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Quand on est une fillette de dix ans qui voudrait rire mais doit se taire, trouver des réponses mais doit attendre, recevoir de l'amour mais doit s'en passer, c'est une triste réalité. le père de cette fillette, curé ne prêche que la parole du seigneur, parole de l'évangile poussé à l'extrême et souvent révisé à sa sauce. Il contraint sa femme et sa fille à prier et à s'en remettre à Dieu pour avancer dans la vie. Nulle place pour ce qui fait le charme d'une famille aimante. Prie ma fille et tu gagneras ton salut.

Dans un monologue glaçant, la fillette observe ce petit monde de bons chrétiens qui prient dans le vent en piétinant leurs prochains. Puis, elle commence à douter. Et enfin elle cesse de croire. Car le Dieu de son père est méchant, cruel et dénué d'amour et de bienveillance.

Et tu te soumettras à la loi de ton père est le réquisitoire désabusé contre le fanatisme religieux. Qui monte crescendo dans les yeux d'une innocente qui s'insurge d'un Dieu qui tue, blesse et offre une haleine de chacal à son propre père.

Un très bon livre percutant, incisif, intelligent.
Croyants ou athées, il ne devrait y avoir qu'une seule voie, celle du coeur. On gagnerait tous à s'occuper de plus malheureux que soi. Si chacun pouvait comprendre cela, il y aurait sûrement moins de drames dans la société.
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« Dieu est Amour, Dieu est Lumière. » ♪♫
Pas pour tout le monde.

Dans l'album 'Paroles d'honneur' (Leila Slimani & Laetitia Coryn), il apparaît que la religion au Maroc est associée à la peur - au moins pour les femmes.
Et dans ce roman de Marie-Sabine Roger, Dieu est rigueur, austérité, punition, ténèbres, mystère.

Comme sa mère et le reste de la fratrie, la jeune narratrice, petite Française des années 50-60, est écrasée par la tyrannie d'un père catholique intégriste :
« Tu ne nous éduques pas, tu nous dresses.
Tu ne nous élèves pas. Tu nous rabaisses. »

Quand le père est là, on ne joue pas, ça fait du bruit ; on ne parle pas, les propos d'un enfant sont 'oiseux' ; on ne pose pas de questions, 'tout est mystère', Dieu l'a voulu ainsi, Amen !
Et on prie.
La mère rase les murs, ne s'autorise à chanter et rire que lorsque le père s'absente quelques jours.
La vie change, le soleil entre, enfin.

Intelligente et curieuse, la fillette interprète à sa façon, décortique les paradoxes, se rebiffe en douce, sait qu'elle se démarquera de cette voie.
Avec ce 'tu' accusateur, lourd d'incompréhension et de déception, elle s'adresse à son père. Et indirectement à ce Dieu qui fait barrage à l'amour, à la vie. On reconnaît le Dieu de l'Ancien Testament, sadique, sans pitié, vengeur, qui distribue des 'épreuves' - tel que l'Eglise l'a présenté à de nombreuses générations avant nous (et à tous les fidèles, pas seulement aux intégristes… et 'fidèles', on l'était tous, d'une génération à l'autre, pas le choix).
« Pendant qu'un Abraham, ivre de sacrifices
Offre à son dieu vengeur les sanglots de son fils. » ♪♫
(Hubert-Félix Thiéfaine, 'Demain les Kids', 1990).*

Superbe texte, percutant, avec des paroles et questionnements d'enfant auxquels on croit (c'est rare).

J'ai plus ou moins apprécié les comédies de Marie-Sabine Roger.
En revanche, cette auteur me touche lorsqu'elle s'empare de sujets graves et les traite avec sérieux.
Pour la découvrir dans ce registre, lire : 'Les encombrants', 'Attention fragiles', 'Un simple viol', et bien sûr ce 'Et tu te soumettras...'.
_____

■ Quelques extraits :

« La foi, entre les mains d'un homme comme toi, c'est une arme de poing.
Une arme blanche.
Elle fait infiniment plus de mal que de bien. »

« Je déteste ton Dieu rigide, s'Il ne t'a pas donné la force d'être faible, ni de prendre un instant ma mère dans tes bras. »

« La charité chrétienne, c'est répondre 'courage !' à quelqu'un qui vient chercher secours.
Et puis fermer sa porte, à double tour. »

« Je sais déjà que dureté ne veut pas dire force. J'aurais besoin d'un autre père, plus sensible, qui n'ait pas honte de ses larmes et soit capable d'en verser. Un père qui me montre ce que c'est qu'être humain, et me fasse grandir, de le savoir faillible. »
____

* https://www.youtube.com/watch?v=n5G6hUxEEro
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Et tu te soumettras à la loi de ton père...
Et tu écouteras religieusement les paroles de ton père...
Et tu te plieras aux ordres qu'il te donne...
Et tu te tairas quand il te dira de la fermer...
Et tu aimeras ton petit frère qu'il n'arrive pas, lui, à prendre dans ses bras...
Et tu marcheras droit..
Et tu courberas l'échine...
Et tu prieras son Dieu tous les soirs...
Et tu regarderas, impuissante, les larmes de ta maman...
Et tu ne comprendras pas pourquoi ce père est si injuste...
Et tu iras à l'école...
Et tu découvriras le monde...
Et tu ne te soumettras plus à la loi de ton père...

Marie-Sabine Roger nous livre un monologue très fort sur la relation entre cette petite de dix ans et ce semblant de père qui fait régner la loi à la maison. Ses silences si pesants, ses regards si perçants, ses lois qu'il impose, son désamour pour sa famille et son Dieu qu'il vénère par-dessus tout. Des mots crus, accrocheurs, parfois violents ou révoltants envers cet homme, autoritaire, froid et cynique. Des phrases incisives, des chapitres très courts, des sentiments très forts de soumission puis de révolte. Bien loin de ce que j'ai découvert de Marie-Sabine Roger, elle dépeint ici avec force et émotion le monde de cette petite fille qui voudra voir le monde et connaître l'amour.

Et tu te soumettras à la loi de ton père... et tu ne l'oublieras pas...
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Une petite fille de dix ans en proie à des tonnes de questions auxquelles personne ne répond.
Son père est un catholique intégriste, froid, rigide, un dictateur de la religion.
Rire, parler, s'amuser, faire du bruit, ce n'est pas permis.
Prier, se repentir, ça oui, seulement ça.
Sa mère, son frère, sa soeur courbent l'échine, mais en elle c'est le tumulte.
Plus elle grandit, plus elle comprend, plus elle a envie de fuir toute cette hypocrisie.
Fuir ce père oppresseur et tyrannique.
L'ignorance et le silence la mettent à l'écart de la vraie vie.
Un magnifique portrait de petite fille à qui on vole son enfance.
La religion extrême, catholique ou autre, peut-être une de ces formes d'entrave à l'enfance.
C'est à la limite du supportable cette enfance bafouée.
Il faut tout le talent de Marie-Sabine Roger pour si bien rendre les sentiments de cette petite fille.
Toujours avec cette écriture fluide mise au service des sentiments.
Ce roman, c'est le long monologue qu'une fillette révoltée adresse en silence à son père imbu de Dieu et privé de toute émotion et de toute compassion.
Malgré la soumission imposée, la révolte ouvrira la porte de la liberté.
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C'est un récit très sombre que nous propose ici Marie-Sabine Roger pour dénoncer la froideur et le "dénuement émotionnel" dans lequel vit cette fillette dont la famille est toute entière dominée par l'austérité d'un père catholique intégriste.

A travers le regard de la narratrice, on découvre le mauvais côté de la religion (de n'importe quelle religion), une forme d'autoritarisme faite d'injonctions, de peur, de menaces, d'intolérance, de fatalisme…

J'ai été émue par l'incompréhension totale dans laquelle baigne la fillette puisque personne ne répond à ses questions, ou alors par des extraits de la bible qui collent plus ou moins au contexte et qui la laissent seule avec ses interrogations.

En choisissant de rédiger son texte à la deuxième personne, l'enfant s'adressant directement à son père, l'auteur a employé un procédé que je n'aime pas tellement de manière général, ce qui fait que j'ai parfois eu un peu de mal avec ce court roman malgré la force de son message.
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« Quand les religions accouchent de la souffrance ».
Depuis la nuit des temps, le monde vit sous l'emprise des religions.
Leur révélation, mais plus souvent leur interprétation, a surtout donné lieu à des doctrines plus ou moins strictes prêchées par des personnages qu'il est tout à fait permis de contester face aux conflits planétaires qu'ils ont continuellement engendrés, c'est encore le cas aujourd'hui.
Il en est ainsi dans ce roman poignant ou l'on voit l'obscurantisme supplanter l'humanité dans son sens le plus pur, la relation entre un père et sa fille.
A travers ce drame familial dans lequel on voit l'existence d' une enfant de 10 ans littéralement crucifiée par son père au nom de préceptes religieux , Sabine Roger en fait ici un portrait poignant à l'extrême du supportable parfaitement révélateur de leurs dérives.
Une lecture bouleversante.

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en deux heures ce chef d'oeuvre se lit avec plaisir malgré la noirceur du père : à distribuer à tous les sans coeur, les innocents qui font du mal peut-être sans le savoir, ; les dommages psychiques sont aussi affreux que les coups
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J'ai choisi ce livre pour ce titre qui m'a intrigué et pour cette couverture sinistre et magnifique (Actes sud vous êtes trop forts).

Ce roman nous laisse vide, il aspire toute joie de vivre comme le fait la figure paternelle de ce récit. La narratrice est une jeune fille que l'on voit grandir au fil des chapitres, elle nous livre son quotidien triste et pieux. Elle s'interroge beaucoup, remet en question beaucoup de principes inculqués par son père et ses dogmes religieux. On doit aider son prochain. Mais on se bouche les oreilles quand on entend les hurlements d'une femme qui se fait tabasser par son mari et on détourne le regard en voyant les bleus sur son visage.

Face à un père qui se dévoue corps et âme à sa religion et voue sa vie à l'accompagnement de ses voisins dans leurs existences, sa fille s'interroge, pourquoi son père est-il incapable d'amour envers elle, comment peut-il traiter avec autant d'indifférence son petit frère handicapé ? Comment toute une famille peut-elle vivre un deuil quotidien par la faute d'un père austère ? Est-ce cela vivre ?

En quelques pages, l'auteure nous fait entrer dans le quotidien de cette famille, dans les pensées de cette jeune fille qui n'a pas dit "non" à la vie et qui ne prend pas pour argent comptant la parole des adultes !
Lien : https://www.labullederealita..
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Ce court roman est le monologue bouleversant d'une fillette qui voudrait vivre, mais est prise au piège d'un huis clos familial étouffant : père religieux, froid et tyrannique, mère soumise, petit frère handicapé.
L'atmosphère est lourde et le père aurait sa place à Gilead dans la servante écarlate.
Néanmoins, je n'ai pas trouvé dans ce livre la touche d'humanité et d'optimisme qu'on trouve généralement dans les romans de Marie Sabine Roger, et cela m'a manqué car je m'attendais à une lecture moins triste.
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Un père sec, incapable d'aimer, serré dans sa rigueur comme dans un corset, figure de l'intolérance d'une religion chrétienne mal comprise .Une mère fantôme soumis et douloureux. Un frère et une soeur aînés, déjà formatés.Un petit frère handicapé -un idiot dégénéré aux yeux du père - blond chérubin tendrement aimé et qui mourra trop tôt. Une enfance et une adolescence sacrifiées, assassinées, dans le silence, la solitude, l'incompréhension, puis la révolte.
Un très beau livre sur les huis clos familiaux, où certains ados se retrouveront peut-être et grâce auquel - miracle de l'écriture - ils se sentiront peut-être moins isolés.
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