La vie est un bien précieux. C'est aussi un mal incurable. Personne n'en guérit jamais.
C'était comme si ton corps et ton esprit avaient fait sécession, l'un décidé à continuer le combat, cependant que l'autre, résigné, n'espérait que la reddition.
Je n'ai pas peur de vieillir. Pas d'un point de vue esthétique, en tout cas. Je me contrefous de mes cheveux blancs et si je râle sur mes rides, certains matins de vieillerie, je m'y suis quand même attachée. Ce visage qui est le mien, il est unique au monde, il parle de mon histoire, il s'est construit, marqué, jour après jour.
Cette ride soucieuse, là, elle est venue ces derniers mois. C'est une cicatrice d'inquiétude. Un faux pli dans la soie de la sérénité.
Mais combien de rires, de sourires, pour toutes celles, nombreuses, qui plissent au coin de l'oeil ?
On t'isole dans ta chambre pour les mêmes raisons. Pour ne pas déranger les autres.
On t'isole, quand tu cries de solitude, d'angoisse. D'envie de retourner chez toi.
Ils ne trouveront jamais le remède, pour ça.
Il n'y en a pas.
Si vieillir est inéluctable, vieillir mal n'est pas obligé.
Aucun médecin n'est formé pour laisser mourir son patient sans rien faire.
Aujourd'hui on sauve les gens, au lieu de les laisser partir.
On ne cesse pas plus d'être un enfant que l'on ne cesse d'être mère.
Plus le temps va, plus il va vite.
Les dix dernières années sont passées dans un souffle. Les dix prochaines se calculeront en secondes. Les suivantes, si je les vis, seront un battement de cils.
Les colosses ont des pieds d'argile. Plus près, jour après jour, de leur éboulement.