Soyons simples, soyons efficaces : mais quelle lecture !
Les Cinq font peur.
Les cinq parcourent le monde et ravagent tout sur leur passage. On les dit inhumains. On murmure que ce sont des monstres. Et, en plus des Cinq, la Calamité revient et s'étend lentement.
Tige, jeune bergère mystérieusement rescapée de la Calamité croise la route des Cinq. Sur les traces de ceux-ci, la compagnie du capitaine Hiver qui revient de cinq ans au front. Ailleurs, une espionne redoutable avec ses dagues récolte des informations.
Les chemins se croisent et se recroisent, les destins s'entremêlent. Mais qui peut lutter face à la Calamité ?
Je ne suis pas passée loin du coup de coeur (et ceux qui me connaissent savent à quel point je suis radine en coup de coeur). C'est un roman complet, qui m'a emportée et transportée, qui m'a fait vibrer au rythme des personnages. D'ailleurs, pas merci pour le chapitre 13, ni pour le colosse, voilà. Maintenant que ça, c'est dit, passons aux choses sérieuses.
Les Cinq est un roman chorale qui défile devant nos yeux avec la précision du papier à musique.
On commence très fort avec un premier chapitre qui met tout de suite dans l'ambiance. C'est sombre, violent, sanglant. Posez vos verres, on va suivre
les Cinq et ils n'ont pas de temps à perdre en bavardages.
L'auteur réalise un tour de force avec ses personnages. Je n'en dirais pas trop pour ne pas spoiler mais, au fil des pages, il nuance très bien les personnages afin de les rendre gris et de les rendre attachant. Leur hétérogénéité est également très intéressante, que ce soit au sein des Cinq où Tibalt apporte un peu de fraîcheur, ou dans la compagnie d'Hiver ou Anne pourrait coller des migraines à Ellis.
Tous ici sont bien travaillés avec une identité propre. Et, là où on sait que l'auteur a fait du bon boulot, c'est qu'on reconnaîtrait leurs lignes de dialogue même sans incises ou autres précisions narratives.
Pour ma part, j'ai trouvé qu'il n'y avait rien qui soit en excès ou en manque chez les personnages : dans leur monde, ils sont très vrais.
La plume de l'auteur est une excellente découverte pour moi. Je l'ai beaucoup appréciée et l'ai dévorée. Elle pose parfaitement les décors sans en faire trop, nous offre tantôt des moments calmes où le lecteur en apprend plus sur l'univers, les peuples, les coutumes, les personnages, et d'autres où on tranche dans des gorges.
L'intrigue est très bien menée, faisant se poser mille questions au lecteur. Les réponses arrivent au compte-gouttes et on reste dans le flou concernant certains points jusqu'à la fin. de façon lente et un peu insidieuse, l'auteur fait se nouer les destins entre eux, nous offre des revirements de situations très sympas.
Malgré le nombre assez conséquent de personnages, on arrive à avoir peur pour eux parce qu'on s'est attaché à eux au fil des pages. On appréhende, on arrête de respirer, on râle, on respire enfin. N'espérez pas que
Mathieu Rochelle vous offre un long fleuve tranquille.
C'est avec un peu de nostalgie que j'ai tourné la dernière page des Cinq. La fin est à la hauteur du roman et de ses personnages. Elle est même un peu ouverte, laissant quelques questions en suspens. Et, pour tout lecteur voulant un peu de rab (genre, moi), on ne dirait pas non à une suite, haha.
Bref, une low fantasy qui se dévore, intriguante dans un monde très bien pensé et dépeint, où chaque détail à sa place. Les personnages se dévoilent, évoluent. Certaines révélations ont un effet coup de poing (pour eux, pour nous... pour les deux) et si certains rebondissements sont prévisibles (chapitre 13, tu m'as un peu trop marqué), ils sont bien écrits et amenés, ce qui nous offre un moment quand même agréable.
Le tout est porté par une plume très bien maîtrisée, fluide et entraînante, immersive et addictive. C'est un régal à lire et on tourne les pages sans s'en rendre compte. Il y a un bon effet page-turner et s'il y avait plus d'heures dans une journée, j'aurais terminé ce roman bien plus vite !
Je terminerai juste en précisant qu'il s'agit d'une lecture mature pour public averti.
Vraiment, découvrez ce petit bijou !