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sur 338 notes
Fleur Suzain ne quitte pratiquement jamais son appartement. Non pas seulement à cause de son obésité qui la met un tantinet mal à l'aise mais surtout parce qu'elle est agoraphobe, phobique sociale et constamment angoissée. Une angoisse qu'elle apaise à coup de Zenocalm, de Sérénix et Placidon. La seule sortie qu'elle s'autorise est lorsqu'elle se rend chez son thérapeute, le cher Fiodor Borodine. Mais, voilà, depuis que Mylord, son carlin chéri, a fait une crise cardiaque il y a peu, elle hésite à le laisser seul pour quelques heures. Aussi décide-t-elle de laisser une annonce chez Diego, l'épicier du coin...
Harmonie, une jeune femme de 29 ans, souffre du syndrome Gilles de la Tourette, en proie parfois à de nombreux gestes vifs et violents et de mots grossiers. Recherchant désespérément son parapluie qu'elle a perdu, c'est en consultant le panneau d'affiche chez Diego qu'elle tombe sur une annonce proposant une ou deux heures de ménage par semaine, suivant le cas. Ce boulot, il le lui faut ! Résolue et satisfaite, elle prévient Freddie, son petit ami, de son intention de postuler. Lui doute quelque peu.
La rencontre haute en couleurs entre ces deux femmes va bouleverser leur vie...


En flânant rue des Soupirs, on y croisera Fleur et Harmonie bien sûr mais aussi Elvire, aux yeux fébriles et vibrionnants, Tonton, la femme un brin baraquée aux sculptures modernes, monsieur Poussin, le photographe centenaire qui a passé sa vie à faire des clichés, le "docteur" Borodine qui cache bien des secrets et Mylord, le carlin obèse. Une galerie hétéroclite de personnages particulièrement attachants, réjouissants et qui, au contact des autres, va porter un regard différent sur le handicap. Qu'il soit obèse, atteint du syndrome Gilles Tabourette ou de nystagmus, chacun va apprendre sur les autres mais aussi sur soi. Marie-Sabine Roger nous offre, une fois encore, un très beau et émouvant roman, empreint de bienveillance, de gentillesse, de délicatesse, de tolérance, d'humour, d'amitié et de dépassement de soi. L'auteur manie avec dextérité la plume : elle écrit comme Harmonie s'exprime, avec ses mots grossiers et ses Ah Ah Ouh Ouh, et dépeint le quotidien de Fleur à travers son journal intime. Un roman tendre et cocasse et des bracassées que l'on quitte à regret...
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Zut de zut ! Je n'ai pas réussi à accrocher à ces bracassées de Dame Roger.
Avez-vous déjà essayé de lire un roman debout sur une seule jambe, un bras en l'air et un verre d'eau glacée en équilibre sur la tête? Voici mon état après plus de cent pages... J'ai des crampes partout et mal à la tête !

J'aurai certainement trouvé une position plus confortable si Marie-Sabine avait parsemé son roman de ponctuation (points, virgules,... !). J'ai trouvé cette narration insupportable. Au départ, on est auprès de Fleur, une dame âgée agoraphobe et plutôt attachante. Merci pour la ponctuation qui jusque là me laisse confortablement assise dans mon divan. S'en suit Harmonie, qui souffre du syndrome de Gille de la Tourelle. Et là je me raidis, le bras se lève, la jambe aussi, je cherche le sens, je me creuse à mettre la ponctuation pour déchiffrer les pages. Il y a des gros mots mais bon, on s'y fait, elle n'a pas de bol la fille, s'exprimer comme une vache meuglante des insanités. Il y a aussi quelques fous rires alors je reprends mon souffle. Quand l'agoraphobe rencontre la gille de Tabourette, c'est hilarant. Puis, patatra, quand on revient du côté d'Harmonie, je souffre le martyr à suivre cette narration sans ponctuation.

Dans Réparer les vivants, on retrouve cette narration de logorrhée sans souffle qui témoigne d'une urgence à exprimer avant que le coeur ne s'arrête mais ici, quel est l'interêt de cette narration sans forme ? Elle doit quand même respirer la jeune fille atteinte du syndrome.

Vraiment dommage, ce fut une lecture trop éprouvante. J'en attendais beaucoup et ce roman m'a fatiguée. Pas le but quand même ?! Zut de zut.
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Lorsque la vie et le handicap (visible ou non) vous malmènent, vous rendent inapte aux relations sociales et à la vie dite normale, qu'il y a à l'évidence quelques petits trucs qui clochent dans votre manière d'être et que le regard d'autrui, généralement peu amène, vous enferme dans votre différence, vous avez vite fait de vous dire que vous faites partie de la vaste bande des “bras-cassés” de la vie. Et si vous mettez deux “bras-cassés” ensemble, et plus si affinités, il est plus que probable que le bateau va faire eau de toutes parts avant de s'échouer sur les rives du grand n'importe quoi… A moins, justement, que ce ne soit le contraire !

C'est précisément l'expérience, passablement aventureuse, que tente Marie-Sabine Roger avec son dernier roman délicieusement foutraque, "Les bracassées".

Dans un monde à peu près raisonnable - ce que la littérature, heureusement, n'est pas - Fleur, la vieille dame obèse, agoraphobe et phobique sociale, et Harmonie, la jeune fille atteinte du syndrome de la Tourette, n'auraient jamais dû se rencontrer, et encore moins se lier d'amitié. Sans parler des autres : Elvire et ses yeux qui chavirent, Tonton et sa ferraille, Monsieur Poussin, le photographe centenaire au monde en noir et blanc… Tout une galerie de personnages cabossés, hauts en couleurs et terriblement attachants que Marie-Sabine Roger traite avec infiniment de respect et de tendresse. Comme à son habitude, elle met sa bienveillance et son humanité au service d'une histoire sensible, touchante et quelque peu déjantée où le rire et la drôlerie sont comme un masque de pudeur posé avec tendresse sur la douleur et sur les larmes. Et j'ai beaucoup aimé.

J'ai beaucoup aimé ce roman résolument optimiste et plein de tolérance sur l'art difficile de l'acceptation de soi et du vivre ensemble dans la différence, avec au passage cette petite morale qui n'a rien d'imbécile : “S'il y a une chose à apprendre dans la vie c'est à rire de soi avant que les autres ne s'en chargent.” J'ai aimé le style, vif, alerte et plein d'esprit, j'ai aimé la construction, efficace et pertinente, de ce roman choral qui alterne avec habileté les récits des deux narratrices. Et j'ai aimé enfin, profondément, les différents personnages auxquels je me suis beaucoup attachée.

Un excellent moment de lecture… et un remède efficace à l'intolérance et la morosité !

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
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« Je me suis changée un jour en petit animal agité, bondissant, et elle est devenue cette vache énorme et lente, cette grosse hippopodame aux yeux tristes et craintifs.
Toutes les deux nous sommes une espèce en voie de progression, l'espèce de ceux et celles qui nichent dans des caches, se terrent dans des trous de hobbit, vivant dans des bocaux étiquetés Obésité morbide, Syndrome de Machin ou Maladie de Truc.
Nous sommes de l'espèce des paumés inclassables, condamnés pour survivre à se faire oublier ».

Evidemment, pour que tout le monde comprenne bien cet extrait, je l'ai ponctué. Car la narratrice ne ponctue pas, pas du tout ! Elle jette ses phrases en logorrhée continue, bouscule les mots, y intercale des jurons incongrus. Il faut dire qu'elle souffre du syndrome de Gilles de la Tourette, ce syndrome qui condamne les gens qui en sont atteints à des soubresauts, des tics, des mouvements incontrôlés, et même à sortir des injures.
Harmonie – eh oui, elle s'appelle Harmonie – fait la connaissance de Fleur – eh oui, elle s'appelle Fleur – une dame âgée, obèse et agoraphobe.
Jamais elles ne se seraient rencontrées s'il n'y a avait eu une petite annonce, un « médecin » russe et un chien cardiaque.
Mais cette rencontre fait des étincelles, et en provoque bien d'autres, que je me garderai de vous dévoiler.

Je vous révèlerai juste que ce livre suscite des éclats de rire et des moments d'émotion intense.
Il nous projette dans le quotidien de ces gens affligés d'un syndrome quelconque, d'une particularité physique ou mentale exposée au regard des autres, regard dont ils se passeraient bien.
Il nous fait découvrir la tendresse.
Il nous force à être pleins d'empathie.
Il nous rend humains.

Et le style de cette auteure s'adapte à chacun. Pour moi, c'est tout simplement remarquable.
L'absence de ponctuation de l'une nous plonge en apnée dans son vécu plein de soubresauts inopportuns.
Les phrases bien ponctuées mais tellement digressives de l'autre nous obligent à épouser ses obsessions.

Par le biais de ces deux narratrices, Marie-Sabine Roger m'a encore une fois séduite.
Cette auteure raconte le quotidien, mais aussi les actes particuliers et pleins de sens de quelques personnes « bracassées », avec un tel brio, un tel sens du vocabulaire, un tel emploi imagé que j'en ai été totalement subjuguée. Ici, point de cliché, point de leçon de morale, rien que du « rentre-dedans ».

Une petite leçon d'empathie, de réalité crasse, de poésie, de rires et de larmes ?
Prenez-la auprès de ces bracassées, vous en sortirez meilleurs !
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Si vous supportez difficilement de voir le handicap qui déforme ou celui qui fait faire des gestes incontrôlables, si vous vous exaspérez des suspensions et hésitations d'un bègue, ce livre n'est peut-être pas pour vous.
Parce que Marie-Sabine Roger va vous mettre dans la tête de deux femmes qui perdent le contrôle, qui ont des gestes qui bégaient et la parole qui dérape. Vous serez dans la tête de deux femmes qui ont mal de ces regards trop curieux ou qui se détournent, de ces regards qui handicapent encore plus.
Oui, de regard il est beaucoup question... jusque dans celui plus doux d'un photographe atypique.

J'espère n'avoir moi aussi, que douceur dans mon regard face à ceux qui sont mal dans leur corps ou dans leur tête.
Merci Marie-Sabine pour votre humanité et votre humour, et ainsi, délicatement, nous rappeler de toujours... voir avec le coeur !
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«  Ce qui gêne, ce qui tue, «  c'est toujours » le regard. Celui qui vous détaille sans vergogne. Celui qui vous évite par pudeur hypocrite mais vous file de loin . Celui qui vous transperce ou pire celui qui ne vous regarde plus. »

«  On ne peut voir le monde qu'avec ses propres yeux mais on peut «  décider » de «  distinguer » le beau dans le disgracieux le sublime dans le grotesque , ne voir que ce qui nous dérange c'est du temps perdu sur le Bonheur » ...
Deux extraits de ce livre si touchant à la galerie de portraits désarmants, aux airs de valse, émouvants , drôles , parfois tragiques , qui révèle nos manies , nos folies , nos délires, l'histoire d'Harmonie et de Fleur , deux personnes drôles aux prénoms complètement trompeurs dont on se prend d'amitié et d'empathie souriantes , au fil de notre lecture .

Fleur est une personne âgée, obèse, qui se confie à son petit carnet noir.
Le monde entier l'impressionne , angoissée , pétrie de manies , elle s'effraie de son ombre, phobique sociale , elle aime à la folie son cher petit chien trop gros : Mylord, se méfie de tout le monde sauf de son fameux thérapeute , l'étrange Fiodor Borodine , le seul qu'elle s'autorise à rencontrer .
Sa pharmacie : Zenocalm , Serenis et Placidon l'apaisent ....
Harmonie est jeune, 29 ans, affligée du syndrome de Gilles de la Tourette, en proie à une succession de gestes incontrôlés et jurons , mots grossiers dévidés en chapelets hétéroclites...

Rien ne pouvait les rassembler et pourtant cette rencontre improbable changera leur vie ....
On croisera aussi Elvire : un miracle , une miraculée , Tonton et ses choses étranges , Monsieur Poussin ,le vieux monsieur fragile , centenaire à la lanterne magique qui projette des temps disparus, une galerie de personnages singuliers drôles et touchants «  cabossés » , inclassables......
Bras cassés ....
J'ai pris un très grand plaisir à lire ce roman cocasse, profondément humain, pétri d'humour , de larmes , de rires , de situations étranges , de chaleur humaine , d'une grande humilité , pour nous rappeler sans cesse à la tolérance , à apprivoiser et changer surtout le regard des autres .

Une petite leçon tendre qui nous rappelle que l'on ne voit bien qu'avec le coeur , si si , avec le Coeur !
L'auteure ne déroge pas à son habitude merveilleuse d'empathie, d'intelligence et du souci des autres , la tolérance n'est pas un luxe ....
Grand merci à elle ! Une personne que l'on aimerait rencontrer tant elle déborde de la plus chaleureuse humanité ! .
J'avais lu avec bonheur «  Bon rétablissement » .
Un texte qui fait du bien!
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Dans ce roman, il y a de la musique russe, un petit chien en surpoids, des gens un peu fêlés, des monstres improbables, de très beaux portraits en noir et blanc, de la traîtrise et du drame, des joies folles et pourquoi pas au détour de ces vies déboussolées, un peu de tolérance.
Les bracassées, ne cherchez pas ce mot dans le dictionnaire, vous ne le trouverez pas. C'est un néologisme inventé par un des personnages du dernier roman éponyme de Marie-Sabine Roger, pour désigner cette bande de « bras cassés » émouvants et drôles, qui vont nous entraîner dans une série d'aventures, à première vue cocasses...
Le roman débute par la rencontre improbable de Fleur et d'Harmonie qui en sont les deux principales héroïnes. Je vais vous les présenter.
Fleur est une vieille dame obèse qui vit seule avec son chien Mylord, un vieux carlin qui se traîne difficilement, mais dont Fleur ne se sépare jamais ou que très rarement. Autre signe particulier : Fleur est une phobique sociale. Son armoire à pharmacies, c'est sa bouée de sauvetage permanente... La vie lui paraît un danger permanent. Et ce territoire dangereux commence sur le palier de la porte de son appartement, une porte blindée, fermée à triple tour, qu'elle ne franchit que par nécessité vitale, aller faire ses courses, ou bien rencontrer son thérapeute. Pour Fleur, l'autre est un ennemi par définition, sauf ce cher docteur Feodor Borodine, par ailleurs écrivain d'ouvrages sur le mieux-être, dont il a déjà dédicacé vingt-sept exemplaires à la vieille dame. Et quelles dédicaces !...
Quant à Harmonie, il s'agit d'une jeune femme atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette. En clair, son langage est ordurier, elle envoie des jurons, des « gros mots » comme on dit, à la pelle et elle ne peut retenir des gestes amples et violents. Elle vit avec Freddy, à quelques amies, Elvire, Tonton, bien atypiques elles aussi, mais reconnaissons-le, sa maladie la rend totalement inapte à toute vie sociale.
Fleur, Harmonie, deux prénoms qui peuvent être bien trompeurs à première vue...
Ces deux -là ne devaient pas se rencontrer. Et on pouvait craindre le pire. D'ailleurs, leur première rencontre est un choc physique au premier sens du terme.
À la faveur d'une petite annonce déposée sur le panneau d'affichage d'une supérette, les deux femmes vont se rencontrer. Ouille ! me direz-vous ! Justement. Quand Harmonie vient sonner à la porte de Fleur, la fameuse porte blindée, la vieille dame s'attend à cette visite et en même temps la redoute. Et c'est là que le destin de ces deux femmes va basculer complètement... Une porte qui s'ouvre, qui se referme aussitôt, des gestes totalement désordonnés dans le fracas des voix, des cris, un langage de charretier, la peur, la différence qui s'affronte, qui ferraille,
Toutes deux sont bientôt rejointes par d'autres personnages drôles et attachants vivant en marge de la société.
Ils sont fous, ils font peur, ils sont laids, ils sont gros... Mais ils ne baissent pas les bras... Leurs bras cassés nous tendent des regards gros comme cela.
Autour d'elles, Elvire, Tonton, le merveilleux Monsieur Poussin, centenaire photographe. Autant de personnages singuliers, touchants et drôles.
Rien n'aurait dû les rassembler, si ce n'est leur étrangeté et le fait que la société fait d'eux des inclassables, incapables, déclassés, donc des bras cassés.
Tiens, parlons de ce Monsieur Poussin. Il a 103 ans et s'apprête dans quelques jours à fêter ses 104 ans. Il avance désormais avec un déambulateur, continue de ne voir la vie qu'en noir et blanc. Son regard est magnifique jeune, c'est un regard qui cherche à changer les regards. Je me suis pris d'affection pour ce personnage, non pas comme s'il était mon grand-père, mais plutôt comme un frère, un grand frère...
Il y aussi Tonton, qui se fabrique une famille en ferraille de récupération. Ses sculptures nous ressemblent. Elles sont belles et laides en même temps. Ou plutôt laides et touchantes.
Ici, dans cette communauté vivante et éphémère, on parle, on se contredit, on débat, on s'engueule, on s'embrasse, on existe quoi !
Tout a commencé par une porte qui s'est ouverte et puis refermée aussi vite et avec grand fracas. Tant d'autres portes qu'il nous faudrait fracasser... Nos voyages immobiles à travers les livres nous donnent cette envie à chaque instant. Quel est ce sentiment inachevé qui rejoint nos gestes d'aller plus loin ?
Ils rêvent de faire quelque chose ensemble, pas forcément de laisser une trace indélébile autour d'eux ou après eux.
C'est l'histoire d'une poche de résistance, remplie de cailloux blancs, qu'ils vont semer tout autour d'eux. Si les portes sont trop difficiles à ouvrir, avec des bras cassés c'est vrai que ce n'est pas facile... alors ils vont tenter d'ouvrir des fenêtres, faire entrer la lumière, les courants d'air aussi et puis peut-être que le rester viendra alors, l'essentiel...
Une fois encore, Marie-Sabine Roger traite avec tendresse, humour et humanité, de la différence. Ses mots font du bien.
Ce roman profondément humaniste donne une vision positive de la différence, refusant le regard excluant, mais prônant au contraire la chaleur du collectif. Mais, selon moi, ce serait trop réducteur de classer ce livre dans la catégorie « feel good book ». Ce roman va bien au-delà, il est jubilatoire et pose quasiment un acte de résistance et d'engagement pour faire accepter la différence dans nos sociétés lisses et changer le regard des autres, c'est-à-dire changer nos propres regards. Il est un plaidoyer chaleureux pour imaginer un nouveau vivre ensemble.
Peu à peu, nous sentons un chemin se dessiner, l'émotion prendre le pas, mais il y a toujours ce petit train d'humour et de dérision, juste là pour nous retenir de tomber dans le pathos et éviter de nous donner une leçon de morale...
Nous refermons la dernière page du livre, mais la porte reste entrouverte, ou peut-être les fenêtres. Cela suffirait...
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Que de rires et d'émotion à la lecture de ce surprenant roman !

Harmonie, jeune femme de 29 ans souffrant du syndrôme Gilles de le Tourette, se présente chez Fleur suite à une annonce.
Fleur, septuagénaire, est obèse et agoraphobe...elle ne sort de chez elle que pour promener son chien ou se rendre chez son thérapeute russe.
Rencontre improbable entre deux personnalités différentes, abîmées par la vie et le regard des autres.
Et pourtant, contre toute attente, une belle amitié empreinte de respect nait entre elles.
Elles apprennent chacune à apprivoiser la particularité de l'autre et, ensemble, parviennent à dépasser leurs peurs.
Elles y sont aidées par toute une galerie de personnages atypiques qui gravitent autour d'elles.
Le vieux monsieur Poussin, laid mais pétri de gentillesse et photographe de talent. Tonton, la poissonnière baraquée qui en a le langage et qui sculpte des horreurs en ferrailles de récupération.
Elvire dont les yeux partent en tout sens....
Des "bracassées" qui décident pourtant de ne pas les baisser, ces bras et de lutter corps et âme pour changer le regard des autres et forcer la tolérance.

J'aime beaucoup le style de Marie-Sabine Roger qui marie admirablement tendresse et humour, gravité et légèreté.
Le langage de Fleur est délicat, truffé de digressions mises entre parenthèses.
Celui d'Harmonie est dépourvu de ponctuation (ce qui rend la lecture un peu difficile pour moi qui n'aime pas les phrases en apnée), nerveux, rythmé d'injures et d'onomatopées.
Le tout donne une oeuvre vivante, tonique, énergique.
Du bel ouvrage !
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Bracassées: troupe essentiellement féminine, animée, constituée d'êtres dits différents ( différents de qui? Au nom de quelle normalité ?), une troupe solidaire, qui trouve dans l'autre réconfort et volonté d'avancer. Et qui sait manier l'auto-dérision.

Bras cassé : celui d'Harmonie, broyé par la porte refermée brutalement par Fleur Sizain, vieille dame obèse et agoraphobe . Et si, ce qui serait somme toute une réaction assez logique, la jeune fille profère alors des injures et tape du poing , c'est en fait parce qu'elle souffre du syndrome de Gilles de la Tourette...

Voilà comment débute cette tendre histoire, touchante mais très drôle aussi, où se retrouvent chaleur et humanité de l'auteure. Les points de vue d'Harmonie et de Fleur alternent. Pour la première, le style mime parfaitement son problème: longues phrases sans ponctuation, ponctuées par contre d' onomatopées et d'injures. Mais également de belles images poétiques. On s'y fait très vite. Et Fleur, dans son journal, nous entraîne dans des digressions souvent comiques. Ah, la description de la soirée au cabaret, hilarante!

Autour de ces deux personnages en gravitent d'autres tout aussi attachants. J'ai aimé en particulier le délicieux Monsier Poussin , captant en noir et blanc l'étincelle des visages...

Certes, on peut trouver cette association des bracassées un peu idyllique à la fin mais comme l'auteure a raison d'envisager positivement les difficultés à vivre son handicap ! Elle nous fait réfléchir surtout à cette notion si subjective de regard: voir l'autre comme il est, sans jugement, s'enrichir à son contact. de toute façon, j'estime que personne n'est "normal". En chacun de nous il y a une forme de folie, une faille, une singularité.

Un roman à lire, où l'émotion et l'humour se mêlent harmonieusement.

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Rire de soi avant que les autres ne s'en chargent.
C'est ce que recommande Harmonie, une des protagonistes de ce roman. Elle a des tocs, des tics, de la friture sur la ligne, émet des Wouh-Ouh-ah...Elle est adorable...un exemple à suivre.
Mais d'ailleurs, qu'en j'y pense...Gros Connard Enculé...ce syndrome de Gilles de la Tourette, n'en serais-je pas atteint ponctuellement... au volant par exemple ? ;-))

Marie-Sabine Roger nous invite également à faire la connaissance de Fleur, une craintive qui se rêverait audacieuse, qui avance dans la vie à petits pas serrés, à demi asphyxiée, une poupée gigogne comme ces matriochkas russes L'énorme baba ventrue qui cache au milieu d'elle une enfant crédule enjouée qu'elle tient retient enfermée...

Toutes deux se définissent comme une espèce en voie de progression l'espèce de celles et ceux qui nichent dans des caches se terrent dans des trous de hobbit vivent dans des bocaux étiquetés Obésité morbide Syndrome de Machin ou Maladie de truc, de l'espèce des paumés inclassables condamnés pour survivre à se faire oublier.

D'autres personnages haut en couleur sont de la partie et vont faire un bout de chemin avec elles, comme des petits cailloux salvateurs qui vont les aider à trouver leur chemin : Elvire au regard fuyant, aux yeux qui dansent, une Tonton sans complexe et un certain Monsieur Poussin. Oh que j'aimerais rencontrer un Monsieur Poussin, un Renoir de la photo argentique, parcourir ses photographies qui guérissent, ces tranches de vie volées, ces femmes aimantes, ces hommes comblés. J'adorerais.

J'ai ri, ai été émue aux larmes, un roman Feel-Good qui fait du bien, qui touche, qui sonne juste, qui remet les idées en place, les reroute sur l'essentiel. Aimer l'autre pour ce qu'il est. le droit à être soi-même. le Vivre ensemble. C'est ce que conte raconte Les bracassées. Et ce n'est que du bonheur !

Alors, n'hésitez pas, venez passer un bon moment avec la fine équipe des Bracassées, une belle brochette de quatre jolies demoiselles et un vieux troll photographe. Je vous souhaite le meilleur à leur contact.

MERCI aux babeliotes Anne, Blandine et Sabine. C'est grâce à vos critiques élogieuses sur Marie-Sabine Roger que je me suis plongée dans cet opus, que j'ai découvert une auteure douée pour détendre les zygomatiques et distiller de la bonne humeur. Je m'abonne sans hésiter. Encore merci.

« Tu crois vraiment qu'on change la vie des gens comme ça, toi ? demande Tonton.Je ne sais pas Wouh-Ouh Ah-Ah. Je crois aux petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Je crois aux petits oiseaux qui font les grandes volières. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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