop plein de religieux, mais c'est écrit avec tellement de finesse et de délicatesse, tellement intelligent et bien exprimé, que je place cet auteur très-haut.

"Si tu fais face à l'insulte ou à l'hostilité, ta première envie sera de répliquer sur le même terrain. Mais si tu te dis quelque chose comme: Me voici en présence d'un émissaire envoyé par le Seigneur, et il y a pour moi un profit à retirer, en premier lieu l'occasion de faire preuve de ma foi, la chance de montrer que je participe, ne serait-ce qu'à un faible degré, à la grâce qui m'a sauvé, alors tu es libre d'agir différemment de ce que les circonstances semblent dicter. "

"Il est rare, assurément, de subir une offense qui ne soit pas l'écho d'offenses que l'on a soi-même commises. Cela dit, je ne sais dans quelle mesure en avoir conscience peut nous aider quand il s'agit de faire face à la difficulté concrète de contrôler sa colère. Je n'ai pas non plus trouvé le moyen d'appliquer le raisonnement en question aux circonstances actuelles, bien que je n'aie pas abandonné tout effort pour y parvenir."

"Il y a comme un miroitement dans les cheveux d'un enfant, au soleil. On y distingue certaines de couleurs de l'arc-en-ciel, de petits rayons de lumière douce qui ont les mêmes teintes que celles qu'on voit parfois dans la rosée. On les trouve dans les pétales de fleurs, et sur la peau des enfants."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
Commenter  J’apprécie          60
Un titre que je devais lire depuis longtemps que je me suis décidée à lire actuellement.
J'ai été déçue je m attendais à autre chose , c'est peut-être parcequ'en ce moment je n'ai besoin que de lectures légères..
C'est un fait beaucoup de sujet que je qualifierai de sérieux sont l'essentiel de ce livre (religion racisme, histoire)
J'ai trouvé que cette confession était trop longue
Pas beaucoup de rythme dans cette narration
Bref une lecture qui malgré les nombreuses critiques ne resterait pas au fond de ma mémoire
Commenter  J’apprécie          50
Gilead fait partie de ces romans dont on perçoit l'exceptionnelle qualité, la subtilité, la délicatesse, l'élégance, sans pour autant déborder d'enthousiasme. Je l'ai abandonné plusieurs mois, sachant que je le reprendrais: ce temps d'attente n'a rien changé, l'érudition est parfaite, les exégèses certainement très pertinentes, mais cette longue, interminable lettre testamentaire d'un vieux père à son jeune fils a fini par me laisser de marbre. Pourtant elle évoque un passé trouble, mêle Histoire et destinées familiales, amour et rancune, pardon et amour, doutes , rédemption. A relire, peut-être.
Commenter  J’apprécie          50
Gilead est une lecture loin d'être évidente. C'est certes un très, très beau roman, ancien prix Pulitzer, écrit par une auteure américaine aussi respectée aux Etats-Unis qu'elle est, semble-t-il, méconnue ici. Mais c'est aussi une lecture plutôt exigeante, truffée de références, sans intrigue réelle, contemplative. Qu'est-ce qui démarque ce livre ? le sentiment d'apaisement que j'en ai eu au bout de quelques dizaines de pages. Envolées les inquiétudes du quotidien pendant un moment, il restait ces beaux passages sur la lumière, la relation père-fils, la prière, la félicité qu'on peut ressentir de la simple existence de ceux qu'on aime. Et j'avais envie de voir la vie comme le narrateur, c'est-à-dire avec douceur et émerveillement. Combien de livres apportent ainsi une telle quiétude tout en parlant de choses aussi importantes mais parfois négligées, parce que peut-être trop “émotionnelles” ?
J'ai donc été touchée par la grâce mais aussi l'intelligence de ce roman, qui se lit lentement, avec un esprit et un coeur ouverts, et qui, plus que d'autres livres va résonner bien différemment en fonction de qui on est et de ce qu'on a vécu.
Lien : http://www.exploratology.com/
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (229) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1821 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}